«Tôt ou tard, Israël devra rendre des comptes» – Hanan Ashrawi à Genève

Par Andrés Allemand. Mis à jour le 17.12.2014

Mme Hanan Ashrawi est membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du Conseil législatif palestinien. De passage hier à Genève, elle s’est exprimée devant l’American International Club, à la veille de la conférence organisée aujourd’hui par la Suisse et à laquelle les Etats-Unis ne participeront pas. Par la même occasion, elle a répondu aux questions d’une tablée de journalistes. Florilège.

Qu’espérez-vous de cette conférence à Genève?

La communauté internationale ne peut pas se borner, une fois encore, à dire à Israël que les Territoires palestiniens ne sont pas simplement «disputés» mais bien «occupés» (ndlr: ce qui implique une responsabilité envers la population). Nous réclamons la mise en place de mécanismes concrets pour protéger les civils. Que ce soit par des observateurs internationaux, des casques bleus… Que sais-je! Nous sommes même ouverts au déploiement de forces de l’OTAN sous commandement américain. Mais bien sûr, comme Israël s’y refuse, Washington n’en fera rien…

Le soutien des Etats-Unis à Israël est sans faille. Croyez-vous vraiment que cela changera?

Pas tout de suite, mais l’opinion publique américaine évolue. Des campus universitaires appellent à boycotter l’Etat hébreu. Des syndicats portuaires refusent de décharger les cargaisons israéliennes. L’association juive J-Street et son discours critique brise le monopole de l’AIPAC et de ses positions calquées sur celles du gouvernement israélien. Même des militaires américains commencent à dire que cette alliance sans aucune distance critique finit par nuire aux intérêts des Etats-Unis.

Le sentiment d’isolement ne va-t-il pas provoquer un réflexe de repli et favoriser l’extrême droite israélienne?

Dans un premier temps peut-être, mais les Palestiniens ne peuvent pas servir éternellement d’excuse aux échecs d’une coalition gouvernementale. Des Israéliens commencent à trouver que le premier ministre Netanyahou et ses alliés mènent le pays sur une voie dangereuse. En détruisant la solution des deux Etats, ils ne laissent comme alternative que l’Etat unique binational. Car ils ne pourront pas se débarrasser des Palestiniens.

Une troisième intifada va-t-elle éclater?

Elle est déjà là. Une intifada non-violente. Des manifestations pacifiques ont lieu dans tous les villages proches du Mur de séparation. Ziad Abou Eïn (ndlr: ex-ministre palestinien) a d’ailleurs été tué la semaine passée en tentant de planter un olivier en signe de protestation. Il y a eu 51 morts depuis l’incursion israélienne cet été dans la bande de Gaza. Personne n’en parle. Combien vaut la vie d’un Palestinien?

Pourtant, elles ne sont pas massives, les manifestations non-violentes de masse…

C’est vrai. Plusieurs raisons à cela. D’abord, les innombrables checkpoints nous empêchent de réunir des milliers d’activistes. Ensuite, la violence israélienne s’est abattue sur nombre de leaders pacifiques. Certains en sont morts, d’autres sont derrière les barreaux. Et puis, comme la voie des négociations est dans l’impasse, la population frustrée veut des gestes drastiques. Les Etats-Unis, en acceptant que les portes se ferment, ont fait passer nos dirigeants pour des collabos qui géreraient l’occupation israélienne plutôt que d’y mettre fin! Pourtant, la violence non plus ne mène à rien (ndlr: une référence au Hamas). A chaque confrontation, les militaires israéliens prennent le dessus et les civils palestiniens en paient le prix.

Allez-vous saisir la Cour pénale internationale?

Je ne dis pas qu’il faut aller tout de suite devant la justice internationale, mais tôt ou tard, Israël devra rendre des comptes.

Et votre relation avec le Hamas?

Elle est pénible. En établissant un gouvernement d’union, nous pensions être sur la bonne voie. Mais l’incursion israélienne à Gaza cet été a tout compliqué. L’entrée de l’aide humanitaire et de celle pour la reconstruction est freinée par le fait que le Hamas refuse de renoncer aux armes et de laisser l’Autorité palestinienne coordonner le travail sur le terrain. On ne peut pas vouloir être à la fois au gouvernement et demeurer un groupe clandestin! Il est temps de prendre ses responsabilités face la population palestinienne, plutôt que de manœuvrer pour la survie d’un clan.

Etes-vous inquiète des violences à Jérusalem?

Très. Cela peut dégénérer si facilement! Si Israël touche à la mosquée Al-Aqsa, il déclenchera une guerre sainte contre tous les musulmans. (TDG)

Créé: 16.12.2014, 19h54.

Retrouver l’article dans la Tribune de Genève.

« J’ai chanté pour tous les Syriens et je ne veux pas que ma carrière artistique soit liée à la politique »

L’Alépin Hazem Chérif a remporté la finale de « Arab Idol » suivie par 100 millions de téléspectateurs, tout en refusant d’afficher ses préférences politiques.

L’Orient le Jour   15/12/2014

Un jeune Syrien de la ville d’Alep a remporté Arab Idol, le trophée musical le plus envié du Moyen-Orient. La victoire de Hazem Chérif a été obtenue tard samedi à l’issue d’une finale suivie par 100 millions de téléspectateurs à travers le monde arabe.

À l’annonce de son triomphe, le jeune homme de 21 ans a baisé le plateau télévisé, embrassé ses parents avant d’interpréter une chanson patriotique arabe : « J’écris ton nom, mon pays, sur le soleil qui ne disparaîtra jamais. » Durant les quatre mois de la compétition, ce chanteur au visage enfantin avec une petite barbe bien taillée a surtout chanté des airs de qoudoud, la poésie musicale propre à sa ville, comme « Alep est une fontaine de douleurs qui coule dans mon pays ».
Exilé avec sa famille au Batroun, dans le nord du Liban, il a pris soin d’éviter d’afficher ses préférences politiques lors de la finale organisée à Beyrouth par la chaîne saoudienne MBC. Contrairement au Palestinien vainqueur en 2013, il n’a pas brandi le drapeau syrien pour ne pas avoir à choisir entre l’officiel revendiqué par le régime et celui des rebelles. Mais le public a scandé « Syrie, Syrie » après les résultats. « J’ai chanté pour la Syrie et pour tous les Syriens. J’ai 21 ans et je ne veux pas que ma carrière artistique soit liée à la politique », s’est justifié Hazem Chérif.

Ignoré dans les régions rebelles
Ce qui n’a pas empêché les internautes de s’interroger sur son camp. « La première réaction des Syriens après sa victoire a été : c’est un chabih (milicien prorégime) ou c’est un rebelle », affirme Alaa al-Atrache sur Twitter. Mais, pour Sherin Bakro, « Hazem a rendu les gens heureux, et ce soir les tirs sont des balles de joie et non de mort ».
Mais en Syrie, sa victoire a été célébrée dans le camp du régime et ignorée chez les rebelles. L’agence officielle Sana a sobrement annoncé la victoire de « Hazem, le fils d’Alep » qui « a gagné grâce à sa voix très spéciale, capable d’interpréter différents types de chanson ». Dans un reportage diffusé hier par la télévision officielle, une quinquagénaire exprimait l’espoir que « le vote unanime des Syriens en faveur de Hazem Chérif se retrouvera aussi dans la lutte contre le terrorisme ». Dans la phraséologie officielle, le mot « terrorisme » désigne tous les insurgés hostiles au régime.
À Damas, la victoire a provoqué une explosion de joie, comme dans le café al-Machraka où les consommateurs brandissaient des drapeaux syriens. « Cela donne de l’optimisme aux habitants d’Alep et à tous les Syriens. Nous espérons que cette petite victoire en annoncera des grandes », a assuré Yara, une cliente.
« Cet événement prouve que nous sommes toujours en vie, toujours là bien que le monde nous ait oubliés », a affirmé Ahmad Abou Zeid, un habitant des quartiers d’Alep contrôlés par le régime. « Quant à ceux qui nous ont reproché d’avoir oublié les martyrs, je leur dis : Donnez-nous deux heures de bonheur et après nous sommes prêts à mourir le sourire aux lèvres », a ajouté ce jeune de 24 ans.
Dans la partie rebelle d’Alep-est, l’ambiance était radicalement différente. « Personne n’a suivi le programme. L’électricité était coupée et la majorité des gens n’avait même pas entendu parler de cette compétition », assure Zein, un habitant.

 

Abir Oreibi prépare le business du futur

Abir Oreibi prépare le business du futur

4 Décembre 2014

PAR MATTHIEU HOFFSTETTER ¦ Bilan

Abir Oreibi est à la tête des conférences Lift, où se rencontrent les acteurs de l’innovation en Suisse. Rencontre d’une femme d’action au parcours étonnant. Quatrième volet de notre série Bilan Disrupt.

Deux cinéastes palestiniennes empêchées de venir présenter leurs films en Suisse

28 November 2014

– Seul évènement culturel entièrement dédié au cinéma palestinien en Suisse, les Rencontres cinématographiques PALESTINE: FILMER C’EST EXISTER (PFC’E) s’ouvrent demain sur une nouvelle atteinte à la libre-circulation des Palestiniens: Alaa Desoki et Athar Al Jadili, deux réalisatrices de Gaza invitées par le festival, se sont vues refuser leur permis de voyager par les autorités israéliennes, et ce alors que la Suisse leur a délivré un visa pour venir présenter leurs courts-métrages à Genève. L’équipe de PFC’E dénonce cette pratique systématique du gouvernement israélien pour empêcher les voix des Palestiniens de résonner au-delà des murs -réels et administratifs- qui les encerclent. Et remercie les représentations diplomatiques suisses à Ramallah et Tel Aviv pour leurs efforts, malheureusement restés vains. Une preuve supplémentaire de l’asphyxie totale à laquelle est soumise la population de Gaza.

Même si Alaa et Athar ne sont pas présentes physiquement à Genève, leur parole est portée par leurs réalisations. En tout, vingt-six films -longs et courts-métrages, documentaires et fictions- seront projetés durant trois jours. Huit cinéastes, dont six réalisatrices palestiniennes, sont invités. Nous essaierons d’établir une discussion avec Alaa et Athar par Skype. Le sociologue politique Ricardo Bocco sera aussi présent dimanche, pour échanger avec le public.

Les séances ont lieu au cinéma Le Spoutnik, certaines seront suivies de discussions. Toute l’équipe vous attend également autour du buffet oriental et de la soirée musicale à La Barje des Volontaires (en face de l’Usine). Enfin, une exposition de photographies accueille les visiteurs pendant toute la durée du festival, et une table ronde sera organisée dimanche, sur le thème “Cinéma palestinien: cinéma de mémoire, cinéma de création”. Un sujet hautement d’actualité pour la Palestine, et pour cette 3ème édition des Rencontres cinématographiques.

VU D’IRAN Accord sur le nucléaire : les Iraniens sont partagés

Les négociations sur le nucléaire entre l’Iran et le groupe 5 + 1 ont été prolongées jusqu’au 1er juillet 2015. Espoir d’une issue favorable pour les uns, échec de la méthode employée pour les autres : à Téhéran, les journaux sont divisés.

Courrier international | Ghazal Golshiri | 25 novembre 2014
La date butoir des négociations sur le dossier nucléaire de Téhéran avec le groupe 5 + 1 (les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) a été, une fois de plus, repoussée de sept mois. Au lendemain [le 25 novembre] de cette nouvelle, les quotidiens iraniens sont partagés quant à l’analyse de cette décision.

Certains soutiennent, à l’instar du quotidien gouvernemental Iran, qu’il s’agit d' »une nouvelle chance pour la diplomatie ». D’autres, notamment les titres conservateurs, rappellent qu’ils avaient bel et bien prédit cet « échec » et qu’il est impossible de faire confiance aux Occidentaux.

« Prolongation de l’espoir »

Le quotidien réformateur Arman a publié sur sa une un dessin montrant le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, et son homologue américain, John Kerry, en train d’apposer le tampon « [Les pourparlers] ont été prolongés, 5+1 ». Arman rapporte également une phrase du président iranien, Hassan Rohani, qui s’est prononcé la veille à la télévision nationale sur le contentieux nucléaire : « Nous sommes vainqueurs et le monde n’a d’autre choix que de négocier avec l’Iran. »

Un autre titre réformateur, Aftab-é Yazd, a de son côté publié une grande photo prise à Vienne à la fin des pourparlers, qui montre les chefs de la diplomatie des six pays aux côtés de leur homologue iranien. La photo est accompagnée de ce titre : « La prolongation de l’espoir ». « Espoir » ayant été l’un des slogans du président Rohani lors de sa campagne présidentielle en juin 2013.

Echec pour l’Iran

« Même si la traversée du long tunnel miné des négociations avant la date butoir [le 24 novembre] était dans l’intérêt de la république islamique d’Iran, il est injuste d’interpréter cette prolongation comme un échec », soutient Javid Ghorban Oghli dans l’éditorial du quotidien réformateur Etemaad.

A en croire le quotidien ultraconservateur Kayhan, les négociateurs iraniens n’ont rien obtenu en essayant de rétablir la confiance des Occidentaux. « La vraie signification de cet incident est que nous sommes arrivés dans une impasse. Mais, puisque les parties ne veulent pas reconnaître que cela ne marche pas – à cause des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni –, elles acceptent de prolonger la date », peut-on lire dans l’éditorial du journal.

Plus provocateur, le quotidien conservateur Vatan-é Emrooz s’est contenté de ce grand titre : « Rien ! »

Désormais, les négociateurs doivent parvenir à un accord politique sur les grands axes à la fin mars 2015. Les questions plus détaillées sont à résoudre avant le 30 juin.

“Laïcité”, ce mot qui fâche

Le monde musulman refuse la laïcité sous prétexte qu’elle est un produit occidental, alors que tous les produits qu’il consomme viennent de l’Occident.

Al-Quds Al-Arabi | Ibtihal Al-Khatib | 13 novembre 2014

J’ai écrit un précédent article en sachant que mes mots allaient m’être renvoyés déformés. Depuis longtemps, nous alimentons le tourbillon dans lequel nous nous agitons alors qu’en réalité nous faisons du surplace. J’y ai défendu la laïcité en disant que c’était l’unique solution pour nos conflits politiques et surtout pour le confessionnalisme qui nous dresse les uns contre les autres.

Dans ce même article, j’ai également écrit que le prétexte que beaucoup cherchent à nous vendre et selon lequel “la laïcité a des fondements occidentaux” n’a aucun sens. Car même si la laïcité provient d’un espace étranger, elle n’en reste pas moins la seule solution. Les réactions d’amis et de lecteurs n’ont pas tardé.

Comme il fallait s’y attendre, on m’a sorti le sempiternel argument : la laïcité est un produit de l’Occident et nous ne voulons pas trouver notre salut dans ce type de produit ! Peu importe si nous ne mangeons, ne buvons, ne nous déplaçons, ne nous habillons et ne respirons qu’à l’occidentale. Peu importe notre dépendance génétique à l’égard de la matrice occidentale. L’important est de nous préserver de leur laïcité.

Car c’est elle, et elle seule, le diable. L’étonnant est que personne ne nous ait présenté un autre modèle qui puisse convenir à notre physionomie arabe. Un de mes amis était arrivé à la conclusion que la solution consiste à séparer la politique de la religion. Qu’on donne à ce concept n’importe quel nom, m’a-t-il dit, mais surtout pas laïcité ! Il suffit de changer l’étiquette pour que la robe s’adapte à notre physionomie arabe et pour que nos “spécificités” arrivent à entrer dans le moule. Ce que la mentalité arabe ne parvient pas à saisir est que toute idée est la résultante de la sollicitude des humains et de longs débats philosophiques à travers les âges.

Averroès [philosophe arabe andalou du XIIe siècle] a été en réalité un des précurseurs de la pensée laïque, à une époque où l’Europe était ravagée par des conflits religieux. Et beaucoup d’Européens étaient hostiles à sa profonde pensée philosophique, notamment en ce qui concerne l’égalité entre les religions, les unes et les autres n’étant que différentes manières d’atteindre Dieu. Ainsi donc, le vrai début de la laïcité était peut-être constitutivement arabe et philosophiquement musulman.

Est-ce que pour autant les critiques [de l’Occident] vont s’accommoder de cet héritage d’Averroès ? Est-ce que pour autant ils accepteront cette laïcité pour arrêter les flots de sang qui coulent en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen et ailleurs ? Y a-t-il une meilleure solution que de séparer la religion de la politique, en assurant à tous – croyants et non-croyants – les mêmes droits ? L’objectif de cet article n’est pas d’expliquer les principes de la laïcité, ni d’en vanter les mérites. Nous les connaissons tous à travers nos voyages – ou notre émigration – dans les pays laïques de l’Occident, où nous sommes traités d’une manière nettement meilleure que dans les pays musulmans. Et nous ne respirons librement que lorsque nous quittons les cachots de nos pays religieux.

Ne devrions-nous pas être un peu plus modestes [dans nos diatribes antioccidentales] alors que même pour nous moucher nous nous servons de papier occidental ? Ne devrions-nous pas examiner la substance de la philosophie laïque plutôt que ses origines, ses effets plutôt que sa généalogie ? Elle n’est pas convenable, dites-vous ? Elle n’est pas de votre rang ? [Bon, ne la prenez donc pas pour épouse.] Prenez-la comme maîtresse et vous verrez bien comment votre vie s’en trouvera changée.

—Ibtihal Al-Khatib
Publié le 9 octobre 2014 dans Al-Quds Al-Arabi (extraits) Londres Retrouver l’article dans le Courrier international

Un émirat où le livre sera roi ! – (Sharjah International Book Fair)

Salon du livreUn caddy de supermarché tiré par un(e) citoyen(ne) lambda. Jusque-là, l’image semble banale. Mais la scène se déroule dans les allées spacieuses du géant Expo Sharjah où se tient la 33e édition du Salon international du livre. Et ces caddies, que l’on voit partout, sont remplis d’ouvrages. Preuve d’une soif de lecture de la part d’un peuple ou d’habitants d’un émirat qui cherche à devenir une oasis de paix et de culture. « Pour l’amour de la parole écrite », comme l’indique la devise du SIBF, Salon classé quatrième mondial de par sa taille. Et dire qu’à sa première édition, en 1982, il ne comprenait qu’une poignée de maisons d’édition. Toutes libanaises.

SHARJAH, de Maya GHANDOUR HERT | OLJ
14/11/2014

Le SIBF (Sharjah International Book Fair) coïncide cette année avec la célébration de Sharjah capitale culturelle du monde islamique pour 2014. C’est pour cette raison que l’Organisation islamique pour l’éducation, la science et la culture est l’invitée d’honneur de la 33e édition. Une édition numéro 33 qui clôture ses activités demain, samedi 15 novembre. Une édition marquée par des chiffres éloquents: 1,4 million de titres exposés, 1 256 maisons d’édition participantes. Les trois premiers jours, le nombre de visiteurs a atteint le demi-million. Des ventes qui s’élèvent à 40 millions de dirhams en 2013. Cinquante-neuf pays participants dont 12 nouveaux venus : l’Islande, la Finlande, le Mexique, la Croatie, Latvia, la Slovénie, la Hongrie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, Malte, la Lituanie et le Nigeria.
Il est évident que ce Salon fournit une plate-forme pour les éditeurs arabes et internationaux ainsi que pour les autres opérateurs du monde de l’édition, intégrant des séminaires sur les nouvelles tendances de l’industrie, de l’édition numérique, de la littérature pour enfants et des traductions dans le cadre d’un programme unique visant à encourager l’amour de la lecture et la littérature.

«La vérité et la vertu sont deux magnifiques ouvrages. Ils sont malheureusement entourés de destruction», a déclaré le cheikh Sultan bin Mohammad al-Qassimi, membre du Conseil suprême et gouverneur de Sharjah, lors de la cérémonie inaugurale du Salon du livre. «Il faut travailler
pour dissiper ces nuages sombres pour que les lumières de la vérité et de la vertu puissent nous éclairer, à travers les livres», a jouté le gouverneur, connu pour sa grande culture et sa plume aiguisée et poétique, avec laquelle il signe cette année un ouvrage intitulé Tahta rayat al-Ihtilal (Sous le drapeau de l’occupation) racontant le combat de la résistance de la famille Qassimi contre les Anglais.
Côté maisons d’édition, les Émirats arabes unis sont représentées par 140 éditeurs, l’Égypte par 140, le Liban par 105, la Russie par 75, la Syrie par 68 et l’Inde par 56. Un cortège d’activités parallèles qui comprend 780 manifestations comprenant signatures, conférences, tables rondes, animations dédiées à la jeunesse, d’autres à l’art culinaire, et d’autres encore à la promotion des médias sociaux.
Stars incontestées du Salon, l’auteur américain Dan Brown et l’acteur égyptien Adel Imam. Parmi les invités de cette 33 édition: l’écrivaine Ahlam Moustaghanmi, l’auteur et dramaturge algérien Yasmina Khadra, les journalistes télé Hamdi Kandil et Ricardo Karam (en guest d’honneur) l’écrivain pakistanais Kamila Shamsie et l’Arabo-Australienne Randa Abdel Fattah. Côté libanais, on notait également la présence du philosophe Ali Harb, de l’illustratrice Michèle Standjofski, du poète et journaliste Abdo Wazen. Et aussi la journaliste et poète libanaise Nadine el-Assaad qui a lancé une plaquette de 44 poèmes sous le signe de l’amour. Sans oublier une longue liste d’auteurs arabes, mais aussi un bon catalogue d’écrivains indiens aux ventes stratosphériques.
Last but not least, signalons que le Liban s’est taillé la part du lion côté prix littéraires notamment avec Dar el-Farabi, représenté par son directeur Joseph Mansour, qui a reçu le prix de la meilleure maison d’édition arabe.
Le sixième prix Etisalat pour l’édition de jeunesse a par ailleurs plébiscité la créativité made in Lebanon. Le palmarès s’est présenté comme suit :
– Le livre de jeunesse de l’année (0-12 ans): A Very Naughty Cat (éditions al-Yasameen) de Abeer Ebrahim el-Tahir, illustrations de Maya Faddawi.
– Le livre d’adolescents de l’année (13-18 ans): Rahalat 3ajiba fi biladin ghariba de Sonia Nimr, illustrations de Loubna Taha, aux éditions Tamir Foundation for Social Learning.
– Meilleur script: Oummi touhibb al-Fattouche d’Eva Kozma, illustré par Azza Hussein, publié par Academia
International.
– Meilleure illustration: Fayrouz fatatou el-remmane de Rania Zabib Dhaher, illustrations de Joëlle Achkar, publié par Academia International.
– Meilleure mise en page: Skillful Walkers de Nabeeha Muhaidili, illustrations de Hassan Zahr al-Deen, publié par al-Hadaik.
Dans les allées du Salon: des éditeurs occidentaux avec des portefeuilles «relativement garnis», à la recherche de contrats avec leurs collègues arabes. Des chaises roulantes à la disposition des personnes handicapées. Une vingtaine de journalistes du Liban, mais aussi des centaines de correspondants étrangers. Une couverture médiatique par la chaîne al-Arabiyya. Et ces fameux caddies qui circulent, recueillant des ouvrages tous azimuts. Parmi ces tas amoncelés, des livres de religion et de cuisine (comme chez nous), mais aussi des titres encyclopédiques, beaucoup de self-help books, des romans, des traductions de best-sellers, des albums illustrés et bon nombre d’œuvres de culture générale.
À quoi s’intéresse le lecteur aux Émirats? «À tout ce qui lui permet d’ouvrir une fenêtre vers l’autre», remarque une exposante. À juste(s) titre(s).Retrouver l’article sur « L’Orient le jour »

Naftali Bennett West Bank annexation plan a wake up call for the West

Naftali Bennett West Bank annexation plan a wake up call for the West
Published Saturday 08/11/2014 (updated) 10/11/2014 15:03
Naftali Bennett talks to students at a pre-military religious school,
north-east of Ashkelon on Jan. 20, 2013. (AFP/File)

John V. Whitbeck is an international lawyer who has advised the Palestinian negotiating team in negotiations with Israel. Naftali Bennett, Israel’s Minister of the Economy and leader of the Jewish Home Party, a major component of the current Israeli government, is widely seen as the politician on the rise in Israel and a potential successor to Benjamin Netanyahu as prime minister after the next Israeli elections.On Nov. 6, he published a highly significant opinion article, entitled « For Israel, two-state is no solution, » in the International New York Times.

In this article, Mr. Bennett argues that « for its security, Israel cannot withdraw from more territory and cannot allow for the establishment of a Palestinian state in the West Bank » and then proceeds to propose his own « four-step plan » for peace.

His « peace plan » notably includes Israel’s unilateral annexation of Area C, approximately 61 percent of the West Bank, so as to « reduce the scope of the territory in dispute, making it easier to reach a long-term agreement in the future. »

In his vision of peace, any « Palestinian entity » on residual ink spots of Areas A and B of the West Bank « will be short of a state. It will not control its own borders and will not be allowed to have an army. » As for Gaza, « it cannot be a party to any agreement. »

Bennett concludes: « I am aware that the world will not immediately accept this proposal. It seems to go against everything Israel, the Palestinians and the international community have worked toward over the last 20 years. »

« But I will work to make this plan government policy because there is a new reality in the Middle East, which has brought an end to the viability of the Oslo peace process. »

One may hope that Bennett’s blast of honesty will blow away any residual illusions within those Western governments which have for decades been blocking the realization of a Palestinian state on the ground by arguing that a Palestinian state can only exist, even on a purely legal level, as a result of negotiations with Israel — i.e., after almost half a century of belligerent occupation, with the prior consent of the occupying power.

One may also hope that Bennett’s honesty will help Western governments to recognize the urgent necessity to save the two-state solution by one or, ideally, both of the only two conceivable courses of action to do so — (1) the United States not vetoing an application by the State of Palestine for full member state status at the United Nations and, thereby, letting it happen and (2) building on the virtuous example of Sweden, a tsunami of diplomatic recognitions of the State of Palestine by the 19 European Union states which have not yet done so, followed by a clear and coherent program for intensifying EU sanctions until Israel complies with international law and relevant UN resolutions by withdrawing fully from the occupied State of Palestine.

In a world that still professes formal respect for international law and the UN Charter, the occupation of a UN member state by a neighboring state cannot be permitted to endure indefinitely, and Europe is Israel’s principal trading partner and cultural homeland, with Israel enjoying special privileges that give it many of the advantages of virtual EU membership.

Either course of action would represent a wholesome and constructive reality check to Israeli society and render the end of the occupation a mere question of when rather than of whether.

It appears that the legislatures of France and Spain are on track to vote on recognizing the State of Palestine prior to year-end, although, as in the case of the overwhelming favorable vote in the British House of Commons and the unanimous favorable vote in the Irish Senate, neither vote would be binding on their respective governments.

If the US government were to permit the State of Palestine to become a UN member state, there is good reason to believe that a wave of diplomatic recognitions by EU states, which have traditionally deferred to the United States on all matters relating to Israel, Palestine, and the so-called « peace process, » would rapidly follow.

There is also some reason for hope that the Republican Party’s new total control of the U.S. Congress, which rules out any domestic achievement for President Obama in his final two years in office, will focus the Nobel Peace Prize laureate’s attention on leaving a legacy of historic foreign policy achievements which remain within his discretion and power to achieve.

If, however, neither of these two courses of action has eventuated by mid-2015, the Palestinian people and leadership, as well as all decent people who truly seek peace with some measure of justice in Israel-Palestine, should consign the « two-state solution » and the current « two-state legality » to the trash heap of history, accept the current « one-state reality » and embark upon a principled, long-term, anti-apartheid struggle for equal rights and human dignity in a unitary state for all who live in former Mandate Palestine.

The views expressed in this article are the author’s and do not necessarily reflect Ma’an News Agency’s editorial policy.

 

25 years after Berlin Wall fall, activists break open Israeli wall

JERUSALEM (Ma’an) — Palestinian activists affiliated with local popular resistance committees in the villages northwest of Jerusalem on Saturday broke open a hole in the separation wall to commemorate the 25th anniversary of the fall of the Berlin Wall.

« No matter how high walls are built, they will fall. Just as the Berlin Wall fell, the wall in Palestine will fall, along with the occupation, » the popular committees said in a statement.

The activists said that their aim in destroying the wall was also to stress that Jerusalem is an Arab and Palestinian city, and that neither the construction of the separation wall nor Israeli military reinforcement could prevent Palestinians from reaching Jerusalem and the Al-Aqsa mosque.

The activists also called upon Palestinians to unite and take part in the battle for Jerusalem, and to defend the al-Aqsa mosque and all Islamic and Christian holy sites.

They also called upon people to be ready to take part in the « intifada » of Jerusalem, which they said would be « the final, fateful intifada to liberate Palestine. »

The Berlin Wall officially fell on Nov. 9, 1989, after having divided the German capital for nearly 30 years.

The Israeli separation wall is in many places more than double as high and nearly six times as long, as it cuts across the West Bank to divide Palestinians from other Palestinians ostensibly in order to ensure Israeli « security. »

Israel began building the separation wall in 2002, and the route has been the target of regular demonstrations by border towns whose land is cut off by its path.

Israel has regularly confiscated large plots of Palestinian land in order to build the wall. When the barrier is complete, 85 percent of it will have been built inside the occupied West Bank.

In 2004 the International Court of Justice ruled that the separation wall was illegal and « tantamount to annexation. »

Critics have called the wall part of a land grab designed to ensure Jewish-only settlements built on occupied territory housing around 550,000 Israelis will become part of Israel de facto despite the lack of a peace agreement, in effect legalizing land confiscation.

Mort de l’essayiste et romancier Abdelwahab Meddeb (1946-2014)

Le Monde.fr | • Mis à jour le |

Par Nicolas Truong
Poète, islamologue, essayiste et romancier, né en 1946 à Tunis, Abdelwahab Meddeb est mort à la clinique Bizet, à Paris, mercredi 5 novembre, d’un cancer du poumon. Grand érudit, pétri de culture musulmane et occidentale, il plaidait sans relâche pour un Islam des Lumières, un dialogue des civilisations face au choc des nations, des images et des représentations. Abdelwahab Meddeb a enseigné la littérature comparée à l’université Paris-X-Nanterre, dirigé la revue Dédale et produit l’émission « Cultures d’Islam », sur France Culture. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont Talismano (Christian Bourgois, 1979), Contre-prêches (Seuil, 2006), Sortir de la malédiction. L’Islam entre civilisation et barbarie (Seuil, 2008), Pari de civilisation (Seuil, 2009), Printemps de Tunis, la métamorphose de l’histoire (Albin Michel, 2011) et une Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours (Albin Michel, avec Benjamin Stora, 2013).
Passionné par la littérature la plus exigeante, ce sont les attentats du 11 septembre 2001 qui conduisirent ce poète et romancier franco-tunisien à descendre dans l’arène des débats. « Si, selon Voltaire, l’intolérance fut la maladie du catholicisme, si le nazisme fut la maladie de l’Allemagne, l’intégrisme est la maladie de l’islam », écrivait-il en ouverture à La Maladie de l’islam (Seuil, 2002), son ouvrage-phare, dans lequel il invitait le monde musulman à balayer « devant sa porte » et à rompre avec la spirale de la violence et du ressentiment. Il ne cessa de combattre l’islamisme radical, tout comme le mépris ignare pour les musulmans dans lequel se complaisent certains intellectuels français.

« Je porte en moi la maladie de l’islam »

Une position singulière, qui lui valut d’avoir des adversaires dans chaque camp. Mais aussi de nombreux amis et soutiens, tels l’islamologue Christian Jambet, le philosophe Jean-Luc Nancy, l’historien d’art Jean-Hubert Martin, l’essayiste Olivier Mongin, ancien directeur d’Esprit, qui lui proposa d’entrer dans le comité de rédaction de la revue. Ou encore le musicien Michel Portal, qui vint jouer Mozart et Schubert et improviser à la clarinette dans sa chambre d’hôpital, afin d’apaiser les souffrances de cet irréductible amoureux des arts.

« Je porte en moi la maladie de l’islam », disait-il encore alors qu’il luttait contre son cancer. Dans une dernière tribune, parue le 9 octobre dans Le Monde à la suite de l’exécution de l’otage Hervé Gourdel, il enjoignait aux siens de « protester, en tant que musulman, ces horreurs puissent être faites en notre nom » et de ne pas cesser à « transmettre les merveilles de l’Islam ».

Pour lutter contre le littéralisme et l’intégrisme, séparer le politique du théologique, il propose de chercher dans la tradition du soufisme d’Ibn Arabi (1165-1240) notamment, la voie d’un islam ouvert à la pluralité des mondes. Cette préoccupation est au cœur du Portrait du poète en soufi, son dernier ouvrage, qui vient de paraître aux éditions Belin (181 pages, 19 euros), dans lequel un poète nomade s’adresse à Aya, sujet de son amour : « Quand tu donnes tu donnes tout/C’est la passion qui te meut. » Un vers qui va comme un gant à Abdelwahab Meddeb, qui fut toute sa vie animé par la passion de l’Islam et dévoré par sa maladie.