L’INSTITUT DES CULTURES ARABES ET MÉDITERRANÉENNES – L’OLIVIER

 

vous invite à la formation

 

« Fragments d’histoire de la civilisation arabo-musulmane »

animée par Mohammed Taleb

Du mois de mars au mois de juin 2015, nous avons proposé et animé, dans le cadre de l’Institut des Cultures Arabes et Méditerranéennes – Librairie l’Olivier, à Genève, un tout premier cycle  de formation (composé de cinq cours) consacrée à l’histoire de la civilisation arabo-musulmane.

Notre objectif était, non pas d’abord, de diffuser des informations à caractère historique sur cette civilisation, mais d’offrir des clés d’analyses, des grilles d’interprétation. Ce qui nous intéresse est de poser la Question du sens. La surinformation que procure les nouvelles technologies de la communication a ceci de fâcheux qu’au lieu de permettre une compréhension sensible de ce que sont les réalités des sociétés du Maghreb et du Machreq et des communautés arabes et/ou musulmanes qui vivent en Occident, elle aboutit à une cacophonie du sens, et à une inflation émotionnelle en lien à l’actualité.

Cette formation de l’ICAM-Librairie l’Olivier entend participer au dialogue des civilisations entre Orient et Occident. Mais pour cela, il est nécessaire de rappeler les données essentielles, de faire retour à la mémoire des uns et des autres. Sans la réactivation des mémoires culturelles et spirituelles, dans la perspective du Bien, du Beau et du Vrai, comment faire advenir un authentique Vivre-ensemble ?

Nous sommes ravis de recommencer l’expérience et de proposer, du mois d’octobre 2015 à celui de janvier 2016, un second cycle de formation composé de six cours. Ils auront lieu le vendredi soir et le samedi. Les thèmes ne sont pas la répétition de ceux abordés lors du cycle précédent. Par ailleurs, et même si cela est souhaitable, il n’est pas nécessaire de suivre la totalité de la formation. Néanmoins, une inscription préalable est demandée.

Inscription

Le cours : 65 CHF (ou 50 CHF étudiant)

L’ensemble de la formation : 360 CHF (ou 270 CHF)

Pour les inscriptions : liba@arabooks.ch et Tél :+41 22 731 84 40.

Pour tous renseignements sur les contenus de la formation :  lesingulieruniversel@yahoo.fr

 

Le formateur

Philosophe algérien, Mohammed Taleb enseigne l’écopsychologie et l’éducation relative à l’environnement. Il s’est formé dans cette dernière discipline à l’Université du Québec à Montréal. Il préside l’association de philosophie « Le singulier universel ». Depuis de nombreuses années, il travaille sur les interactions entre spiritualité, critique sociale, dialogue interculturel et science. Il se situe dans le cadre des perspectives philosophiques ouvertes par Frantz Fanon, Leonardo Boff, Edward Said, Rabindranath Tagore, Karl Marx, Alfred North Whitehead, Gilbert Durand, ou encore James Hillman. Il a publié récemment Eloge de l’Ame du monde (Entrelacs, 2015), Theodore Roszak pour une écopsychologie libératrice (Le Passager clandestin, 2015),  Nature vivante et Âme pacifiée (Arma Artis, 2014) et L’écologie vue du Sud. Pour un anticapitalisme éthique, culturel et spirituel (Sang de la Terre, 2014). Il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs consacrés à Alfred North Whitehead, aux dialogues islam/bouddhisme, science et islam, à la théologie de la libération. Mohammed Taleb est un collaborateur régulier du Monde des Religions. Il anime plusieurs sites d’information et d’analyse :

« La Montagne. Les chemins d’un islam cosmique, écologique et humaniste » :

«Intellectuellement» :

« Philosophie organique, écologie et écopsychologie » :

« Droits des peuples. Rights of peoples » :

Vous avez également la possibilité d’écouter l’émission « Ecologie et spiritualité » que Mohammed Taleb a animé dans le cadre des Racines du ciel de Frédéric Lenoir et Leili Anvar,  sur France Culture :

www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-ecologie-et-spiritualite-avec-mohammed-taleb-2014-12-28

 

Programme de la formation

Vendredi 30 octobre 2015

de 18h30 à 21h30

Dix mille ans d’histoire : la grandeur civilisationnelle, culturelles et spirituelles  des peuples du Proche Orient ancien

 

Les notions d’arabité, d’islam, d’Orient, de Proche et de Moyen-Orient, de Maghreb et de Machreq, si elles sont d’un usage courant, ne sont pas pour autant univoques et évidentes. Bien au contraire, ces notions renvoient, au gré des choix philosophiques, religieux, des appartenances sociales, des langues, etc… à des espaces de signification à chaque fois différents. Ainsi, pour l’arabité, on parlera aussi bien d’« origine », de langue, de géographie ou d’idéologie. Ainsi, pour l’i(I)slam, on évoquera une foi et/ou une civilisation. En réalité, ces  approches sont vraies, mais d’une façon relative. L’enjeu, ici, est de dépasser l’essentialisme, cette compréhension des phénomènes humains qui occulte la dimension historique. Les notions qui seront au cœur de notre cours de civilisation n’ont pas traversé les temps et les espaces sans se métamorphoser en fonction des nécessités ou bien des imaginations. Or, il se trouve que le temps des peuples arabo-musulmans (1400 ans) s’enracine dans le temps encore plus long des civilisations du Maghreb et du Machreq, de Gilgamesh à la reine Zénobie, de Sumer à la Numidie. Ce temps de 10 000 ans a enfanté les premières mythologies, les premières écritures. Un historien célèbre, Samuel Kramer, le disait : l’histoire est née à Sumer ! Nous aborderons l’unité/pluralité de cet ensemble civilisationnel, matrice de ce que sera, plusieurs siècles après, la civilisation de l’islam et la Nation arabe. Nous proposerons une première plongée dans les mythologies de ces peuples, dans leur ingéniosité culturelle, dans leur vie spirituelle et religieuse, et dans les péripéties de leur histoire.

 

Samedi 31 octobre 2015

de 9h30 à 12h30

L’islam et l’Europe au Moyen Age :

confrontations et dialogues, chocs et synthèses, distance et amitié

 

Selon une lecture tenace de l’histoire des idées qui existent dans de nombreux milieux culturels européens, y compris académiques, la philosophie et, avec elle, l’ensemble de l’héritage de l’Antiquité grecque aurait migré directement d’Athènes vers Paris, Cologne ou Oxford. En fait, au cœur du Moyen Age, cet héritage a été recueilli d’abord par les lettrés, savants et autres érudits de la civilisation arabe et musulmane. Damas, Bagdad et Alexandrie furent le réceptacle du patrimoine antique. C’est donc fondamentalement une culture greco-arabe qui arriva en Europe, avec des traductions vers le latin. Ainsi, une grande partie des écoles philosophiques européennes étaient-elles des écoles arabes : l’avicennisme, l’averroïsme, l’alchimie… Il s’agira de rappeler les enjeux de ce transfert des savoirs  et la communication interculturelle de cet âge qui fut tout, sauf moyen. Nous évoquerons également l’épisode des croisades comme ayant constitué un paradigme historique de la « rencontre « arabo-européenne ».

 

Vendredi 11 décembre 2015

de 18h30 à 21h30

Science et religion en islam. De l’Age d’or au 21ème siècle.

 

La science moderne a largement participé au désenchantement du monde, à la technicisation de notre relation avec la nature, et avec les autres. Certains chercheurs estiment, avec raison, que l’explosion des outils de communication, des mondes virtuels, et notamment du cybersespace, n’est pas le signe d’une intensification qualitative de la vie sociale, de la créativité culturelle et de la vie de l’âme. Pour beaucoup, la prédominance de la technique dans la société d’aujourd’hui est un élément majeur du drame contemporain, et en particulier du drame écologique. En même temps, cette science a réussi, dès les années 1920, à surmonter  la conception réductionniste-cartésien qui dominait jusqu’alors. De nouveaux paradigmes sont apparus, en physique, en cosmologie, en biologie, dans les neurosciences, paradigmes qui ouvrent la connaissance scientifique à la vérité des poètes, des philosophes, des visionnaires, des artistes, des spirituels. Alors que pendant longtemps, le dialogue entre science et spiritualité était refusé, il est depuis quelques décennies réactivé. Que peuvent en dire les philosophes et les intellectuels musulmans ? Ces nouveaux paradigmes peuvent-ils être rendus intelligibles dans le climat intellectuel de l’islam ? Quels furent les caractères spécifiques de l’aventure scientifique durant l’Âge d’Or de la civilisation musulmane ? Dans notre esprit, la relation entre science et islam n’a de sens que par la médiation morale/éthique et philosophique. La promotion des nouveaux paradigmes scientifiques dans l’espace arabo-musulman et dans la communauté arabo/musulmane d’Europe peut contribuer à la communication interreligieuse et interculturelle. Le fait qu’une philosophie non réductionniste, holistique, ouverte de la science puisse contribuer, d’une certaine manière, à une détente interreligieuse et interculturelle devrait nous convaincre de participer à ce débat.

 

Samedi 12 décembre 2015

de 9h30 à 12h30

Le soufisme, une  voie musulmane de l’intelligence du cœur

 

Le soufisme (tasawwuf) ne désigne pas seulement la « mystique » musulmane, comme si l’enjeu était seulement de vivre des expériences. Il est aussi une théologie, un chemin de compréhension de l’univers et de l’humain. En ce sens, le soufisme est une voie de connaissance, profondément enracinée dans le patrimoine arabo-islamique, en même temps qu’elle est ouverte à la diversité des chemins de culture et de spiritualité dans le monde. Nous présenterons les grandes lignes de l’histoire du soufisme et les grands thèmes qu’il a abordés (l’« humain universel », l’univers comme constellation de « signes », la science du « souffle », celle des « lettres », la réalisation spirituelle et le Jihad intérieur vers l’Un…). Nous évoquerons également les points de convergence avec d’autres voies spirituelles (christianisme, bouddhisme, hindouisme, chamanisme notamment).

 

Vendredi 15 janvier 2016

de 18h30 à 21h30

Histoire et présence du nationalisme révolutionnaire arabe

 

Gamal Abd el Nasser (1918-1970) incarna, les aspirations du Tiers Monde à la souveraineté face à la domination du système colonial occidental, singulièrement pour la Nation arabe et l’Afrique. Avec la révolution du 23 juillet 1952, Nasser fait sortir l’Égypte de la tutelle anglaise et met à bas la monarchie pro-occidentale de Farouk 1er. Nasser participe à la Conférence de Bandung (avril 1955) et dénonce, avec les présidents indien Nehru et indonésien Sukarno, l’injustice des rapports  Nord-Sud et le colonialisme. Le 26 juillet 1956, dans un discours à Alexandrie, il annonce le projet de nationaliser le Canal de Suez. « La pauvreté n’est pas une honte, mais c’est l’exploitation des peuples qui l’est. Nous reprendrons tous nos droits, car tous ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l’Égypte  ». Les réactions occidentales sont immédiates et les 29 octobre, 5 et 6 novembre 1956 Israéliens, Français et Anglais attaquent ce pays. L’Onu exige le retrait des troupes étrangères. Nasser soutiendra les luttes de libération nationale, notamment celle conduite par le FLN en Algérie. Malgré la défaite de 1967, quand l’État sioniste occupe le Sinaï et l’ensemble de la Palestine, Nasser restera dans la conscience des peuples Arabes et Africains un symbole. En prenant l’épopée nassérienne comme fil conducteur, nous montrerons l’importance du nationalisme révolutionnaire dans la nation arabe, depuis la nahda (renaissance) du 19ème siècle jusqu’à nos jours. Nous parlerons également des rapports entre nationalisme arabe et islam, nationalisme arabe et démocratie.

 

 

Samedi 16 janvier 2016

de 9h30 à 12h30

Hommage à Edward Said. Une contribution palestinienne/arabe/universelle au réenchantement du monde

 

Edward W. Saïd est mort le 24 septembre 2003 des suites d’une leucémie. Né en 1936 à Jérusalem, il était professeur à la Columbia University de New York, enseignant notamment la littérature comparée. Son œuvre, en particulier L’orientalisme. L’Orient crée par l’Occident, témoigne d’une profonde intelligence de son temps, mais aussi de la culturelle universelle. Son  opposition à la théorie du clash des civilisations véhiculées par les néoconservateurs occidentaux se fondait sur une analyse politique mais aussi et plus essentiellement sur une haute conception de l’humanisme, dont il disait ceci : « l’humanisme est le seul acte et j’irai jusqu’à dire l’acte final de résistance que nous ayons pour nous battre contre les pratiques et les injustices inhumaines qui défigurent l’Histoire de l’humanité. » Dans son travail intellectuel, il a mis en lumière l’impasse d’une approche réductrice de l’impérialisme, réduit à ses seules dimensions politico-militaire et économique. Sans sous-estimer le poids des arguments géopolitiques mercantiles, Edward Said a souligné l’importance des représentations du monde, des idéologies, des aliénations culturelles dans la domination du Nord sur le Sud. De la « mission civilisatrice universelle » dans le discours colonial européen du 19ème siècle au « clash des civilisations » de l’actuelle rhétorique guerrière de l’Empire, ce sont les mêmes ressorts idéologiques qui identifient l’Universel avec l’Occidental et disqualifient le principe même de la diversité culturelle. Edward Said a indiqué, dans le sillage de Goethe qu’il admirait tant, qu’un autre monde était possible, qu’une autre perspective pouvait être défendue : celle d’un universalisme fondé sur le pluralisme des histoires, des géographies et des Imaginaires.

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