Réflexions sur la laïcité arabe – Moulay-Bachir Belqaïd

Ce livre dénonce l’hypocrisie et les impostures intellectuelles selon lesquelles l’islam et la laïcité sont incompatibles. Il se veut critique et montre, preuve à l’appui, que le sécularisme se trouve dans la matrice du religieux. Le premier mot révélé au Prophète de l’islam fut « Lis ! ». Au coeur de ce verbe, conjugué à l’impératif, gisent les graines du sécularisme. Ce verbe ne veut pas uniquement dire « prononcer à haute voix » ou  » déchiffrer », mais « prendre la raison comme mesure en toute chose ». Alors que s’est-il passé pour que le monde arabo-musulman cesse de parler le langage de la raison ? L’auteur montre que l’islam, en tant que religion, n’est pas réfractaire à la laïcité, mais l’est devenu plutôt en tant qu’institution. Autrement dit, ce sont les musulmans eux-mêmes ainsi que les régimes (dictature militaire ou religieuse) qui bloquent l’éclosion, la construction et la promotion de la laïcité. Le manque de légitimité – caractéristique de tous les régimes arabo-musulmans génère deux faits majeurs : la politisation de la religion et la sacralisation de la politique. Le premier contribue (ô combien !) à l’effacement de l’essence de l’homme alors que le second prend dieu pour une machine à tuer. Face à ces obstacles la construction de la laïcité demande une lutte acharnée, un combat sans relâche et des débats intellectuels sans concession.

L’Islam – Pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore)

Dans cet ouvrage soigné qui associe clarté et précision, Annie Laurent offre des réponses aux nombreuses et légitimes interrogations que suscite l’Islam, du fait de son omniprésence dans une actualité inquiétante, en France et dans le monde ; du fait aussi de son projet anthropologique, juridique, social et politique dont les fondements heurtent ceux de la civilisation européenne. C’est donc un défi existentiel que l’Europe doit relever alors qu’elle connaît une crise d’identité d’une gravité sans précédent. A l’heure où dominent les relativismes, où s’installent les confusions et où l’émotion supplante la raison, la relation avec l’Islam et les musulmans est confrontée à deux sérieux écueils : le déni et la passion. Il est donc urgent de bannir toute superficialité dans l’approche de réalités encore trop méconnues ou déformées. Autrement dit, il convient de porter sur l’Islam un regard lucide et vrai tout en cultivant bienveillance et respect envers les musulmans. Tel est l’enjeu réussi de ce livre qui s’inspire aussi de l’expérience des chrétiens d’Orient.

La fin de toute chose – Apocalypse coranique et philosophie. Suivie de L’épître du rassemblement de Mullâ Sadrâ

Les descriptions de la fin des temps et de l’Apocalypse dans le Coran n’ont pas seulement nourri un messianisme temporel, annonçant les événements qui départagent les amis et les ennemis de Dieu. Le philosophe Christian Jambet présente ici une oeuvre du penseur shiite Mullâ Sadrâ qui, au XVIIe siècle, » neutralise les conflits de la fin des temps en leur donnant un sens permanent et spirituel, qui en apaise l’urgence, en défait les prestiges temporels au profit du combat spirituel. » L’essai qui précède la traduction de L’Epître du rassemblement dévoile ainsi une éthique de la résurrection. Il éclaire également les influences néoplatonicienne et soufie qui parcourent cette oeuvre, dont Christian Jambet restitue ici toute la puissance.

Hégires – Karima Berger

L’exil (Hégire) du prophète Mohammed en 622 à Médine marque l’an I de l’ère musulmane. Karima Berger nous fait traverser les Hégires, parcourir océans et vallées de l’histoire sainte musulmane, rencontrer les prophètes fuyant vers leur Dieu, croiser les migrants venus d’Orient et redécouvrir un islam transformé par ses tribulations occidentales, tout entier destiné à sa métamorphose. L’auteur mêle ce parcours à sa propre épreuve de l’exil et à l’accomplissement qu’il promet.

Le mois le plus long – Ramadan à Istanbul, de l’Empire ottoman à la Turquie contemporaine

« Le sultan des mois » : test ainsi que les habitants d’Istanbul avaient coutume d’appeler le mois de ramadan. Rite religieux marqué par le jeûne collectif de la communauté musulmane et conclu par l’une des deux grandes fêtes de l’islam, le ramadan est devenu au fil des siècles le temps fort de la vie sociale et culturelle de la capitale ottomane. Prenant pour point de départ les réformes politiques et les transformations urbaines du XIXe siècle, le présent ouvrage analyse l’évolution du ramadan dans un environnement pluriel, à une époque de sécularisation et de laïcisation de l’Etat et de la société. Le mois le plus long entraîne le lecteur au coeur de la métropole ottomane et turque et pose un regard renouvelé sur le « moment ramadan » : sociabilités, loisirs, distractions, spectacles, vie nocturne, rituels politiques, respect du jeûne, transgression, place des femmes dans l’espace public, rôle des non musulmans, etc. Après avoir connu un âge d’or vers 1900, le ramadan n’a cessé de régresser dans la vie des Istanbouliotes. Qu’en est-il dans l’Istanbul d’aujourd’hui ? Dans l’épilogue, François Georgeon laisse la parole à Jean-François Pérouse, fin connaisseur de l’Istanbul actuelle, qui décrit les nouveaux aspects du ramadan au sein d’une ville devenue une grande métropole du XXIe siècle.

Le miroir de Damas – Syrie, notre histoire

Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable. Et cette horreur ne semble nous toucher que par ses  » effets collatéraux « , les attaques terroristes menées sur notre sol. Pour qu’une telle indifférence soit devenue possible, il a fallu occulter tout ce qui dans l’histoire de la Syrie résonne dans notre propre mémoire. Il n’en est que plus urgent de renouer le lien avec la part de l’histoire universelle qui s’est déroulée là-bas. Qu’on le veuille ou non, Damas nous tend aujourd’hui son miroir. Dans ce livre alerte, inspiré, Jean-Pierre Filiu revisite en Syrie un passé aussi intimement mêlé au nôtre. Il évoque des figures que l’on croit familières, saint Paul, Saladin ou Abdelkader, et nous en fait découvrir bien d’autres, du  » chemin de Damas  » à l' » Orient compliqué « . La descente aux enfers de la Syrie, de ses femmes et de ses hommes, n’est ni une affaire d’Arabes, ni le solde de querelles immémoriales. Elle est épouvantablement moderne, car les bourreaux de ce temps, qu’ils soient jihadistes ou pro-Assad, n’invoquent un glorieux passé qu’à l’aune de leur projet totalitaire. Nous avons tous en nous une part de Syrie. Dans le miroir de Damas, nous comprenons mieux ce que notre monde est en train de devenir.

Histoire de l’Iran contemporain

Etrange pays que ce grand Etat chiite, qui n’a jamais rompu avec son passé préislamique et qui, malgré son particularisme – son insularité, disent certains –, a toujours exercé un rayonnement culturel bien au-delà de ses frontières. Curieux destin que celui de ce vieil empire aujourd’hui entouré de jeunes Etats, objet pendant tout le XIXe et le début du XXe siècle de rivalités entre puissances russe et britannique, et qui est aussi la première nation du Moyen-Orient à s’être dotée d’une Constitution moderne obtenue à la suite d’une révolution dès 1906. Précurseur dans la nationalisation de ses ressources pétrolières, l’Iran est également le premier pays à connaître une révolution islamique qui provoque un séisme politique sans précédent à travers le monde musulman et au-delà. Aujourd’hui, alors que ses voisins tentent d’endiguer la montée de l’islamisme radical, il cherche la voie pour sortir d’une révolution religieuse. L’histoire contemporaine de l’Iran, à la fois laboratoire politique pour le monde et nation à part, du point de vue identitaire et historique, vaut d’être connue. Le présent ouvrage a pour ambition d’initier le lecteur à cette histoire foisonnante et méconnue de l’Iran des deux derniers siècles (1796-2017).

Les Alawites, histoire mouvementée d’une communauté mystérieuse

Depuis quelques décennies, les Alawites retiennent l’attention des observateurs, en raison du rôle important que leur communauté hétérodoxe, longtemps haïe et méprisée par l’islam sunnite, joue dans la vie politique du Levant. La guerre civile vient remettre cette communauté au devant de la scène avec une plus grande acuité, et les chancelleries se penchent activement sur son sort et sur celui du Proche-Orient tout entier. Un siècle après la conclusion de l’arrangement que les perfides grandes puissances d’alors ont concocté en catimini, suite au dépeçage de l’Empire ottoman, les peuples du Levant devront-ils subir, à leurs dépens, un nouvel accord porté sur les fonts baptismaux par d’autres larrons ? Qui sont ces Alawites ? Où vivent-ils ? Quelles sont leurs origines doctrinales, leurs croyances ancestrales et leur histoire ? Quel rôle jouent les puissances internationales et régionales dans le conflit présent qui les opposent à leurs détracteurs et que se dessine pour eux dans la Syrie de demain ? Cet essai retrace, à grands traits, leur cheminement à travers onze siècles d’une existence mouvementée, jusqu’aux derniers soubresauts du drame tragique et meurtrier qui se déroule sous nos yeux. Qu’adviendra-t-il de cette petite peuplade le jour où la Syrie sera un Etat pacifié, ouvert à tous les vents ? Nous ne le savons pas encore. Si les Alawites sont acculés à céder le pouvoir, cela risque de se faire au profit d’un islam radical et obscurantiste qui les réduirait à un statut bien pire que celui qui leur a été réservé jusqu’à leur prise du pouvoir. Si, au contraire, ils parviennent à partager la gouvernance avec les autres composantes fondatrices de ce vieux pays – à l’histoire flamboyante et à la civilisation prestigieuse -, ils oeuvreront à construire le premier Etat démocratique et laïque de l’aire arabe. Gageons qu’ils feront le choix de la raison, de la modernité et du progrès.

Les seuils du Moyen-Orient , histoire des frontières et des territoires de l’Antiquité à nos jours

Au Moyen-Orient, les frontières héritées du XXe siècle sont fragiles. En témoignent les drames vécus par les populations locales et l’avènement de Daech. Le problème est ancien, tant la mosaïque ethnique et religieuse est complexe. La région a une histoire plurimillénaire : les premiers Etats sumériens, la conquête d’Alexandre le Grand, les Empires perse, arabe et ottoman y ont laissé des traces. Lieu de fractionnements permanents, de frontières mouvantes, de conflits incessants, le Moyen-Orient est cependant un espace de construction d’Etats et de systèmes politiques puissants. Ici, les frontières ne sont pas de simples traits sur une carte, mais définissent des territoires, des communautés et des identités changeantes. L’étude de cette histoire millénaire permet une meilleure compréhension des fractures culturelles et géopolitiques contemporaines. L’auteur invite à un voyage à travers l’histoire et la géographie du Moyen-Orient pour en dévoiler les « seuils », c’est-à-dire les barrières mentales et géographiques. Riche de 140 cartes et schémas, ce livre est la référence pour aborder les enjeux du Moyen-Orient.

Mourir pour Kobané – Patrice Franceschi

Cité emblématique d’une guerre méconnue, Kobané a été le théâtre de la principale bataille ayant opposé les Kurdes aux djihadistes de Daech. Pendant deux ans, Patrice Franceschi a été à leurs côtés, usant de sa plume comme d’une arme contre l’ignorance des commentateurs et la lâcheté de l’occident. Un récit poignant dans la lignée du Malraux de  » l’espoir  » et du Bernanos des  » grands cimetières sous la lune « . Un témoignage indispensable pour connaître et comprendre le principal conflit actuel et le malheur des Kurdes, coincés entre la Turquie, l’Irak, la Syrie et Daech ; combattants intrépides et éternels sacrifiés. Edition revue et augmentée d’une préface inédite de l’auteur.