Rhapsodie des oubliés – Sofia Aouine

Abad, 13 ans, vit dans le quartier de Barbès. Rêvant de vivre pleinement sa vie et d’échapper à son destin, il tente de briser les règles imposées par sa famille. Premier roman.

 

Prix : 31chf

N’appelle pas, il n’y a personne – Youssef Fadel

Jeune femme venue de la petite ville d’Azemmour, Farah – qui signifie « joie » – rêve de devenir chanteuse et monte à Casablanca dans l’espoir d’y faire carrière. Osman est un artisan décorateur qui travaille avec son père sur le chantier de la mosquée Hassan II, que le roi a voulue d’un luxe opulent et pour le financement de laquelle toutes les couches de la population sont mises à contribution, y compris les plus démunies. Sur cette toile de fond se greffe une histoire d’amour entre Osmane et Farah qu’il rencontre par hasard sur le chantier. Elle est pour lui, au gré de ses apparitions, comme un ange de lumière. Toutefois, l’ambition de Farah est trop pressante pour l’assigner à un seul lieu, à un seul homme, et cette nature libre l’expose à toutes les convoitises. Avec N’appelle pas, il n’y a personne, titre inspiré d’une chanson de Fayrouz, Youssef Fadel met un point final à sa trilogie consacrée au règne de Hassan II. On a vu dans Un joli chat blanc marche derrière moi (Sindbad/Actes Sud, 2014) l’arbitraire du pouvoir royal et les intrigues de la cour, dans Un oiseau bleu et rare vole avec moi (Sindbad/Actes Sud, 2017) la dure répression qui a suivi l’attentat manqué contre le roi, le 15 août 1972. Ce dernier tome dénonce en particulier le fossé qui n’a cessé de se creuser entre les riches et les pauvres.

 

Prix : 37chf

Embrasements – Kamila Shamsie

Isma et Eamonn se lient d’amitié aux Etats-Unis, dans une ville universitaire. Tous deux arrivent de Londres et sont d’origine pakistanaise. Mais leurs histoires familiales diffèrent. Le père d’Isma a sacrifié sa vie au djihad. Figure montante du Parti conservateur britannique, celui d’Eamonn est connu pour son rejet du communautarisme. Rentré en Angleterre, Eamonn rencontre Aneeka, la soeur d’Isma, dont il avait vu une photographie et remarqué la beauté renversante. Très vite, ils sont précipités dans une vertigineuse spirale de passion et de secrets. Jusqu’au jour où Aneeka dévoile à son amant l’existence de son frère jumeau, embrigadé par l’Etat islamique, qui cherche désormais à fuit l’enfer de Raqqa. Elle supplie Eamonn d’intercéder pour lui auprès de son père. Mais le tout nouveau ministre de l’Intérieur prône la « tolérance zéro » à l’égard de ceux qui ont trahi la patrie. Dès lors ces deux familles, happées dans la tourmente médiatique, avancent inéluctablement vers le deuil et l’effondrement. L’immortelle tragédie d’Antigone orchestre ce roman et nous entraîne à la suite de personnages poignants, incarnation vibrante des héros de Sophocle. Confrontés au pire, tant dans la sphère intime que sur l’échiquier international, ils tentent d’échapper à l’étau des loyautés contraires pour s’emparer de leur destin. Explorant leurs réalités identitaires, familiales, amoureuses et politiques, Embrasements reflète les plus violentes convulsions de notre monde contemporain.

 

Prix : 35chf

Millenium blues – Faïza Guène

De la fin des années 1990 à nos jours, Zouzou promène sur son époque son regard d’enfant, d’adolescente, puis de jeune femme, et enfin de mère, tout cela dans le désordre ou presque. Chaque épisode intime de l’existence de Zouzou est associé de près ou de loin à un événement de notre vie collective. La coupe du monde 1998, le 11 septembre 2001, le second tour de l’élection présidentielle de 2002 ou encore la grippe A… Mais si le monde change à un rythme de plus en plus rapide, une chose demeure : l’amitié qui lie Zouzou à Carmen. Tout commence par un accident, à Paris, en août 2003, au cceur de la canicule…

 

Prix : 13chf

Jérusalem – Alan Moore

Et si une ville était la somme de toutes les villes qu’elle a été depuis sa fondation, avec en prime, errant parmi ses ruelles, cachés sous les porches de ses églises, ivres morts ou défoncés derrière ses bars, les spectres inquiets ayant pris part à sa chute et à son déclin ? Il semble que toute une humanité déchue se soit donné rendez-vous dans le monumental roman d’Alan Moore, dont le titre – Jérusalem – devrait suffire à convaincre le lecteur qu’il a pour décor un Northampton plus grand et moins quotidien que celui où vit l’auteur. Roman de la démesure et du cruellement humain, Jérusalem est une expérience chamanique au coeur des mémoires et des aspirations contemporaines. Entre la gloire et la boue coule une voix protéiforme, celle du barde Moore, au sommet de son art.

 

Prix : 23chf

Le livre des reines – Joumana Haddad

Le Livre des Reines est une saga familiale qui s’étend sur quatre générations de femmes prises dans le tourbillon tragique des guerres intestines au Moyen-Orient – au coeur de territoires de souffrance, du génocide arménien au conflit israélo-palestinien, en passant par les luttes entre chrétiens et musulmans au Liban et en Syrie. Reines d’un jeu de cartes mal distribuées par le destin, Qayah, Qana, Qadar et Qamar constituent les branches d’un même arbre généalogique ancré dans la terre de leurs origines malgré la force des vents contraires qui tentent à plusieurs reprises de les emporter. Une lignée de femmes rousses unies par les liens du sang – qui coule dans leurs veines et que la violence a répandu à travers les âges – et par une puissance et une résilience inébranlables. Avec la parfaite maîtrise d’une écriture finement ciselée, Joumana Haddad parvient à construire un roman d’une extraordinaire intensité, sans jamais sombrer dans le pathos ou la grandiloquence.

 

Prix : 34chf

L’aurore – Selahattin Demirtas

 » A toutes les femmes assassinées, à toutes celles victimes de violence… « . Des rêves piétinés de Seher aux yeux noirs de Berfin, de Nazo qui fait des ménages à Mina, la petite sirène engloutie, toutes ces femmes, qu’elles soient mères, adolescentes ou filles, affirment leur liberté à tout prix. Selahattin Demirtas livre ici un récit à la fois tragique et plein d’espoir sur la Turquie contemporaine.

 

Prix : 10chf

Le mari passeport – Marga d’ Andurain

Rebelle, aventurière et passionnée, Marga d’Andurain (1893 – 1948) voulait être la première Européenne à pénétrer à La Mecque. Pour tenter d’y parvenir elle se sépare de son mari catholique et se convertit à l’islam pour épouser un musulman. Ils se mettent en route en 1933, mais le chemin est long et difficile. Elle est successivement soupçonnée d’espionnage, enfermée dans un harem, accusée d’assassinat, emprisonnée dans des conditions sordides et condamnée à mort. Libérée enfin, elle livre ce témoignage unique et exceptionnel avant de disparaître dans des conditions tragiques au large de Tanger.

 

Prix : 31chf

Le pianiste de Yarmouk – Aeham AHMAD

Un jeune homme joue et chante au milieu des décombres et des maisons éventrées. La photo, prise à Yarmouk, ville de réfugiés palestiniens de la banlieue de Damas, a fait le tour du monde.
Ce musicien est devenu un symbole d’humanité face à la guerre. Après avoir enduré avec dignité les souffrances du conflit syrien, celui que l’on surnomme désormais le « pianiste des ruines » a finalement dû se résoudre à prendre le chemin de l’exil : en guise d’avertissement, Daech avait brûlé son piano… Partageant le sort de milliers d’autres, il a ainsi connu la séparation d’avec sa famille, la périlleuse traversée de la Méditerranée, l’éprouvante route des Balkans, puis l’arrivée en Allemagne.
Dans cette autobiographie bouleversante, Aeham Ahmad raconte son enfance de Palestinien en Syrie, son apprentissage de la musique au sein d’une famille talentueuse, jusqu’à la révolution de 2011, bientôt engloutie par la guerre. Un éclat d’obus le blesse à la main. Bravant la peur, il décide alors de jouer dans la rue, se laissant filmer pour témoigner de la résistance qui subsiste, obstinée, dans la ville assiégée. Car ce livre a une portée politique. Il dénonce la violence extrême, les exactions du régime d’Assad comme celles des djihadistes, mais il rappelle aussi la précarité du peuple syrien et le destin tragique de tous les réfugiés. Un requiem en hommage aux victimes et une ode à la musique.

 

La Découverte

31chf

Averroès ou le secrétaire du diable – Gilbert Sinoué

Né en 1126 à Cordoue, il a connu la gloire puis la disgrâce, le respect des puissants puis l’exil et la clandestinité. Il a contribué à la légende de l’Andalousie musulmane, mais il a payé au prix fort les audaces de sa pensée.
Ses idées seront tout aussi violemment condamnées par l’Église que par les théologiens musulmans qui lui reprocheront – hérésie suprême – d’oser aborder la foi avec la raison, de refuser l’aveuglement dogmatique et l’usage des textes sacrés pour le seul bénéfice de quelques-uns. Traité en paria, menacé, c’est haï de tous qu’il mourra à Marrakech, à soixante-douze ans. Mais des siècles plus tard son œuvre demeure plus vivante que jamais.
Il s’appelait Averroès.

 

Prix : 35chf