Soirée de remise à « l’Association Tahaddi » du bénéfice du Concert organisé par l’ICAM au Victoria Hall le 5 écembre 2016 à son profit.


L’Institut des cultures arabes et méditerranéennes,  ICAM – L’Olivier est heureux de pouvoir remettre à l’Association Tahaddi,  le bénéfice du Concert organisé en sa faveur, soit la somme de 15’909.20 .
A l’occasion de cette remise, une rencontre avec des représentantes de l’Association Tahaddi en Suisse a lieu dans les locaux de l’ICAM le jeudi 11 février à 19h30, afin qu’elles puissent nous présenter le travail de leur association.
La rencontre sera suivie d’un verre de l’amitié.
L’ASSOCIATION TAHADDI
La vision du centre éducatif Tahaddi (CET) est de devenir un lieu où les jeunes acquerront des compétences et les valeurs nécessaires pour sortir de la pauvreté et s’intégrer socialement.

Sa mission est de développer les capacités académiques et sociales de ces jeunes et les équiper au mieux de leurs possibilités. Ils participent à un programme éducatif adapté à leurs besoins, grâce à une équipe qualifiée et compétente.

Le CET offre un programme éducatif sur 5 ans au moins à plus de 120 enfants n’ayant pas accès à la scolarité pour des raisons sociales et économiques.

Ces jeunes n’ont pas pu entrer à l’école à l’âge requis, souvent pour des raisons économiques, ou n’ont pas les compétences requises pour entrer dans un programme scolaire public parfois trop exigeant pour des enfants défavorisés.Le CET accueille également des jeunes qui ont quitté très jeunes les bancs  Lire la suite

Programme éducatif

Le CET accueille des enfants,non scolarisés ou déscolarisés, venant d’un milieu très pauvre et qui ne peuvent plus entrer facilement à l’école publique. Ce programme dure 5 ans minimum, il est fait « sur mesure » mais suit les objectifs de l’éducation nationale avec les modifications nécessaires aux besoins spécifiques des enfants. L’enseignement se fait au travers de méthodes interactives Les matières enseignées sont l’arabe, l’anglais, les mathématiques, les sciences, l’histoire, la géographie et l’informatique. La musique, les arts plastiques, le théâtre  Lire la suite

Formation professionnelle pour les jeunes sortant du CET
Après au moins 5 ans à temps plein dans le programme de Tahaddi, les jeunes sont orientés vers une formation professionnelle en vue de l’apprentissage d’un métier. L’acquisition de compétences professionnelles est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté et représente l’accomplissement de la mission de Tahaddi de mener ces jeunes à l’autonomie et à l’intégration sociale.

L’orientation professionnelle est assurée par la psychologue qui s’entretient avec les jeunes afin qu’ils identifient leurs points forts et comprennent mieux  Lire la suite

Programme d’aide aux devoirs
Les enfants du quartier qui fréquentent des écoles publiques aux alentours manquent souvent du soutien nécessaire chez eux pour réussir. Le programme officiel libanais exige le bilinguisme (arabe / français ou anglais) et il est particulièrement difficile pour les enfants qui ne peuvent être aidés par leurs parents. Nous offrons un soutien aux devoirs après l’école quatre fois par semaine.
Programme d’alphabétisation pour les jeunes.

Tahaddi propose un programme quotidien d’alphabétisation l’après-midi, pour les adolescents plus âgés. Ils étudient l’arabe et les mathématiques, ainsi que les arts plastiques et l’informatique.
Certains enfants syriens reprennent les apprentissages scolaires parfois après plusieurs années d’interruption due à la guerre. C’est aussi l’occasion de reprendre confiance en soi et d’espérer un avenir meilleur. Ce programme inclut également des jeunes libanais qui n’ont pas ou peu été scolarisés. Cette action correpond à notre mission de travailler avec tous  Lire la suite

Programme d’alphabétisation des adultes
Certains parents et jeunes adultes sont également désireux d’apprendre à lire et à écrire. Le TEC leur est ouvert pour un programme régulier d’alphabétisation en langue arabe et anglaise.

Programme informatique pour jeunes adultes

Un grand nombre de jeunes hommes et femmes sont désireux d’apprendre les nouvelles technologies pour se sentir acteurs dans la société dans laquelle ils vivent et augmenter leurs chances d’obtenir un emploi. Notre salle informatique est ouverte aux jeunes du quartier, et des cours sont proposés, offrant une initiation globale aux logiciels Microsoft Office.

SITE DE L’ASSOCIATION TAHADDI

L’intellectuel Elias Sanbar et la Biblioteca Islámica d’Espagne, lauréats du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe 2015

20.01.2016 – UNESCOPRESS

L’intellectuel Elias Sanbar et la Biblioteca Islámica d’Espagne, lauréats du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe 2015

L’écrivain Elias Sanbar et la Bibliothèque Islamique de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) sont les lauréats du Prix UNESCO-Sharjah 2015 pour la culture arabe. Ils ont été choisis par un jury international d’experts pour leur engagement en faveur de la diffusion de la culture arabe dans le monde. Le Prix leur sera décerné par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, au cours d’une cérémonie organisée le 14 avril au siège de l’Organisation (Salle IV).

Elias Sanbar (Haïfa, 1947) est l’un des intellectuels arabes les plus reconnus aujourd’hui. Actif dans le domaine de la littérature, du droit, de l’histoire, de la traduction, du journalisme et de la diplomatie, il contribue activement depuis 40 ans à promouvoir une meilleure compréhension de la culture arabe. En 1981, il a été l’un des fondateurs de La Revue d’études palestiniennes, une des publications les plus importantes sur la Palestine, dont il a été rédacteur en chef pendant plus de 25 ans. Sa traduction en français de l’œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich est considérée comme l’une de ses plus grandes contributions à la diffusion de la culture arabe. Il a aussi coécrit, avec Stéphane Hessel, survivant de l’Holocauste, l’ouvrage « Le rescapé et l’exilé », traduit dans de nombreuses langues. Elias Sanbar est aussi Ambassadeur, Délégué permanent de la Palestine auprès de l’UNESCO depuis 2012.Par la richesse de ses collections bibliographiques et ses services, la Biblioteca Islámica de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, dont le siège est à Madrid, est devenue une référence essentielle dans le domaine des études arabes et arabo-andalouses. Inaugurée en 1954, elle possède plus de 100 000 ouvrages. Parmi les chefs-d’œuvre de sa collection figurent notamment le Lexicon arabicum de Franciscus Raphelengius (1613), le Thesaurus linguarum Orientalium Turcicae-Arabicae-Persicae de Franciszek Mesgnien Meniński, publié entre 1680 et 1687, ou encore la Gramática arábigo-española de Francisco Cañes, publiée à Madrid en 1775.La Bibliothèque collabore activement avec plusieurs chaires universitaires de langue arabe ou de culture islamique et participe aux conférences internationales organisées par l’Association européenne des bibliothèques sur le Moyen-Orient (MELCOM). Elle favorise le dialogue interculturel en nouant des partenariats avec des associations scientifiques et éducatives du monde arabe. En outre, la Bibliothèque islamique de l’AECID apporte son soutien à d’autres bibliothèques arabes sous forme d’échanges et de formations.Créé en 1998 à l’initiative des Émirats arabes unis, le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe a pour vocation de récompenser les efforts de deux personnalités ou organisations, l’une originaire du monde arabe et l’autre d’un pays non arabe, ayant contribué de manière significative au développement, à la diffusion et à la promotion de la culture arabe dans le monde. Le Prix est doté d’un montant de 60 000 dollars réparti à égalité entre les deux lauréats.

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Retrouvez cet article sur le site de l’Unesco

ARABIE SAOUDIE : UNE DICTATURE MOINS PROTEGEE… Richard Labévière

Le 7 février 1995, la parution du livre – L’Arabie Séoudite – La dictature protégée -, aux éditions Albin Michel, ne retint l’attention que de quelques spécialistes. Son auteur diplomate de métier – signant du pseudonyme Jean-Michel Foulquier -, y décrivait par le menu les exécutions au sabre, les sévices de la police religieuse wahhabite et toutes les violations structurelles des droits humains en vigueur dans ce qui, en réalité est moins un pays qu’une propriété familiale privée… Il nous disait aussi que, conformément à l’esprit et la lettre du Pacte du Quincy1, accordant aux Etats-Unis le monopole de l’exploitation des réserves d’hydrocarbures les plus importantes du monde, la famille Saoud bénéficie de la protection totale des administrations américaines successives. Comme le disait Roosevelt du dictateur nicaraguayen Somoza, les Saoud sont bien des fils de pute, mais ce sont nos fils de pute…

De fait, les réalités morbides de cette monarchie ubuesque sont parfaitement connues depuis belle lurette, déroulant quotidiennement sous nos yeux son cortège d’abominations, au vu et su de tous, comme la lettre volée d’Edgar Allan Poe. Mais… motus et bouche cousue ! Jusqu’à très récemment, il était proprement inconcevable de lire dans la presse occidentale quoique ce soit de critique à l’encontre de cette « dictature protégée ». Alors, pourquoi les plumes, les langues et les oreilles se délient-elle seulement aujourd’hui ?

NOUVELLE DONNE GEOPOLITIQUE

On peut d’abord avancer trois causes géopolitiques « larges » : un redéploiement et une délocalisation des intérêts américains ; le retour de l’Iran dans le concert des nations ; une résurgence de l’ancestrale confrontation des mondes sunnite/chi’ite. Viennent ensuite une série de considérations plus « micros » : la faillite des révoltes arabes; la surenchère entre Al-Qaïda et l’organisation « Etat islamique » ; l’extension territoriale du terrorisme islamiste ; enfin, une guerre de succession récurrente au sein même de la monarchie saoudienne. D’une manière générique et hormis le livre pionnier de Jean-Michel Foulquier, quelques candides dont Alain Chouet2, Xavier Raufer3, Pierre Conesa4 et votre serviteur5, répètent depuis plus d’une vingtaine d’années que l’Arabie saoudite constitue l’épicentre de l’Islam radical, de son financement et de son extension. Depuis toutes ces années, les mêmes étaient remisés au rayon, soit des doux rêveurs, soit des dangereux subversifs ou encore plus clairement accusés d’être des amis des dictateurs officiels, les nationalistes arabes s’entend !

Plus sérieusement: les éditorialistes parisiens comme nos gouvernants auraient ils oublié l’une des annonces les plus importantes faites par le président Barack Obama au début de son second mandat? En substance, ce dernier expliquait que, pour les trente à quarante ans à venir, les intérêts stratégiques américains fondamentaux se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale. Par conséquent, les Proche et Moyen-Orient perdaient leur centralité, jusqu’ici incontestée dans l’agenda des priorités du Département d’Etat et des grandes sociétés américaines. Cette annonce officialisait ainsi l’obsession « eurasienne » martelée depuis des décennies par l’ancien conseiller à la sécurité du président Carter et inspirateur inoxydable des administrations démocrates – Zbigniew Brzezinski -, notamment dans son livre programme Le Grand échiquier – L’Amérique et le reste du monde6.

Dans cette perspective, il devenait impératif pour Washington de normaliser ses relations avec l’un des pays clef de cette Route de la soie vitale allant de Venise à Vladivostok, à savoir la Perse éternelle… Ce fut la signature de l’accord sur le nucléaire iranien. Rarement dans les annales de la diplomatie, une négociation aura été aussi longue et compliquée. Au terme de plusieurs prolongations et d’une ultime journée de tractations fiévreuses, l’Iran et les pays du « P 5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sont finalement parvenus à un compromis sur le nucléaire iranien, aux premières heures de la journée du mardi 14 juillet à Vienne. L’arrangement fait près d’une centaine de pages, composé d’un texte principal et de cinq annexes. Lourd de conséquences majeures, immédiates et à plus long terme, cet événement historique déclencha l’ire de l’Arabie saoudite, des autres monarchies du Golfe et de plusieurs pays sunnites, sans compter Israël…

LE GRAND RETOUR DE L’IRAN

Ce retour de l’Iran dans la communauté internationale entraîne plusieurs conséquences lourdes, notamment sur le plan pétrolier. Jusqu’aux sanctions internationales, l’Iran était le second plus grand exportateur des pays de l’Organisation des pays exportateurs. Selon les estimations les plus sérieuses, les revenus pétroliers de l’Iran ont augmenté d’un tiers sur l’exercice 2012 pour atteindre 100 milliards de dollars, malgré les sanctions américaines. La même année, les autorités iraniennes estimaient que les revenus annuels générés par cette industrie pourraient atteindre 250 milliards de dollars en 2016. Aujourd’hui, l’Iran prévoit d’investir un total de 500 milliards de dollars dans le secteur pétrolier avant 2025.

Avec la levée des sanctions, la reprise annoncée des investissements étrangers pourrait se concrétiser durant ce premier semestre. « On devrait enregistrer un dégel progressif des avoirs financiers iraniens à l’étranger à partir du début 2016 », explique Michel Makinsky, chercheur associé l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), « mais sur les 100 à 150 milliards de dollars que les Américains prétendaient bloqués, pas plus de 30 milliards ne semblent être, pour l’instant, mobilisables ». Face à ce marché de 80 millions d’habitants, les entreprises occidentales ont déjà repris le chemin de Téhéran depuis plusieurs mois dans un contexte politique très marqué par le président Hassan Rohani qui souhaite faire de l’Iran un « pays émergent prenant toute sa part dans l’économie mondiale et mondialisée ». Sur le plan financier, les autorités cherchent à restructurer le système bancaire autour de la Banque centrale et une relance des relations avec le Fonds monétaire international.

« Des politiques prudentes ont permis de retrouver une croissance positive l’an dernier et de réduire l’inflation à 15%.. » expliquent les experts du Fonds, « les autorités ont également stabilisé le marché des changes et avancé sur la réforme des subventions. Mais l’économie reste confrontée à des défis structurels. La forte baisse des prix mondiaux du pétrole a refroidi l’activité. Les entreprises pâtissent aussi d’une demande atone, le système bancaire étant confronté à des actifs improductifs élevés et des arriérés accumulés par le secteur public. Le chômage reste élevé, environ 10,5 % », d’après la Banque mondiale. Le gouvernement iranien ambitionne d’atteindre un taux de croissance de 8 % par an, le FMI misant sur 4 à 5 % en 2017. Dans ce contexte, Téhéran souhaite lancer de grands chantiers d’infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires. Les projets sont prêts mais les banques attendent l’effectivité de la levée des sanctions. Une mission européenne (France, Grande Bretagne, Allemagne) s’est récemment rendue à Washington pour obtenir des précisions auprès de l’administration financière américaine.

Mais dans l’ambiance de la primaire de leurs prochaines élections présidentielles, les Etats-Unis tentent toujours de freiner l’investissement étranger, cherchant à dissuader les sociétés européennes de revenir en Iran. Quoiqu’il en soit et quel que soit le prochain président des Etats-Unis, le retour du pétrole iranien sur le marché mondial et la reprise des investissements étrangers s’annoncent d’ores et déjà comme un mouvement irréversible. Dans tous les cas de figure, ces prévisions placent l’Iran en situation de s’imposer comme la véritable puissance régionale face à ses deux principaux concurrents de proximité que sont la Turquie et Israël. Cette reconfiguration régionale et internationale ne manque pas de raviverUne guerre de cinq mille ans, pour reprendre les mots du grand journaliste Paul Balta7.

UNE GUERRE DE CINQ MILLE ANS

Dans ce contexte, l’une des premières initiatives du nouveau roi Salman d’Arabie saoudite est d’intervenir militairement au Yémen voisin contre la rébellion houthi, politiquement soutenue par Téhéran. À partir du 26 mars 2015, la force aérienne royale saoudienne, avec l’appui de plusieurs pays sunnites dont l’Égypte et les membres du Conseil de coopération du Golfe excepté Oman, effectue des bombardements sur de nombreuses positions houthis dans l’ouest du pays, dont l’aéroport international El Rahaba et le palais présidentiel de Sanaa. L’ambassadeur saoudien à Washington précise que « l’opération vise à défendre le gouvernement légitime du Yémen et à empêcher le mouvement radical houthi (soutenu par l’Iran) de prendre le contrôle du pays ».

Les États-Unis déclarent également fournir un soutien opérationnel en matière de logistique et de renseignement. Selon la chaîne de télévision Al-Arabiya basée à Dubaï, le royaume saoudien engage dans cette opération une centaine d’avions de guerre et plusieurs dizaines de milliers de soldats. Depuis plus de dix mois, l’aviation saoudienne ravage l’un des pays les plus pauvres du monde, avec l’aval de Washington et des pays européens sans que cela n’émeuve beaucoup la grande presse internationale, les professionnels des droits humains et des indignations sélectives. Dans ce conflit oublié mais très meurtrier, la monarchie wahhabite combat aujourd’hui ses anciens alliés Zaydites qui ont affronté, entre 1962 et 1970, les forces de la République arabe du Yémen, à l’époque soutenues par l’Egypte. Ainsi à cette époque Riyad n’hésitait pas à s’allier avec les parents des Houthis actuels – en réalité très éloignés du chi’isme duodécimain iranien – contre les « tribus républicaines » soutenues par Nasser, le Grand Satan d’un nationalisme arabe appuyé par Moscou ; puis, à partir de 1968, contre le gouvernement révolutionnaire du Sud Yémen pourtant composé de musulmans sunnites mais qui se proclamaient ouvertement communistes.

Mais l’intervention yéménite actuelle a été précédée par des soutiens réitérés au soulèvement des tribus sunnites et des groupes terroristes qui ne supportent pas l’avènement d’un nouveau pouvoir chi’ite en Irak dès le printemps 2003. Le GID – les services secrets de Riyad – n’hésite pas à financer et armer Abou Moussab al-Zarqawi, le chef d’Al-Qaïda en Irak qui opère à partir du Kurdistan d’Irak. C’est à ses tueurs qu’on doit notamment l’assassinat de Sergio de Mello, le représentant spécial de l’ONU à Bagdad le 29 août 2003 ainsi qu’ une série d’attentats meurtriers à Bagdad, ciblant de manière récurrente, personnalités, quartiers et mosquées chi’ites.

En outre, depuis la fin des années 1980, les services du prince Turki al-Faysal Bin Abdulaziz – l’un des parrains d’Oussama Ben Laden – financent et appuient les groupes salafo-jihadistes au Liban et les Frères musulmans de Jordanie. Le 8 décembre 2004, à l’occasion d’un entretien avec leWashington-Post, le roi Abdallah II de Jordanie – un pays allié de Riyad, de Washington et de Tel-Aviv – avait surpris aussi bien le monde arabo-musulman que ses partenaires occidentaux en mettant en garde contre l’émergence d’un « croissant chi’ite » allant de l’Iran au Liban, comprenant également l’Irak post-Saddam, la Syrie des Assad, Bahreïn et les régions pétrolières d’Arabie saoudite…

DECAPITATIONS PUBLIQUES

En écho à ce fantasme de la menace grandissante d’un croissant chi’ite et accompagnant la montée en puissance des révoltes arabes (printemps 2011), Riyad arme la rébellion sunnite en Syrie, l’encourageant à renverser le régime de Damas (alaouite, composante hétérodoxe du chi’isme). Simultanément, en mars 2011, l’armée saoudienne réprime dans le sang les manifestations de la place de la Perle à Manama, la capitale de Bahreïn dont la population est majoritairement chi’ite. Autrement dit, cette politique saoudienne de la canonnière antichi’ite vient de loin, connaissant une dernière péripétie aggravante avec l’accident survenu à Mina durant le pèlerinage de La Mecque le 24 septembre 2015. Environ un millier de personnes, essentiellement chi’ites trouvent la mort lors d’un mouvement de foule provoqué par les forces de l’ordre accompagnant le déplacement d’un prince saoudien. Non seulement les services locaux de sécurité sont en-dessous de tout, mais circonstance aggravante : l’ancien ambassadeur d’Iran à Beyrouth, en charge notamment des liaisons avec le Hezbollah libanais, participant au pèlerinage, disparaît lui aussi dans de mystérieuses circonstances.

Pendant ce temps-là, les affaires courantes continuent. L’agence officielle de communication saoudienne SPA annonce, le 4 janvier dernier, l’exécution d’un homme condamné à mort pour un meurtre de droit commun. Ahmed ben Obeïd al-Harbi avait été reconnu coupable d’avoir abattu par balle un autre Saoudien à la suite d’une dispute. Mais, la goutte qui fait déborder le vase est que cette sentence porte à 48 le nombre d’exécutions depuis le 1er janvier 2016. En une seule journée – le 2 janvier – 47 personnes, dont le dignitaire chiite Nimr Baqr al-Nimr, ont été exécutées en Arabie saoudite après avoir été condamnées pour «terrorisme». L’année dernière, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels, le royaume avait en effet mis à mort 153 personnes, contre 87 en 2014. Les exécutions ont généralement lieu par décapitation au sabre et en public. Elles concernent aussi bien des Saoudiens que des étrangers.

Le 7 octobre 2011, le dignitaire chi’ite8 saoudien Nimr Baqer al-Nimr écrivait9 : « depuis notre naissance, nous sommes soumis à l’oppression, à l’intimidation, aux persécutions et à la terreur, au point que même les murs nous faisaient peur. Même les murs ! Y a-t-il quelqu’un qui n’a pas subi l’injustice et l’oppression dans ce pays ? J’ai plus de 50 ans, soit un demi-siècle. Depuis que je suis venu au monde, je ne me suis jamais senti en sécurité dans ce pays, nulle part, depuis mon enfance. Nous sommes continuellement accusés, menacés et agressés de toutes parts…  Nos poitrines resteront nues face à vos balles et nos mains resteront vides (sans arme), mais nos cœurs resteront emplis de foi… Nous n’avons qu’une alternative : vivre sur cette terre en hommes libres et dignes, ou y être enterrés avec les honneurs (après le martyre)… Nous ne cesserons de dénoncer votre oppression et de revendiquer nos droits ».

REVOLTES ARABES ET GUERRES DE SUCCESSION

Pris de court par la soudaineté et l’ampleur du mouvement social à l’origine des révoltes arabes (janvier 2011) – agglomérant plusieurs revendications composites touchant tant aux libertés civiles et politiques qu’aux conditions de subsistance économique, aux prébendes et corruptions des clientèles en place, les islamistes (Frères musulmans et Salafistes) se sont d’abord cantonnés à une posture d’attente. Depuis les années 1980, Riyad – ayant rompu avec la Confrérie égyptienne, coupable à ses yeux, d’ingérences dans les affaires intérieures du royaume – continuait à acheter sa tranquillité en soutenant toutes sortes d’officines salafistes, à peu près partout dans le monde, tandis que Doha offrait gracieusement asile, aides et logistique aux Frères musulmans. Aujourd’hui encore la chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jazeera diffuse quotidiennement l’idéologie « frériste » en arabe, en anglais, en turc et en serbo-croate à plus de 80 millions de téléspectateurs.

Le 2 mai 2011, un commando de Navy-Seals neutralise Oussama Ben Laden dans son refuge pakistanais d’Abbottabad, installé à proximité des plus grandes écoles militaires du pays. Depuis plus de cinq ans, les services américains connaissent tout de la villégiature du chef d’Al-Qaïda. Le président Obama donne le feu vert à cette opération à ce moment-là parce que son administration veut éviter qu’Al-Qaïda ne récupère le mouvement de protestation qui s’est répandu dans l’ensemble du monde arabo-musulman. L’existence d’Al-Qaïda ne correspond plus à la nouvelle configuration des intérêts américains toujours portés à favoriser la promotion des Frères musulmans. Les Départements d’Etat et de la Défense estiment que ces derniers sont en mesure d’apporter des réponses thermidoriennes appropriées aux révoltes arabes.

Doha exulte et Riyad s’adapte. Toujours est-il que ce choix s’avère désastreux : en juillet 2013, après un an de pouvoir frériste au Caire, trente millions d’Egyptiens descendent dans la rue, ouvrant la voie au retour des militaires ; en Tunisie Ennahdha doit quitter le pouvoir en laissant une situation économique apocalyptique ; la Libye implose après la brillante intervention militaire franco-britannique relayée par l’OTAN ; en Syrie les Frères et leurs alliés arabes et occidentaux ne parviennent pas à renverser un régime fortement appuyé par la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais ; enfin, au Yémen la rébellion des Houthi provoque l’intervention de l’armée saoudienne qui remet Al-Qaïda en selle…

Il n’est pas anodin de souligner que cette initiative revient principalement au ministre de la Défense Mohamed ben Salman Al-Saoud (MBS), second vice-premier Ministre. Il est aussi vice-prince héritier, mais derrière son concurrent Mohammed Ben Nayef ben Abdelaziz Al-Saoud (MBN), lui aussi vice-Premier ministre mais surtout prince héritier en premier. Lié aux grandes sociétés du complexe militaro-industriel américain et aux stratèges du Pentagone, MBN qui devrait logiquement succéder à l’actuel roi Salman, fait l’objet de toutes les attentions de son concurrent MBS. Ce dernier fait ainsi assaut de surenchères wahhabites sur tous les dossiers possibles – Yémen, opposants, minorités chi’ites et police religieuse – afin de convaincre le Conseil des Oulémas qu’il représente mieux l’avenir de la dynastie, sinon la survie du royaume que le prince héritier désigné MBN, « vendu aux américains », selon les dires de plusieurs fils des rois Fahd et Abdallah, soigneusement écartés de toutes responsabilités importantes.

Cette épuration ne résulte pas seulement de querelles de parentèles, ne vise pas uniquement l’accès à la rente et les prébendes qui vont avec, mais entend aussi exprimer sûrement la volonté du clan des Soudaïri – revenu au pouvoir dans le sillage du nouveau roi Salman – d’une rupture avec la politique des Tuwaïjri et des tribus Chammar du feu roi Abdallah. Ce dernier était d’autant plus suspect aux yeux des premiers, qu’il cherchait à établir un système d’évitements, sinon d’arrangements avec l’Iran, estimant – sans doute à juste tire – que l’Arabie avait tout à perdre, à moyen et plus long terme, d’une confrontation directe et permanente avec le grand voisin perse.

C’est dans ce contexte de guerre de successions toujours inabouties qu’intervient – en Irak – le schisme fondamental entre Al-Qaïda (canal historique) qui reste partisan du « jihad global », et la future organisation « Etat islamique » (Dae’ch), optant pour un « jihad de proximité » à prétention territoriale. Le 9 juin 2014, Dae’ch prend Mossoul, la deuxième ville d’Irak et proclame le Califat vingt jours plus tard. A l’origine, ce nouvel acteur est accueilli favorablement, sinon aidé, par Ankara, Riyad et Washington qui estime ainsi pouvoir « siphonner », selon les propres termes d’un haut responsable du Pentagone, « les légions d’Al-Qaïda au profit de jihadistes locaux plus facilement contrôlables… ». Mais avec la proclamation d’un califat, englobant La Mecque et Médine, et la décapitation médiatisée de plusieurs journalistes américains, les nouveaux venus s’avèrent vite incontrôlables. Les premières « frappes » américaines contre Dae’ch commencent officiellement le 7 août 2014 avant que ne s’organise une improbable coalition anti-Dae’ch dont les membres principaux poursuivent des objectifs très contradictoires…

Réconciliée avec les Frères musulmans, l’Arabie saoudite – du moins certains de ses grands bienfaiteurs – continue à soutenir allègrement les katibas d’Al-Qaïda, de Dae’ch, de Jabhat al-Nosra et des autres variantes armées d’un Islam radical qui s’inspirent majoritairement du wahhabisme, doctrine officielle de la monarchie. Bien-sûr, Riyad fait partie de la coalition contre Dae’ch – qui revendique plusieurs attentats contre des mosquées chi’ites du royaume… – et va même jusqu’à fabriquer une nouvelle coalition « arabe » contre l’ « Etat islamique », mais le cœur n’y est pas… et les services de renseignement les plus sérieux sont obligés de reconnaître que l’Arabie saoudite, en dépit de ses efforts de communication, ne change pas de politique !

Journal presque officiel du Quai d’Orsay, Le Monde attend les télégrammes diplomatiques révélés par Wikileaks et les enquêtes du New York Times pour écrire du bout de la plume que « l’Arabie finance le fondamentalisme sunnite à travers le monde »10. Mais il en faut plus pour faire plier le chef de la diplomatie française dont le nouveau credo est « qu’il ne faut pas confondre le wahhabisme saoudien avec le salafisme… ». Le 18 novembre dernier dans l’hémicycle parlementaire, Laurent Fabius réaffirme que « les accusations de financement des groupes jihadistes qui pèsent sur les pays du Golfe n’étaient pas avérées ! » Des propos déjà tenus par Manuel Valls, la veille sur les ondes de France Inter, quelques heures avant sa rencontre avec le Premier ministre du Qatar…

LA POLITIQUE « SUNNITE » DE LA FRANCE

Depuis plusieurs années, Paris profite des tensions Riyad/Washington liées aux progrès de l’accord sur le nucléaire iranien, afin de se positionner comme partenaire privilégié de l’Arabie saoudite. Cette diplomatie commerciale a fini par peser une cinquantaine de milliards de dollars au profit des grandes sociétés du CAC-40, selon le cumul de contrats effectifs et d’intentions annoncées. Le 10 octobre 2015, en marge d’un forum d’affaires franco-saoudien, Manuel Valls annonçait fièrement qu’il avait signé des « accords et des lettres d’intention » pour un volume d’affaires estimé à 10 milliards d’euros. Cette annonce concernait une trentaine de patrouilleurs rapides qui devaient être commandés à DCNS11 par Riyad avant la fin 2015. A ce jour, la commande n’a pas été confirmée de même que des annonces similaires concernant le domaine des satellites de télécommunications et d’observation.

Selon l’AFP, qui citait les services du Premier ministre, ces accords concerneraient aussi « les secteurs de l’énergie, la santé, l’agro-alimentaire, le maritime et les infrastructures ». Un de ces accords porterait sur la création d’un fonds saoudien dédié à l’investissement dans de petites et moyennes entreprises françaises, notamment dans le numérique et les énergies renouvelables, pour un montant de deux milliards d’euros. Dans le domaine de l’agro-alimentaire, l’embargo qui touchait la viande bovine française a été levé. Les sociétés françaises devraient ainsi pouvoir à nouveau exporter vers l’Arabie Saoudite, précisait encore Matignon. Un protocole d’accord a aussi été signé entre le Fonds souverain saoudien et le Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB) pour la création d’une usine de fractionnement de plasma en Arabie Saoudite. L’investissement saoudien s’élèverait à 900 millions d’euros. Des annonces ont également été faites dans le domaine des infrastructures, pour la gestion du réseau d’eau de Ryad (trois milliards d’euros), les transports urbains (notamment concernant le métro de Ryad pour un milliard d’euros) et la distribution de l’énergie dans la nouvelle cité économique de Jeddah (un milliard d’euros).

Mais pour l’instant – à l’image des annonces publiques de subventions d’Etat aux différents programmes des Nations unies, où il y a le plus souvent loin de la coupe aux lèvres – ces chiffres demeurent très virtuels : ainsi la finalisation du DONAS ( l’enveloppe saoudienne de trois milliards de dollars promise aux industries françaises de défense pour moderniser l’armée libanaise ) traîne depuis plus de trois ans, sans certitude de la voir pleinement aboutir un jour… Et comme un « économiste atterré » le souligne : « calmons-nous avec ces effets d’annonces mirifiques, parce qu’aujourd’hui, le niveau réel de notre volume d’affaires avec l’Arabie saoudite n’atteint pas 10% de celui de nos échanges avec la Belgique… »

Toujours est-il que si l’on parlait encore d’une « politique arabe » dans la France du général de Gaulle et celle de François Mitterrand, il n’est plus question désormais que de politique « sunnite » dans celle de François Hollande… A ce titre, Laurent Fabius s’est opposé jusqu’au dernier moment à la finalisation, pourtant annoncée, de l’accord sur le nucléaire iranien. Au nom de quels intérêts ? On se pose encore la question, demeurée à ce jour sans véritable réponse !

Quoiqu’il en soit, Paris a réagi plutôt mollement aux dernières exécutions saoudiennes qui ont révolté toute la planète. Dans une réaction antidatée du 2 janvier 2016 – il fallait attendre celle de Washington -, Paris a déploré l’usage de la peine de mort, sans condamner les exécutions saoudiennes… François Hollande réitère ainsi la faute politique qu’il avait commise lors des derniers bombardements israéliens sur Gaza, ne se souciant que de la sécurité d’Israël sans se préoccuper des victimes civiles palestiniennes ! Aucune allusion aux contrats d’armements français avec Riyad, alors qu’au même moment le ministre allemand de l’Economie déclare publiquement qu’il s’agit « d’être plus critique, à l’avenir, en matière d’exportation de matériels de défense à destination de ce pays ».

Bien qu’entouré de conseillers en communication permanente, le président de la République s’exprime ici à contre-courant d’une opinion française et internationale majoritaire, qui sait maintenant, peu ou prou, le rôle joué par la monarchie wahhabite dans l’expansion de l’Islam radical dont les médias dénoncent quotidiennement les méfaits depuis les derniers attentats du 13 novembre 2015. En dépit de cette évolution faisant que l’Arabie saoudite d’aujourd’hui est une « dictature moins protégée », sa survie institutionnelle n’en reste pas moins assurée pour les prochaines années à venir.

En effet, l’administration Obama finissante, comme le prochain président américain, démocrate ou républicain, ne pourront que scrupuleusement observer les tables du Pacte du Quincy, officiellement en vigueur jusqu’en 2065. Normaliser les relations avec un Iran en voie de modernisation est une chose, lui laisser un champ régional libre où il pourrait s’imposer comme la puissance dominante en est une autre… Même si les Etats-Unis privilégient le redéploiement de leurs intérêts stratégiques vers l’Asie-Pacifique et l’Asie centrale, ils ne peuvent se désengager totalement des Proche et Moyen-Orient et, surtout, permettre l’émergence d’un « croissant chi’ite » tant redouté par leurs alliés historiques.

Ainsi, Washington doit impérativement veiller à l’existence et à la pérennité d’un pôle sunnite suffisamment fort – s’organisant autour des pays du Conseil de coopération du Golfe et de l’Egypte – afin de contenir le retour de l’Iran chi’ite dans le concert des nations. De fait, et face aux dernières provocations saoudiennes, la diplomatie américaine joue la carte de la désescalade pour s’assurer aussi que Riyad n’anéantisse pas les discussions de paix engagées sur les dossiers syrien, irakien et yéménite. En définitive, et même « moins protégée… », la dictature wahhabite pourra continuer, longtemps encore, à se jouer du cynisme mercantile et des lâchetés des démocraties occidentales. Bonne année tout de même !

Richard Labévière
11 janvier 2016

1 Le pacte du Quincy a été signé le 14 février 1945 à bord du croiseur USS Quincy (CA-71) entre le roi Ibn Saoud, fondateur du royaume et le président américain Franklin Roosevelt de retour de la conférence de Yalta. Il comporte quatre volets principaux : la protection de l’Arabie saoudite fait partie des « intérêts vitaux » de Washington ; la stabilité de la péninsule Arabique et le leadership régional saoudien font aussi partie de ces « intérêts vitaux » ; en contrepartie, le royaume garantit l’essentiel de l’approvisionnement énergétique américain ; les autres clauses portent sur le partenariat économique, commercial et financier saoudo-américain ainsi que sur la non-ingérence occidentale dans les questions de politique intérieure saoudienne. La durée de l’accord était prévue pour être de 60 ans. Il a été renouvelé pour une même période en 2005 par le président George W. Bush.
2 Alain Chouet : Au cœur des services spéciaux. La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers. Editions La Découverte, 2011.
3 Xavier Raufer (direction) : Atlas de l’Islam radical. CNRS-Editions, 2007.
4 Pierre Conesa : Guide du petit djihadiste, à l’usage des adolescents, des parents, des enseignants et des gouvernants. Editions Fayard, 2015.
5 Richard Labévière : Les dollars de la terreur – Les Etats-Unis et les islamistes. Editions Grasset, 1998. Les Coulisses de la terreur. Editions Grasset, 2003. Vérités et mythologies du 11 septembre 2001. Nouveau-Monde Editions, 2011.
6 Zbigniew Brzezinski : Le Grand échiquier – L’Amérique et le reste du monde. Editions Bayard, 1997.
7 Paul Balta : Iran-Irak, une guerre de 5000 ans. Editions Anthropos/Economica, 1988.
8 Les Saoudiens de confession chi’ite représente environ 10% d’une population de 29 millions d’habitants.
9 Cité par Salah Lamrani : Exécution d’un clerc chi’ite au Moyen-Orient, conflits sectaires ou politiques ? 5 janvier 2016.
10 Arnaud Leparmentier : Nos alliés les Saoud. Le Monde du jeudi 26 novembre 2015.
11 DCNS est un groupe industriel français spécialisé dans l’industrie navale militaire, l’énergie nucléaire et les infrastructures marines. Le groupe emploie plus de 13 000 personnes à travers 10 pays. Société de droit privé détenue à hauteur de 64 % par l’État français, de 35 % par Thales et de 1 % par son personnel, DCNS est l’héritier des arsenaux français et de la Direction des Constructions et Armes Navales (DCAN), devenue la Direction des Constructions Navales (DCN) en 1991.

Retrouvez l’article sur le site Proche et Moyen-Orient

Le roman arabe entre despotisme et violences – L’Orient Littéraire / Beyrouth

Le roman arabe entre despotisme et violences

Le roman libanais refait parler de lui avec l’attribution à Hassan Daoud du prix Naguib Mahfouz, décerné par l’Université américaine du Caire, et la parution, à l’occasion du Salon du livre arabe de Beyrouth, d’un bon nombre de romans signés par des vétérans du genre comme Élias Khoury, Rachid el-Daïf, Imane Humaydane ou Abbas Beydoun, sans oublier le Syrien Khaled Khalifa. L’actualité, entre despotisme et violences, y pèse de tout son poids.

Par Tarek Abi Samra
2016 – 01

Raconter l’indescriptible

 

Avec La Porte du soleil paru en 1998, Élias Khoury avait écrit l’épopée des Palestiniens du Liban : l’exode de 1948, l’installation dans des camps de réfugiés, et puis les années sanglantes de la guerre civile. Aujourd’hui, dans son nouveau roman Les Enfants du ghetto. Je m’appelle Adam (Awlad el-ghetto. Esmi Adam), Khoury ressuscite encore ce passé, mais pour le considérer sous un jour différent : plutôt que l’exode, les horreurs l’ayant immédiatement précédé ; au lieu du destin des réfugiés, celui de ceux restés en territoire ennemi.

 

Adam, narrateur éponyme du roman, est en train d’écrire sa vie mais ne sait comment s’y prendre. Son existence est si fragmentée qu’il lui est impossible d’en faire un récit un tant soit peu linéaire. Il ne peut que digresser, distordre la temporalité normale et fournir, d’un même événement, une multitude de versions, chacune étant souvent celle d’une personne différente. De plus, comme une poupée russe monstrueuse, chaque histoire relatée renferme une infinité d’autres à tel point qu’on a l’impression de pénétrer dans une machinerie gigantesque, détraquée, fabricant les récits en série. Bref, le style d’Adam est celui, bien connu, de Khoury lui-même, style serpentin parfaitement maîtrisé qu’il ne perd jamais le lecteur malgré les innombrables contorsions que celui-ci doit faire subir à son esprit.

 

Ainsi, par bribes, l’on apprend l’histoire d’Adam. Ses origines se confondent avec la Nakba, puisqu’il fut le premier nouveau-né du ghetto arabe de Lydda, établi par l’armée israélienne qui encercla de fils de fer barbelés une partie de cette ville palestinienne après avoir massacré des centaines d’habitants et expulsé des dizaines de milliers. Ceux qui y sont demeurés, les prisonniers du ghetto, vécurent leurs premiers jours au milieu de cadavres putréfiés, souffrant de faim et de soif. Les troupes israéliennes les obligèrent à creuser des fosses profondes et à y enterrer leurs morts. Enfin, après un mois de cet abominable labeur, ils leur ordonnèrent de brûler ce qui restait de cadavres ; les Palestiniens s’y employèrent, se transformant en une sorte de SonderKommando, ces juifs forcés par les nazis à se débarrasser des cadavres des victimes des chambres à gaz.

 

Après son enfance à Lydda, puis son adolescence à Haïfa, Adam quitte sa maison à l’âge de quinze ans et se forge, en quelques années, une nouvelle identité : il se présente désormais comme un juif, le fils d’un survivant du ghetto de Varsovie, et travaille comme critique de musique dans un quotidien hébreu. Une déception amoureuse le pousse à émigrer aux États-Unis où il travaille dans un restaurant de falafel. Il pense avoir réussi à bâtir une nouvelle existence, mais son passé revient le hanter. Il décide alors d’écrire sa vie.

 

Le livre que nous lisons est en effet le manuscrit d’Adam que Khoury, dans son introduction, prétend avoir acquis par hasard et qu’il décida ensuite de publier. La seconde partie du manuscrit relate les événements que nous venons de résumer. Toutefois, la première – une soixantaine de pages – est un roman avorté dans lequel Adam a tenté de raconter l’histoire du poète omeyyade Waddah al-Yaman qui garda un silence absolu lorsque le calife le tua en le jetant dans un puits. D’abord, Adam voit dans le silence du poète une métaphore du silence des Palestiniens à propos de certaines tragédies qu’ils ont subies, mais il délaisse ensuite ce projet de roman, considérant l’écriture symbolique comme impuissante à dire la vérité.

 

Toute cette architecture disloquée du roman de Khoury, son style excessivement digressif, ainsi que le jeu de miroirs entre l’auteur et le narrateur sont au service d’une question fondamentale : comment raconter des horreurs dont les victimes ont choisi le silence ? La réponse réside peut-être dans le recours à l’univers romanesque, qui permet la coexistence de récits contradictoires de même que leur prolifération à l’infini. À l’avant-dernière page, Adam dit : « Shéhérazade avait découvert que le monde des récits est le monde réel ; les récits ne sont pas un substitut à la vie, mais la vie elle-même. »

Liban « L’évêque pour après-demain », Grégoire Haddad, s’est éteint

l'orientlejour

L’Orient-Le Jour
Samedi 02 Janvier 2016

L’ancien archevêque grec-catholique de Beyrouth et de Jbeil, de 1968 à 1975, Mgr Grégoire Haddad, s’est éteint dans la nuit de mercredi à jeudi, à la Maison Notre-Dame de Hadeth, à l’âge de 91 ans.
Le « père Grégoire », comme aimaient à l’appeler ses proches et tous les jeunes qui ont travaillé avec lui pendant de nombreuses années dans le domaine social, est connu pour ses idées (très) avant-gardistes concernant la pratique de la religion chrétienne. D’où le surnom « évêque rouge » que certains intellectuels lui ont attribué. À cet égard, et du fait de la portée de ses écrits, sa renommée a dépassé largement le cadre des frontières libanaises au point que le quotidien Le Monde lui a consacré dans son édition du 2 juin 1974 un article intitulé « Un évêque pour après-demain ».

Dans une série d’articles publiés en 1974 et 1975 dans la revue Afaq (« Horizons »), à caractère culturel et spirituel, qu’il avait lancée avec un groupe de prêtres et d’intellectuels, Grégoire Haddad prônait un retour aux sources au niveau de la chrétienté, en ce sens qu’il soutenait qu’il ne devrait y avoir sur le plan de l’exercice de la foi que deux « critères absolus », le Christ et l’Homme. Toute position au sujet des pratiques chrétiennes ou des structures et de la hiérarchie de l’Église devrait être définie en fonction uniquement de ces deux critères. Pour le père Grégoire, tout ce et tous ceux qui sont en contradiction avec les critères en question peuvent être remis en question et faire l’objet d’un débat, même s’il s’agit d’une haute autorité religieuse ou d’une pratique populaire largement répandue.

Cette position peu commune a valu à Mgr Grégoire Haddad une campagne à grande échelle (en 1974-1975) de la part du patriarche de l’époque, Maximos Hakim, et d’une partie des évêques qui ont saisi le Vatican de ce que la presse avait alors appelé « l’affaire Grégoire Haddad ». En dépit du verdict du Saint- Siège qui a affirmé que les écrits de l’évêque de Beyrouth ne contredisaient en rien les fondements de la foi chrétienne, Mgr Haddad a été malgré tout destitué de l’archevêché de Beyrouth et de Jbeil tout en restant évêque et membre du synode melkite.

« Evêque rouge », mais aussi, pour de nombreux observateurs « évêque des pauvres ». Car le père Grégoire a consacré une grande partie de sa vie à l’action sociale. Il avait fondé ainsi à la fin des années 50 le Mouvement social qui poursuit son action jusqu’à aujourd’hui. Pour le père Grégoire, l’action sociale était perçue sous l’angle du développement socio-économique. À cette fin, il avait mobilisé des centaines de jeunes, dans les milieux scolaire et universitaire, sous le thème du volontariat au service des plus démunis.
Cette sensibilité à l’égard des couches les plus défavorisées de la population puise sa source, à n’en point douter, dans l’origine sociale modeste du père Grégoire. De son vrai nom Nakhlé, il est né en 1924 dans un petit village du caza d’Aley, Souk el-Gharb, où son père (d’origine protestante) était enseignant dans une école privée de la région. Dès son plus jeune âge, Grégoire a suivi des études de théologie à l’Université Saint-Joseph. Il a été ordonné prêtre en 1949 et a été désigné archevêque melkite de Beyrouth et de Jbeil en 1968, l’une des fonctions les plus importantes au sein de sa communauté, après celle du patriarche, en raison du poids politique, social, économique et religieux que représente ce diocèse.

Réputé pour son style de vie simple et modeste, il rejetait l’apparât traditionnel des prélats et se déplaçait même en taxi-service, tout évêque de Beyrouth qu’il était. Il avait fondé au sein des paroisses de son diocèse des conseils paroissiaux pour stimuler la participation des civils à la vie de l’Église, en conformité avec les recommandations du Concile Vatican II. Il avait institué dans ce cadre le système de services paroissiaux gratuits pour les baptêmes, mariages et obsèques, en contrepartie d’une contribution volontaire de la part des paroissiens. Ces contributions étaient versées dans une caisse commune dont les revenus étaient redistribués à égalité aux curés des paroisses, ce qui plaçait ainsi les paroisses « riches » et les paroisses « pauvres » sur un même pied d’égalité. Du fait de cette mesure avant-gardiste, il s’était aliéné une partie du clergé de son diocèse ainsi qu’une partie des grands notables de sa communauté.

Mgr Grégoire Haddad était, à n’en point douter, l’une des personnalités religieuses les plus controversées de l’histoire contemporaine du Liban… Sa perception particulière de l’action sociale, ainsi que de la mission du prélat et du clergé, ainsi que ses idées révolutionnaires sur la pratique de la religion chrétienne lui ont valu de nombreuses critiques et son parcours en tant qu’homme de religion a été souvent la cible d’une vaste campagne de dénigrement. Paru en 2012 aux éditions L’Orient-Le Jour, le livre de Michel Touma, Grégoire Haddad, évêque laïc, évêque rebelle (traduit en arabe), permet dans ce cadre de rétablir les faits et donne l’opportunité aux lecteurs de juger, aujourd’hui, sur pièce.

L’Orient-Le Jour
Samedi 02 Janvier 2016

Activités à venir Janvier 2016

 

 

Activités à venir

najjar Lundi 11Janvier à 19h à la librairie arabe l’Olivier     

Rencontre avec Alexandre Najjar autour du

« Dictionnaire amoureux du Liban » et de « Khalil Gibran »

Homme de convictions, Alexandre Najjar s’est investi pour les causes qui lui tenaient à coeur. Après avoir étudié au Liban au collège Notre Dame de Jamhour, il se rend à Paris où il suit les….                                                                                                                                                                 [plus d’infos….  ] 

Mercredi 13 janvier à 18h30 à la librairie arabe l’Olivier

Café sagesses de l’Humanité

avec le Grand Rabin Marc Raphael Guedj, le pasteur Vincent Schmid, Dr. Alexandre Ahmadi psychanaliste jungien et spécialiste de la mystique musulmane.   

 Vernissage de Waha: Exposition de peinture, Hussain Tarabie et Ali Omar @ ICAM-L'ibrairie de l'Olivier | Genève | Genève | Switzerland  Jeudi 14 janvier à 18h à la librairie arabe l’Olivier

Vernissage de l’Exposition WAHA

Peintures de Hussein Tarabie et Omar Ali (Syrie)

Waha est une initiative, lancée à Istanbul en 2015 par des créateurs et des artistes syriens et suisses, qui a pour but de promouvoir le travail de jeunes artistes du Proche-Orient. Après une première exposition..                                       [plus d’infos….]

  Vendredi 15 janvier de 18h30 à 21h30 à la Librairie arabe l’Olivier

Formation de Mohammed Taleb:

Histoire et présence du nationalisme révolutionnaire arabe

Notre objectif est, non pas d’abord, de diffuser des informations à caractère historique sur cette civilisation, mais d’offrir des clés d’analyses, des grilles d’interprétation. Ce qui nous intéresse est de poser la Question du sens. La surinformation que procure les nouvelles technologies de la communication a ceci de fâcheux …..[plus d’infos….]

 Samedi 16 janvier de 9h30 à 12h30 à la Librairie arabe l’Olivier

Formation de Mohammed Taleb:

Hommage à Edward Said. Une contribution palestinienne,arabe, universelle au réenchantement du monde

                                                                                     plus d’infos….]

 Concert + apéro vernissage CD "Terra Aria" ZATAR @ Librairie arabe l'Olivier | Genève | Genève | Switzerland Samedi 16 janvier dès 18h30 à la Librairie arabe l’Olivier

Concert + Vernissage CD  « TERRA ARIA »  ZATAR

Du nom de ce mélange d’épice où le Moyen-Orient trempe son pain imbibé d’huile d’olive, ZATAR aime brasser les saveurs et les émotions. Le quartette propose un cocktail détonant de compositions personnelles, de pièces du…………….[plus d’infos…]

 Cours de cuisine libanaise végétarienne avec Samia @ Librairie arabe l'Olivier | Genève | Genève | Switzerland  Samedi 23 janvier de 10h à 13h à la Librairie arabe l’Olivier

Cours de cuisine végétarienne avec Samia

Après le succès des derniers cours et à la demande de plusieurs d’entre vous. Samia continue à vous faire voyager à travers sa cuisine et elle vous propose: Chaque mois un cours! Un cours de…                                                                    plus d’infos…]

 Concert avec l'Orchestre National de Palestine et le choeur Singkreis Wohlen/BE @ Salle Frank Martin, Genève | Genève | Genève | Switzerland Mardi 26 janvier à 20h30  Salle Frank Martin

Concert avec l’Orchestre National de Palestine 

et Singkreis Wohlen BE.

Bach, oratorio de Noël

Mariam Tamari, Soprano / Dieter Wagner, ténor/ Martin Snell, basse

                                                                                             [plus d’infos…]

 Un grand merci à nos soutiens pour la confiance qu’ils nous accordent

 
 

 

 

زمن العواصف – غسٌان سلامه

غسٌان سلامه

زمن العواصف 

سنوات خمس مرت، او بالكاد، على بداية حقبة جديدة من تاريخ هذه المنطقة، وهي حقبة من التحولات المختلطة في أسباب حصولها، المعقٌدة في صيرورتها، المتنقٌلة جغرافيا كالعدوى، المأساوية في كثير من إسقاطاتها الإنسانية. كتب عنها الكثير وتعددت في تفسيرها النظريات. ولن أتمكن طبعا، فيما أتيح لي من وقت، من معالجتها بصورة إجمالية بل سأكتفي بإسهام، أقرٌ مسبقا بجزئيته، عن تطورها الراهن، وعن مآلها.

وأول الاسئلة التالي:  هل ان المنطقة العربية ضحية مؤامرة كما قرأت وسمعت، وإن كان الأمر كذلك، فهي مؤامرة من ضد من ولأي هدف؟ يقيني ان ما هو حاصل لا يمكن البتة اختزاله في نظرية تآمريه، ولكنه لا ينفيها بالكامل. فالمنطقة تشهد تفجٌرا ذاتيا لعوامل اجتماعية وسياسية واقتصادية وايديولوجية تعتمل فيها منذ سنوات طويلة، وهي ليست بالضرورة حكرا عليها. لكن موقع المنطقة المميز في السياسة الدولية كان من شأنه ان يدفع عددا من اللاعبين الاقليميين والدوليين للسعي للاستفادة منها، إن للدفاع عن مصالحهم او لتمرير مشاريعهم. ومن الضروري بالتالي عدم الوقوع في علاقة سببية مقلوبة رأسا على عقب من خلال النظر الى محاولات اللاعبين الاساسيين التأقلم مع تحولات المنطقة أو حماية أنفسهم من تداعياتها، أو الاستفادة منها ما استطاعوا، وكأنهم هم من أنتجها بالأساس.

وفي أسباب اندلاع الاحداث الجارية في عالمنا العربي اولا وصول النظم التسلطية فيه الى نوع من الضعف بل من الإنهاك. فمنطقتنا بقيت عصيٌة على ما يسمى ب »الموجة الديمقراطية الثالثة » التي انطلقت من جنوب اوروبا في منتصف السبعينيات، وانتقلت منها الى اميركا اللاتينية، ومنها الى اوروبا الوسطى والشرقية والى عدد من الدول المتفرقة في القارات الاخرى. وأدت هذه الموجة الى وضع غير مسبوق في التاريخ العالمي، وهو ان أكثرية دول العالم انتقلت من انواع متنوعة من الإستبداد الى مزيج من التعددية السياسية ونظام السوق الاقتصادي، مدفوعة بمحركٌات عديدة، منها حركة العولمة المالية، وانتهاء الحرب الباردة والاستقطاب الثنائي الذي صاحبها، وثورة تكنولوجيا الاتصال الهائلة. وكانت النتيجة، مع انتهاء القرن المنصرم، ان نحوا من ١٢٠ دولة من أصل ١٩٣ باتت تعتبر، الى هذا الحد او ذاك، دولا ديمقراطية. غير ان المنطقة العربية بقيت يومها خارج هذا التحوٌل لدرجة ان عديدين كتبوا المؤلفات عمٌا أسموه بـ « الإستثناء العربي » لتفسير بقاء مجتمعاتنا خارج الحركية الديمقراطية العالمية. ويمكن بالتالي اعتبار ما سمي ـبـ « الربيع العربي »، وكأنما للإيحاء بتأخر موسمه، نوعا من الإرتداد المتأخر لتلك الموجة، يؤدي الى التحاق منطقتنا المتعثر بركب حركية الخروج من التسلٌط. ومن سخريات القدر ان تلتحق حركة الاحتجاج العربي بالموجة العالمية في الوقت الذي تشهد فيه تلك الموجة نوعا من التباطؤ، بل من الانحسار، مع عودة اشكال متنوعة من الإستبداد والتسلط الى دول كانت تبدو وكأنها تسير قدما في طريق التعددية السياسية. كما ان من العلامات الفارقة، لاسيما في مصر واليمن وليبيا، ان الاحتجاج على التسلط، وكان خافتا لعقود من الزمن، لم يتفجٌر فعلا الا يوم تيقن الجميع ان الحاكم هو فعلا بوارد توريث الدولة لأحد أبنائه وكأنها ملكه الخاص. يومها انفضٌت عن الحاكم شريحة واسعة من النخبة التي كانت تؤيده، لاسيما في الجيش، وتركته يواجه المتظاهرين بنفسه ومع افراد حاشيته الأقربين بل أنها جزءا منها التحق بموجة الإحتجاج.

ومن اسبابها، ثانيا، رهان عدد من الانظمة العربية التي سعت للاستفادة من الانفتاح الاقتصادي على سيرورة العولمة لتعزيز التجارة واستقطاب الاستثمارات والسياحة، دون التنبه الى ان الانخراط في السوق العالمية لا يمكن له ان يبقى دون اسقاطات على اوضاعها السياسية، كمثل فقدان تدريجي لقدرتها على التحكم باقتصادها الوطني، او ضرورة احترام القواعد المعروفة في عمليات الخصخصة، او التأفف الشعبي الطبيعي من سياسات رفع الدعم عن المواد الاستهلاكية، او مخاطر استئثار اصحاب السلطة بمقدرات الاقتصاد، او أثار القبول بقواعد صندوق النقد ومنظمة التجارة وغيرها من المؤسسات المانحة للقروض على السيادة الوطنية. بهذا المعنى فإن الحراك الراهن انتفاض ضد سوء توزيع الثروة المستجدٌة بقدر ما هو احتجاج على التفرد بالحكم. من هنا ما سمعنا في غير تظاهرة من مناداة الناس للحكام قائلين: « او إمارة او تجارة »، بمعنى رفض تحويل مواقع الحكم الى وسيلة لإثراء الحكام وأقاربهم ومواليهم.

السبب الثالث هو هذه الثورة التكنولوجية التي اندلعت منذ نحو عقود ثلاثة، وما زلنا نعيش في خضمٌها، وهي تنتج من المفاعيل السياسية والاجتماعية في أقل من جيل واحد ما هو أعمق وأوسع مما كانت الثورة الصناعية قد أحدثته في أكثر من قرن.  وتجعل هذه الثورة المتسارعة في وسائل الاتصال التعبئة الشعبية أكثر يسرا وانتقال المعلومة أسرع وأبخس ثمنا بمعنى ان تظاهرة حاشدة قد تبدأ بتغريده واحدة على تويتر، وان فضيحة كبرى قد تنتشر كالنار في الهشيم بجملة او اثنتين على فايسبوك. وبات ابداء الرأي متاحا للعموم لا للنخبة وحسب، فتزايدت الفتاوى والآراء والدعوات دون رقيب، وغالبا دون تفكٌر أصحابها بمفاعيل مواقفهم. كما انتجت تلك الثورة حالات من التواصل والتفاعل والتضامن العابر للحدود بين افراد وجماعات يدينون بالدين او بالمذهب او بالتيار الفكري نفسه على حساب احتكار الدول السابق لمجالات الفكر والثقافة تتحكم بمضمونها كيفما شاءت. وانتقلت عدوى تحدي الأوضاع القائمة مع تحول التواصل للتماثل بمعنى استعارة الشعار والنشيد والآليات من بلد لآخر. وفتحت الثورة التكنولوجية المجال رحبا امام حركات الإسلام السياسي بالذات وكانت قواه قبلها مكبوتة ومحاصرة فتفجرت من عقالها وتمكنت من الاستيلاء السريع على القسم الأكبر من السوق الفكرية والسياسية العربية.

وللبيئة ايضا دور لا يستهان به في اندلاع ما سمي بـ « الربيع العربي »، لاسيما في انكسار حاد للتوازن السابق بين النمو الديمغرافي والموارد المتاحة. ونرى امثلة فاقعة على ذلك في مصر حيث ادى التكاثر السكاني الى ازمات معيشية واسكانية خانقة، وفي سوريا حيث وصل النمو الديمغرافي الى أعلى مستوياته العالمية خلال العقود الأربعة الماضية وحيث اندلعت النزاعات المحلية بسبب نقص المياه في منطقة الجزيرة وأدت الى تهجير طال أكثر من ٣ ملايين سوري في السنوات التي سبقت الازمة. ووصلت العوامل البيئية الى حدها الاقصى في بلد مثل اليمن حيث يصل التناقض بين الانفجار السكاني والموارد الطبيعية، لاسيما المائية، المتاحة الى حده الأقصى. ومن المنطقي القول ان هذه المعطيات الأساسية لن تتغير في حال التوصل لحل سياسي ثابت في أي من هذه البلدان.

وكان للنفط دور مهم ايضا إذ ان ارتفاع اسعار النفط والغاز خلال العقد الأول من القرن الواحد والعشرين ادى الى فوائض هائلة ضاعفت من قدرة الدول النفطية على التأثير في مجريات الامور داخل الدول الأخرى بينما افقد الدول العربية المستوردة الكثير من امكانياتها المالية، مما جعل التناقض صارخا بين الامكانيات المتاحة للدول النفطية وبين جاراتها، فاتحة امام الأولى جادات واسعة للتأثير في مضامين السياسة وفي قرارات الجامعة العربية. وقد يلعب انهيار اسعار النفط الذي نشهده الآن ، والذي لا يبدو انه على وشك ان يتوقف قريبا، دورا جديدا معاكسا في إضعاف الدول النفطية من خلال حرمانها من الاداة الاساسية لنفوذها الداخلي والاقليمي بحيث يمكن ان نتصور ان تمتد شرارة الاحتجاج اليها.

انها اذن تحولات تضرب عميقا في نسيج المجتمعات العربية بحيث يصعب اختزالها في قراءة محض سياسية او تآمريه. والحق يقال ان هناك نوعا من العلاقة الجدلية قد نشأت بسرعة بين الاضطرابات الداخلية والتدخلات الخارجية فراحت الاضطرابات تستدعي التدخلات، وباتت التدخلات تغذي الاضطرابات. ويصعب بالتالي التصور بأن قرارا اتخذ في مكان ما من العالم لتفجير المنطقة. ويصعب علينا أخيرا، وهذا أكثر اهمية، التصور بأن الحلول السياسية للأزمات الراهنة، ستكون كافية لمعالجة مسبباتها العميقة، ولو ان السعي للتوصل لهذه الحلول ضروري دوما لتخفيض نسبة العنف وللعودة بالمجتمعات الى حال من السلم الاهلي، ناهيك عن ان حالة الاحتراب تفاقم بدورها من حدة تلك المسببات ان بسبب كلفة الحروب الباهظة او بسبب تغليب المساعدات الانسانية الطارئة على الحاجات التمويلية ذات الطابع التنموي. لذلك يغلب الشعور بهشاشة الأوضاع القائمة، لا في الدول التي ما زالت تعيش في خضم هذه الاضطرابات مثل ليبيا وسوريا واليمن وحسب، بل أيضا في تلك التي تبدو وكأنها استعادت بعضا من الاستقرار مثل تونس ومصر، بل في دول أخرى تمكنت حتى الساعة بالنأي بنفسها عن هذه الاضطرابات.

تضافرت هذه العوامل لإحداث تحركات شعبية حقيقية. لكن وضع المنطقة الحساس كان لا بد ان يدفع مختلف القوى الخارجية للتأثير في مجرياتها. وان كان لا بد من تلخيص ما يجري على هذا الصعيد لقلت انه نوع من أقلمة للأمن يرافق عولمة للاقتصاد. فاقتصاديات المنطقة باتت جزءا من السوق العالمية ولكن امنها بات اكثر تأثرا بدول الجوار.

ذلك ان ما يميز الحقبة الحالية برأيي هو ضعف نسبي لتأثير الدول الكبرى مقابل تنام ملموس في تأثير الدول الاقليمية. أسمع انتقادات واسعة لتخبط أوباما في القضايا التي تعنينا ولكني أرى على العكس ان منهجه واضح وهو انه يريد للولايات المتحدة ان تتجنب التدخل، لاسيما العسكري منه، وقدر الإمكان، في شؤون هذه المنطقة. وهو يرى أن بلاده لم تعد تحتاج نفط المنطقة وان روسيا، عدو الأمس، عاجزة عن التحكم بمصيرها، وان إسرائيل ابتزت اميركا بصورة كافية، وان على حلفاء اميركا التقليديين ان يتدبروا أمورهم بأنفسهم دون توريط بلاده كما في السابق. وهو يرى أيضا، وهذا أهم، ان بلاده خاضت حروبا مكلفة وبالنهاية عقيمة، ان لم تكن ذات مردود سلبي، أيام سلفه، لاسيما في العراق وأفغانستان، بينما سيذكر التاريخ انه ما تدخل في ليبيا الا والأوروبيون امامه ولفترة محدودة، ولم يتدخل مباشرة في سوريا والعراق الا بعد استفحال امر داعش، بينما تمكن من تجنب حرب جديدة مع إيران من خلال التفاهم على برنامجها النووي. وهو يرى أخيرا ان المصلحة القومية لبلاده مهددة في آسيا أكثر مما هي في منطقتنا ومن هنا مقولته بالتوجه نحو الشرق الأقصى. كل هذه الاعتبارات معلنة ومكررة وينبغي اعتبارها نوعا من العقيدة على الرغم من رفض خصوم أوباما في الولايات المتحدة لها، ومن عجز أعداء اميركا عن تصديقها ومن تأفف حلفاء واشنطن في منطقتنا منها. ويبقى السؤال قائما: هل ان اميركا، بعد مغادرة أوباما للبيت الأبيض، ستقوم بإقفال هذا الفاصل الإنكفائي او انها ستستمر به؟ وحدسي ان الانكفاء عن حروب العالم الساخنة ما زال بالعموم يلقى دعما في الرأي العام الأميركي على الرغم من الخدوش العميقة التي الحقها به توسع الظاهرة الداعشية والتدخل العسكري الروسي المباشر في سوريا حيث ازدادت الضغوط على أوباما لمزيد من التدخل المباشر في سوريا والعراق على الرغم من تمنعه الجازم عن ذلك طيلة السنوات الخمس المنصرمة.

ويترافق انعدام الرغبة عند الأميركان مع تقلص القدرة عند غيرهم من دول الغرب. فالنظام الدولي الذي انشأه الغرب تدريجيا طوال نحو خمسة قرون يتآكل اليوم امام ناظرينا دون ان يحل مكانه توافق حقيقي بين الدول الصاعدة على ماهية نظام عالمي بديل. نحن في نوع من الغسق تتراجع فيه انوار الغرب، بالمؤسسات والقيم والقواعد التي نشرها في العالم، دون ان ينبلج صباح آخر. فالصين منهمكة في تدعيم موقعها في جوارها، وروسيا تتصرف اساسا كقوة اقليمية في اوكرانيا والقفقاس وفي منطقتنا ايضا باعتبارها مجاورة لروسيا ولها فيها مصالح وتلمس فيها مخاطر على امنها الوطني، بينما تسعى دول كالهند والبرازيل ونيجيريا واندونيسيا وإيران، وبصعوبة بالغة، وبعدد من الإخفاقات، الى بناء المقومات الذاتية الضرورية لتكوين أقطاب جديدة. من هنا هذا الشعور بأفول المعادلة الدولية التي كان الغرب مهندسها الأول دون ان تتضح معالم معادلة جديدة.

ومن الطبيعي التوقف بالذات عند روسيا لاسيما بعد انخراطها المباشر في الحرب السورية. هناك طبعا روسيا الساعية لاستعادة بعض ما فقدته في ربع قرن بسبب التراجع الحاد في قدراتها لكن قادتها من الواقعية بقدر كاف لعدم تصور العودة الى نظام دولي ثنائي القطب كما كان الأمر عليه قبل 1989. ويمكن القول ان الصين تحاول تعزيز هيمنتها على جوارها المباشر كخطوة تمهيدية ضرورية على طريق التحول الى قوة عالمية، بينما تسعى روسيا لتعزيز موقعها في محيطها المباشر كتعويض عن موقع دولي سابق لا تتوهم ان لها القدرة على استعادته. وينظر الينا من موسكو بوصفنا جزءا من هذا الجوار بمعنى ان منطقتنا مصدر مخاطر كما هي مساحة فرص امام روسيا، مثلها مثل دول أوروبية عريقة، وعلى خلاف الولايات المتحدة او الصين وكلاهما ليستا على تماس مع منطقتنا. من هنا سعي موسكو الحثيث لتدعيم موقعها في سوريا والانفتاح على مختلف دول المنطقة مثل مصر والعراق او حتى دول الخليج. ومن سخريات القدر ان موسكو، على عكس ما كانت عليه الأمور خلال الحرب الباردة، باتت تعتبر نفسها حامية للأنظمة القائمة بينما تتهم الولايات المتحدة بلعب دور مباشر في تشجيع التحركات الإحتجاجية وفي زعزعة الأنظمة وهو كلام بات يلقى صدى في معظم عواصم المنطقة. ومن سخرياته أيضا ان موسكو باتت تصور دورها كحام للأقليات في منطقتنا بينما هي تأخذ على فرنسا وعلى غيرها من دول الغرب تخليها عن هذا الدور وتغليب مصالحها التجارية على أي اعتبار آخر مما يدفعها الى مسايرة للعنصر المسلم السني في مختلف دوله.

وتشكل المنظمات الدولية جزءا مهما من إرث المرحلة السابقة من السياسة العالمية. كان يمكن ان نتصور الامم المتحدة وهي تواكب بنجاح هذا العبور الواسع من نظام دولي الى آخر ولكن أحلام سنوات ما بعد الحرب الباردة قد اندثرت الى حد بعيد والأمم المتحدة عاجزة اليوم عن لعب دور الحاضنة لاستبدال نظام عالمي بآخر. لديها اولا صعوبة عضوية في التعامل مع النزاعات الاهلية المندلعة هنا وهناك وهي التي نشأت لمعالجة الحروب بين الدول لا في دواخلها. ولديها ايضا صعوبة في ايجاد التمويل الكافي لعمليات السلام كما للوكالات الاغاثية الملحقة بها او المنبثقة عنها. وطرأت امور حديثة عليها فاقمت من عجزها كعودة التوتر للعلاقة الروسية مع الغرب الذي كان له التأثير الواسع على عمل مجلس الامن الدولي فارتبك تنفيذ قراراته عن ليبيا وسط تفاسير مختلفة لتلك القرارات، وظهر عجزه الفاقع في الحالة السورية، ناهيك طبعا عن قيادة اممية لا تحظى بكثير من الهيبة والاعتبار لدرجة ان مؤتمر فيينا عن سوريا كاد ان ينعقد بغياب أي ممثل للمنظمة الأممية حتى اللحظة الأخيرة.

أدى كل هذا الى نوع من الوضع المتناقض يترافق فيه اندماج المنطقة في آليات العولمة المالية والاقتصادية مع تعاظم دور الدول الإقليمية الأمني والسياسي. كانت إيران سبٌاقة في هذا السياق. الواقع ان هناك أكثر من إيران واحدة. هناك دولة قومية وارثة لإمبراطورية مالت تقليديا، وما تزال، للتوسع في محيطها، وهناك إيران الدولة الشيعية المذهب الساعية للاستفادة من وشائج المذهب لتعبئة الأنصار على طول الخريطة الشيعية، وهناك إيران الثورة الاسلامية التي تسعى للتحكم بمسار الاسلام السياسي على اختلاف مذاهبه، وهناك إيران الطامحة بدور عالمي يسهم بصياغة مرحلة ما بعد تفوق الغرب. في مطلع الحقبة الراهنة، توهمت إيران، وعلى اعلى مستوياتها، ان ما هو جار يسير لمصلحتها من كل الجوانب بل بادر مرشدها الى نعت الحقبة الراهنة ب »الربيع الإسلامي » تأييدا له بل وتحريضا عليه. لكن انتقال العدوى من تونس ومصر وليبيا الى العراق وسوريا واليمن جعلها تشعر بالارتباك فانزلقت الى قراءة اضيق تغلب فيها الاعتبارات المذهبية على حماسة عابرة لـ « ربيع » باتت ترى مخاطره عليها أعظم من وعوده.

اما تركيا فقادتها دخلوا باكرا في وهم مشابه كلٌفنا وبات يكلٌفهم ايضا الكثير. التقت نظريات داوود اوغلو الاستراتيجية مع طموحات اردوغان الشخصية ومع جهود الاقتصاد التركي التصديرية لإنتاج نيو عثمانية نشطة دخلت المنطقة أولا من بابها الاقتصادي قبل ان تسعى لإعادة انتاج النسق السياسي والايديولوجي العربي بمضمون مذهبي وحزبي واضح، لاسيما من خلال التعاون مع حركة الإخوان المسلمين. لكن رياح المنطقة سارت بما لا تشتهي سفن تركيا فعزل الإخوان عن حكم مصر وتعثر مشروع اسقاط النظام السوري كما العراقي وتفجرت ليبيا بل تغلغلت الفئوية مجددا للداخل التركي الأكثر تعقيدا مما يعتقد اثنيا ومذهبيا. كان بالتالي على انقرة ان تحذو حذو طهران فتعيد صياغة مشروعها لتغلب المذهبي فيه على السياسي وهي ما تورعت عن ذلك فعلا وهي مستمرة به بعد الجزلة الإنتخابية الأخيرة.

اما إسرائيل فكانت تغرٌد كعادتها خارج السرب. من الطبيعي ان تشعر النخبة الإسرائيلية بالارتياح من تقوض قوة عدد من الدول العربية كما من تقارب عدد آخر منها مع تل أبيب، ناهيك عن الهبوط الدراماتيكي في الاهتمام العربي بالقضية الفلسطينية بين عموم العرب. لكن القول بأن إسرائيل هي المستفيد الوحيد من هذه التحولات ينطلق من وهم شائع ان الدول العربية كانت، قبل ان تندلع هذه الأحداث، تقف وقفة رجل واحد لتحرير فلسطين. لا يعني ذلك ان إسرائيل لن تسعد بإنهاك الدول المحيطة بها، وقد صدر فعلا عن رئيس حكومتها كلام خطير فيما يخص مستقبل الجولان خلال زيارته لأخيرة لواشنطن. لكن الخطر المتأتي عليها لم يكن من تلك الدول بل ان إنهاك الدول، لاسيما تلك التي وقعت اتفاقات سلام معها، ليس بالضرورة من مصلحتها. ثم ان محاولتها بناء جسور مع دول الخليج لوقف توقيع الاتفاق النووي الايراني باءت بالفشل. لذلك، وبقدر ما يمكن للمرء ان يفهم تطور الأفكار داخل نخبة القرار الإسرائيلية، فالشعور الغالب هو ان التحولات الجارية في المنطقة، ناهيك عن تفجيرات باريس الأخيرة، تنتج هناك مشاعر مختلطة، متناقضة، بل انها تضاعف من بارانويا الخطر الوجودي بدلا من ان تهدئها.

اما الدول العربية التي لم تصب، او لم تصب بعد، بعدوى الاحتجاجات فقد اعتبر عدد منها ان من مصلحته التدخل المباشر او غير المباشر تمويلا او تسليحا او توظيفا لقدراتها الدبلوماسية والإعلامية، في شؤون الدول المضطربة. وقد شهدنا بالذات انخراطا ملموسا لدول الخليج في عدد من الساحات الملتهبة. لكن هذا التدخل بعيد عن ان يكون حاسما بل انه في الواقع مني بالإجمال بالفشل هو أيضا. وأسباب الفشل عديدة أولها ان المال لا يكفي لتغيير مسار الأمور بل الحاجة أيضا لكادر دبلوماسي وسياسي يوظف هذا المال بطريقة إيجابية. وثانيها ان إيجاد المال بات هو الآخر صعبا بسبب انخفاض أسعار النفط من جهة وتعدد الساحات الملتهبة من جهة أخرى. وثالثها ان العلاقات بين دول الخليج نفسها تميزت بالتنافس، بل والاختلاف او حتى التصادم، أكثر منه بالتفاهم والتضامن، مما جعل سياسة دولة خليجية ما تتعطل بسبب معارضة الأخرى لها كما هي الحال في مصر او في ليبيا مثلا.

واختلفت دول الخليج تحديدا وبصورة حادة حول الاسلام السياسي. والواقع ان الدين يلعب في المجال العام أدوارا مختلفة. فالدين اولا عقيدة تؤمن بماورائيات فاعلة وتعتمل فيها نقاشات دائمة حول التفسيرات والاجتهادات، فتنشأ من اختلاف الاجتهادات مدارس متنافسة تستمر عبر القرون وغالبا ما تتباعد عوض ان تتقارب. والدين أيضا مؤسسات تعمل للحفاظ على تلك العقيدة وبالساس للحفاظ على نفسها وعلى مصالح القيمين عليها. والدين ثالثا لغة تعبوية يلجأ اليها البعض حين تتعطل مفردات السياسة، فتسهل له مهام مضاعفة الأنصار وجمع القدرات المالية. والدين أيضا سوق تنافسية بين الأديان والمذاهب والتيارات من أزقة بغداد حتى هضاب افريقيا. لقد ظهرت وظائف الدين هذه جميعا وبقوة خلال هذه الفترة من الزمن وتنوعت مسالك الدول منها بين من حاول توظيف تيار منها لمصلحته، وبين من تبنى تيارا منافسا، وبين من وضع إعادة الإسلام السياسي الى قمقمه في صدر أهدافه. بالمقابل فقد حاولت الحركات الإسلامية نفسها ان تحتفظ باستراتيجياتها المستقلة عن الدول التي تدعمها كما حاولت توريط تلك الدول ما استطاعت في مشروعها للوصول للسلطة حيث بدا لها الأمر متيسرا. وباتت داعش تشكل النموذج الأكبر والأكثر فظاعة لهذا التداخل بين سبل توظيف الدين في النزاعات مع مشاريع سياسية بحتة لمجموعات مقاتلة ومع سياسات دول تبحث عن أدوات للوصول الى مآربها. وحدسي ان الطفرة الدينية التي بدأت منذ نحو نصف قرن، لاسيما غداة هزيمة 1967، باتت تشهد قدرا من التباطؤ. بالمقابل، قد لا تكون الحمٌى المذهبية، وهي سيرورة تختلف نوعيا عن الظاهرة الدينية، والتي تفاقمت بعد غزو العراق سنة 2003، قد وصلت الى ذروتها بعد.

ان صح هذا التشخيص السريع للحقبة المضطربة جدا التي نمر بها فنتيجته الأولى هي أننا لسنا بعد بصدد اقفال تلك الحقبة او اعلان انتهائها. قد يتطلب الأمر زمنا يقاس بالسنوات، وبالتأكيد لا بالأسابيع ولا بالأشهر، قبل ان تستقر المنطقة على حال جديدة. ثم ان العوامل البنيوية المتفجرة الآن تعني أيضا ان رقعة عدم الاستقرار قابلة للتوسع على الأقل بقدر ما هي قابلة للانحسار. وفي الجوهر فهي تعني أخيرا ان الحلول السياسية والدبلوماسية، على الرغم من طابعها الملحٌ، تبقى دون خطورة التحديات الوجودية التي تواجه أبناء

المنطقة.

وحين نواجه التحديات الوجودية فإننا ننزلق بصورة لاشعورية لسؤال مكمٌل وهو وجود من؟ من نحن لنسأل حقيقة عن أمر بقائنا من عدمه؟ وننزلق مجددا للتساؤل عن مصائر الدول التي رسمت حدودها لنا منذ نحو قرن من الزمن وهي تبدو اليوم مهددة بالمقصات العاملة في خريطة المنطقة خزقا هنا ولزقا هناك. الم نخبر بدفن اتفاق سايكس بيكو؟ ألا نرى نمو كيان بل كيانات كردية هنا وهناك؟ الا نلمس مآل التطهير العرقي والديني والمذهبي الجاري امام أعيننا؟ أسمع همسا بعودة الضم هنا والتقسيم هناك بينما يستعيذ القاصي والداني بالله من شروره الفظيعة. وأرى من جانبي ان الدول الحديثة صنيعة بشرية، مهما تبارى البعض في تقديسها، وهي، ككل صنائع البشر، عرضة للتوسع وللتقسيم وللضم وللاندماج في غيرها بل وللفشل الذي قد يؤدي الى موتها. لذلك علينا أن نخرج من اللاهوتية المتزمتة ونعتبر مما نرى فنسأل أنفسنا ماذا انتفعت الباكستان فعلا من انفصالها عن الهند، وشمال قبرص عن جنوبها، او جنوب السودان عن شماله مثلا وقد دخلت الدولة الوليدة هناك في حرب أهلية طاحنة أسوأ بكل المعايير من حربها السابقة مع الخرطوم. وعلينا بالمقابل أيضا ان نسأل ماذا ننتفع فعلا من نبذ الفدرالية بالمطلق خصوصا عندما تكون الفديرالية أداة لتوحيد ما تمزق لا لتفريق ما هو موحد. فأمام هذه التطورات الدامية التي مزقت النسيج الوطني الحديث في نحو عشر دول من دول المنطقة، لم يعد مفيدا ان نداعب فوائد التقسيم الوهمية في دواخلنا ولا ان نتمسك بشكل واحد من اشكال البنى الدستورية باعتباره مقدسا ولا يمسٌ. علينا على العكس ان نستنبط في كل من هذه الحالات حلولا خاصة بكل واحدة منها، يمكن ان تقبل به القوى المتقاتلة وان توفر على المدنيين ٌقدرا من الأهوال التي نزلت بهم.

وان كان هذا التشخيص صائبا فإنه يعني الكثير لوطننا لبنان. فهو يعني اولا ان اتساع رقعة اللااستقرار قد أنقصت كثيرا من مستوى الاهتمام الخارجي بشؤوننا. ولهذا التناقص نتائج ايجابية واضحة بمعنى اننا أقل عرضة للتدخلات وان ساحتنا الصغيرة، حيث تنافست القوى الإقليمية والدولية وتصارعت على ارضنا وعلى حساب امننا واستقرارنا، تكاد ان تكون قد امست هامشية بالمقارنة مع الساحات العربية الكبيرة والأعظم شأنا التي تشهد الآن اياما صعبة. ولكن لتناقص الاهتمام الخارجي اثارا سلبية أيضا بمعنى ان الاستعداد الخارجي لدعم لبنان بات أضعف دبلوماسيا وماليا وامنيا. وترتب هذه الآثار مسؤوليات جديدة علينا لتقليع شوكنا بأيدينا. فعلى عكس ما يعتقد كثيرون، فانه بمقدور اللبنانيين اليوم، اكثر بكثير من حقب عديدة سابقة، واكثر مما يعتقدون اجمالا، ان يعالجوا قضاياهم بأنفسهم من انتخاب رئيس جديد الى إعادة تشغيل المؤسسات الدستورية المعطلة … حتى جمع النفايات.

ولكن السؤال الأساس هو: هل ما زال هناك من لبنانيين في لبنان؟ لقد تحولت مؤسساتنا جميعها الى نوع من المجالس الملية نتسلى فيها بإثبات قدرتنا على منع الآخرين من اتخاذ القرارات أكثر من العمل على اتخاذها حتى لو كانت ملحة او حتى حيوية. لقد أدى بعض مضمون اتفاق الطائف، وخصوصا جل الطرق الخرقاء التي اتبعت في تطبيقه، الى اندثار مفهوم الدولة القادرة المتجاوزة للمصالح الفئوية. كانت تلك الفئوية تحرك حياتنا السياسية قبل الحرب ولكنها اقتحمت بعد الحرب ادارتنا العامة أيضا فطبعت بآثارها الوخيمة لا مؤسساتنا الإدارية القديمة وحسب بل تلك المؤسسات الجديدة التي استحدثناها بعد الطائف.

والصورة الأكثر انتشارا عنا هي صورة العابثين بشؤون بلدنا، العاجزين عن التفاهم على أبسط المسائل، الناءين بأنفسنا عن قضايانا بحيث لم يعد هناك من حاجة للتدخل في شؤوننا لأننا نعمل بأنفسنا على منع قيام دولة مترفعة عن أهواء طوائفنا في الداخل ومستقلة عن رغبات دول الغير. وإني أرى مسبقا الابتسامة على وجوهكم إن قلت لكم أن الأخطار تحدق بوطننا من كل صوب وأن اولى المهام التي تواجهنا هي إعادة إحياء مؤسساتنا الدستورية من رئاسة وبرلمان وحكومة. وأخشى ان تتحول الابتسامة الى ضحكة مجلجلة ان أضفت أن بوسعنا فعلا ان نقدم على ذلك. وقد يذهب بكم الأمر ان اعتباري مستشرقا ساذجا حين أضيف ان المانع الحقيقي امام عودة الحياة لتلك المؤسسات هو في أنانيتنا وفي ضعف حرصنا على وطننا، ومنه قبولنا الوصول الى ذكرى جديدة للإستقلال بلا رأس للدولة، لا في أي مؤامرة خارجية.

الا ان هناك من يرى الأولوية في تغيير قوانين اللعبة قبل وقف التعطيل المؤسسي شبه الشامل. لهؤلاء أقول: لا ير عيوب اتفاق الطائف، وخصوصا مثالب تطبيقه، قدر أولئك الذين أسهموا بتواضع بالتوصل اليه وايدوه دون أي رياء. يحق لهؤلاء تحديدا، واعتبر نفسي واحدا منهم، ان يشيروا الى مواضع الخطأ في النص كما في التطبيق وان يفكروا ببدائل أكثر متانة. لكنه يحق لهم أيضا ان يرفضوا هدم ما هو قائم سعيا وراء تلك البدائل. فالعقلانية تقضي بإعادة الحياة لكل المؤسسات الدستورية والإدارية كشرط مسبق لتطويرها بينما يبدو لي ان تعطيل هذه المؤسسات كوسيلة لتعديل الصيغة السياسية هو نوع من المجازفة غير المحسوبة تشي بفئوية حادة وبقدر ملموس من انعدام المسؤولية.

ولا شك عندي ان مصلحة بلدنا تقضي أيضا بتمني انتهاء المأساة السورية، وبأسرع وقت ممكن، على منظومة سياسية وقانونية وإدارية ترضي أهلها وتضع حدا للرزية الواقعة عليهم. ذلك اني رأيت، ومنذ اليوم الأول ولم أغير رأيي منذ ذلك اليوم، ان الأزمة السورية لا يمكن ان تحل عسكريا بل هي تستدعي عاجلا ام آجلا حلا سياسيا قد يبنى على بيان جنيف وعلى مبادئ فيينا التسعة. ويوم تصمت المدافع في سوريا، علينا ان نكون جاهزين لصياغة أرقى المهام التي يمكن ان يطمح اليها اللبنانيون الا وهي الإسهام بإعادة بناء البلد الأقرب لنا بكل معاني القرب. قيل مرارا ان لبنان رسالة بقدر ما هو وطن ولكن الوطن ممزق لدرجة يصعب معها تحميله عبء أي رسالة. ولا أرى مهمة أسمى لنا، إن لتعزيز استقرار وطننا أو لحملنا تلك الرسالة التي قيل انها صنو وطننا، قدر السعي لعودة السلم الأهلي لجارتنا الأقرب والعمل الى جانب أشقائنا فيها على إعادة بنيانها.

أما بعد، فكيف لي ان اختم هذه الكلمة دون البوح بالحزن المدمي الذي بات يسكن في دواخلنا حتى صار جزءا منا؟ كيف لا ونحن نرى العنف العشوائي يحصد الناس دون تمييز في منازلهم وفي شوارع أحيائهم، في مدنهم وضواحيهم، تنزل حممه عليه من الجو وتقذف بهم في الشارع، بينما تشرد آخرون على دروب النزوح والمذلة؟ كيف لا وقد بتنا نصدٌر الى شوارع باريس سيلا من العنف والعنف المضاد الذي اعتدنا عليه لدرجة اعتباره اعتياديا؟ لكنه ليس كذلك، وصحوتنا تبدأ يوم نقر بأن سكوتنا عنه او الإكتفاء بالتأسف لحصوله واستدعاء الخارج لمعالجته، فيه تجاوز لأبسط القواعد الإنسانية وانعدام صارخ لمسؤوليتنا. ان الأنظمة التي تستبد بنا خارجة من رحم مجتمعاتنا، والحركات الظلامية التي تنشر الموت في طريقها منبثقة من صلب ثقافتنا، والعالم ما عاد يتسامح مع تكاسلنا الذهني ولا مع تملصنا من مسؤولية ما نفعله بأنفسنا وبالآخرين. بل هو حق العالم علينا ان نتحمل مسؤولية حروب اهلية تمزقنا وانظمة مستبدة تتحكم برقابنا وعنف أقصى نمارسه على أنفسنا وعليه. وشعوري ان العالم ما عاد يشاركنا نظرتنا الى ذواتنا وكأننا في عداد ضحايا هذه التحولات الدامية بل بات يميل لإعتبارنا متواطئين، بالفعل او بالقول وخصوصا باللافعل، مع كل نظام وكل جماعة تقوم بتبني البربرية او تمارسها. فلا نتعجبن من خفوت تنديده بالعنف الذي يصيبنا ولا من تحميله لنا بعض مسؤولية عما يصيبه. وكيف لنا بالفعل ان نلومه ؟

  • محاضرة القيت بدعوة من  » جمعية اعضاء جوقة الشرف في لبنان « 

بيروت في 19 تشرين الثاني 2015

Ghassan SALAMEH – The age of storms

Ghassan Salameh

 The age of storms

Almost five years have marked the beginning of a new era in the history of this region: the era of transformations. Those transformations are accompanied with diversified reasons, a complicated process, a geographically moving nature like an infectious disease and tragic human losses. Many publications on the subject and multiple theories trying to make sense of it have been produced. Given the time that I have, I will surely not be able to touch upon them so I will settle for a contribution, that I have to reckon is partial, on their current development and end result.

The first question is: Is the Arab region the victim of a conspiracy, as I have read and heard? And if so, who is this conspiracy against and for what purpose? I am convinced that what is happening cannot be reduced to a conspiracy theory. However, it is not completely ruled out as a possibility. The region’s social, political, economic and ideological components, simmering for some years now but not entirely exclusive to this part of the world, are imploding. However, its unique position as to international politics was bound to urge a number of regional as well as international actors to seek some benefit, whether to defend their own interests or to see to the execution of their projects. Therefore, it is necessary to avoid a reverse causal connection by looking at how the main actors are attempting to cope with the region’s transformations, protect themselves or benefit from their repercussions whenever it is possible, as if they were the ones who were originally behind them.

One of the triggers of the current events rippling through the Arab world is, first and foremost, that authoritarian regimes have become vulnerable, rather exhausted. Our region stayed immune to what is known as “the third wave of democracy” that begun in the south of Europe in the mid 70’s, moving to Latin America, then to Central and Eastern Europe and to a number of different countries in other contents. This wave produced an unprecedented situation in the global history: most countries of the world moved from being governed by several types of authoritarian regimes to a mixture of political diversity and a free market economy driven by multiple factors including globalization, the end of the cold war and the accompanied bipolar system and the massive telecommunication revolution. As a result, by the end of the last century, 120 states out of the 193 were considered, to some extent, democratic states. However, the Arab world was excluded from this transformation, to the point that many authors published works on what they labeled as “the Arab exception” to explain why our societies were excluded from the worldwide democracy movement. Therefore, one can consider what has been called the “Arab Spring”, as if to insinuate the late coming of the season, a delayed ripple effect of that wave leading our region to stage a faltering attempt to catch-up to this anti-authoritarian movement. Ironically, this Arab protest movement is catching up with the global wave at a time when this wave is slowing down, rather moving backwards, with the return of various forms of authoritarianism to countries that seemed to be moving forward towards political plurality. Furthermore, what is striking, especially in Egypt, Yemen and Libya, is that protests against authoritarianism were shy for decades and only erupted when people became aware that the ruler is bound to inherit the state to one of his sons, as if it were his own property. At that moment a wide portion of the elite that used to support him, namely the army, separated itself from him and left him to fend for himself in the face the angry mobs of protesters.

 

The second reason is that a number of Arab regimes trying to benefit from economic openness had bet on globalization to promote trade, investments and tourism, without realizing that its involvement in the global market is bound to influence its political situation. For instance, as a result it can gradually lose control over its national economy, or the fact that it has to respect rules in privatization, or the normal popular resentment of policies lifting subsidies over consumables, or the dangers that those in power monopolize the economy, or the effects of accepting the rules set out by the IMF and WTO, as well as other credit institutions on national sovereignty. In this sense, this current movement is a protest against the poor distribution of this newly acquired wealth as much as it is a protest against absolute rule. In this logic, we have heard people crying out the following slogan during demonstrations: “Either state or trade”, meaning that they refuse to transform these positions into a means to enrich the rules, his relatives and supporters.

 

The third reason is this technology revolution that was launched around three decades ago and hasn’t stopped yet. In one generation, its political and social effects were more powerful and wider-spread than what the industrial revolution was able to accomplish in one century. This fast telecommunications revolution renders popular mobilization easier and spread of information faster and cheaper. In other terms, a popular demonstration can start with one single tweet and a scandal can spread like wildfire in one or two sentences posted on Facebook. Furthermore, everyone now, not just the elite, can state their opinion. This has led to an increasingly large number of outspoken opinions and calls that go unmonitored and, more often than not, their authors do not even think about the repercussions of their positions. This revolution has also led to trans-boundary communication, interaction and solidarity between individuals and groups sharing the same religion, sect or intellectual current at the expense of the state’s previous monopoly of intellectual and cultural domains that they control as they please. The disease of defying this status quo spread with the transformation of communication into a kind of sameness: meaning borrowing the same slogans, chants and mechanisms used in another country. The technology revolution opened the door to political Islam whose once-silenced voices became loud and clear for everyone to hear, gaining grounds fast in the Arab ideology and politics producing market.

 

The environment has also a significant role to play in the uprising of what has become known as the “Arab spring”, especially in breaking the balance previously established between demographic growth and available resources. Striking examples can be found in Egypt where population growth led to suffocating livelihood and housing crises. The same goes for Syria where demographic growth reached unprecedented highs during the past four decades. The local quarrels and disputes were due to the water scarcity in the area of Upper Mesopotamia, which displaced over 3 million Syrians in the years leading up to the crisis. Whereas, in a country like Yemen, natural factors reached their peak. In fact, there, the inadequacy between the population explosion and available natural resources, namely water, reached sky highs. Therefore, it would be logical to assume that these main facts will not change, should a stable political solution be reached in either of these two countries.

 

Oil had also a major role to play. In fact, the increase in oil and gas prices during the first decade of the 21st century led to great surpluses that, in turn, multiplied the ability of oil producing countries to influence the course of history in other countries, while causing oil importing Arab countries to lose their financial abilities. This intensified the contradiction between the abilities of oil producing countries and their neighbors, allowing them to have great influence in the political realm as well as in the decision-making process of the Arab League. The current collapse in oil prices might play a new and reverse role. In fact, it might weaken the position of oil producing countries by depriving them of the main tool that has been granting them internal and regional clout, which will ignite the demonstration spark.

 

Therefore, they are transformations infiltrating the very fabric of Arab societies and cannot be interpreted in a way that will reduce them to mere conspiracy theories. Truth be told, a controversial relationship has been established between internal instabilities and external interference by virtue of which instabilities require interference and interference fuel these instabilities. This makes it harder to conceive that a decision was taken somewhere in the world to detonate the region. Finally, and most importantly, it is hard for us to believe that political solutions for the current crises will be sufficient to find a settlement for their deeply rooted causes, no matter how necessary it is to seek such solutions to decrease violence and help these societies regain civil peace. This is why, this sense that the current situation is precarious prevails, not only in the countries that are still struggling with instabilities, such as Libya, Syria and Yemen, but also in those that seem as if they have regained some sense of stability, like Tunisia and Egypt, and in other countries able until now to distance themselves from these instabilities.

All these factors have conspired to induce real popular movements. However, the sensitive regional situation was bound to push several external powers to influence their course. If I had to summarize what is going on in this regard, I would have to say that it is some sort of security harmonization, accompanied by economic globalization. The regional economies have become part of the world market, but their security has become more vulnerable to their neighboring countries.

In my opinion, what distinguished the current era is that super power are not as influential as they used to be, while regional countries have gained more and more influence. I hear a lot of criticism against president Obama for floundering with issues that concern us, but I consider that the opposite is true. His methodology is pretty clear: he wants to distance the USA, as much as possible, from any interference, especially a military one, in the affairs of the region. He also thinks that his country does not need the region’s oil, that the destiny of Russia, yesterday’s enemy, is out of its control, Israel has blackmailed the US enough and that his country’s traditional allies should manage on their own without the US’ involvement, which is a departure from the past. But most importantly, he considers that his country has been through expensive and futile wars, if not ones bearing negative effects, during his predecessor’s mandate, namely in Afghanistan and Iraq, whereas history will remember that he only interfered in Libya, backed by the Europeans, and for a very short while, and that he never interfered in neither Syria nor Iraq before ISIS got out of hand, and at the same time, he was able to avoid a renewed war with Iran through the agreement carried out on its nuclear program. Finally, he thinks that his country’s national interests are threatened in Asia more than in our region, and this is why he wants to move towards the Far East. All these considerations have been announced and reiterated, and should be considered a credo, although Obama’s opponents in the USA refused and are unable to believe them and Washington’s allies in the region are dissatisfied with them. The question remains: After Obama leaves the oval office, will the USA close this abstaining chapter or will it pursue it? My feeling is that abstaining from the world’s hot wars in general is widely popular among the American public opinion, despite the deep cuts that were left by the expansion of ISIS and Russia’s direct interference in Syria. In fact, this increased the pressures on Obama for further direct interference in both Syria and Iraq, despite the fact that he has categorically excluded this possibility for the past five years.

 

The Americans’ unwillingness is coupled with the erosion of the capacities of other Western countries. The international order gradually established by the West for the past five centuries is eroding today right before our eyes without being replaced by a real agreement between emerging countries on the shape and form of a new alternative order. The sun is setting on the West and with it on all its institutions, values and norms that it has disseminated in the four corners of the world, without seeing the dawn of a new day. In fact, China is busy solidifying its position in its surrounding. Russia is already acting like a regional power in Ukraine, the Caucasus as well as in our region given that it has close ties and interests there and feels that there are risks on its national security. Other countries, like India, Brazil, Nigeria, Indonesia and Iran, are trying really hard and making some mistakes along the way to build the required elements to form new poles. By this token, one can sense the demise of the international equation that the West had orchestrated, while the features of this new equation are yet to be clear.

 

It is only normal to take stock of Russia, especially following its direct involvement in the war in Syria. Russia is certainly, on the one hand, seeking to regain some of what it lost during the past quarter of a century due to the sharp decline of its capacities, but at the same time, it is realistic enough to conceive that there’s no turning back to the bipolarity that had been established pre-1989. One can also say that China is trying to foster its hegemony in its surroundings as a necessary precursor to transform into a global superpower, while Russia is trying to enhance its position in its direct surrounding to make for losing a previous international position, one that it is not deluded over the possibility of recovering. Moscow looks at us as part of this surrounding, meaning that, for Russia, our region is both a source of threats and opportunities, similarly to other European countries, and unlike the USA and Chine both of which are not in close contact with our region. Hence, Moscow’s eager quest to fortify its position in Syria and open wide the doors of collaboration with different countries of the region, such as Egypt, Iraq and even GCC countries. Ironically and unlike the prevailing situation during the cold war, Moscow considers itself the protector of those regimes and accuses the USA of playing a direct role in fueling these demonstrations and destabilizing the regimes. This rhetoric is echoed in numerous capitals in the region. Ironically, as well, Moscow portrays their roles as the protectors of minorities in our region, while blaming France and other Western countries of giving up on this role and prevailing their commercial interests over any other consideration. This prompts Russia to humor with Sunnis in their respective countries.

International organizations are an important part of the legacy of the past’s global politics. It would have been conceivable to fathom the UN successfully keeping up with this transition from one international order to another. However, the dreams of the post-cold war era dissipated and the UN is unable to play the role of the incubator to replace one world order with another. Firstly, the UN has a hard time dealing with civil conflicts raging on here and there, although its raison d’etre is to find peaceful settlements for wars between and not in countries. It is also facing difficulties to secure the needed funds for peace operations as well as to fund the activities of relief agencies affiliated to it or established by virtue of international treaties. Other developments occurred and exacerbated its impotence, like the fact that Russia’s relations with the West are once again tensed, which impacted greatly the work of the UNSC and hampered the execution of the resolutions on Libya, amid different interpretations for these resolutions. The UNSC was completely paralyzed when it came to Syria, let alone a United Nations’ leadership that is neither revered nor esteemed to the extent that the Vienna Conference on Syria was almost convened in the absence of any UN representative up until the last minute.

All of this led to a sort of contradicting situation, accompanied by the integration of the region in financial and economic globalization mechanisms, and the growing political and security role of the region’s countries. Iran was a pioneer in this context. In reality, there is more than one Iran: there is Iran, the nation-state, heir to an empire that traditionally leaned, and still does, towards expansion in its own environment; there is Iran, the Shiite state that seeks to benefit from this denomination’s bonds to mobilize supporters all over the Shi’a map; there is Iran, country of the Islamic revolution, which seeks to control the path followed by political Islam, regardless of denominations; there is Iran, the entity ambitious to gain an international role and contribute to formulating the post-West era. At the dawn of this period, this country has pulled illusions around itself, up to its highest levels, believing that all that is happening today benefits it in all aspects; its supreme guide even described this period as an “Islamic spring”, supporting it, or rather encouraging people to it. However, the contagious spread across Tunis, Egypt, Libya, Iraq, Syria, and Yemen confused it. Iran then slipped towards a more narrow interpretation, in which imposing considerations overwhelmed this passing enthusiasm towards that spring, which carries more risks than promises.

Turkish leaders, on the other hand, entered a similar illusion very early on, which cost us much, and is costing them much. Davutoglu’s strategic theories fused with Erdogan’s personal ambitions and the efforts of the Turkish economy towards exportation, thus creating an active neo-Ottomanism that entered the region first economically, before trying to recreate the Arab political and ideological disposition with a clear confessional and sectarian content, especially in terms of its cooperation with the Muslim Brotherhood. However, the regional winds blew against the sails of the Turkish ships: the Muslim Brotherhood was banned from power in Egypt, the plan to overthrow the regimes in Syria and Iraq failed, the situation in Libya blew up, and classism once again found its way into Turkey, which is more complicated than we might think when it comes to ethnicities and denominations. Turkey had to mirror Iran and reformulate its project, so that the denominational aspect would overtake the political one, which they did not shy away from doing.

Israel was singing off-key, as usual. It is normal for the Israeli elite to feel comforted by the collapse of so many Arab countries’ powers, and by some other Arab countries stepping closer to Israel, as well as the dramatic drop in Arab interest in the Palestinian cause. However, to say that Israel is the only country to benefit from these transformations reveals the naive illusion that these Arab countries stood united in solidarity to liberate Palestine before these events started happening. However, this does not mean that Israel would not be happy to see its neighboring countries exhausted, but the danger to Israel did not emanate from these countries; on the contrary, the exhaustion of these countries, especially those with which it has signed peace agreements, does not necessarily serve its interests. Furthermore, Israel’s attempts to build bridges with Gulf countries to prevent the ratification of the Iranian nuclear agreement failed. Therefore, to the extent to which we can understand the development of ideas within the Israeli decision-making elite, the transformations occurring in the region are generating mixed, contradictory emotions, and are even increasing the paranoia of the danger to its existence, instead of calming those fears.

Some of the Arab countries that were not affected by this contagious wave of protests considered that direct or indirect intervention in the affairs of the countries that were affected would be beneficial for them, be it through financing, armament, or the use of their diplomatic and media capacities. We did see a concrete involvement of Gulf countries on more than one inflamed scene. However, these interventions were far from decisive, and failed. The reasons behind that failure are numerous, and include the fact that money is not enough to change the course of events; one needs a diplomatic and political executive to use this money positively. Furthermore, it is increasingly harder to find money, due to the drop in oil prices on one hand, and the increase in the number of troubled scenes on the other. Additionally, the relations between Gulf countries themselves are characterized by competitiveness, disagreements, and even clashes, much more than by agreement and solidarity. This, for example, hindered the policy of a certain Gulf country, which was opposed to that of another, such as in the case of Egypt and Libya. Most importantly, Gulf countries cannot agree on the identity of political Islam. In reality, religion plays various roles in the public domain: it can be a doctrine than believes in active metaphysics in which several debates are constantly running about interpretation and jurisprudence; it is a set of institutions working together to protect this doctrine; it is a mobilization language that many resort to when political words are not enough; it is a competitive market between religions, denominations, and currents. All these uses of religion entered the court during this period, and the religious paths chosen by different countries were quite numerous. Some tried to use one of its currents for their own interests, some decided to adopt a competitor current, and others decided that their priorities were to slip political Islam back into its bottle. On the other hand, certain Islamic movements decided to keep their political strategies independent from the countries that supported them, and tried to include these countries as much as they could in their plans to reach power, something that seamed easy to them. Today, the Islamic State is the best example of this intertwinement between various uses of religion and the purely political projects of fighter groups, and the policies of states that are seeking tools to reach their goals. Personally, I find that this religious boom, which started about half a century ago, specifically on the morrow of the 1967 defeat, suffers today from a measure of a decrease in speed; on the other hand, this feverish or doctrinal boom, a process that is quite different from the religious phenomenon, which only worsened after the 2003 invasion of Iraq, has yet to reach its peak.

If my quick assessment of this profoundly troubled era that we are living today is correct, its first result would be that we are not anywhere near it coming to a close, or even the declaration of its impending end. We will have to be patient for years, not weeks or months, before this region becomes stable once more. Furthermore, the structural factors that are exploding today also mean that this patch of instability could widen or shrink. Essentially, this means that political and diplomatic solutions might be urgent, but remain less pressing than the existential challenges that the peoples of the region are facing today.

Faced with these existential challenges, we unknowingly slip towards a complementary question: whose existence? Who are we to demand a truth about our survival from anyone? We slip again towards questions about the fates of those countries whose borders were traced for us about a quarter of a century for us, countries that seem to be threatened by the shears that are tearing into the map of our region, cutting and gluing pieces at their will. Did we not warn against the burial of the Sykes-Picot agreements? Are we not witnessing the emergence of a Kurdish entity, or rather entities? Can we not understand the goal of the ethnic, religious, and denominational cleansing that is happening before our very eyes? I hear whispers about reunification on one side, about division on the other, while we seek refuge with God from His terrible horrors near and far. Personally, I think that recent countries are a human creation, despite all attempts to enshrine them, and like all human creations, they are capable of growing, of being divided, of being reunified, and being integrated into others –I daresay that not doing so would lead to their extinction. Therefore, we must pull ourselves out of this chronic theology and consider what is visible to our eyes so we can ask relevant questions: did Pakistan truly benefit from its separation from India? Did North Cyprus benefit from its separation from South Cyprus, South Sudan from North Sudan? Particularly since, in the case of the latter, the country is drowning in a stifling civil war that is far worse than its previous war with Khartoum.

We must also ask ourselves if we are truly benefiting from our rejection of federalization, especially since it is a relevant tool to reunite that which was divided, not to push apart that which stands united. Before these bloody developments that are tearing the social fabric apart in about ten countries of the region, it is no longer appropriate to humor the imaginary feelings of division within our hearts, or to remain attached to a single type of constitutional structure that we consider sacred and untouchable. On the contrary, we must seek solutions adapted to each situation, which would be accepted by conflicting parties, and would offer civilians a safe haven from the horrors storming on around them.

If my diagnosis proves to be correct, it would be of great significance to Lebanon, our country. First, it would mean that the widening of this instability patch has eroded the level of international attention granted to our affairs. This decrease entails positive solutions, seeing as there are fewer chances for us to fall prey to foreign interventions, and that our narrow national scene, on which international and regional powers have competed for our territories at the expense of our security and stability, has become rather marginal compared to the greater, more important Arab scenes that are currently sailing in rough waters. However, this lack of international attention also has negative consequences, weakening international readiness to help Lebanon on diplomatic, financial, and security levels. These consequences imply new responsibilities for Lebanon: we have to solve our own problems by ourselves. Contrary to popular opinion, the Lebanese are quite capable today of solving their own issues themselves, much more so than they were in the past, and much more than they think, whatever they may be –the election of a president, the reactivation of the paralyzed constitutional institutions, even garbage collection!

On that note, one major question remains unanswered: are there still any Lebanese in Lebanon? All of our institutions have transformed into confessional councils in which we entertain ourselves by proving our decision-making capacities to be superior to those of others, without actually taking any decision, urgent or vital as it may be. A part of the Taef agreement led to the collapse of the concept of the capable state that transcends the interest of certain classes, especially because of the clumsy paths taken in its implementation. This classist system once fueled our pre-war politics, but with the end of the war, took center stage in our public administrations, and left its clawing footprints not only on our old administrative institutions, but also on our more recent ones, the ones created after the Taef agreement.

The more widespread image is that of those who meddle about with our country’s affairs, those who are incapable of agreeing on even the simplest issue, those who have distanced us from our own causes, so much that we no longer have to intervene in our own affairs because we are too taken with stopping the construction of a state that transcends the internal tantrums of our denomination, a state that is independent from the will of other countries. I can already imagine the smiles on your faces when I tell you that there are dangers threatening our countries from everywhere, and that the first mission that we must take on is to revive our constitutional institutions for the presidency, the parliament, and the cabinet. I fear that these smiles will turn into booming laughter when I add that we can truly do that. You may call me a naive Orientalist when I tell you that the only true obstacle preventing the revival of our institutions is our selfishness, and how we have failed to protect our country, not a foreign conspiracy.

However, there are some that prioritize changing the rules of the game over ending this almost total institutional paralysis. I speak to them when I say that there is nobody better placed to perceive the errors in the Taef agreement, especially its implementation inconveniences, than those who humbly participated in conceiving it, and wrote it without malice. I am one such person, and I say that we are the only ones allowed to highlight the poor excerpts of the text or its implementation, and to bring forth better alternatives. It seems to me that paralyzing these institutions as a means of modifying the political formulation is an uncalculated risk that reveals acute classism, and a share of irresponsibility.

There is not a shadow of doubt in mind that the interest of the country is tied to wishing for the nearest end of the Syrian tragedy, and for a political, legal, and administrative regime that would satisfy the people and put an end to this calamity. From the very first day I said that the Syrian crisis would have no military solution, but would rather require a political solution that could be based on the Geneva Convention and the nine Vienna principles. The day the canons fall silent in Syria, we must be ready to take on the noblest of missions that the Lebanese could dream of: contributing to rebuilding the country closest to us, in all aspects of the word. We have been told over and again that Lebanon was a message as much as it was a country, but this country is falling to pieces, so much that is nearly impossible to burden it with whatever message it may be. In my opinion, to promote the stability of our country, or to carry this message that was attributed to us as the equivalence of our country, there could be no nobler mission than the quest to reinstate civil peace in our closest neighbor, and exerting efforts side by side with our brothers to build it back up.

 

Finally, how could I conclude this speech without expressing the bleeding sadness that has taken up residence in our hearts, so much that is has become a part of who we are? How could I do that in the face of this mindless violence that indiscriminately takes people out in their homes, the streets of their neighborhoods, from their cities and their suburbs, this violence that pours its flames upon their heads and chases them out onto the streets, which pushes them onto the paths of exodus and humiliation? How could I do so at a time in which we are exporting a flow of violence and counter-violence into the streets of Paris, we who are so used to this, that we consider it to be a normal occurrence? This isn’t normal, and we will only be aware of that when we admit that staying speechless, or simply professing our grief towards such events, while calling upon foreign powers to solve the problem, breaks the very rules of humanity and reveal how we shoulder no responsibility. The regimes that tyrannize us come from the womb of our societies, and the obscurantism movements that spread death along their path emanate from the core of our culture. The world will not forgive our mental laziness, or our attempts to escape our responsibilities towards what we are doing to one another and to ourselves. The world is right to demand that we shoulder the responsibility for the civil wars that are tearing us to shreds, for the authoritarian regimes that are attempting to control us, and for that extreme violence we practice on ourselves and the world. Personally, I think that the world no longer shares the vision we have of ourselves, where we are mere victims of these bloody transformations. It is even starting to consider us accomplices, through our words, our actions, or rather our inaction, of all regimes and groups that adopt or implement this barbarism. Let us not be surprised at the weakness with which it condemns the violence affecting us, or by the fact that it grants us a share of accountability in what is affecting it. And truly, can we blame it?

Ghassan SALAMEH – Le Temps des Tourmentes – The age of storms – غسٌان سلامه – زمن العواصف – Présentation de Cheikh Michel El-Khoury

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Conférence de Ghassan SALAMEH  –  غسٌان سلامه

 Le Temps des Tourmentes

(Français)

The age of storms

(English)

             زمن العواصف

(عربي)

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Allocution prononcée par Cheikh Michel El-Khoury,  le 19 novembre 2015, en l’honneur de Monsieur Ghassan Salamé

Mesdames, Messieurs,

C’est un plaisir et un objet de fierté pour la Société des membres de la Légion d’honneur-Liban d’accueillir Monsieur Ghassan Salamé. Un plaisir, parce que notre hôte va, tout à l’heure, nous brosser un tableau de la situation politique, diplomatique et militaire au Moyen-Orient. Seul un homme comme lui, politologue éminent, fin et expérimenté, ayant noué des contacts aux plus hauts niveaux, observateur attentif et bien informé, esprit souple et éclairé, pouvait démêler l’écheveau des intrigues et des guerres qui sont en train de modifier la géographie politique du Moyen-Orient, vieille pourtant d’une centaine d’années.

La visite de Monsieur Salamé est aussi pour nous un objet de fierté parce que notre compatriote fait partie de ces Libanais qui se sont illustrés, dans leur pays et sur la scène internationale, dans les multiples domaines de l’enseignement supérieur, de l’écrit, de la culture, de la diplomatie et de la politique.

Au Liban, Ghassan Salamé a redonné ses lettres de noblesse à l’enseignement des sciences politiques, un de ses domaines de prédilection. Professeur de cette matière à l’Université Saint­ Joseph de Beyrouth, ses étudiants gardent de ses cours un souvenir impérissable.

Cependant, comme tant de nos compatriotes, il a dû, dans les années quatre-vingt, fuir la guerre qui ravageait notre pays. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques et d’un autre en lettres, il a occupé en France les plus hautes fonctions dans le secteur de la recherche et de l’enseignement supérieur : directeur de recherche au Conseil national de la recherche scientifique    et directeur d’études au prestigieux Institut d’études  politiques  de  Paris.Il fait  partie du comité  éditorial  de  la revue Maghreb-Machreck et les médias les plus  influents dans !’Hexagone et dans le monde sollicitent régulièrement son avis sur l’actualité politique dans le monde arabe.

Ghassan Salamé est aussi l’auteur de nombreux ouvrages qui font référence dans le domaine des essais politiques. Je cite notamment : Démocraties sans démocrates : Politiques d’ouverture dans le monde musulman ; Appels d’empire : ingérences et résistances à l’âge de la mondialisation ; Quand l’Amérique  refait le monde (parus à Paris respectivement en 1994, 1996 et 2005). Il est titulaire de la Médaille de la Francophonie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, du Prix Phénix et du Prix spécial de l’Association des écrivains de langue française (ADELF), qui lui ont été décernés en  1996.

En 2000, Ghassan Salamé a été nommé ministre de la Culture dans le gouvernement formé par Rafic Hariri. À ce titre, il a supervise brillamment le IXe sommet de !’Organisation internationale de la Francophonie qui s’est tenu à Beyrouth en octobre 2002. En 2003, il a été décoré des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur. L’année suivante, il a été désigné Personnalité culturelle arabe.

Dans la brillante carrière de notre ami, présent aujourd’hui parmi nous, l’étape la plus douloureuse, la plus cruelle, correspond à sa nomination comme conseiller spécial de Kofi Annan.   Celui-ci  lui  demande  de  se  rendre  à  Bagdad  pour occuper les fonctions de conseiller politique de Sérgio Vieira de Mello, représentant spécial enIrak du secrétaire  général  de l’ONU.

Sérgio Vieira de Mello était un fonctionnaire international brésilien,  qui  avait  occupé  diverses  hautes  fonctions  pour l’Organisation des Nations unies ou pour ses agences.Il était titulaire d’un doctorat de troisième cycle et d’un doctorat d’État de la Sorbonne. En 2003, Annan le nomme son conseiller spécial enIrak. Le pays, en proie alors à une vague d’attentats terroristes, est occupé par l’armée américaine dans le cadre de ce qu’on a appelé la Seconde guerre du Golfe

Le 19 août 2003, un attentat au camion piégé est perpétré contre les bureaux de l’ONU à Bagdad. Sérgio Vieira de Mello et 22 de ses collaborateurs sont tués et plus de 150 autres personnes blessées. Ghassan Salamé, qui avait quitté son poste de ministre  de la Culture au Liban pour rejoindre la capitale irakienne, se trouvait dans une pièce à l’a rrière du bâtiment attaqué et échappe à la mort par miracle.

L’explosion du camion bourré d’explosifs lancé contre le siège de l’ONU provoque l’effondrement du bâtiment dans la partie où se trouvait le bureau de Sérgio Vieira de Mello. Ghassan Salamé se précipite au deuxième étage de  l’immeuble  et aperçoit de Mello immobilisé au rez-de-chaussée avec une barre de béton en travers des jambes. Il l’appelle : Sérgio ! Sérgio ! De Mello lui répond : Ghassan ! « Ne t’en fais pas, on va venir te chercher. On va te sortir de là », lui lance encore Ghassan. Mais un garde a réussi à déblayer des décombres et à arriver auprès du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Il constate  qu’il  a  rendu  le  dernier  soupir.Il avait  perdu tout son sang par ses blessures.

Ghassan Salamé rentre à l’hôtel épuisé. En quelques minutes, il avait vieilli de plusieurs années.                                            ‘

L’éminent politologue que nous accueillons aujourd’hui est un miraculé. Je confesse que la courte présentation que je fais de lui ne lui rend pas justice . Mais je ne voudrais pas abuser de votre patience et il est temps que je lui cède la parole.

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Conférence de Ghassan SALAMEH  –  غسٌان سلامه

 Le Temps des Tourmentes

(Français)

The age of storms

(English)

             زمن العواصف

(عربي)

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« le Liban, un pays ou une idée ? » Conférence de Malek El Khoury à la Librairie arabe l’Olivier

Afin de comprendre le Liban d’aujourd’hui, je dois un peu remonter dans l’histoire du pays. Et, afin de ne pas me tromper dans les dates, ou dans la logique, j’ai préféré écrire un texte et vous le lire, réduisant ainsi les possibilités d’erreur (et de bêtises) et laissant la libre-pensée à la discussion ultérieure.

Le Liban actuel est un petit pays composé de 4 régions parallèles. Une zone côtière, 2 chaînes de montagne parallèles (dites du Liban ou Mont-Liban et celle de l’Anti-Liban, séparant le Liban de la Syrie), et un plateau entre ces deux chaînes de montagne (la plaine de la Bekaa).

La construction politique libanaise est le résultat d’une alliance entre ces 4 zones géographiques ou plutôt 3 zones aux caractéristiques sociales distinctes : les habitants de la mer, les habitants de la montagne et ceux de la plaine.

Cette alliance n’est pas née du jour au lendemain et ne s’est pas construite sans heurts ou conflits, souvent sanglants.

Elle a commencé en 1516, avec la victoire partielle des Ottomans sur les Mamelouks, et avec l’accession au pouvoir de la famille des Maan qui formèrent en 1544 l’Emirat de la montagne, la première structure juridico-politique, certes féodale, mais différente (avec une presque autonomie) de celle de l’Empire Ottoman, résultat d’une forme de rébellion et d’indépendance. La capitale devint Deir El Qamar dans la montagne libanaise.

Cette première alliance fut conclue entre 3 communautés de la montagne, les druzes, les maronites et les chiites (minoritaires dans ces régions) par crainte que leur ressentiment d’« exclus ou de minoritaires » à l’époque des mamelouks, sunnites, ne se reproduise dans l’empire ottoman, également majoritairement – mais pas exclusivement – sunnite. Cette crainte les unifia et les rassembla.

Ce fut donc une alliance de populations opposées à l’« occupation », quelle qu’elle soit. Premier contrat signé entre des indépendantistes contre des occupants, au-delà des différences confessionnelles. La notion d’indépendance et de rébellion domina cette première entente.

Ainsi naquit l’embryon de l’état libanais dans la montagne, imbu de la mentalité de celle-ci, soit de ne compter que sur soi-même (assurance de soi), de la grande solidarité (avec les autres montagnards) contre les attaques extérieures, et d’un solide attachement à une terre et un sol.

L’autonomie de cette petite région de la montagne (dénommée le Mont-Liban) se développa et traversa plusieurs époques, souvent agitées.

Durant cette même période, les Puissances Occidentales avaient déjà signé (depuis le 16ème siècle) avec l’Empire Ottoman les Capitulations, qui permettaient à ces Puissances de protéger les ressortissants respectifs de leurs pays, résidents au sein de l’empire, y compris de les juger selon les règles en vigueur dans leur propre pays et non pas selon les lois de l’Empire.

C’est ainsi que ces Puissances préparant – déjà – l’après-Empire, utilisèrent les communautés locales pour s’insurger contre la Sublime Porte.

Mais, ces mêmes Puissances Occidentales, qui se battaient aussi entre elles, exploitèrent les divergences locales, claniques, familiales et confessionnelles, en opposant leurs protégés locaux les uns aux autres afin de se garantir une base locale importante pour leur expansion future.

Ils provoquèrent ainsi plusieurs conflits principalement confessionnels.

Ce fut à cette époque que les Maronites, soutenus par les Français, prirent de plus en plus d’importance, et « conquirent » ou « convertirent » les chiites de la montagne (du Kesrouan).

Il ne restait donc plus que deux grandes communautés importantes dans la montagne libanaise, les druzes (soutenus par les Anglais) et les maronites. Les conflits entre ces deux communautés (en fait entre les Français et les Anglais) s’exacerbèrent jusqu’à en devenir intenables. Les Puissances étrangères tentèrent alors d’imposer (en 1842) un système confessionnel, le double Caïmacat – soit la séparation entre les régions maronites du Nord du Mont-Liban et les régions druzes du Sud du Mont-Liban. Celui-ci ne survécut pas aux massacres horribles qui eurent lieu en 1860.

Trop c’est trop, un nouveau système de gestion politique autonome est mis en 1861 en place, la Moutasarrifyyah. Un système, qui réunifia les zones que les Puissances Etrangères ont voulu diviser et qui perdurera jusqu’à la chute de l’Empire Ottoman en 1918.

Le Moutasarrif était un citoyen ottoman de confession chrétienne – choisi par la Sublime Porte – mais obligatoirement avalisé par les Puissances Occidentales (la France, la Grande-Bretagne, l’Autriche-Hongrie, la Russie et la Prusse). (Il y en eut 8 jusqu’en 1918). La nouvelle capitale devint Baabda, plus proche de la côte et les premières institutions se mettent en place, dont un Conseil Consultatif central, sorte de Gouvernement.

Le système féodal mis en place dès le 16ème siècle et dirigé par la famille Maan (1516 à 1697) puis par les Chéhab (1697 – 1840) laissa place à un système de plus en plus autonome avec des institutions de plus en plus sophistiquées et indépendantes.

Ce système renforça l’alliance des gens de la montagne et prouva finalement que les séparer sur une base confessionnelle n’est pas viable. La solidarité de la montagne l’a emporté.

Cette fois-ci l’esprit d’indépendance se renforça et la notion d’autogestion commença à s’implanter dans l’esprit des habitants de la montagne, tout en préservant la diversité des opinions, des religions.

A la chute de l’empire ottoman en 1918, à la fin de la 1ère Guerre Mondiale, le dépouillement par les Vainqueurs de cet empire aboutit à une nouvelle formule inventée (le 28 juin 1919) par la nouvellement créée SDN (Société des Nations) : le mandat. La France obtint le mandat sur le Liban et la Syrie, la Grande-Bretagne celui sur la Palestine, selon les accords de partage dits de Sykes-Picot conclus secrètement le 16 mai 1916.

En prévision du partage de l’Empire, une délégation libanaise de notables (formée des 4 principales confessions, maronite, druze, sunnite et chiite) se rend immédiatement à Paris pour demander l’élargissement des frontières du Mont-Liban afin de rendre le pays économiquement et socialement viable.

Cette délégation demande l’intégration de la plaine de la Bekaa, et celle des ports de Tripoli, Saida et Tyr dans la région du Mont-Liban. Cette formule est finalement acceptée et adoptée. Le 1er septembre 1920 à la Conférence de San Remo le Grand-Liban remplace le Mont-Liban des Moutasarrif. Puis le 23 mai 1926 naît la République Libanaise avec la 1ère Constitution, dans les frontières plus ou moins actuelles du Liban d’aujourd’hui.

Le mandat est une forme de protectorat, une sorte de colonialisme « civilisé » où les prérogatives politiques, militaires ou économiques ne pouvaient être du ressort des « protégés ». Ces derniers ne pouvaient gérer que leurs affaires courantes ou administratives, et encore, sous la houlette de la puissance mandataire et par des administrateurs agréés par celle-ci, sinon nommés directement (comme la Direction des Chemins de fer, la Société des Eaux, de l’Electricité, des Douanes, etc.).

Mis à part ces Services Publics (appelés à l’époque Services Généraux), la France développa un système de gestion politique entièrement sous sa direction. Il est vrai que le Liban devint une République, avec un Président, un Gouvernement, un Parlement et d’autres institutions.

Mais au-dessus de tout cela il y avait le « monarque », le Haut-Commissaire, représentant la puissance coloniale, mandataire, désigné par la France (puisque le Liban échoua à la France), qui était le chef suprême – et absolu – au Liban, remplaçant le Moutasarrif. (11 Haut-Commissaires et 10 Présidents se succédèrent jusqu’en 1943).

Ce nouveau Liban, cette jeune République fut donc le résultat d’une nouvelle alliance, étonnante, qui se basait sur un fait non seulement économique, mais aussi politique. La montagne avait besoin d’un accès à la mer pour assurer son accès direct au monde. La montagne et la mer avaient besoin de la plaine de la Bekaa, zone très fertile et riche en eau pour assurer sa nourriture. Ce dernier point est le résultat d’une mémoire collective de la famine provoquée par les Ottomans, quand ces derniers ont encerclé et formé un blocus de la montagne empêchant toute nourriture d’y arriver. En plus, il était plus simple aux habitants de la plaine de traverser la montagne (à l’ouest) pour vendre leurs produits que de traverser les déserts (à l’est). Et les habitants de la mer y voyaient l’avantage de la protection de la montagne, zone de refuge traditionnelle.

Avec l’accès à la mer un nouvel horizon s’ouvre vers le monde, cela permettait à la montagne de renforcer ses alliances, et avec la plaine, de ne plus mourir de faim. De plus les frontières devenaient défendables autant à l’Est (avec une montagne également, la chaîne de l’Anti-Liban) et à l’Ouest avec la mer.

Ainsi cette nouvelle alliance entre la montagne, la mer et la plaine fertile se forgea grâce à la complémentarité des fonctions et permit à chacune de ces zones, grâce à des moyens supplémentaires et de la nouvelle solidarité créée, de mieux défendre et sa région et sa fonction.

Encore une fois les notions non seulement d’indépendance, et d’autogestion, mais de survie économique devenaient les moteurs de l’évolution du système politique libanais.

Evidemment cette alliance ne se construisit pas aussi simplement que cela et ne constitua pas immédiatement un pays ou une nation comme avec une baguette magique.

Chaque zone voulut dominer l’autre. Les zones étaient habitées par des populations qui avaient une histoire et un passé différents. Les alliances précédentes ne disparurent pas du jour au lendemain comme par enchantement.

Suite à cet élargissement et afin de rompre avec ce riche passé, la France déplaça la capitale vers Beyrouth, qui n’était à cette époque qu’un petit port sans grande importance. Beyrouth devint petit à petit le vrai poumon économique et le centre politique de ce nouveau Liban. Il détrôna les villes côtières (Tripoli, Saïda et Tyr), même celles qui devinrent syriennes ou palestiniennes (comme Tartous ou Haïfa).

Les Français s’attellent à créer des institutions inspirées du modèle français républicain (évidemment), ainsi qu’une infrastructure liant les régions les unes aux autres. Le train, l’électricité, l’eau, les routes, la monnaie, l’armée, la police. Tout cela se mit en place, car les français voulaient unifier et coloniser les zones sous mandat.

Cette nouvelle entente fut tout de même tiraillée par les anciennes tensions confessionnelles que les Puissances Occidentales avaient entretenues durant la période ottomane. Les Français continuèrent de privilégier leur soutien aux Maronites, même s’ils firent des concessions importantes aux autres confessions. Les Maronites ne furent plus aussi omnipuissants qu’auparavant, même s’ils gardaient encore une large partie de leur pouvoir.

Les autres confessions, orthodoxes, druzes, sunnites et chiites, entre autres, acquirent petit à petit des nouveaux droits inaliénables aux dépens des Maronites et au profit de la construction de l’état.

Cependant, les mouvements indépendantistes, qui s’étaient constitués durant la période ottomane n’avaient pas disparu et ne considéraient certainement pas l’avènement du mandat comme l’aboutissement de leur lutte.

Indépendamment de leur appartenance confessionnelle, les dépassant, et avec une base élargie à la mer-montagne-plaine, ces mouvements continuèrent leur lutte jusqu’en 1943. Le Liban obtint son indépendance totale le 22 novembre de cette même année, une indépendance qui fut immédiatement reconnue par la SDN, qui disparut peu de temps après pour être remplacée par l’ONU, dont le Liban fut un des membres fondateurs en 1945.

Ainsi donc l’indépendance totale fut acquise après plus de 4 siècles de luttes constantes avec divers rebondissements. Toujours la même motivation. Cette fois-ci la notion de liberté s’ajouta aux motivations antérieures : liberté de croyance, liberté de penser, liberté de s’exprimer, liberté économique. De nouveau le « vivre-ensemble » l’emporte.

Le Liban est ainsi le premier pays arabe à devenir indépendant et à se libérer du joug des coloniaux et des puissances mandataires. Il servira de modèle et d’encouragement à tous les autres mouvements arabes qui suivirent la mouvance libanaise.

Cette indépendance fut le résultat d’une nouvelle alliance, cette fois-ci, éminemment politique. Elle fut confirmée par le Pacte National, qui est une entente (orale) entre les 2 grands courants politiques de l’époque, l’un axé vers l’Occident et l’autre axé vers les pays arabes. Les pro-occidentaux renoncèrent à leur intégration totale à la politique occidentale (à ce moment-là elle commençait à être américaine), tout en gardant l’ouverture vers le monde. Les pro-arabes renoncèrent à leur intégration totale dans l’espace arabe tout en gardant de fortes relations avec ces pays. Le Liban fut d’ailleurs un des membres fondateurs de la Ligue Arabe également en 1945.

C’est encore une fois la fusion entre la montagne (solidarité), la mer (ouverture vers le monde) et la plaine (traditionalisme et conservatisme) qui renforça considérablement les mouvements d’indépendance. D’ailleurs que de discours politiques, que de chansons populaires ont vanté et continuent de vanter « notre » plaine, « notre » montagne et « notre » mer (sahlouna, jabalouna wa bahrouna – سهلنا وجبلنا وبحرنا).

Chaque groupe comprit que sa survie dépendait de la consolidation de ce nouvel Accord, même s’il était imparfait.

Cette alliance politique perdure encore jusqu’à aujourd’hui.

Pourtant elle a subi de nombreuses attaques, et a survécu aux aléas politiques de la région :

La création d’Israël en 1948 ;

  • Les diverses guerres israélo-arabes de 1948, 1956, 1967, 1973 (particulièrement la défaite de 1967) ;
  • Les idéologies qui ont traversé le monde arabe : le pan-arabisme, le nassérisme, les frères musulmans, le socialisme, le baathisme, le wahhabisme ;
  • Aujourd’hui les mouvances jihadistes et salafistes (dont Daech et al Qaeda) ;

Ainsi qu’à tous les coups qui lui ont été portés directement :

La 1ère mini guerre civile de 1958 ;

  • La présence palestinienne importante depuis 1967 (avec les Accords du Caire en 1969 sur les Camps Palestiniens) ;
  • La guerre civile de 1975 à 1989 ;
  • La présence syrienne de 1976 à 2005 ;
  • L’invasion israélienne de 1978 à 2000 ;
  • Les 2 guerres libano-israéliennes de 1982 et 2006 ;
  • Les bombardements continuels d’Israël contre le Liban depuis 1948 ;
  • Maintenant, depuis 2011, le presque 1.5 millions de réfugiés syriens au Liban ;
  • Et, aujourd’hui, l’absence d’un Président de la République depuis le 25 mai 2014.

 

Depuis 1516 et jusqu’à aujourd’hui, les institutions et l’état se construisirent, se mirent en place tant bien que mal. Une infrastructure se développa. Une société se façonna, différemment de tout son voisinage, basée sur les valeurs de diversité, de tolérance, de liberté, d’indépendance, de mixité.

Les nombreux et brutaux remous de la région (que je viens de citer) affectèrent le bon fonctionnement de ces institutions. Pourtant la société résista et continua d’évoluer, de se former, de s’éduquer, de voyager, de s’ouvrir au monde, d’être même à la pointe du progrès dans certaines branches.

Ces institutions fonctionnent encore aujourd’hui, il est vrai de manière assez clientéliste et avec beaucoup de corruption.

On a toujours besoin de permis pour construire. On paie des taxes et impôts, on doit présenter des bilans à l’état. Malgré tous les défauts du système, le pays fonctionne, les écoles, les hôpitaux non seulement éduquent et soignent les libanais, mais aussi le presque 2 millions de réfugiés sur le sol libanais (palestiniens, irakiens, syriens). Les routes sont plus ou moins entretenues, l’eau et l’électricité sont distribuées, il est vrai de manière irrégulière et inégale, mais les réseaux fonctionnent. Internet et le téléphone fonctionnent. Les aéroports, les ports, les douanes fonctionnent. Les banques et le système bancaire fonctionnent. Surtout la sécurité fonctionne.

Jamais dans l’histoire du Liban moderne (soit depuis 1920 resp. 1943), personne n’a réussi à détruire ces institutions. Des factions ont voulu, et réussi, à s’emparer d’une institution en la colorant de sa couleur politique, ou en la rendant tributaire du parti pour en faire un instrument de recrutement clientéliste, mais pas de l’annihiler.

Toutes les institutions ou presque sont actuellement colorées. Toutes sont corrompues, mais elles existent.

Tous les partis se sont plus ou moins répartis une part du pouvoir, il y a donc tacitement un partage du gâteau financier. Une certaine forme de « l’équilibre de la corruption » – si j’ose employer cette formule peu élégante – tient le pays ensemble.

Comme tout ce système est largement gangréné par la corruption, la société civile se met petit à petit à remplacer les institutions de l’état en proposant toutes sortes d’activités et de structures parallèles à celles de l’état. Ce qui fait que souvent, le citoyen doit payer doublement sa facture d’eau ou d’électricité.

C’est, évidemment, loin d’être l’idéal, mais ça marche.

C’est donc une société civile très dynamique, très active, pleine de ressources, qui pallie les lacunes de l’état en procurant à la société toutes sortes de prestations : les ONG pour la protection des réfugiés, l’éducation pour le code de la route, la protection de la nature, l’éducation des enfants, la santé des handicapés, les espaces verts, la qualité de l’eau, la culture, le théâtre, etc. Rien n’échappe à cette société civile. Sans elle, probablement, le pays aurait été différent. Or qu’est-ce qu’une société civile, sinon une volonté commune de construire et de bâtir ?

Finalement rien ne réussit à détruire l’état libanais. Rien ne modifia le principe fondateur de cette alliance, même si les adhérents à un camp ou à l’autre ne sont plus les mêmes.

Les indépendantistes gagnèrent les batailles en 1544, en 1860, en 1943 et aujourd’hui encore une ligne rouge est infranchissable, par consentement de toutes les factions libanaises, et, surtout, grâce à une volonté populaire, malgré les tentatives innombrables de la dépasser. Interdiction absolue de retourner à la guerre civile, empêcher par tous les moyens une détérioration sécuritaire.

Il y a donc une solidarité tacite entre les diverses factions (non seulement des dirigeants, mais aussi des dirigés) bien au-delà de leurs différences confessionnelles et partisanes. La montagne, la mer et la plaine ont bien compris que leur seule chance de survie était une alliance indéfectible, malgré leurs divergences d’opinion.

L’esprit d’indépendance, que ce soit vis-à-vis des Ottomans, des Puissances Occidentales, des Français, le souci d’autonomie, voire d’autarcie, l’autogestion, l’esprit général de rébellion contre les occupants, quels qu’ils soient, la soif de libertés (au pluriel) ont été – et sont toujours – les motivations profondes des mouvements populaires ou militaires des Libanais de longue date. L’esprit de solidarité de la diversité, voilà ce qui a forgé et façonné et continue de forger et de façonner ce petit pays. Une volonté intrinsèque d’apprendre, de construire et de bâtir.

Ce sont les idées qui ont, depuis le 16ème siècle, formé les partis ou les camps et non pas leurs croyances ! C’est la survie existentielle de ces camps qui les rend dépendant les uns des autres. En politique occidentale on appelle cela un gouvernement de coalition (comme en Suisse avec la formule magique ou en Allemagne avec la formule actuelle de gouvernement).

A chaque fois que des tentatives de contourner cette cohabitation des idées par une formule sur une base confessionnelle, cela a abouti à de sanglants conflits qui n’ont pu être résolus que par des solutions politiques et des accords entre diverses tendances bien au-delà des divergences confessionnelles.

Cela ne veut pas dire que les confessions ne sont pas un élément essentiel du pays, mais elles n’en sont ni l’élément fondateur ni la colonne vertébrale et certainement pas le moteur évolutif. Au contraire, les religions ont toujours prouvé que chaque fois qu’il a été question de les séparer ou de les opposer les unes aux autres, elles ont refusé cet état et ont réagi par l’aspect politique et non pas confessionnel.

Ainsi donc la formule libanaise, basée sur la cohabitation de la diversité d’opinions, qui ressemble étrangement à la formule magique suisse, peut être un modèle de gestion d’une population multi-confessionnelle, pour ne pas dire multi-culturelle.

C’est cela le Liban, une idée, un mythe fondateur, une formule qui a fait ses preuves depuis 1516 et qui s’est, à chaque difficulté, renforcé, amélioré. Il est difficilement destructible, même s’il a une apparente fragilité.

Le Liban, cette idée devenue un pays, est le fruit d’une volonté de vivre ensemble, d’un partage, même difficile, de valeurs, communes d’autonomie, d’indépendance et de libertés (au pluriel).

Cette notion de liberté et de fierté, issu de la mentalité de la montagne se reflète par l’esprit de solidarité et d’accueil, mais aussi par celui de rébellion.

Le Liban existe, non pas, parce qu’on l’a créé, mais parce que les Libanais, tous les Libanais, l’ont façonné et ont voulu qu’il existe et vive. Il a résisté à tous ses prédateurs et, j’espère et le pense, il continuera de résister. C’est sa raison d’être.

Merci.

Beyrouth le 2.10.15

La Conférence était organisée par l’Institut des cultures arabes et mediterranéennes – L’Olivier (ICAM)