L’interrogatoire – Suzanne Azmayesh

Issue d’une famille iranienne exilée, Ava est fiancée à Simon, juif ashkénaze. Un été, elle se rend avec lui en Israël pour un mariage. Une fois arrivée à l’aéroport Ben Gourion, elle est l’objet d’un interrogatoire de plusieurs heures, visant à vérifier qu’elle ne représente aucun danger pour le pays. Questionnée sur son rapport à l’Iran, à l’Islam et à l’histoire de sa famille, Ava n’a d’autre choix que de se confronter à cette double culture parfois lourde à porter, pour elle qui ne connaît rien du pays qu’a fui sa famille. La question de l’identité, mais surtout de ce flottement qui existe entre le regard des autres et la manière dont on se perçoit soi-même, est au coeur de ce roman.

 

Prix : 31CHF

Dictionnaire des islamismes : Pour une compréhension de la terminologie et de la rhétorique employée par les mouvances des islams idéologiques / Amélie-Myriam Chelly

Il n’est pas un islamisme, mais des islamismes. Voici la somme inédite et définitive, à la fois historique, géopolitique et idéologique qui décrit et décrypte en détail et en totalité l’ensemble des mouvances qui constituent cette menace planétaire. Un outil indispensable. Un panorama soufflant. Alors que l’islamisme tente d’imposer sa domination sur le monde, il est indispensable de savoir qui conduit cette guerre planétaire à grands coups d’infiltrations, de manipulations, d’intimidations et d’actes de terreur. Il est nécessaire de décrypter comment cette nébuleuse se revendique de l’islam tout en gangrenant ses fondements. De déceler quels détournements religieux et politiques elle opère. De discerner quel défis sécuritaires et sociétaux elle pose. Et, pour ce faire, de déchiffrer un à un les mouvements multiples et divers qui la composent. C’est la somme inédite que présente ce dictionnaire en plus de 200 entrées qui couvrent les différentes tendances et mouvances fondamentalistes dans les mondes sunnite et chiite. On y trouvera les concepts théologiques et leurs dénaturations idéologiques. La genèse des corpus, l’histoire des organisations et la chronologie des événements ainsi que leurs collusions ou compétitions. L’identification et l’analyse des courants piétistes comme des groupes djihadistes. D’Al-Qaïda à Daech, de l’internationale des prédicateurs itinérants du Tabligh à la confrérie néo-soufie et inter-culturaliste Gülen, du réseau diplomatique des Wahhabites à l’essaimage associatif des Frères musulmans ou numérique des Salafistes, sans oublier les Talibans d’Afghanistan, voici comment la langue révolutionnaire des centres lointains d’endoctrinement alimente le jargon émeutier de nos proches banlieues. Et comment la violence sacrée entend ensanglanter les cinq continents. Le maître-ouvrage, complet, informé et éclairant, sur les islamismes.

 

Prix : 51chf

La condition de la femme musulmane – Zeina El Tibi

On débat beaucoup sur le voile. Rarement on demande leur avis à celles que leur naissance destine à le porter. Il fallait, comme Zeina El Tibi, être femme et musulmane pour décrypter le système religieux, social et politique qui, sous prétexte de la loi divine, vise à asservir la moitié de l’humanité. Eclairant. Parmi les facteurs d’incompréhension dont souffre l’islam, la condition de la femme est une source inépuisable de quiproquos et de polémiques. Les dérives conservatrices ou extrémistes ont considérablement contribué à cette situation. Pourtant, comme le rappelle avec force le docteur Zeina el Tibi dans cet ouvrage, les textes fondamentaux de la religion musulmane, à commencer par le Coran, sont clairs à ce sujet. On veut opposer l’islam et une certaine conception occidentale, alors qu’il faut en réalité confronter les dérives extrémistes aux écritures saintes. Et c’est ce que fait, avec brio, Zeina el Tibi dans ce livre indispensable.

 

Prix : 42CHF

Dictionnaire amoureux de l’Islam – Malek Chebel

Dans un langage simple et efficace, le Dictionnaire amoureux de l’islam est un ouvrage qui s’impose aux érudits et aux curieux comme la clé pour comprendre le vécu musulman et la sensibilité orientale. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et ceux de Charlie Hebdo et du Bataclan, l’islam a été planétairement mis à l’index, et les musulmans ont été tenus de justifier de leur bonne foi. En Occident, cette religion inspire parfois la suspicion voire l’incompréhension, et les débats qui l’abordent sont légion. Malek Chebel aborde ici avec la plus grande liberté l’ensemble des questions, même difficiles, qui ont trait à l’islam, comme le réformisme musulman, la répudiation des femmes, le voile ou la sexualité. Mais cet authentique vagabondage amoureux est aussi un livre d’histoires et un recueil de plaisirs dont les entrées sont autant d’invitations au voyage : désert, littérature, peinture, Alhambra… Lettre après lettre, il décline les mille et un raffinements qui fascinent tant. Anthropologue des religions et spécialiste du monde arabe, Malek Chebel a illustré et défendu à travers ses divers ouvrages, qui sont tous des références, une conception de l’islam compatible avec la modernité.  » Un ouvrage qui s’impose aux érudits et aux curieux comme la clé pour comprendre le vécu musulman et la sensibilité orientale.  » La Vie  » Plus de 300 entrées qui réenchantent l’islam, sa doctrine, ses pratiques et ses fantasmes.  » Le Point

Prix : 23CHF

Ali, le secret bien gardé : Figure du premier maître en spiritualité shi’ite / Mohammad-Ali Amir-Moezzi

Ali, gendre et cousin du prophète Muhammad, est au centre de trois événements historiques majeurs indissociables des débuts de l’islam : le problème de la succession de Muhammad, les conflits et guerres civiles entre Musulmans, et enfin l’élaboration du Coran et du Hadith. C’est à lui que Mohammad Ali Amir-Moezzi consacre une étude, au fait des recherches les plus récentes, et ouverte à ses multiples aspects mystiques. A partir d’une analyse historique et philologique des sources anciennes ou récentes, cet ouvrage montre que le shi’isme est la religion du Maître comme le christianisme est celle du Christ, et Ali le premier Maître ainsi que l’Imam par excellence des Shi’ites. Le shi’isme peut donc être défini, dans ses aspects religieux les plus spécifiques, comme la foi absolue en Ali. Homme divin, lieu de la manifestation la plus parfaite des attributs de Dieu, en même temps refuge, modèle et horizon spirituels. Par-delà les prises de position et les polémiques séculaires, Mohammad Ali Amir-Moezzi nous restitue les multiples facettes de ce personnage de l’islam des origines, le seul des Compagnons du Prophète demeuré jusqu’à nos jours l’objet d’une fervente dévotion pour des centaines de millions de fidèles en terre d’islam, notamment en Orient.

 

Prix : 43CHF

Mohammed prophète de l’Islam – Malek Chebel

A l’aube du VIIe siècle, l’Arabie a été réveillée de sa torpeur millénaire par un souffle puissant et jusque-là inconnu, l’islam. Son émergence fut particulièrement rapide car il a fallu à Mohammed, le nouveau prophète, seulement quelques années, de 610 à 632, pour imposer une nouvelle religion, à la fois monothéiste et abstraite dans son horizon de pensée. Malek Chebel, spécialiste du monde arabe, montre comment le Prophète, homme de doctrine et de pouvoir, a voulu que l’islam tienne compte de l’expérience humaine dans sa double part, sublime d’un côté, ordinaire de l’autre, divine par ses aspirations, terrestre par son exercice. Balayant ici préjugés et approximations, il confirme qu’il est plus que jamais nécessaire de connaître la destinée du Prophète pour bien comprendre la vérité et la richesse de son enseignement.

 

Prix : 16chf

Mohammed, prophète de l’islam – Malek Chebel

A l’aube du VIIe siècle, l’Arabie a été réveillée de sa torpeur millénaire par un souffle puissant et jusque-là inconnu, l’islam. Son émergence fut particulièrement rapide car il a fallu à Mohammed, le nouveau prophète, seulement quelques années, de 610 à 632, pour imposer une nouvelle religion, à la fois monothéiste et abstraite dans son horizon de pensée. Malek Chebel, spécialiste du monde arabe, montre comment le Prophète, homme de doctrine et de pouvoir, a voulu que l’islam tienne compte de l’expérience humaine dans sa double part, sublime d’un côté, ordinaire de l’autre, divine par ses aspirations, terrestre par son exercice. Balayant ici préjugés et approximations, il confirme qu’il est plus que jamais nécessaire de connaître la destinée du Prophète pour bien comprendre la vérité et la richesse de son enseignement.

Prix : 16chf

Orient-Occident, histoires croisées

La rédaction de RTSreligion propose un coffret de 3 CD pour comprendre les racines des liens et des tensions actuelles entre le monde arabo-musulman et le monde occidental.

Ce coffret reprend l’essentiel d’une série spéciale d’émissions diffusée en juin 2015 dans le magazine A vue d’esprit sur Espace 2. Né au sein de la rédaction RTSreligion à la suite des « printemps arabes », ce projet se révèle plus pertinent que jamais au vu de l’actualité.

L’avènement du groupe Etat islamique, la recrudescence du terrorisme international, les attentats en France des mois de janvier et novembre 2015, nécessitent le recul de l’histoire pour comprendre les enjeux historiques, religieux, symboliques et géo-politiques des rapports entre Orient et Occident.

Visuel du coffret CD "Orient-Occident, histoires croisées"
Visuel du coffret CD « Orient-Occident, histoires croisées » [ – RTS]

Présentation de la série diffusée en juin 2015

Les croisades du Moyen Age ont laissé une profonde empreinte dans l’histoire Orient – Occident jusqu’à nos jours.

A vue d’esprit propose 25 émissions sur les croisades, leurs conséquences et leurs interprétations au fil des siècles.

« Attaquer les croisés où qu’ils soient » et maintenir les « bastions chrétiens » en « état d’alerte ». Ces expressions figuraient noir sur blanc, en janvier 2015, dans un communiqué du groupe Etat islamique. Croisés ? bastions chrétiens ? Ces mots sonnent de manière étrange en Occident. Les croisades : c’était il y a une éternité ! Comment expliquer que ce registre sémantique apparaisse dans la propagande d’un groupe armé qui met à feu et à sang le Proche et le Moyen-Orient et réprime les minorités religieuses ?

Les journalistes de RTSreligion ont choisi d’aller au-delà de cette rhétorique pour mieux comprendre comment les relations Orient-Occident ont évolué depuis les croisades, cette période de deux cents ans qui court de la fin du XIe à la fin du XIIIe siècle. Quelles traces reste-t-il des expéditions militaires venues de l’Ouest ? Quelle influence les croisades ont-elles eues sur le christianisme et l’islam ?

Une enquête au fil des siècles qui montre comment le développement des empires coloniaux au XIXe siècle a ravivé de vieux souvenirs, comment la fin de l’Empire ottoman a rouvert des questions ethnico-religieuses, comment les conflits des XXe et du XXIe siècles se sont aussi nourris de cet imaginaire de la croisade, comment les religions ont pu être source de tensions mais aussi de pacification.

Une série signée Gabrielle Desarzens, Jean-Christophe Emery, Catherine Erard, Evelyne Oberson et Fabien Hünenberger.

Avec la participation notamment de : Martin Aurell, Georges Corm, Michel Grandjean, Vincent Gelot, Rinaldo Tomaselli, John Tolan, Jean-Claude Cheynet, et bien d’autres.

  • 1/ 25 – L’actualité des croisades

    Pourquoi parler aujourd’hui des croisades? Si pour les Occidentaux, c’est de l’histoire passée, dans le monde musulman, les croisades restent souvent perçues comme une des étapes particulièrement violente de l’affrontement séculaire entre le christianisme et l’islam. Un affrontement qui est encore d’actualité: le terme « croisés » est utilisé par des islamistes pour désigner les Occidentaux en s’appuyant sur cette mémoire des croisades.

    Du côté de l’Occident,  le terme a également été repris, notamment par Georges Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Faut-il dès lors parler d’une instrumentalisation de la notion de croisades? Avant d’entrer dans l’histoire des croisades, cette première émission propose un tour d’horizon des traces de cette mémoire sensible des croisades dans le monde des musulmans, des chrétiens occidentaux, des juifs, et des chrétiens orthodoxes.

    Avec Vincent Gelot, Bytia Rozen-Goldberg, Julien Loiseau, Georges Corm, Sonia Fellous, Simon Epstein, Abbès Zouache, Ahmed Benani et le père Dositheos.

    Première Croisade: le siège et la prise de Jérusalem par les croisés menés par Godefroy de Bouillon en 1099.

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 01 juin 2015
  • 2/25 – Urbain II et l’appel de Clermont: l’origine des croisades

    En 1095, lors du Concile de Clermont, le pape Urbain II lance un appel à la croisade pour venir en aide aux chrétiens d’Orient et pour libérer le Saint-sépulcre de Jérusalem. Un des buts avoués de ce concile est aussi de réduire la violence en Europe et de limiter les exactions de chevaliers de moins en moins contrôlés. Un souci qui rejoint une autre aspiration: celle d’un proche retour du Christ à Jérusalem. Ce climat spirituel particulier explique en partie le succès de cet appel à la croisade.

    Avec André Vauchez, Martin Aurell, Julien Loiseau, Abbès Zouache et Simon Dorso.

    Première Croisade: le siège et la prise de Jérusalem par les croisés menés par Godefroy de Bouillon en 1099.

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 02 juin 2015
  • 3/25 – Pierre L’Ermite et le fanatisme.

    L’un des premiers prédicateurs de la croisade est un certain Pierre L’Ermite. Il va entraîner dans son sillage près de 15’000 pèlerins dont très peu parviendront à Jérusalem. Sur leur chemin, des populations juives entières seront assassinées. Ces prédicateurs fanatiques seraient-ils à l’origine d’une forme de guerre sainte ? Comment l’arrivée des croisées a-t-elle conduit à réactiver le djihad guerrier musulman ? Comment du côté chrétien a-t-on progressivement accepté que des religieux puissent porter des armes et verser le sang ?

    Avec Martin Aurell, André Vauchez et Julien Loiseau.

    Première Croisade: le siège et la prise de Jérusalem par les croisés menés par Godefroy de Bouillon en 1099.

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 03 juin 2015

     

  • 4/25 – Alexis 1er Comnène et l’Empire de Byzance

    L’arrivée de tribus turques depuis l’Asie au XIe siècle modifie l’équilibre politique du grand empire chrétien qu’est encore Byzance. Les Byzantins, héritiers de l’empire romain d’Orient, ont perdu de nombreux territoires au profit des turcs seldjoukides. Leur empereur, Alexis 1 Comnène demande alors aux Latins de leur fournir des contingents de mercenaires. Mais la réponse qu’il reçoit n’est pas tout à fait celle qu’il attendait. Les croisés, suite à plusieurs mécompréhensions, ne vont pas respecter les engagements pris envers les Byzantins et ne redonneront pas Antioche aux chrétiens d’Orient. Une grande méfiance va s’installer durablement entre les chrétiens occidentaux et les chrétiens orientaux.

    Avec Jean-Claude Cheynet et Abbès Zouache.

    Première Croisade: le siège et la prise de Jérusalem par les croisés menés par Godefroy de Bouillon en 1099.

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 04 juin 2015
  • 5/25 – Les Juifs et les croisades

    Lorsque les croisés partent pour Jérusalem, certains vont sur leur chemin massacrer des populations juives entières, hommes, femmes et enfants. Une première dans l’histoire des relations entre juifs et chrétiens. Les auteurs de ces actes barbares ne seront jamais condamnés. Pour les populations juives également présentes au Proche-Orient, comment vivent-elles sous la domination des musulmans, quelles seront pour elles les conséquences de l’arrivée des croisés?

    Avec Sonia Fellous.

    Première Croisade: le siège et la prise de Jérusalem par les croisés menés par Godefroy de Bouillon en 1099.

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 05 juin 2015

     

  • 6/25 – Ce que les chrétiens latins savaient des musulmans

    Lorsque les croisades débutent, la connaissance de l’islam par les chrétiens d’Occident est très lacunaire. Ils pensent alors que les Sarrazins, comme ils les nomment, sont des polythéistes. Ils s’appuient sur des écrits de St Jérôme qui a vécu deux siècles avant le prophète Mahomet. Les croisades vont permettre aux occidentaux de découvrir l’islam. La première version latine du Coran sera éditée en 1143.

    Avec Martin Aurell et John Tolan.

    La conquête de Jérusalem par Saladin Ier (1138-1187), en 1187. Miniature de la "Chronique des empereurs", par Loyset Lieder (1462).

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 08 juin 2015
  • 7/25 – La prise de Jérusalem

    Le 15 juillet 1099, quatre ans après l’appel à la croisade lancé par le pape Urbain II, Jérusalem tombe aux mains des croisés. Cet évènement aura un retentissement très important en Occident et en Orient, mais pas pour les mêmes raisons. En Occident, cette victoire est le signe que Dieu est avec les croisés. Elle marque le début de l’installation d’Occidentaux dans les tous nouveaux Etats latins d’Orient. En Orient, l’extrême barbarie des croisés lors de la prise de la ville sainte va traumatiser toute la région. Les musulmans vont très progressivement se fédérer d’abord sous Zengi, puis Noureddine et enfin Saladin qui parviendra à reprendre la ville en 1187. La première étape décisive de cette longue reconquête sera la prise d’Edesse, la forteresse du Nord en 1144 par Zengi, émir de Mossoul et d’Alep. Face à cette menace, une nouvelle croisade est lancée. La seconde croisade sera  un échec retentissant.

    Avec Martin AurellSimon DorsoJulien Loiseau et Abbès Zouache.

    La conquête de Jérusalem par Saladin Ier (1138-1187), en 1187. Miniature de la "Chronique des empereurs", par Loyset Lieder (1462).

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 09 juin 2015
  • 8/25 – St Jean d’Acre à l’époque croisée

    La ville portuaire de St Jean d’Acre (Akko) va jouer un rôle très important dans le fonctionnement des Etats latins d’Orient. Elle sera un lieu d’échanges commerciaux et financiers constant entre l’Occident et le Proche- Orient. Les marchands génois, vénitiens, pisans, de même que les ordres de religieux guerriers, les templiers, hospitaliers, chevaliers teutoniques, s’installeront dans la ville. La chute de St Jean d’Acre en 1291 marquera la fin des états latins d’Orient.

    Jean-Christophe Emery nous convie à une visite historique à travers les nombreux vestiges croisés de St Jean d’Acre en compagnie de l’archéologue et historien Simon Dorso.

    La conquête de Jérusalem par Saladin Ier (1138-1187), en 1187. Miniature de la "Chronique des empereurs", par Loyset Lieder (1462).

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 10 juin 2015
  • 9/25 – La vie dans les Etats latins

    Alors qu’une partie des chevaliers retournent sur leur terre au terme de la première Croisade, certains choisissent de s’installer au Proche-Orient. Beaucoup épouseront des chrétiennes arméniennes ou byzantines. Leurs enfants, que l’on nommera les poulains, parleront plusieurs langues. Et rapidement cette population va adopter certains des us et coutumes de cet Orient très raffiné. Des échanges intellectuels et culturels auront également lieu.

    Avec Martin AurellSimon Dorso, Julien Loiseau et Abbès Zouache.

    La conquête de Jérusalem par Saladin Ier (1138-1187), en 1187. Miniature de la "Chronique des empereurs", par Loyset Lieder (1462).

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 11 juin 2015
  • 10/25 – Saladin

    S’il est un personnage des croisades qui deviendra légendaire en Orient, mais aussi en Occident, c’est bien Saladin. Il va parvenir à unifier la Syrie avec l’Egypte et à reconquérir Jérusalem en 1187. La bataille d’Hattîn sera décisive. Les troupes de Saladin écraseront l’armée chrétienne conduite par le roi de Jérusalem, Guy de Lusignan.

    Chef de guerre redoutable, il sera également décrit comme un pieux musulman, capable de faire preuve d’indulgence y compris envers ses ennemis.

    La prise de la ville Sainte par Saladin provoquera le départ de la troisième croisade mené par Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, Philippe Auguste roi de France et l’empereur d’Allemagne, Frédéric Ier Barberousse.

    Avec Martin AurellJulien LoiseauJohn TolanAbbès Zouache.

    La conquête de Jérusalem par Saladin Ier (1138-1187), en 1187. Miniature de la "Chronique des empereurs", par Loyset Lieder (1462).

    – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 12 juin 2015

     

  • 11/25 – Le détournement de la 4e croisade sur Constantinople: la blessure non cicatrisée

    En 1204, les croisés pénètrent dans Constantinople et mettent la ville à sac durant trois jours. C’est le début d’un empire latin de Constantinople qui durera près de 50 ans.  Pourquoi les croisées, qui sont des chrétiens, s’en prennent-ils à la capitale de l’empire byzantin chrétien, lui aussi chrétien?

    Retour sur les effets dévastateurs de cette croisade dans les relations entre les chrétiens orientaux, orthodoxes, et les chrétiens catholiques.

    Rinaldo Tomaselli guide Fabien Hünenberger sur les traces des croisées à Istanbul. Avec également Jean-Claude Cheynet et le père Dositheos Anagnostopoulos du Patriarcat œcuménique de Constantinople.

    Départ du roi de France Louis IX dit Saint Louis (1214-1270) pour les croisades. Chromolithographie de 1936.

    Lee/Leemage – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 15 juin 2015
  • 12/25 – Lorsque St-François d’Assise rencontra le Sultan Al-Kamil

    Alors que l’idée de convertir les musulmans est absente au début des croisades, progressivement elle émerge avec l’apparition de nouveaux ordres religieux de prêcheurs, les franciscains et les dominicains. St François d’Assise va même se rendre à Damiette en Egypte pour y rencontrer le Sultan Al-Kamil, neveu de Saladin. Nous sommes en 1219 au cœur de la cinquième croisade qui se soldera par un échec.

    Un autre Saint va également 30 ans plus tard mener successivement deux croisades. Il s’agit de Louis IX roi de France, futur St-Louis. Mais là également c’est l’échec. Et si Dieu était du côté des musulmans? Le doute s’installe dans certains esprits et en Europe, les critiques contre les croisades s’amplifient.

    Avec Martin AurellGwenolé Jeusset , André Vauchez et Abbès Zouache.

    Départ du roi de France Louis IX dit Saint Louis (1214-1270) pour les croisades. Chromolithographie de 1936.

    Lee/Leemage – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 16 juin 2015
  • 13/25 Le déclin des croisades

    Les échecs successifs des différentes campagnes guerrières au Proche Orient provoquent une réorientation pour le moins surprenante des croisades. Désormais les papes vont également appeler à la croisade contre l’ennemi intérieur, l’hérétique chrétien, en particulier le cathare et le vaudois.

    L’affrontement entre chrétiens et musulmans va continuer au XVIème siècle mais sur la mer à travers la guerre de course. A cette époque se met alors en place une véritable économie de l’esclavage et de la piraterie.

    Avec Martin AurellJocelyne Dakhlia et Julien Loiseau.

    Départ du roi de France Louis IX dit Saint Louis (1214-1270) pour les croisades. Chromolithographie de 1936.

    Lee/Leemage – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 17 juin 2015
  • 14/25 Les croisades idéalisées et irréalisables du XVIème

    A partir du XVIème siècle, les croisades auront pour seul but de juguler l’avancée turque. L’idée de reprendre possession de Jérusalem demeure dans les esprits, comme une seconde étape, après la victoire espérée sur les Ottomans. Mais le projet restera lettre morte. Les tensions politiques entre François 1 et Charles Quint, de même que la division de la chrétienté avec l’avènement de la réforme de Luther, ne permettront plus de lever des fonds et des armées pour partir à la reconquête de Jérusalem.

    Avec Jocelyne Dakhlia et Emmanuelle Pujeau.

    Départ du roi de France Louis IX dit Saint Louis (1214-1270) pour les croisades. Chromolithographie de 1936.

    Lee/Leemage – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 18 juin 2015
  • 15/25 L’ouverture de la Question d’Orient

    La fin du XVIIIe siècle marque le début d’un nouvel intérêt de l’Europe pour l’Orient. Une ère inaugurée symboliquement par la Campagne d’Egypte lancée par Napoléon en 1798. Pourquoi la France, l’Angleterre mais aussi la Russie se lancent-elles dans les expéditions qui mènent à la conquête de territoires appartenant à l’Empire ottoman ? Peut-on lire dans ce processus de colonisation de régions à majorité musulmane un lointain écho des Croisades?

    Fabien Hünenberger fait le point avec Henri Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe et Giorgio Del Zanna, professeur d’histoire contemporaine et d’histoire de l’Europe orientale à l’Université catholique de Milan. Auteur de « I Cristiani e il Medio Oriente (1798-1924) ».

    Départ du roi de France Louis IX dit Saint Louis (1214-1270) pour les croisades. Chromolithographie de 1936.

    Lee/Leemage – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 19 juin 2015
  • 16/25 – Les chrétiens paient la note

    Le délitement de l’Empire ottoman, fin XIXe – début XXe siècle, n’est pas sans conséquences pour les relations entre chrétiens et musulmans en Orient. Les conquêtes coloniales, de même que l’indépendance déclarée de plusieurs pays dans les Balkans, forcent des centaines de milliers de personnes à prendre les chemins de l’exil. Naît alors dans le monde musulman l’idée qu’il s’agit d’une nouvelle forme de croisades et que les chrétiens d’Orient constituent à ce titre une menace. Une idée qui fera de nombreuses victimes et que Fabien Hünenberger analyse avec Henri Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, et Giorgio Del Zanna, professeur d’histoire contemporaine et d’histoire de l’Europe orientale à l’Université catholique de Milan. Auteur de « I cristiani e il Medio Oriente (1798-1924).

    Carte des accords Sykes Picot, 1916.

    The National Archives UK – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 22 juin 2015
  • 17/25 – Jérusalem 1900, le calme avant la tempête

    Au XIXe siècle, avec la renaissance des pèlerinages, la redécouverte des intérêts géopolitiques de la ville et l’immigration sioniste naissante, Jérusalem devient progressivement une ville dont la valeur symbolique s’affirme. Avant de connaître les tensions vives des années 1930, la ville traverse une période de 70 ans placée sous le sceau de la pluralité culturelle, de la mixité religieuse et d’une expansion moderne que tous saluent. La présence des britanniques, dès 1917, la pression exercée par l’immigration et la première guerre mondiale, vont progressivement conduire la ville à basculer dans un partage des quartiers, des identités pour aboutir, en 1948 à une division entre « juifs » et « arabes » . L’analyse de Vincent Lemire, historien, Maitre de conférence à l’Université Paris-Est, auteur de « Jérusalem 1900, la ville sainte à l’âge des possibles », Armand Colin, 2013.

    Carte des accords Sykes Picot, 1916.

    The National Archives UK – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 23 juin 2015
  • 18/25 – Français et Anglais redessinent l’Orient

    En 1916, alors que l’écroulement de l’Empire ottoman est désormais plus que probable, Français et Anglais conviennent d’une répartition des territoires sous leur contrôle au Proche Orient. Un accord resté célèbre sous le nom de deux de ses négociateurs, le Britannique Sir Mark Sykes et le Français François Georges-Picot, dont l’influence se lit aujourd’hui encore dans le tracé des frontières dans la région. Pour déployer la genèse et les conséquences de ces accords, Fabien Hünenberger et Gabrielle Desarzens se sont entretenus avec Henri Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, et Ahmed Benani, politologue et anthropologue des religions.

    Carte des accords Sykes Picot, 1916.

    The National Archives UK – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 24 juin 2015
  • 19/25 – Le dernier des Califes

    Le 3 mars 1924, les députés turcs déposent le dernier calife ottoman, Abdülmecid II, et abolissent la fonction de califat. La disparition de ce titre religieux honorifique – porté par les successeurs du Prophète Mohammed – est alors une manière, pour la jeune République turque, d’affirmer sa laïcité et ses intentions de modernisation du pays qui vient de naître. Mais en abolissant le califat, la Turquie fait naître une nostalgie au sein du monde musulman, celle d’une unité perdue. Nostalgie dont le groupe Etat islamique s’est emparé en désignant l’un des siens comme calife le 29 juin 2014. Au micro de Fabien Hünenberger et Gabrielle Desarzens: Ahmed Benani, politologue et anthropologue des religions, et Giorgio Del Zanna, professeur d’histoire contemporaine et d’histoire de l’Europe orientale à l’Université catholique de Milan. Auteur de « I cristiani e il Medio Oriente (1798-1924).

    Carte des accords Sykes Picot, 1916.

    The National Archives UK – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 25 juin 2015
  • 20/25 – Le printemps des nationalismes

    Le XXe siècle est marqué par le déploiement des nationalismes en Orient. C’est le cas en Turquie, où les dirigeants de la nouvelle République se rabattent sur un nationalisme ethnique après avoir joué la carte du panislamisme. Mais le nationalisme touche aussi le monde arabe et l’idée d’une grande union du monde arabe – le panarabisme – prend de l’ampleur. Deux Syriens, le grec-orthodoxe Michel Aflaq et le sunnite Salah al-Din al-Bittar, en sont les promoteurs les plus connus puisqu’ils sont les fondateurs du parti Baas en 1947. Pour éclairer ce phénomène, Fabien Hünenberger et Gabrielle Desarzens ont interrogé Giorgio Del Zanna, professeur d’histoire contemporaine et d’histoire de l’Europe orientale à l’Université catholique de Milan. Auteur de « I cristiani e il Medio Oriente (1798-1924), Aline Schlaepfer, docteure en Etudes arabes à l’Université de Genève, et Georges Corm, sociologue et historien libanais, auteur « Pensée et politique dans le monde arabe: contextes historiques et problématiques, XIXe-XXIe siècle », Paris, La Découverte,‎ 2015.

    Carte des accords Sykes Picot, 1916.

    The National Archives UK – AFP

    A vue d’esprit – Publié le 26 juin 2015
  • 21/25 – Israël, nouveaux croisés ?

    Jadis peu peuplée, Jérusalem devient au début du XXe siècle une métropole à l’expansion rapide. Le mouvement sioniste joue un rôle déterminant, mais la progression des pèlerinages est également en cause. L’année 1948 constitue un tournant majeur: au lendemain de la création de l’Etat d’Israël, la ville bascule dans le conflit et constitue désormais un enjeu géostratégique.

    Comment ce nœud gordien s’est-il formé? Comment cette évolution a-t-elle été lue au Moyen-Orient? L’Etat d’Israël a-t-il introduit de nouveaux « croisés » au Proche-Orient?
    Un sujet signé Gabrielle Desarzens et Jean-Christophe Emery.

    Avec : Simon Epstein, historien et politologue, Vincent Lemire, historien, Ahmed Benani, anthropologue et politologue.

    Jerusalem aujourd'hui un enjeux géostratégique.

    studiodr –

    A vue d’esprit – Publié le 29 juin 2015
  • 22/25 – Les croisades à la sauce orientale

    Présentes dans la littérature et le cinéma occidental, les Croisades le sont également dans les livres, les films et les séries TV du Proche-Orient.

    Quels événements et quels personnages mettent-elles en scène? Quels intérêts politiques s’en sont servis pour leur propagande? Et en quoi cette vision des Croisades diffère-t-elle de celle proposée par des films hollywoodiens tel « Le Royaume des cieux » de Ridley Scott (2005)?

    Un sujet signé Catherine Erard et Gabrielle Desarzens. Avec: Abbès Zouache, historien médiéviste de l’Orient musulman, Université Lumière Lyon, CNRS, et Ahmed Benani, anthropologue et politologue.

    Jerusalem aujourd'hui un enjeux géostratégique.

    studiodr –

    A vue d’esprit – Publié le 30 juin 2015
  • 23/25 – La bataille du 3e temple

    Les juifs le nomment « Mont du temple » ou le « Mur occidental ». Les musulmans l’appellent « Haram al sharif », noble sanctuaire, ou « Esplanade des mosquées ». Situé au sud de la vieille ville de Jérusalem, cet espace est à la fois le plus sacré du judaïsme et le troisième lieu saint de l’islam.

    Depuis 1967, les juifs peuvent prier en bas du mur alors que les musulmans pratiquent leur foi sur l’esplanade qui le surplombe. Cet équilibre s’avère pourtant relatif. En 2000, la visite d’Ariel Sharon avait mené au déclenchement de la seconde intifada.

    Aujourd’hui, certains groupes d’extrême droite montent sur l’esplanade pour y prier malgré les interdictions. Leur objectif: construire un troisième Temple destiné à reprendre la pratique rituelle.

    Une enquête de Jean-Christophe Emery avec les voix de Simon Epstein, historien et politologue, Julien Loiseau, historien, et Charles Enderlin, journaliste.

    Jerusalem aujourd'hui un enjeux géostratégique.

    studiodr –

    A vue d’esprit – Publié le 01 juillet 2015
  • 24/25 – Les racines médiévales de Daech

    Le groupe Etat islamique, Daech, véhicule toute une vision du monde où le vocabulaire, l’image et le geste s’inspirent du Moyen-Age.

    Avec l’aide d’un spécialiste de l’histoire musulmane, Gabrielle Desarzens tente de décortiquer ces références aux mots « croisé », « djihad », à la couleur noire… comme aussi la décapitation ou la crucifixion que pratiquent ces islamistes radicaux.

    Avec Gabriel Martinez-Gros, Professeur d’histoire médiévale du monde musulman à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense.

    Jerusalem aujourd'hui un enjeux géostratégique.

    studiodr –

    A vue d’esprit – Publié le 02 juillet 2015
  • 25/25 – Orient-Occident : changer d’histoire

    Dans ce dernier épisode de la série « Orient-Occident, regards croisés », Fabien Hünenberger reçoit un historien pour parler historiographie.

    Quel bilan tirer de l’exploration des relations Orient-Occident entreprise durant cinq semaines par l’équipe de RTSreligion? Génère-t-elle une nouvelle manière d’écrire l’histoire qui lie ces deux parties du monde? Révèle-t-elle les dynamiques sous-jacentes de l’actualité récente? Laisse-t-elle entrevoir l’avenir des relations entre Orient et Occident?

    Bilan avec Michel Grandjean, professeur d’histoire du christianisme à l’Université de Genève.

    Jerusalem aujourd'hui un enjeux géostratégique.

    studiodr –

    A vue d’esprit – Publié le 03 juillet 2015
  • Intervenants de la série

    Dositheos Anagnostopoulos, Révérend Protopresbyter, responsable de presse du Patriarcat œcuménique de Constantinople.

    Martin Aurell, historien médiéviste, Professeur à l’Université de Poitiers (Centre d’Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale).

    Ahmed Benani, politologue et anthropologue.

    Jean-Claude Cheynet, Professeur d’histoire byzantine à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), directeur de l’Institut des études byzantines au Collège de France.

    Georges Corm, sociologue et historien, Professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.

    Jocelyne Dakhlia, historienne et anthropologue, Directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris (EHESS), spécialiste de l’histoire du monde musulman et de la Méditerranée.

    Giorgio Del Zanna, Professeur à Université catholique de Milan, « Histoire contemporaine et histoire de l’Europe orientale », spécialiste de l’Empire ottoman au XIXe et XXe siècle et des communautés chrétiennes d’Orient.

    Simon Dorso, historien et archéologue médiéviste, doctorant au Centre de recherche français à Jérusalem.

    Simon Epstein, économiste et historien, Professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, directeur du Centre international de recherche sur l’antisémitisme.

    Sonia Fellous, historienne, spécialiste de l’identité judéo-chrétienne de l’Europe, chargée de recherche au CNRS.

    Vincent Gellot, historien, auteur d’un voyage de 60’000 km entre 2012 et 2014 à la rencontre des minorités chrétiennes d’Orient.

    Michel Grandjean, Professeur d’Histoire du christianisme à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, spécialiste de l’époque médiévale.

    Gwenolé Jeusset, frère franciscain français établi à Istanbul, spécialisé dans le dialogue avec l’islam.

    Henry Laurens, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Histoire contemporaine du monde arabe.

    Vincent Lemire, Maître de conférence à l’Université Paris-Est / Marne-la-Vallée, chercheur associé au Centre de recherche français à Jérusalem (CRFJ), spécialiste de l’histoire de Jérusalem 19e-21e siècles.

    Julien Loiseau, historien, spécialiste de l’histoire du Proche-Orient au Moyen Age, Directeur du Centre de recherche français à Jérusalem.

    Emmanuelle Pujeau, Docteur en histoire moderne, spécialiste de l’histoire des idées.

    Bythia Rozen-Goldberg, guide francophone en Israël.

    John Tolan, historien, spécialiste des contacts culturels et religieux entre mondes arabe et latin au Moyen Age, Professeur à l’Université de Nantes.

    Rinaldo Tomaselli, historien autodidacte installé à Istanbul et animateur de voyages insolites.

    Aline Schlaepfer, docteure en Études arabes de l’Université de Genève, où elle enseigne l’histoire des nationalismes au Proche-Orient arabe.

    André Vauchez, historien, spécialiste de la spiritualité médiévale, ancien Directeur de l’École française de Rome.

    Abbès Zouache, historien médiéviste de l’Orient musulman, Université Lumière Lyon, CNRS.

  • Bibliographie

    • Aurell Martin, Des chrétiens contre les croisades (XIIe-XIIIe siècle), Paris : Fayard, 2013.
    • Cheynet Jean-Claude, Histoire de Byzance. 1. L’État et la société, Paris : PUF, Que sais-je ?, 2005.
    • Cheynet Jean-Claude (dir.), Le Monde byzantin. II L’Empire byzantin (641-1204), Paris : PUF, Nouvelle Clio, 2006.
    • Corm Georges, Pour une lecture profane des conflits : sur le « retour du religieux » dans les conflits contemporains du Moyen-Orient, Paris : La Découverte, coll. « Cahiers libres »,‎ 2012.
    • Corm Georges, Pensée et politique dans le monde arabe : contextes historiques et problématiques, XIXe-XXIe siècle, Paris : La Découverte,‎ 2015.
    • Dakhlia Jocelyne et Vincent Bernard, Les musulmans dans l’histoire de l’Europe, Tome I et II, Paris : Albin Michel, 2011 et 2013.
    • Del Zanna Giorgio, I cristiani e il Medio Oriente (1798 – 1924), Bologna : Il Mulino, 2011.
    • Demurger Alain, Croisades et croisés au Moyen Age, Paris : Flammarion, 2006.
    • Epstein Simon, Histoire du peuple juif au XXe siècle de 1914 à nos jours, Paris : Pluriel, 2000.
    • Laurens Henri, La Question de Palestine : Tome 5, Paris : Fayard, à paraître en août 2015.
    • Laurens Henry, Tolan John et Veinstein Gilles, L’Europe et l’islam : quinze siècles d’histoire, Paris : Éditions Odile Jacob, 2009.
    • Lemire Vincent, Jérusalem 1900. La ville sainte à l’âge des possibles, Paris : Armand Colin, 2013.
    • Loiseau Julien, Les Mamelouks (XIIIe-XVIe siècle) – Une expérience du pouvoir dans l’islam médiéval, Paris : Le Seuil, L’Univers historique, 2014.
    • Maalouf Amin, Les croisades vues par les Arabes, Paris : J’ai lu, 2003.
    • Poliakov Léon, Histoire de l’antisémitisme, Paris : Le Seuil, 1991.
    • Pujeau Emmanuelles, L’Europe et les Turcs, la croisade de l’humaniste Paolo Giovo, Toulouse : Presses universitaires du midi, 2015.
    • Tolan John, Les Sarrasins, L’islam dans l’imagination européenne au Moyen-Age, Paris : Aubier, coll. Historique, 2003.
    • Tolan John, L’Europe latine et le monde arabe au Moyen-Age, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009.
    • Vauchez André, Chrétiens et musulmans face à face. In : Le Monde de la Bible – La Méditerranée des croisades, vol.144, Paris : Bayard-Presse, 2002.
    • Vauchez André, La spiritualité du Moyen Âge occidental VIIIe ‑ XIIIe siècle, Paris : Presses universitaires de France, 1975.
    • Zouache Abbès, Armées et combats en Syrie de 491/1098 à 569/1174, analyse comparée des chroniques médiévales latines et arabes, Damas : Institut français du Proche Orient, 2008.
  • Carte des croisades

    Cette carte interactive présente les différentes croisades successives et indique les populations en présence aux époques concernées.

    En haut à droite, un menu permet une navigation temporelle.

    Retrouvez l’article sur le site de la

Lumière sur le Moyen Âge (3/4) Le rayonnement d’Averroès

SAVOIRS
LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth et Anastasia Colosimo

Averroès est un penseur arabe andalou du XIIème siècle héritier de la philosophie latine et dont l’influence est grande au Moyen Âge malgré des critiques de son temps et plus tard. Qu’a-t-il transmis dans l’histoire philosophique ?

 

Emission présentée par Anastasia Colosimo

Ibn Rochd de Cordoue est connu en Occident sous son nom latinisé d’Averroès.
Né à Cordoue en Espagne en 1126, il est initié très tôt par son père à la jurisprudence et à la théologie. Par la suite, il étudie la philosophie, la médecine, l’astrologie, la physique et les mathématiques.
Il consacre sa vie et son oeuvre à celle du philosophe grec Aristote. La pensée qu’il construit entraîne des débats houleux au sein du monde chrétien, il trouve autant de disciples que de fervents opposants.
Qui était-il et quelle est donc la portée de sa pensée dans l’histoire de la philosophie ?

RETROUVEZ L’EMISSION SUR LE SITE DE FRANCE CULTURE     

L’Arabo-irano-musulman, nouveau « méchant » d’Hollywood

Alors que le président Donald Trump est sorti de l’accord sur le nucléaire iranien, Hollywood s’emploie depuis des années à construire l’image d’un nouvel ennemi qui remplace le méchant communiste : l’Arabo-irano-musulman, un terroriste en puissance. Il arrive toutefois que quelques films échappent à la caricature.

Il ne faut jamais sous-estimer l’ignorance qui irrigue parfois les films et les séries américaines sur le monde arabe et musulman. Dans l’épisode de Homeland sur la Syrie, tourné en Afrique du Sud, les acteurs arabes locaux engagés pour faire les terroristes et sécréter de la haine devaient aussi écrire des graffitis antiaméricains dans le camp de réfugiés. Selon le Guardianbritannique qui rapporte l’histoire, les artistes ont d’abord songé à décliner la proposition, « jusqu’à ce que nous réalisions que nous pouvions faire passer notre désaccord avec la série ». Ainsi, l’héroïne Carrie passe devant des graffitis en arabe qui proclament : « Homeland est raciste », « Homeland n’est pas une série », « Ne faites pas confiance à cette histoire », « Ce programme ne reflète pas la vision des artistes ». Ce fut un immense éclat de rire dans les pays arabes. Personne ne savait lire l’arabe dans l’équipe de tournage !

LE « BAD GUY » ET LA FEMME BLANCHE

Jack Shaheen, de l’université du Sud-Illinois a étudié les « mythes d’Arabland » dans un documentaire et un livre, Reel Bad Arabs : How Hollywood Vilifies a People (Interlink books, 2009) depuis les débuts du cinéma. Selon lui, seuls les Indiens auraient été plus maltraités à l’écran. L’Arabe est devenu un raccourci du bad guy,longtemps après que l’industrie du cinéma a eu accepté de modifier la représentation d’autres groupes minoritaires. Dans les quelque 300 films aux personnages musulmans (Arabes ou Iraniens) étudiés, on retrouve la même proportion de « navets » que pour les westerns, faisant d’eux l’ennemi public n° 1, brutal, refusant la civilisation occidentale qu’il entend détruire par la terreur.

L’Arabe des films historiques vit dans le désert avec son harem et ses femmes qui dansent la danse du ventre en voilages légers. Le chef est ventripotent, le vizir est un traitre parfaitement caricaturé dans Aladdin de Walt Disney. La fille du sultan est toujours jouée par une actrice blanche « orientalisée ». Le stéréotype du « cheik » (personnalisé par Rudolph Valentino en 1921 dans le film éponyme, puis dans Le fils du cheik en 1926) est directement inspiré de l’orientalisme pictural et romanesque européen. Dans le film musical Harum Scarum, (C’est la fête au harem, 1965), Elvis Presley sauve la vie d’un émir qui lui fait cadeau d’un harem. Mais Elvis reste fidèle à sa fiancée au pays.

Les Mille et une nuits ont inspiré au moins une dizaine de films. Dans Aladdin de Disney (1992), le premier couplet de la chanson du film (en anglais) annonce qu’on est dans un pays où « on torture et coupe la main des voleurs ». L’Arabe, bandit de grand chemin, attaque les caravanes comme les Indiens dans les westerns, vit dans une oasis et recherche toujours une femme blanche, comme dans Le Diamant du Nil (1985), ou dans Never say Never again (Jamais plus jamais, 1983) avec la mise aux enchères de Kim Basinger au profit de lubriques Arabes.

La crise de 1973 et la hausse brutale des prix du pétrole traumatisent la société américaine en profondeur. Avec le film Network (Main basse sur la télévision (1976), le personnage (nouveau) de l’émir du Golfe richissime, idiot et cupide achète toute l’Amérique. Dans une des scènes, le présentateur de télévision appelle les Américains à crier leur haine à leurs fenêtres, rappelant les discours hitlériens de dénonciation des juifs lors de la Nuit de cristal1.

LA FIGURE DU TERRORISTE POST 11-SEPTEMBRE

Les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington constituent un choc analogue à l’attaque de la flotte de guerre américaine par les Japonais à Pearl Harbor le 7 décembre 1941, et le musulman prend largement la tête du classement des méchants. Le créneau, déjà bien fourni avant cette date — avec Under Siege (1986) Wanted : dead or alive (1987) True Lies(1994) —, trouve un nouveau souffle avec la série Homeland(2011), ou les films World War Z (2013) Teenage Mutant Ninja Turtles (2014) et American Sniper (2014). Les feuilletons télévisés Sleeper Cell ou Homeland traitent le cas des cellules islamistes dormantes, alimentant de façon hebdomadaire la peur de l’ennemi caché. Dans la série Generation kill (2008) sur une section de marines en Irak en 2003 (un site lui est consacré), il n’y a aucun héros irakien. Aucun personnage irakien positif non plus dans le film American Sniper, histoire du sniper américain Chris Kyle, alors que sur Internet circulaient les exploits du sniper irakien « Juba », beaucoup moins photogénique.

L’American-Arab Anti-Discrimination Committee jugeant ces présentations insultantes et injurieuses, déclarait : « Chaque fois qu’un Arabe accomplit le rituel de se laver les mains avant la prière, cette image annonce au spectateur qu’il va y avoir de la violence. » Quelquefois, ces protestations aboutissent, mais c’est rare. The sum of all fears (La somme de toutes les peurs, 2002) tiré d’un roman de Tom Clancy imaginait un attentat de terroristes arabo-islamistes durant le Super Bowl2. On est alors dans l’immédiat après 11-Septembre et George W. Bush tient à se démarquer de l’idée d’une guerre religieuse contre l’islam. Devant la protestation du Council on American-Islamic relations, les terroristes arabes sont transformés en néonazis européens.

Mais c’est l’exception. L’Arabo-irano-terroriste sert à mettre du piment dans des scénarios qui s’essoufflent. Dans Back to the Future 1 (Retour vers le futur 1, 1985), un terroriste libyen mitraille le savant sans qu’on sache très bien quel est le rapport avec l’histoire. Dans Prison Break, saison 2, 15e épisode, l’agent Kim exige d’étouffer une affaire : « Allumez un feu de forêt en Floride ou n’importe quoi (…) ou trouvez un entrepôt plein d’Arabes »3.

TOUS LES MÉCHANTS UNIS DANS LEUR HAINE DES ÉTATS-UNIS

Le terroriste est un maniaque au regard fou, mais un peu idiot : dans Retour vers le futur 1, sa mitraillette s’enraye et sa camionnette refuse de démarrer ; dans True lies il se fait subtiliser par une jeune fille la clé du détonateur nucléaire. Mais caché dans les étages d’un gratte-ciel, il ne peut rien contre le calme froid d’Arnold Schwarzenegger aux commandes de son avion à décollage vertical (probablement stationné au pied de l’immeuble). Le sommet du délire est atteint dans Rules of engagement (L’enfer du devoir, 2000). Le colonel Terry Childers est appelé pour évacuer l’ambassade américaine au Yémen face à une foule armée et incontrôlable. Il ordonne d’ouvrir le feu et tue une petite fille unijambiste. Devant un tribunal militaire, abandonné de tous, il est défendu par le colonel Hodges qui va démontrer qu’il y avait légitime défense : même la petite fille unijambiste de 10 ans tirait au pistolet sur les GI.

Dès lors le Proche-Orient devient un melting-pot dans lequel tous les méchants collaborent. Homeland montre un camp du Hezbollah chiite, plein de réfugiés syriens venus de la région sunnite de Rakka. Un Syrien sunnite fuyant les bombes du régime de Bachar Al-Assad se réfugie dans une zone contrôlée par le Hezbollah chiite dirigé par un cheikh sunnite ! La série américaine Army Wives (2007) imagine une petite orpheline irakienne accueillie dans une famille, qui reconnait « que les Américains ne veulent pas de mal au peuple irakien »,contrairement à ce que racontent des gens dans son pays, et elle apprend à faire la cuisine (américaine).

En revanche, pas un mot ni un film contre l’Arabie saoudite, excepté The Kingdom (Le Royaume, 2007) évoquant l’attaque terroriste sur le compound (camp) d’Al-Khobar en 1996. Le film suit l’enquête d’un membre du FBI sur l’attentat qui tua 19 soldats américains. Il a été censuré par le Koweït et Bahreïn, mais pas par Riyad car le collaborateur saoudien n’a pas le mauvais rôle. Le scénario sous-entend la responsabilité du Hezbollah chiite pour ne pas accuser Al-Qaida. William Perry, secrétaire américain à la défense, avoua pourtant dans une entrevue accordée en 2007 : « Je pense désormais Al-Qaida plutôt que l’Iran responsable de l’attentat de 1996 visant la base américaine. » Le ministre de l’intérieur saoudien de l’époque confirmera ses dires, mais cela ne convenait pas aux scénaristes d’Hollywood.

DES FILMS INTERDITS OU CENSURÉS

Cette obsession hollywoodienne génère des effets en retour. Pour la population arabe, tout film critiquant le monde arabe est hollywoodien, comme le très mauvais film d’amateur Innocence of Muslims (L’innocence des musulmans, 2012), diffusé sur YouTube, qui présente les musulmans et le Prophète comme immoraux et brutaux. Les manifestations antiaméricaines ont fait quatre morts en Tunisie, quatre en Libye, deux au Soudan et un au Liban. Des dignitaires religieux eux-mêmes en rajoutent. Khaled Al-Maghrabi, de la mosquée Al-Aqsa du Caire — emprisonné dans le passé pour ses discours racistes — affirme dans un sermon de 2017 que la série Les Simpsons, « création des adeptes du Diable qui complote depuis 17 ans » avait annoncé l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, et les attentats du 11-Septembre.

La liste des films hollywoodiens interdits dans certains pays musulmans est sans surprise : Not Without My Daughter(Jamais sans ma fille) en Iran The Matrix Reloaded, interdit en Egypte parce qu’il remet en question le dogme de la création divine de l’univers Alexander (2004), interdit en Iran à cause de la relation homosexuelle du héros avec Hephaistion, le président Mahmoud Ahmadinejad ayant affirmé que de telles déviations sexuelles n’existaient pas dans son pays. Dans 300 (2007) et sa suite 300 2 (La naissance d’un empire, 2014) sur les batailles de Marathon et de Salamine, Darius — toujours en maillot de bain — ressemble à un punk américain drogué couvert de tatouages et de piercings. Les Perses sont des barbares incultes et agressifs. Thémistocle, le super héros qui doit rester au centre de l’écran ne peut pas être mélangé avec la formation serrée et disciplinée d’hoplites qui seule permit la victoire, (mise en scène oblige). En somme le film décrit les Perses comme Ahmadinejad décrit les juifs et les Américains aujourd’hui. Body of Lies (Mensonges d’État, 2008) reprend la thèse de la complicité de l’Iran avec les leaders d’Al-Qaida, mais aussi avec le trafic de drogue.

Au bout du centième épisode de la septième saison de Homeland(une huitième est en préparation), nous aurons fait le tour complet du Proche-Orient : l’Irak et l’Afghanistan, puis le Liban et la bande de Gaza, le Yémen, l’Iran et enfin la Syrie, sans oublier une pincée de Venezuela et, pour la septième saison, la Russie (toujours rien sur l’Arabie saoudite). Les organisations terroristes collaborent entre elles, quelles que soient leurs divergences : Al-Qaida, Hezbollah libanais, talibans, services pakistanais et organisation de l’État islamique (OEI) s’entendent très bien à Beyrouth, ville de miliciens et de femmes voilées. Pour mémoire, Homeland est l’adaptation de la série israélienne Hatufim qui raconte la même histoire. Une version russe est en cours qui sera certainement considérée comme de la propagande par les pays occidentaux4.

Enfin, les Palestiniens peuvent cacher des zombies. Dans World War Z (2013), le héros à la recherche de l’endroit sûr pour éviter les morts-vivants se réfugie à Jérusalem sur le conseil des militaires. Le territoire a été préservé de l’invasion par le mur de séparation de 6 mètres de haut et 700 kilomètres de long, érigé par les Israéliens contre les Palestiniens. C’est ce qu’on appelle un mur à double usage : contre les Palestiniens et les zombies. Dans Delta Force (1986), l’organisation mondiale New revolutionaries se réclamant de l’ayatollah Khomeini détourne un avion finalement libéré par le commando, non sans que Chuck Norris n’ait affronté le chef du commando en combat singulier. À bord, les commandos trinquent avec les otages libérés dans une étonnante interprétation de l’hymne America The Beautifulvantant le multiculturalisme et le patriotisme. On n’a pas souvenir d’un détournement d’avion commis par des militants khomeinistes, mais est-ce si grave ?

Dans Zero Dark Thirty (2012) qui raconte la traque d’Oussama Ben Laden, le film s’attarde longuement sur des séances de torture conduites par la CIA. Est-ce que celles-ci ont aidé la CIA à trouver la cachette de Ben Laden au Pakistan ? Le film n’est pas explicite à ce sujet.. Le président George W. Bush a validé juridiquement la torture en demandant à d’éminents juristes trois memorandum exploitant les limites des Conventions de Genève afin de priver « légalement » les prisonniers de la protection du droit international. Lors de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture en juin 2003, Bush n’en affirme pas moins que les États-Unis « se consacrent à l’élimination mondiale de la torture et qu’[ils] sont à la tête de ce combat en montrant l’exemple ».

LE POIDS DE LA GUERRE D’IRAK

Mais les choses changent là où on ne les attend pas, obligeant Hollywood à commencer à réfléchir. Les soldats sont devenus des cinéastes et ils ont vécu les horreurs de la prison d’Abou Ghraib, le massacre de Mahmoudiya en 2006, les vidéos de cadavres brûlés… « Pour le Vietnam, il a fallu attendre plus de dix ans entre le climax 1965-1968 et Apocalypse now (1979) ou Voyage au bout de l’enfer (1978) « aujourd’hui l’information s’accélère, il faut réagir plus vite », explique le réalisateur Paul Greengrass. Maintenant les films sortent alors que la guerre se poursuit.

Face à la difficulté de critiquer la politique officielle, les scénaristes privilégient toujours le thème fréquent du cinéma de guerre post-Vietnam, à savoir le traumatisme du combattant ou l’impossible retour au pays, mais restent muets sur le vécu des Irakiens ou des Afghans. Le film The Hurt Locker (Démineurs,2008) raconte le quotidien d’une équipe de déminage, avec sa dose d’adrénaline, mais le film évite le questionnement sur le bien-fondé du conflit et ses conséquences sur la population locale. L’invisibilité de l’ennemi sert à la fois à le rendre plus dangereux et à lui retirer son droit à la parole, voire à le déshumaniser. In the Valley of Elah (Dans la vallée d’Elah, 2007), le sujet reste les graves troubles psychologiques dont est victime le héros déserteur qui avait renversé un enfant avec un véhicule militaire.

Dans Redacted (2007), Brian de Palma choisit le mode documentaire pour évoquer des événements réels de la guerre en Irak, comme le viol d’une fillette de 14 ans par les marinesaméricains ou les attentats-suicides aux points de contrôle, s’inspirant des vidéos postées sur Internet par les soldats. Mais le film n’est sorti que dans 15 salles et il lui a été reproché de faire de la propagande antiaméricaine. Battle for Haditha (2007) est inspiré d’un attentat contre un convoi de marines en Irak qui causera en représailles la mort de 24 innocents en novembre 2005. Good Kill (2014) traite de la guerre moderne, celle qui se joue à coup de bombes lâchées par des drones pilotés par des soldats qui ne quittent pas le sol américain à travers un militaire antihéros dépressif. Il accuse les États-Unis d’attiser la haine et de fabriquer des terroristes.

Les films de pure propagande deviennent plus rares, mais le panel arabo-musulman reste suffisamment large et fourni pour que les scénaristes conçoivent encore quelques dizaines de films, de séries télévisées pendant une petite décennie avant que le filon ne s’épuise. Du moins l’espère-t-on.

PIERRE CONESA

1NDLR. Nom donné au pogrom contre les juifs qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 dans toute l’Allemagne.

2NDLR. Finale du championnat de football américain.

3Cité par François Jost dans De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?, CNRS éditions, 2011 ; p. 54.

4Francesca Fattori (dir.), « Séries télévisées. Paix et guerre sur le petit écran », Carto n° 33, janvier-février 2016.

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