INSTITUT DES CULTURES ARABES ET MÉDITERRANÉENNES
AGENDA CULTUREL – الدليل الثقافي العربي
Romancière franco-marocaine née en 1981, Leïla Slimani est lauréate du prix Goncourt 2016 pour son roman Chanson douce, publié aux éditions Gallimard. Traduit en 44 langues, cet ouvrage l’a hissée au rang « d’auteur francophone le plus lu dans le monde ». Virtuose, féministe et profondément engagée, sa plume acérée suscite des débats passionnés, au même titre que les thèmes qu’elle aborde, de la nymphomanie (Dans le jardin de l’ogre), à la violence du patriarcat (Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc), en passant par le meurtre d’enfants et la misère sociale (Chanson douce). Représentante personnelle d’Emmanuel Macron pour la Francophonie, Leïla Slimani a interpellé publiquement le président de la République française en novembre dernier en soutien aux personnes migrantes.
En partenariat et à l’initiative de la Société de Lecture
Entretien mené par Mathieu Menghini, historien et praticien de l’action culturelle
Tarifs : 40.- non membre sdl + 25.- membres sdl & accrédités festival + 10.- étudiant, repas inclus
Inscription obligatoire : secrétariat@societe-de-lecture.ch
Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom… La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c’est l’une des clés, explique l’auteure, de la permanence du « fratricide » dans l’espace politique algérien : les fils frappés d’illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l’illustrent le conflit tragique FLN/MNA lors de la guerre d’indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d’État.
Une démonstration impressionnante, où l’analyse clinique est constamment étayée par les travaux d’historiens, par les études d’acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri…).
Organisé par ICAM – L’Olivier et Coup De Soleil Rhône-Alpes