A l’aube du monde / Gilbert Sinoué

Dans ce roman aux confins de l’histoire et de l’imaginaire, Gilbert Sinoué raconte le périple des premiers hommes, de l’ouest de l’Afrique à la péninsule Arabique. En quête d’une terre aussi hospitalière que mythique, ils entament une marche longue et périlleuse. Ponctuée de la découverte du feu, d’affrontements avec les forces de la nature et de questionnements sur leur propre évolution. Entre rivalités et transmission, voici l’aventure extraordinaire de nos ancêtres.

 

Prix : 30chf

Les Hiéroglyphes en 12 leçons / Amandine Marshall

« Eurêka ! » s’exclamait Champollion, le 14 septembre 1822, après avoir percé le mystère des hiéroglyphes grâce à la pierre de Rosette. Ces dessins, étranges et harmonieux, ont le don de nous fasciner encore aujourd’hui. Voici un guide efficace pour comprendre le système d’écriture hiéroglyphique et apprendre à déchiffrer dans les musées ou sur site des noms de dieux ou de pharaons. Grâce à des explications claires, des leçons accessibles au plus grand nombre ainsi que des exercices ludiques pour tester vos connaissances, partez, vous aussi, à la découverte de l’une des plus anciennes écritures du monde !

 

Prix : 9chf

Entretien Marwan Rashed : “La philosophie arabe n’est pas une citadelle coupée du reste du monde” Marwan Rashed, propos recueillis par Ariane Nicolas publié le 06 janvier 2022


Détail représentant Ibn-Rushd (Ibn Rushd) connu sous le nom latin de Averroes (1126-1198), philosophe et mathématicien arabe, fondateur de la pensée laique. Fresque de Andrea Bonaiuto (ou Bonaiuti) dit Andrea da Firenze (1343-1377), 1365. Eglise Santa Maria Novella, Florence. ©Raffael/Leemage

Entretien

Marwan Rashed : “La philosophie arabe n’est pas une citadelle coupée du reste du monde”

Marwan Rashed, propos recueillis par Ariane Nicolas publié le  

L’Institut du monde arabe, à Paris, lance un nouveau rendez-vous dont Philosophie magazine est partenaire : les « Jeudis de la philosophie arabe », cycle de rencontres organisé par le philosophe Jean-Baptiste Brenet, qui aura lieu tous les premiers jeudis du mois. Dans ce cadre, nous avons rencontré Marwan Rashed, professeur d’histoire de la philosophie grecque et arabe à l’université Sorbonne Université, qui donnera une conférence sur le thème : « Le problème de l’orientalisme ». Dans cette interview inaugurale, il explique notamment pourquoi, au Moyen Âge, le monde méditerranéen constituait un seul et même espace philosophique.

 

On connaît déjà l’orientalisme en peinture, qui offre une représentation souvent caricaturale d’un Orient mythologique à la fois lascif, figé dans le temps et violent. Quelles sont les idées reçues associées à la philosophie arabe, qui renvoient au « problème de l’orientalisme » ?

Marwan Rashed : Encore aujourd’hui, l’idée selon laquelle la pratique philosophique en terre d’Islam n’aurait pas beaucoup de valeur reste bien ancrée. Certains imaginent que la production culturelle de cette région aurait essentiellement eu une fonction patrimoniale : celle de conserver et de transmettre en Occident les savoirs hérités de la Grèce antique. C’est une vue de l’esprit, car de cette zone ont émergé des idées tout à fait nouvelles, et pas seulement le chiffre zéro ou le thé à la menthe. L’autre cliché, c’est de dire que les penseurs arabes seraient toujours des théologiens. Ils n’auraient fait que rendre le Coran compatible avec Aristote. Là encore, on s’égare : si la plupart des penseurs sont musulmans, juifs, chrétiens ou sabéens, d’autres sont agnostiques, ou abordent la métaphysique et les sciences sans référence à la religion. D’une manière générale, le problème de l’orientalisme, c’est de vouloir caractériser d’une manière univoque un phénomène très complexe et hétéroclite. La civilisation arabo-musulmane n’est pas un bloc homogène qui pourrait être traité en tant que tel.

 

“Du monde arabo-musulman a émergé des idées tout à fait nouvelles, et pas seulement le chiffre zéro ou le thé à la menthe”
Marwan Rashed

 

Quels sont les auteurs ou les concepts arabes les plus déconsidérés, selon vous, et qui gagneraient à être (re)découverts par les non-spécialistes ? 

Il ne faut pas parler ici en termes de penseurs, mais plutôt de traditions de pensée. Les penseurs les moins « reconnus » sont, tout simplement, ceux qui n’ont pas été traduits en latin – à la période médiévale et renaissante –, ni dans une langue européenne vernaculaire – à l’époque moderne. Il s’agit, pour l’essentiel, de ceux qui appartenaient aux écoles les plus opposées à l’aristotélisme et aux courants de pensée néoplatoniciens initiés par les Grecs. Ce sont donc, pour certains, des auteurs très originaux, qui ont cherché à mettre en place des systèmes du monde et des représentations de l’humain en rupture avec ceux d’Aristote. Ces penseurs ont inventé la notion de mode d’être, qui sera centrale dans la grande métaphysique du XVIIe siècle (chez Descartes et Spinoza en particulier), celle de chose, qui bouleversera l’histoire de la métaphysique, ils ont accordé, ce qui ne s’était jamais vu dans l’Antiquité, un statut ontologique à l’impossible, ils ont renouvelé la problématique de l’atomisme, de la liberté, etc.

 

Pourquoi des intellectuels occidentaux ont-ils eu tendance à vouloir réduire cette aire géographique à un bloc unifié ?  

L’orientalisme naît en Europe au XIXe siècle, au même moment que les nations modernes. Ces nationalismes européens se sont constitués de manière « volontariste », dans le sillage de l’idéologie romantique qui valorisait les mythes des origines, voire, via les langues, des races… D’où les romans nationaux. Cette façon d’écrire l’histoire, a pu influencer la façon de comprendre les échanges et les interactions scientifiques à l’échelle mondiale. Une vision simpliste de l’histoire s’est imposée, a fortiori à l’égard de régions méconnues, situées en dehors de l’Europe.

 

L’orientalisme reconduit également un antagonisme réel entre deux zones du monde qui ont souvent été en conflit… 

C’est vrai, mais cela ne suffit pas vraiment à expliquer cette façon d’essentialiser une culture qui est géographiquement et historiquement très proche de l’Europe. Le monde arabo-islamique est historiquement une zone de haute culture où les idées et les savoirs venus d’ailleurs ont été travaillés pendant des siècles, de sorte que la constitution d’une « identité » (façon citadelle) coupée du reste du monde est une vue de l’esprit. Le monde arabo-musulman n’a fait qu’un avec l’Europe depuis longtemps, par le biais d’échanges, de traductions, de guerres aussi… Ces deux aires géographiques se sont entre-traduites et entre-envahies en permanence. Entre elles, c’est un peu le même type de relation qu’entre la France et l’Allemagne ou la France et l’Angleterre. Pour ce qui concerne l’histoire de la philosophie et des sciences, la Méditerranée est un monde unique. Outre cet aspect géopolitique, il faut aussi souligner les logiques propres au monde universitaire. Quand on travaille sur des domaines dits de « niche », comme la philosophie arabe, qui suppose une certaine technicité, il existe un double écueil : l’orchidée ou le ghetto. Tantôt on grossit le trait, fasciné par son objet, et on tombe dans la caricature – positive ou négative. Tantôt on devient un spécialiste aride qui n’arrive pas à se faire entendre en dehors de son département. Pour trouver un juste équilibre, il faut savoir se garder des postures de grand intercesseur entre nous et un « ailleurs », qui est de toute façon toujours moins étranger qu’on ne l’imagine.

“Si vous négligez l’étape arabe, vous passez à côté de tellement de choses !”

Marwan Rashed

Comment expliquer que la philosophie et les sciences arabes restent relativement marginales – ou marginalisées – dans les lycées et les universités en Europe ?

Le savoir académique européen n’a pas accordé à cette situation d’interpénétration totale l’importance qui lui était due. Quand vous regardez le temps long, si vous négligez l’étape arabe, vous passez à côté de tellement de choses ! Pour comprendre Descartes, Spinoza, Leibniz, il faut avoir une idée de la façon dont les savoirs arabes ont été ingurgités par l’Europe entre le XIIe et le XVIe siècle. Des disciplines ont été créées ou développées en Orient (l’algèbre, l’optique, des pans de la médecine). En philosophie, Avicenne est sans doute le premier à théoriser la distinction entre essence et existence. De son côté, Maïmonide a inspiré le Spinoza des Cogitata metaphysica ou le Leibniz du Pacidius Philalethi, un magnifique traité sur le mouvement. Le Guide des égarés de Maïmonide, une œuvre composée par un penseur juif dans un contexte arabo-musulman et elle-même traduite en latin dans l’Europe chrétienne, est une source majeure d’inspiration pour les philosophes classiques. On l’a trop souvent oublié.

 

Comment s’est fait cet oubli ?

Il ne s’agit pas d’une amnésie complète. Selon les époques, il y a des résurgences, des phases latentes, parfois des dithyrambes. On a toujours su que les savoirs arabes étaient essentiels au Moyen Age, au point que l’arabité des médiévaux latins a été une façon pour certains penseurs de la Renaissance de rejeter le Moyen Age latin ! Le problème est de savoir non pas que la chose a existé ou existe, mais de l’appréhender dans sa richesse, sa complexité historique. S’agit-il d’une fioriture décorative ou d’une dimension de notre identité culturelle en tant qu’Européens ? C’est ce qui est en jeu avec le problème de l’orientalisme.

“L’ennemi véritable d’Edward Said, c’est l’idée selon laquelle vous pouvez mettre à distance l’Orient, comme si vous parliez d’une espèce animale”


Marwan Rashed

L’Orientalisme est aussi un livre d’Edward Said, qui dénonce la construction par l’Occident d’un Orient caricatural et diabolisé. Pouvez-vous nous rappeler en quoi ce livre a été précurseur et en même temps décrié ?

D’abord, le retentissement de L’Orientalisme tient à la personnalité même de son auteur. Palestinien exilé aux États-Unis, professeur charismatique à Columbia, Edward Said écrit remarquablement bien, avec une belle plume de polémiste. Le même livre écrit par un enseignant d’une université de province égyptienne n’aurait sans doute pas produit autant de remous ! Mais en1978, quand paraît le livre, les mouvements de libération nationale sont terminés et d’une certaine manière, le discours paternaliste d’un pays envers un autre ne fonctionnait déjà plus complètement. Au fond, l’ennemi véritable d’Edward Said est celui-ci : c’est l’idée selon laquelle vous pouvez mettre à distance l’Orient et faire porter sur ce monde un regard parfaitement extérieur, analytique et froid, comme si vous parliez d’une espèce animale. Il a cette intuition percutante, du reste très universaliste, que le savoir ne répond pas au schéma analysant/analysé. Pour le démontrer, Edward Said n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Il fait l’hypothèse qu’il y a une relation profonde entre la science orientaliste et l’entreprise coloniale européenne. Et il s’en prend directement à des orientalistes américains éminents, qui n’ont pas manqué de lui répondre en exploitant ce qu’ils jugeaient être les failles de son argumentation.

 

Quelles étaient ces failles ?

Son attaque est tellement frontale qu’elle dégarnit un peu ses arrières. À mon sens, Edward Said défend une position vraie sur le fond mais contestable dans une série de micro-arguments ou de faits qui ne tiennent pas complètement la route. Par exemple, il s’est concentré sur les auteurs anglais et français mais a évacué l’orientalisme issu de l’Allemagne, pays qui lui, n’avait pas d’empire colonial. Il achoppe ainsi sur Goethe et son Divan occidental-oriental. L’écrivain allemand avait tout de même appris l’arabe et le persan pour étudier la poésie orientale… Il faut être paranoïaque pour voir dans sa démarche quelque chose d’oppressant ou de policier ! Plus généralement, je dirais que le problème de Said, c’est Foucault. Sa position est ouvertement foucaldienne en ce qu’elle consiste à interpréter tout « discours » comme une stratégie de pouvoir. Cette conception du savoir me paraît limitée. Il me semble que l’on peut garder certains apports de Said, sur la conception hybride et évolutive des civilisations par exemple, tout en souhaitant une sorte de « défoucaldisation » du saïdisme.

“Le risque, c’est que la focalisation sur l’identité des études postcoloniales ne soit finalement qu’un orientalisme inversé”
Marwan Rashed

 

De nos jours, l’identité (re)devient une notion centrale dans les débats publics. Diriez-vous que le décolonialisme reconduit certains clichés sur l’Orient, en oblitérant notamment son caractère pluriel, hybride, évolutif ? 

D’un point de vue idéologique, je suis de cœur avec les études postcoloniales. Mais le risque, c’est que cette focalisation sur l’identité ne soit finalement qu’un orientalisme inversé. Nous devons rejeter les discours ignorants, qui ne prennent pas en compte la complexité historique des choses et disqualifient la dimension universelle du savoir. Il faudrait pouvoir continuer à maintenir un discours post-saïdien, ouvert, qui ne se crispe pas sur des fantasmes identitaires nauséabonds, mais qui soit suffisamment éclairé pour coller à l’histoire humaine avec un minimum d’information et de compétence.

 

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Zahhak : La légende du roi serpent / Hamid Rahmanian & Simon Arizpe

Pour la première fois, un conte du Livre des Rois – le récit légendaire de l’ancien royaume de Perse par le grand poète Ferdowsi, au XIe siècle – prend vie dans cet étonnant livre animé, ingénieusement conçu et superbement réalisé. Déjà édité par Les Rêveurs en 2017, mais aussitôt épuisé, voici la nouvelle édition de ce pop-up extraordinaire présentée dans un coffret. Zahhak, La Légende du Roi Serpent redit le mythe de Zahhak, le prince fourvoyé qui, séduit par le Démon, assassine son père et usurpe le trône. Maudit, flanqué de deux serpents qui poussent sur ses épaules, le Roi Serpent acquiert dans tout le pays une infâme renommée pour sa tyrannie. Il règne mille ans, jusqu’à ce que le vaillant Fereydoun trouve la force et l’armée pour défaire l’inique monarque. Le monde fantastique de Zahhak, La Légende du Roi Serpent jaillit littéralement sous nos yeux dans ses décors flamboyants et ses machineries complexes (deux pop-ups par page ! ) qui raviront petits et grands à chaque instant.

 

Prix : 68chf

L’envers de l’été – Hajar Azell

« Chaque année avant les adieux, Nina organisait le partage des figues du mois d’août. Des dizaines de petits doigts s’agrippaient aux branches, tâtaient la pulpe molle des fruits avant de les arracher. Le sol se couvrait de violet. On rentrait à la maison avec de la sève blanche sur les doigts et, dans la bouche, ce goût sucré et granuleux qui marquait la fin de l’été. »
Dans la grande maison familiale au bord de la Méditerranée, Gaïa vient de mourir. May, sa petite-fille, qui a grandi en France, éprouve le besoin de passer quelques mois dans la maison avant sa mise en vente, en dehors de la belle saison. Elle y découvre, en même temps que la réalité d’un pays qu’elle croyait familier, le passé des femmes de sa lignée. En particulier celui de Nina, la fille adoptive de Gaïa, tenue écartée de l’héritage. Le paradis de son enfance se révèle rempli de blessures gardées secrètes.
Derrière la sensualité du décor, Hajar Azell fait apparaître l’extrême violence des rapports familiaux et des interdits sociaux qui pèsent principalement sur les femmes. Elle décrit aussi les coulisses du bonheur, les parenthèses ensoleillées des vacances en famille qui laisseront au cœur de ceux qui repartent une profonde nostalgie et chez ceux qui restent une douleur lancinante.

 

Prix : 26CHF

Il était une fois… les révolutions arabes / Collectif

« On retrouve la révolution au centre même de l’histoire et de l’imaginaire propres au monde arabe, comme composante de la pensée et comme vecteur de l’action. Elle s’est construite dans un rapport à l’autre, extérieur, fait d’emprunts, de fascination parfois, et de rejet aussi. De par sa localisation, de par son histoire et sa situation de carrefour culturel, l’espace arabe a été un lieu privilégié d’élaboration d’une pensée révolutionnaire, d’effervescence des idées contestataires. On ne s’étonnera pas que, dans un contexte de mondialisation, il devienne un espace privilégié de production révolutionnaire et que le « Printemps arabe’ ait ainsi très vite gagné ce statut de laboratoire d’idées et de formes de mobilisation renouvelée. » Extrait de l’introduction de Bertrand Badie.

Ont contribué à cet ouvrage : Farah Kamel Abdel Hadi, Tarek Moustafa Abdel-Salam, Mayada Adil, Kaouther Adimi, Lama Ali, Zahra Ali, Tammam al Omar, Mehdi Annassi, Iasmin Omar Ata, Christophe Ayad, Bertrand Badie, Benjamin Barthe, Nazim Baya, Akram Belkaïd, Radia Belkhayat, Mounia Bennani-Chraïbi, Myriam Benraad, Sonia Bensalem, Raja Ben Slama, Karim Emile Bitar, Mehdi Boubekeur, Ichraq Bouzidi, Marwan Chahine, Tracy Chahwan, Leyla Dakhli, Zakya Daoud, Delou, Brecht de Smet, Yasmine Diaz, Pauline Donizeau, Tarek El-Ariss, Alaa El Aswany, Moaz Elemam, Salma El-Naqqash, Khaled Fahmy, Mona Fawaz, Jean-Pierre Filiu, Ganzeer, Dalia Ghanem, Kinda Ghannoum, Salah Guemriche, Noha Habaieb, Patrick Haimzadeh, Halim, Narmeen Hamadeh, Sarah B. Harnafi, Ali Hassan, Sulafa Hijazi, Coline Houssais, Incrusted, Intibint, Joseph Kai, Lena Kassicieh, Mazen Kerbaj, Bahgat Korany, Abir Kréfa, Stéphane Lacroix, Ibticem Larbi, Pierre-Jean Luizard, Ziad Majed, Zarifi Haidar Marín, Hind Meddeb, Meen One, Sabrina Mervin, Merieme Mesfioui, Rania Muhareb, Mostafa M Najem, Aude Nasr, Nime, Mohamed Omran, Marc Pellas, Victor Salama, Sara Saroufim, Enas Satir, Alexandra Schwartzbrod, Isabela Serhan, Rima Sghaier, Leïla Shahid, Bahia Shehab, Leïla Slimani, Laila Soliman, ST4 The project, Hamid Sulaiman, Anna Sylvestre-Treiner, Abdellah Taïa, Fawwaz Traboulsi, Willis from Tunis, Sana Yazigi, Ali Mohamed Zaid, Salim Zerrouki.

 

Prix : 43chf

Le Prophète / Khalil Gibran

Publié pour la première fois en 1923, Le Prophète a séduit des millions de personnes à travers le monde. Fable explorant notamment les thèmes universels de l’amour, de l’amitié, de la beauté et de la mort, cet hymne à la liberté et à l’épanouissement de soi est une référence spirituelle incontournable. Le chef d’oeuvre de Khalil Gibran renaît ici dans une édition augmentée de textes inédits découverts par l’éditeur Dalton Hilu Einhorn dans les archives privées Gibran/Haskell et illustrée par la main même de l’auteur.

 

Prix : 32chf

Sur les murs de Palestine : Filmer les graffitis aux frontières de Dheisheh / Clémence Lehec

Le graffiti palestinien a une histoire et des spécificités aussi particulières que méconnues. Né dans les camps de réfugiés à la fin des années 1960, le graffiti y est encore largement répandu aujourd’hui. Il est pratiqué par des graffeurs ne se revendiquant pas tous comme artistes et mobilisant des thèmes éminemment politiques. Sur les murs de Palestine nous emmène au sein du camp de Dheisheh pour nous révéler les dessous de ce mouvement aux prises avec les multiples enjeux de la frontière, dans un espace où celle-ci est systématiquement contestée. Ce livre nous raconte également l’histoire de la création d’un film documentaire, coréalisé avec la cinéaste palestinienne Tamara Abu Laban, qui explore les rues du camp et fait entendre ses voix. Grâce à une approche inédite, cette production audiovisuelle pose les conditions mémos de la recherche et parvient à créer les outils les plus appropriés pour penser les frontières dans leurs formes diffuses, jusqu’à l’échelle des corps qu’elles contraignent. A travers le récit et le parcours d’une chercheure au plus près de son terrain d’étude, cet ouvrage fait l’éloge du travail en collectif et contribue au renouvellement de la méthodologie d’enquête, en décortiquant la dimension politique qui s’y cache.

 

Prix : 22chf

Philippe Hitti, l’historien libano-américain à qui la culture arabe doit tant

Si la langue et la culture arabes se sont développées au sein des universités américaines, c’est surtout grâce à cet auteur, éditeur et professeur originaire de Chemlane, dans le caza de Aley.

OLJ / Par Pauline Mouhanna Karroum, Washington DC, le 16 novembre 2020.

« Entre 850 et 1150, durant plus de 300 ans, les Arabes ont été le peuple le plus cultivé au monde. » Cette phrase que l’historien Philippe Hitti prononce dans un entretien en 1971* est significative de la fierté qu’il tirait de son appartenance, celle-là même qui a été au cœur de tout son travail. Hitti a dédié sa vie, ses études, ses recherches et ses livres aux Arabes, faisant de son mieux pour expliquer aux Américains la richesse de leur patrimoine, leurs accomplissements dans les domaines de la littérature, de la science…

Philippe Hitti, originaire de Chemlane (Aley) où il voit le jour en 1886, obtient un diplôme d’histoire de l’Université américaine de Beyrouth en 1908. Il y enseigne durant cinq ans et se rend ensuite aux États-Unis pour poursuivre ses études au sein de la Colombia University à New York. En 1926, il y décroche haut la main son doctorat en études orientales. Il sera d’ailleurs le tout premier étudiant d’origine arabe à obtenir un tel diplôme aux États-Unis. Il retourne néanmoins au Liban et y enseigne jusqu’en 1926.

Cette année-là est importante dans son parcours pour deux raisons. D’une part, la prestigieuse Princeton University lui propose un poste de professeur titulaire : il accepte et y enseignera la littérature sémitique. D’autre part, la maison d’édition The Macmillan lui propose de rédiger un livre sur l’histoire des Arabes. Hitti croit à tort qu’au bout d’un an, le projet de rédaction de son manuscrit sera achevé. Or ce n’est que dix ans plus tard, en 1937, que paraît son célèbre ouvrage History of Arabs. Avec humour, il raconte dans une interview comment les maisons d’édition ne comptaient imprimer qu’une centaine de copies de son livre. Elles s’étaient bien trompées puisque depuis l’année de sa publication cet ouvrage s’écoule tous les ans à des milliers d’exemplaires.

Au-delà du nombre de copies vendues, l’importance de ce livre provient du fait qu’il avait une valeur intellectuelle inégalée pour l’époque. Hitti ne s’arrête pas là et gravit les échelons au sein de la Princeton University, y créant un département d’études sur le Moyen-Orient, avec un focus particulier sur le monde arabe et l’islam. Établir un tel centre, le premier du genre aux États-Unis, a été particulièrement difficile. C’est ce que l’historien raconte dans son entretien en 1971.

« Très tôt, j’ai senti qu’il existe un besoin de développer et d’institutionnaliser les études sur l’islam et les Arabes aux États-Unis. Mais je prêchais dans le désert puisque personne ne considérait que cela était utile. On me répondait souvent que ce projet n’avait aucun sens. Et je leur répliquais qu’il y a 500 millions de musulmans dans le monde (à l’époque), et 100 millions de personnes qui parlent l’arabe, arguant qu’ils ont besoin de les comprendre et de communiquer avec eux. » Hitti s’est battu et avec persistance pour que cette vision américaine du monde arabe change.

Redécouvrir un legs remarquable

Dans l’introduction d’une des éditions du livre The Arabs : A Short History (publié à l’origine par Philippe Hitti en 1949), il est souligné à juste titre que c’est grâce au long engagement de l’historien que d’autres départements portant sur le Moyen-Orient ont pu voir le jour dans diverses universités. C’est grâce à lui que des professeurs, des chercheurs et surtout des étudiants ont manifesté un intérêt envers la langue arabe et son rayonnement dans le monde. Et ce sont justement les étudiants qui ont le plus marqué Philippe Hitti. En 1954, quand il a pris sa retraite de Princeton University, c’est le contact humain et le rapport qu’il a établi avec eux qui lui ont le plus manqué. « Mes étudiants sont une partie de ma vie. Ils posent des questions intéressantes, me défient », a-t-il écrit.

Le 28 décembre 1978, le professeur s’éteint. Cependant, son parcours et son mérite ne sont pas tombés aux oubliettes. Il a ouvert la voie aux études ethniques non conformistes et leur a permis d’exister et de se développer aux États-Unis. Aujourd’hui, alors que ce pays s’interroge sur son identité et sur la coexistence de ses différentes composantes, il est plus que jamais nécessaire de redécouvrir le legs de Philippe Hitti.

* https ://archive.aramcoworld.com/issue/197104/a.talk.with.philip.hitti.htm

 

Cafés du Maroc : Miroirs des cultures urbaines / Patricia Defever

« Cafés du Maroc, miroir des cultures urbaines » nous invite à découvrir le formidable patrimoine historique et culturel que représentent les cafés, brasseries ou restaurants du Maroc. Architecture d’époque, comptoirs anciens, cuivres d’origine, ces établissements racontent non seulement histoire des villes marocaines mais apportent aussi un éclairage sur la société d’aujourd’hui et son life style profondément urbain ancré dans les valeurs de convivialité, de partage et de solidarité. Au fil des pages le lecteur voyage de Casablanca à Tanger, de Marrakech à Fès, de Rabat à Oujda… et fait halte dans ces lieux insolites, populaire, branchés ou luxueux. Les photographies originales de Yassine Alaoui Ismaili, alias Yoriyas, captent sur le vif des instants de vie et soulignent la beauté et la singularité des lieux, conférant à l’ouvrage une dimension esthétique incomparable. Les plus de cet ouvrage : – Le regard d’un artiste reconnu sur la ville et les cultures urbaines – Un ouvrage inédit sur le patrimoine historique et insolite que constituent les cafés et les brasseries du Maroc. – Des textes vivants qui témoignent de la mémoire des lieux autant que du life style marocain d’aujourd’hui. – 2ème opus de la collection « Viva Cité » initiée avec « Street food au Maroc, un goût authentique »

Prix : 66CHF