Beyrouth-sur-Seine – Sabyl Ghoussoub

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ? Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français. Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.

 

Prix : 34CHF

Le balato – Djamel Cherigui

Dommage que les murs ne parlent pas. S’ils avaient pu s’exprimer, les murs du Saturne, le bar d’Abdel Mirouche, auraient eu bien des choses à raconter. C’est là-bas que son neveu Bombonne a fait ses classes, entre le comptoir et le flipper, veillant à ce que les verres des clients restent toujours pleins. Les bistrots, c’est une école de la vie, tous les alcooliques vous le diront. Une nuit, à l’occasion d’une partie de cartes clandestine organisée par tonton Mirouche, les célèbres « soirées Wall Street », un nouveau client débarque. Un beau parleur nommé Le Suisse, bien décidé à vivre ses rêves plutôt qu’à rêver sa vie. Quand Le Suisse entraîne Bombonne dans ses aventures, ce dernier se retrouve tiraillé entre les principes inculqués par son oncle et l’envie d’échapper à un destin tout tracé. Jusqu’au coup de trop ?

 

Prix : 34CHF

Dis-moi pour qui j’existe ? – Abdourahman A. Waberi

Aden est un professeur épanoui et un père heureux. Mais la maladie subite de sa fille réveille des souffrances anciennes. Lui aussi, enfant, est tombé malade et soudain, son corps se souvient de tout : de la vie à Djibouti, du garçon solitaire qu’il était, de la seule douceur d’une grand-mère, du réconfort des livres. Chaque jour, il téléphone et écrit à sa fille. Il lui raconte les paysages de sa jeunesse, convoque les mânes de ses ancêtres, faiseurs de pluie ; elle lui parle de son quotidien, l’impatience de courir à nouveau. Le père retranscrit leurs mots pour garder une trace de la lutte et vaincre le mal grâce à ce qu’ils ont de plus précieux : l’espoir.

 

Prix : 35CHF

Les Garçons de l’amour / Ghazi Rabihavi

Djamil est le fils unique de Hajji, riche propriétaire musulman de la région d’Abadan, père également de nombreuses filles. Le jeune homme jouit d’une formation scolaire, un privilège dans son milieu social, hérite du violon de son grand-père et caresse en secret le rêve de devenir danseur. Durant une fête de noces, il fait la connaissance de Nadji, dont il tombe follement amoureux. La vie des deux garçons, en butte à leur famille et à toute la société, bascule, en pleine révolution islamique, dans une errance de près de deux ans qui s’achève par un retour à la case départ, en pleine guerre entre l’Irak et l’Iran, et. . . à la prison. Postface de Christophe Balaÿ. Un très beau roman. La littérature, quand elle est ainsi juste et limpide, fait passer comme rien d’autre la réalité d’un pays. Et cela dans une douceur désarmée, une sincérité nue. Le Point. Une poignante histoire d’amour, de mort et d’exil. Le Monde des livres. Traduit du persan par Christophe Balaÿ.

 

Prix : 15chf

Regardez-nous danser (Le pays des autres, Tome 2) – Leïla Slimani

« Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l’exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue ». 1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables.

Prix : 34chf

Satisfaction / Nina Bouraoui

Je pense souvent à ce qu’il restera, à ce qu’Erwan gardera de moi, de son enfance, j’aimerais saisir, révéler ses sensations sur la pellicule photographique, graver nos instants, craignant que l’amour ne disparaisse avec les souvenirs, graver l’odeur du jasmin quand nous nous approchons de notre maison, odeur de la stabilité du lieu intérieur malgré les désordres de mon coeur, contre la violence extérieure, réelle ou imaginaire, de la mer, des hommes ». A travers la voix incandescente de Madame Akli, Nina Bouraoui nous offre un roman brûlant, sensuel et poétique qui réunit toutes ses obsessions littéraires : l’enfance qui s’achève, l’amour qui s’égare, le désir qui fait perdre la raison.

 

Prix : 34chf

Le ventre des hommes / Samira El Ayachi

A A’Samar. J’aime la nuit. D’ailleurs c’est la nuit que je suis née. C’était un samedi. On s’en souvient tous. Le problème avec la Nuit. C’est que la Nuit y a personne pour emmener maman à l’hôpital. Parce que papa est à la mine, au travail de nuit ». Le soir tombe sur les corons du nord de la France, et une fratrie se presse devant l’écran de télévision. Soudain apparaît le visage attendu ? : celui du père. Qu’y raconte-t-il ? A l’époque, personne ne s’en soucie vraiment. Ce n’est qu’une fois adulte qu’Hannah, devenue enseignante et aux prises avec les règles imposées, découvrira l’histoire incroyable de son père et d’un groupe d’hommes venus du sud du Maroc pour travailler dans les mines de charbon.

 

Prix : 37chf

Bel abîme / Yamen Manai

Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête à claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit a? l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton.

 

Prix : 25chf

A gauche du lit / Iman Bassalah

« Toi et moi, on est des combattants », répète Albert à Farrah. Farrah enseigne les lettres dans un lycée défavorisé, elle se démène pour joindre les deux bouts. Albert a le double de son âge, c’est un avocat qui défend des islamistes au nom de l’Etat de droit. Ils s’éprennent d’un amour fou. Bouleversée par la récente décapitation d’un collègue, Farrah s’accroche aux valeurs républicaines. A chaque vague terroriste, l’étiquette « Arabe » qu’on lui colle l’étouffe un peu plus. Sa liberté ne supporte aucune assignation. Albert est blanc, bourgeois, et se passionne pour la cause des musulmans. Avec tant de fougue que bien vite se pose une question : sont-ils vraiment du même côté ? Le jour éprouve leurs résistances. La nuit tisse leurs liens. Jusqu’à ce qu’une affaire particulièrement brûlante vienne raviver leurs déchirures. A gauche du lit se révèle un puissant roman politique parce qu’il s’empare des grandes questions du temps pour les coller sur la peau, dans les mots, dans le lit. Iman Bassalah nous rappelle que l’identité est l’un des beaux sujets de la littérature.

 

Prix : 34chf

Le prince aux deux visages – Gilbert Sinoué

L’épopée de la Révolte arabe, la personnalité énigmatique de T. E. Lawrence (1888-1935), dit Lawrence d’Arabie, l’aura de légende qui entourent son existence méritaient d’être démystifiées par le conteur talentueux qu’est Gilbert Sinoué. Le roman vrai de Lawrence d’Arabie Nul n’a oublié Lawrence d’Arabie qu’interpréta Peter O’Toole dans le film éponyme de David Lean (1962). Guerrier qui souleva le monde arabe contre le vieil Empire ottoman, Thomas Edward Lawrence conserve cette aura épique, ce souffle d’aventure qu’il a su restituer dans un chef-d’oeuvre, entièrement réécrit de mémoire après en avoir perdu le manuscrit : Les Sept Piliers de la sagesse. Mais qui fut-il réellement ? Gilbert Sinoué interroge le destin d’un ancien archéologue et fin lettré devenu un fabulateur. Sous son keffieh d’ami des peuples opprimés, T. E. Lawrence obtint traitreusement la sympathie des Arabes et du prince Fayçal pour les placer ensuite sous le joug de l’Empire britannique, en vertu d’accords secrets franco-anglais sur le partage du Moyen-Orient dont les conséquences se font encore douloureusement sentir. Au fil du roman, l’auteur explore les facettes méconnues de la vie du Prince des sables. Pourquoi Lawrence a-t-il inventé le récit de son viol à Deera (Syrie) par le gouverneur turc ? Qu’en est-il de son homosexualité ? de son goût du travestissement ? du masochisme de l’agent secret redevenu simple soldat ? de sa mort suspecte au volant d’une moto, en 1935 ? Gilbert Sinoué signe le roman vrai d’un personnage aussi fascinant que controversé.

 

Prix : 29chf