Institut des cultures arabes et méditerranéennes  (ICAM)
  • ACCUEIL
  • AGENDA
    • TOUT L’AGENDA
    • CONFÉRENCES
    • LITTÉRATURE
    • MUSIQUE
    • EXPOSITIONS
    • ART CULINAIRE
    • ARCHIVES
  • GALERIE D’ART
    • LA GALERIE
    • ARTISTES
  • LIBRAIRIE
    • LIVRES
    • PRESSE ARABE -ARAB MEDIAS – الصحف العربية ‎
    • ACTUALITES
  • ESPACE CAFE
  • QUI SOMMES NOUS ?
    • L’ICAM
    • LE COMITÉ
    • NOS SOUTIENS
    • NOS ACTIVITÉS
    • ACCÈS ET HORAIRES
    • GOOGLE MAP
  • Rechercher
  • Menu Menu

Désintégration politique palestinienne, culture et identité nationale

dans ACTUALITÉS, Cultures arabes, Palestine/par ICAM

Désintégration politique palestinienne, culture et identité nationale

Par Jamil Hilal

Jamil Hilal, conseiller politique à Al-Shabaka, est un sociologue et écrivain indépendant palestinien. Il a publié beaucoup de livres et de nombreux articles sur la société palestinienne, le conflit arabo-israélien et des questions sur le Moyen-Orient. Il a occupé et occupe un poste de associé de recherche principal dans plusieurs institutions de recherche palestiniennes. Les publications récentes sur ses travaux traitent de la pauvreté, des partis politiques palestiniens et du système politique après Oslo. Il a publié « Where Now for Palestine: The Demise of the Two-State Solution (Z Books, 2007) [Où va maintenant la Palestine : la disparition de la solution de Deux-Etats] et, avec Ilan Pappe, « Across the Wall (I.B. Tauris, 2010) [De l’autre côté du mur].

15 mars 2016 – La scène politique palestinienne, dominée par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) depuis la fin des années 1960, est en pleine désintégration depuis que l’Autorité palestinienne (AP) a été établie en vertu des Accords d’Oslo. Quel fut l’impact de la suprématie de l’OLP et quelles furent les répercussions de sa désintégration pour le corps politique palestinien ? Et dans quelle mesure la désintégration du champ politique a-t-elle affecté le champ culturel et sa contribution à l’identité nationale palestinienne ? Telles sont les questions abordées dans cette analyse (1).

5 keffieh khalil

Dans les rues d’al-Khalil/Hébron, octobre 2015

 

 

 

 

 

 

 
L’hégémonie de l’OLP sur le champ politique palestinien a commencé après la bataille de Al-Karameh en 1968, qui lui a permis de nouer une relation centralisée avec les communautés palestiniennes en Palestine historique, en Jordanie, en Syrie, au Liban, dans les pays du Golfe, en Europe et dans les Amériques. Ces communautés ont globalement accepté l’OLP comme leur unique représentation légitime malgré les influences extérieures qui pesaient sur elle, y compris sa forte dépendance à l’aide étrangère, les hauts et les bas de sa relation avec le pays d’accueil et ses relations régionales et internationales. En conséquence, la situation et les caractéristiques uniques de chaque communauté furent négligées, comme leurs responsabilités nationales, sociales et organisationnelles.

De sa position dominante, l’OLP a également été en mesure de consolider la pratique d’une politique de l’élite, commune dans le monde arabe et dans le monde, mais qui n’aurait pas dû s’implanter dans la population palestinienne compte tenu de sa dispersion et de sa lutte de libération. Le fait que l’OLP ait émergé et fonctionné dans un environnement régional et international hostile à la démocratie, tant en théorie qu’en pratique, a contribué à ce développement. La région arabe a été dominée par des régimes aux idéologies nationalistes totalitaires, ainsi que des monarchies et des émirats théocratiques autoritaires ; la démocratie était considérée comme un concept occidental étranger et colonialiste. De même, l’OLP et ses factions ont formé des alliances avec des pays socialistes et des pays du Tiers Monde, dont peu jouissait de démocratie politique. La nature rentière des institutions et des factions de l’OLP et leur dépendance à l’aide et au soutien de pays arabes et socialistes non-démocratiques ont renforcé l’approche politique élitiste et non démocratique.

Une troisième caractéristique de l’hégémonie de l’OLP est que ses factions ont subi une militarisation formelle à un stade précoce, en partie à cause de ses affrontements armés avec des régimes arabes d’accueil, et en partie parce qu’elle était constamment ciblée par Israël. Cette militarisation officielle, par opposition à la guerre de guérilla, a contribué à justifier une relation extrêmement centralisée entre la direction politique et son électorat.

Entre les années 1970 et 1990, les factions et les institutions de l’OLP ont subi de nombreux chocs importants à la suite de modifications de la situation régionale et internationale. Parmi elles l’expulsion de Jordanie après les affrontements armés en 1970-1971 ; la guerre civile qui a éclaté au Liban en 1975, l’invasion israélienne en 1982, l’exode de l’OLP du pays et les massacres de Sabra et Chatila, et la guerre contre les camps palestiniens au Liban en 1985-86. La Première Intifada (soulèvement populaire) contre Israël en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza à la fin de 1987 fut aussi la période où l’islam politique a commencé à envahir la scène politique palestinienne (1988). L’effondrement de l’Union soviétique à la fin de 1989, la première Guerre du Golfe en 1990-91 et l’isolement financier et politique ultérieur de l’OLP ont fortement érodé ses alliances et ses sources de revenus.

Les répercussions de la désintégration

Pendant la Première Intifada, l’élite politique palestinienne n’a pas compris l’importance de la restructuration du mouvement national palestinien et de la reconstruction de relations entre la direction centralisée et les différentes communautés palestiniennes. En outre, l’OLP n’a pas su trouver la manière de traiter avec l’islam politique quand il est apparu sur la scène palestinienne comme une extension des Frères Musulmans, et elle n’a pas intégré le Hamas dans les organes politiques nationaux. Dans le même temps, le Hamas n’a pas réussi à se redéfinir comme un mouvement national. Le mouvement politique palestinien, qui avait auparavant été défini comme un mouvement national ou comme une révolution, a commencé à être appelé « mouvement national et islamique ».

En effet, la Première Intifada a conduit la direction politique à centraliser davantage la prise de décision : elle a signé les Accords d’Oslo sans consulter les forces politiques et sociales à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Oslo a fourni à l’OLP la rationalisation politique, organisationnelle et idéologique pour marginaliser les institutions nationales palestiniennes représentatives existantes, en utilisant l’argument qu’elle construisait le noyau d’un Etat palestinien. L’AP a été exclue de toute gestion des Palestiniens en Israël, et dès le début, elle s’est désintéressée des Palestiniens en Jordanie. Ses relations avec eux ainsi qu’avec les Palestiniens au Liban, en Syrie, dans les pays du Golfe, en Europe et en Amérique ont été largement réduites à des formalités bureaucratiques par ses ambassades et ses bureaux de représentations dans ces pays.

L’établissement de l’AP en tant qu’autorité à l’autonomie limitée sur des parties de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza n’ayant pas réussi à conduire à un Etat palestinien, les élites politiques furent privées d’un centre potentiel basé sur un Etat souverain, ce qui a accéléré la désintégration du mouvement national. La victoire du Hamas aux élections législatives en 2006 et le contrôle total sur la Bande de Gaza en 2007 ont contribué à la scission de l’autorité autonome en deux autorités, l’une restant sur des morceaux de la Cisjordanie et l’autre dans la Bande de Gaza. Les deux « autorités » sont restées sous occupation et contrôle d’un Etat colonial de peuplement qui continue de coloniser agressivement la terre et de déplacer les Palestiniens des deux côtés de la Ligne Verte.

La désintégration du champ politique national a eu plusieurs répercussions. Les institutions nationales représentatives ont disparu au profit des élites politiques locales. Les dirigeants ont tiré leur « légitimité » de leur ancien parti ou de postes d’organisation et de leur interaction diplomatique avec des pays de la région et des institutions internationales. Le discours prévalant localement et internationalement a réduit la Palestine aux territoires occupés en 1967 et le peuple palestinien à la population vivant sous occupation israélienne, marginalisant ainsi les réfugiés et les exilés, ainsi que les citoyens palestiniens d’Israël. L’appareil sécuritaire en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza a considérablement augmenté, en taille et en part du budget global. La nature rentière des autorités dans les deux zones s’est ancrée grâce à l’aide étrangère et les envois de fonds, et l’influence du capital privé dans leurs économies a augmenté.

Il y eut aussi des changements importants dans la structure sociale de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. On a ainsi constaté l’émergence d’une classe moyenne relativement importante employée dans les institutions et agences de l’AP, dans des domaines comme l’enseignement, la santé, la sécurité, les finances et l’administration, ainsi que les nouveaux secteurs des services et bancaires, et les nombreuses ONG qui ont été créées. Entretemps, l’importance de la classe ouvrière a diminué. Les inégalités entre les différents segments ont augmenté et le taux de chômage est resté élevé, en particulier chez les jeunes et les nouveaux diplômés. Une mentalité de « fonctionnaire » a gagné du terrain, remplaçant l’esprit de combattant de la liberté. Bien que le Fatah et le Hamas se définissent comme des mouvements de libération, ils se sont transformés en structures bureaucratiques hiérarchiques et sont en grande partie axés sur leur propre survie.

Les élites politiques et économiques ont étalé sans vergogne leurs privilèges et leur richesse malgré la répression de l’occupation coloniale en cours. La classe moyenne en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza sait très bien que son niveau et son mode de vie sont liés à l’existence des deux autorités autonomes. Néanmoins, une grande partie de la population continue de subir l’oppression et l’humiliation des forces militaires et des colons armés israéliens, et souffre non seulement du manque d’une vie décente et d’avenir professionnel, mais aussi de l’absence de toute solution nationale à l’horizon. Le siège draconien d’Israël et de l’Egypte reste aussi hermétique que jamais, ponctué de guerres israéliennes destructrices, et le nettoyage ethnique des Palestiniens de Jérusalem se poursuit inexorablement par les expulsions, les retraits de permis et toute une gamme d’autres tactiques.

En 1967, ces conditions ont préparé le terrain à une situation explosive dans les territoires occupés. Cependant, étant donné que l’OLP, les partis politiques, le secteur privé et la plupart des organisations de la société civile n’ont pas et ne pouvaient pas mobiliser contre l’occupation, les affrontements avec les forces d’occupation militaire d’Israël et les colons dans la « vague de colère » en cours depuis octobre 2015 sont pour la plupart restés individuels et localisés, et sans vision unifiée ni leadership national.

La désintégration du champ politique palestinien a également conduit à une montée de l’oppression et de la discrimination contre les communautés palestiniennes ailleurs en Palestine historique, comme dans la Diaspora. Les citoyens palestiniens dans la partie de Palestine qui est devenue Israël en 1948 sont confrontés à un train croissant de lois discriminatoires. Les réfugiés palestiniens en et de Syrie, au Liban, en Jordanie et ailleurs sont aussi confrontés aux discriminations et aux abus. Globalement, le statut de la cause palestinienne a connu un revers dans le monde arabe et au plan international, une situation exacerbée par les guerres intestines et externes dans quelques pays arabes.

Pourtant la culture prospère et nourrit l’identité nationale

Aujourd’hui, le peuple palestinien n’a ni Etat souverain ni mouvement de libération national qui fonctionne. Néanmoins, il existe une force considérable dans l’identité nationale palestinienne due en grande partie au rôle de la culture dans le maintien et l’enrichissement de la narration palestinienne. Le rôle de la culture dans le nourrissement de l’identité et du patriotisme palestiniens est ancien. Après la création de l’Etat israélien en 1948 et la défaite des élites politiques d’alors et du mouvement national, la minorité palestinienne en Israël a maintenu l’identité nationale par une floraison remarquable de culture – poésie, fiction, musique et films.

L’écrivain et journaliste palestinien Ghassan Kanafani a saisi cette réaction dans son ouvrage remarquable sur la littérature de résistance palestinienne (al-adab al-mukawim fi filistin al-muhtala 1948-1966) publié à Beyrouth en 1968. D’autres personnalités littéraires clés comprennent les poètes Mahmoud Darwish et Samih al Qasim, le maire et poète de Nazareth Tawfik Zayyad, et l’écrivain Emile Habibi, tant dans ses propres œuvres, comme The Pessoptimist, que dans le journal communiste qu’il a co-fondé, Al-Ittihad. Dans les années 1950 et 1960, lorsque les Israéliens ont maintenu les citoyens palestiniens sous régime militaire, la littérature, la culture et l’art ont servi à renforcer et à protéger la culture et l’identité arabes et la narration nationale palestinienne. Ces travaux furent lus dans tout le monde arabe et au-delà, et ont permis aux réfugiés et exilés palestiniens de maintenir leur identité par des liens continus avec la culture et l’identité de leur patrie.

Les « Palestiniens de 1948 », comme ils sont souvent nommés dans le discours palestinien, ont aussi joué un rôle en initiant d’autres Palestiniens et Arabes à la manière dont l’idéologie sioniste façonne la politique et les mécanismes israéliens de contrôle répressif. Beaucoup d’érudits et d’intellectuels palestiniens ont rejoint des centres de recherche palestiniens et arabes à Beyrouth, Damas et ailleurs, et ont aidé à élaborer cette connaissance.

Depuis lors, le domaine culturel a, en particulier en période de crise politique, offert davantage de possibilités que la sphère politique pour que les Palestiniens se réunissent dans des activités qui transcendent les frontières géopolitiques par les formes et genres culturels et toutes sortes de productions intellectuelles. La littérature, la musique de film et l’art continuent d’être produits – et sont même en hausse – allant d’écrivains, de réalisateurs et d’artistes de renommée mondiale d’aujourd’hui à Gaza et en Cisjordanie et parmi les Palestiniens ailleurs. Tout cela est communiqué de multiples façons, y compris par les médias sociaux, promouvant et cimentant les liens et les inter-actions intra-palestiniens et arabes à travers les frontières.

La vitalité du patriotisme palestinien est ancrée dans le récit historique palestinien et il s’appuie sur les expériences quotidiennes des communautés confrontées à la dépossession, à l’occupation, à l’expulsion et à la guerre. C’est cette vitalité qui pousse peut-être la jeunesse palestinienne, en grande partie née après les accords d’Oslo de 1993, à se confronter aux soldats et aux colons israéliens dans toutes les parties de la Palestine historique. Elle explique aussi les foules immenses qui accompagnent les processions funéraires des jeunes Palestiniens tués par des soldats et colons israéliens, et dans les participations aux collectes de fonds pour reconstruire les maisons détruites par les bulldozers israéliens comme punition collective des familles de ceux qui ont été tués dans le soulèvement actuel de la jeunesse.

Cependant, souligner l’importance et la vitalité du champ culturel ne compense pas l’absence d’un mouvement politique efficace construit sur des bases démocratiques solides. Nous devons tirer des leçons et transcender les insuffisances des institutions originelles du mouvement plutôt que de gaspiller des efforts, du temps et des ressources à restaurer un champ politique désintégré et défunt. Nous devons également aller au-delà des concepts et des pratiques dont l’expérience nous montre qu’ils ont échoué, comme le très haut degré de centralisation : la politique doit être la préoccupation de tous, de la hiérarchie à la base populaire.

Nous devons aussi préserver notre culture nationale des concepts et des approches qui asservissent l’esprit, paralysent la pensée et le libre arbitre, promeuvent l’intolérance, sanctifient l’ignorance et chérissent les mythes. Au contraire, nous devons promouvoir les valeurs de liberté, de justice et d’égalité.

Nous avons besoin d’une approche de l’action politique complètement neuve. On peut entrevoir cette approche dans le langage qui prend forme parmi les groupes de jeunes et dans les relations entre les forces politiques palestiniennes au sein de la Ligne Verte. Ce langage exprime une prise de conscience accrue de l’impossibilité de coexister avec le sionisme comme idéologie raciste et régime colonial de peuplement qui criminalise le récit historique des Palestiniens.

Au cœur de cette sensibilisation politique émergente, il est primordial d’engager les communautés palestiniennes dans le processus de discussion, de rédaction et d’adoption de politiques nationales inclusives : c’est à la fois leur droit et leur devoir. Il est également important de reconnaître le droit de chaque collectivité à déterminer sa stratégie en abordant les problèmes spécifiques auxquels elle est confrontée dans la participation à l’auto-détermination du peuple palestinien dans son ensemble.

Construire un nouveau mouvement politique ne sera pas facile étant donné les intérêts partisans croissants et la crainte des valeurs et des pratiques démocratiques. Par conséquent, il est nécessaire d’encourager les initiatives communautaires pour former des leaders locaux, avec la participation la plus large possible d’individus et d’institutions communautaires, en suivant l’exemple prometteur des Palestiniens de 1948 dans l’organisation d’un Haut Comité de Suivi des citoyens arabes en Israël pour défendre leurs droits et leurs intérêts, les Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza dans la Première Intifada. Le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) est aussi un exemple réussi de ce nouveau type de sensibilisation et organisation politique. Il rassemble diverses actions politiques, des organisations de la société civile et des syndicats derrière une vision et une stratégie unifiées.

On peut considérer cette analyse comme utopique ou idéaliste, mais nous avons un besoin impérieux d’idéalisme au milieu du chaos actuel et du sectarisme destructeur. Et nous avons une histoire riche d’activisme politique et de créativité culturelle sur laquelle nous appuyer.

(1) Cet article est extrait d’un travail de recherche que j’ai présenté lors de la conférence organisée par l’Institut d’Etudes palestinienne et le centre Mada al-Carmel, 7-9 novembre 2015, Université de Birzeit et à Nazareth.

jamilhilal
 

Source : Al Shabaka

Traduction : MR pour ISM

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2016/04/bandoism.jpg 86 960 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2016-04-17 07:57:152021-11-15 10:27:14Désintégration politique palestinienne, culture et identité nationale

Occupation, Inc. How Settlement Businesses Contribute to Israel’s Violations of Palestinian Rights

dans Non classé, Palestine/par ICAM

Summary

Almost immediately after Israel’s military occupation of the West Bank in June 1967, the Israeli government began establishing settlements in the occupied Palestinian territories. From the outset, private businesses have been involved in Israel’s settlement policies, benefiting from and contributing to them. This report details the ways in which Israeli and international businesses have helped to build, finance, service, and market settlement communities. In many cases, businesses are “settlers” themselves, drawn to settlements in part by low rents, favorable tax rates, government subsidies, and access to cheap Palestinian labor.[1]

In fact, the physical footprint of Israeli business activity in the West Bank is larger than that of residential settlements. In addition to commercial centers inside of settlements, there are approximately 20 Israeli-administered industrial zones in the West Bank covering about 1,365 hectares, and Israeli settlers oversee the cultivation of 9,300 hectares of agricultural land. In comparison, the built-up area of residential settlements covers 6,000 hectares (although their municipal borders encompass a much larger area).

Launch Map

Expand

Israeli settlements in the West Bank violate the laws of occupation. The Fourth Geneva Convention prohibits an occupying power from transferring its citizens into the territory it occupies and from transferring or displacing the population of an occupied territory within or outside the territory. The Rome Statute, the founding treaty of the International Criminal Court, establishes the court’s jurisdiction over war crimes including the crimes of transfer of parts of the civilian population of an occupying power into an occupied territory, and the forcible transfer of the population of an occupied territory. The ICC has jurisdiction over crimes committed in or from the territory of the State of Palestine, now an ICC member, beginning in June 13, 2014, the date designated by Palestine in a declaration accompanying its accession.

Israel’s confiscation of land, water, and other natural resources for the benefit of settlements and residents of Israel also violate the Hague Regulations of 1907, which prohibit an occupying power from expropriating the resources of occupied territory for its own benefit. In addition, Israel’s settlement project violates international human rights law, in particular, Israel’s discriminatory policies against Palestinians that govern virtually every aspect of life in the area of the West Bank under Israel’s exclusive control, known as Area C, and that forcibly displace Palestinians while encouraging the growth of Jewish settlements.

As documented in this report, it is Human Rights Watch’s view that by virtue of doing business in or with settlements or settlement businesses, companies contribute to one or more of these violations of international humanitarian law and human rights abuses. Settlement businesses depend on and benefit from Israel’s unlawful confiscation of Palestinian land and other resources, and facilitate the functioning and growth of settlements. Settlement-related activities also directly benefit from Israel’s discriminatory policies in planning and zoning, the allocation of land, natural resources, financial incentives, and access to utilities and infrastructure. These policies result in the forced displacement of Palestinians and place Palestinians at an enormous disadvantage in comparison with settlers. Israel’s discriminatory restrictions on Palestinians have harmed the Palestinian economy and left many Palestinians dependent on jobs in settlements—a dependency that settlement proponents then cite to justify settlement businesses.     Retrouver l’intégralité de l’article sur le site de HRW

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2016/02/hrw.jpg 168 300 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2016-02-06 12:18:122020-05-30 16:46:34Occupation, Inc. How Settlement Businesses Contribute to Israel’s Violations of Palestinian Rights

L’intellectuel Elias Sanbar et la Biblioteca Islámica d’Espagne, lauréats du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe 2015

dans ACTUALITÉS, Cultures arabes, Palestine/par ICAM

20.01.2016 – UNESCOPRESS

L’intellectuel Elias Sanbar et la Biblioteca Islámica d’Espagne, lauréats du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe 2015

L’écrivain Elias Sanbar et la Bibliothèque Islamique de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) sont les lauréats du Prix UNESCO-Sharjah 2015 pour la culture arabe. Ils ont été choisis par un jury international d’experts pour leur engagement en faveur de la diffusion de la culture arabe dans le monde. Le Prix leur sera décerné par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, au cours d’une cérémonie organisée le 14 avril au siège de l’Organisation (Salle IV).

Elias Sanbar (Haïfa, 1947) est l’un des intellectuels arabes les plus reconnus aujourd’hui. Actif dans le domaine de la littérature, du droit, de l’histoire, de la traduction, du journalisme et de la diplomatie, il contribue activement depuis 40 ans à promouvoir une meilleure compréhension de la culture arabe. En 1981, il a été l’un des fondateurs de La Revue d’études palestiniennes, une des publications les plus importantes sur la Palestine, dont il a été rédacteur en chef pendant plus de 25 ans. Sa traduction en français de l’œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich est considérée comme l’une de ses plus grandes contributions à la diffusion de la culture arabe. Il a aussi coécrit, avec Stéphane Hessel, survivant de l’Holocauste, l’ouvrage « Le rescapé et l’exilé », traduit dans de nombreuses langues. Elias Sanbar est aussi Ambassadeur, Délégué permanent de la Palestine auprès de l’UNESCO depuis 2012.Par la richesse de ses collections bibliographiques et ses services, la Biblioteca Islámica de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, dont le siège est à Madrid, est devenue une référence essentielle dans le domaine des études arabes et arabo-andalouses. Inaugurée en 1954, elle possède plus de 100 000 ouvrages. Parmi les chefs-d’œuvre de sa collection figurent notamment le Lexicon arabicum de Franciscus Raphelengius (1613), le Thesaurus linguarum Orientalium Turcicae-Arabicae-Persicae de Franciszek Mesgnien Meniński, publié entre 1680 et 1687, ou encore la Gramática arábigo-española de Francisco Cañes, publiée à Madrid en 1775.La Bibliothèque collabore activement avec plusieurs chaires universitaires de langue arabe ou de culture islamique et participe aux conférences internationales organisées par l’Association européenne des bibliothèques sur le Moyen-Orient (MELCOM). Elle favorise le dialogue interculturel en nouant des partenariats avec des associations scientifiques et éducatives du monde arabe. En outre, la Bibliothèque islamique de l’AECID apporte son soutien à d’autres bibliothèques arabes sous forme d’échanges et de formations.Créé en 1998 à l’initiative des Émirats arabes unis, le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe a pour vocation de récompenser les efforts de deux personnalités ou organisations, l’une originaire du monde arabe et l’autre d’un pays non arabe, ayant contribué de manière significative au développement, à la diffusion et à la promotion de la culture arabe dans le monde. Le Prix est doté d’un montant de 60 000 dollars réparti à égalité entre les deux lauréats.

                                                   *** *

Retrouvez cet article sur le site de l’Unesco

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2016/01/unesco.gif 110 135 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2016-01-30 11:13:182018-09-09 20:55:25L’intellectuel Elias Sanbar et la Biblioteca Islámica d’Espagne, lauréats du Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe 2015

Le roman arabe entre despotisme et violences – L’Orient Littéraire / Beyrouth

dans ACTUALITÉS, Liban, LIBRAIRIE, LIVRES, Non classé, Palestine/par ICAM
Le roman arabe entre despotisme et violences

Le roman libanais refait parler de lui avec l’attribution à Hassan Daoud du prix Naguib Mahfouz, décerné par l’Université américaine du Caire, et la parution, à l’occasion du Salon du livre arabe de Beyrouth, d’un bon nombre de romans signés par des vétérans du genre comme Élias Khoury, Rachid el-Daïf, Imane Humaydane ou Abbas Beydoun, sans oublier le Syrien Khaled Khalifa. L’actualité, entre despotisme et violences, y pèse de tout son poids.

Par Tarek Abi Samra
2016 – 01

Raconter l’indescriptible

 

Avec La Porte du soleil paru en 1998, Élias Khoury avait écrit l’épopée des Palestiniens du Liban : l’exode de 1948, l’installation dans des camps de réfugiés, et puis les années sanglantes de la guerre civile. Aujourd’hui, dans son nouveau roman Les Enfants du ghetto. Je m’appelle Adam (Awlad el-ghetto. Esmi Adam), Khoury ressuscite encore ce passé, mais pour le considérer sous un jour différent : plutôt que l’exode, les horreurs l’ayant immédiatement précédé ; au lieu du destin des réfugiés, celui de ceux restés en territoire ennemi.

 

Adam, narrateur éponyme du roman, est en train d’écrire sa vie mais ne sait comment s’y prendre. Son existence est si fragmentée qu’il lui est impossible d’en faire un récit un tant soit peu linéaire. Il ne peut que digresser, distordre la temporalité normale et fournir, d’un même événement, une multitude de versions, chacune étant souvent celle d’une personne différente. De plus, comme une poupée russe monstrueuse, chaque histoire relatée renferme une infinité d’autres à tel point qu’on a l’impression de pénétrer dans une machinerie gigantesque, détraquée, fabricant les récits en série. Bref, le style d’Adam est celui, bien connu, de Khoury lui-même, style serpentin parfaitement maîtrisé qu’il ne perd jamais le lecteur malgré les innombrables contorsions que celui-ci doit faire subir à son esprit.

 

Ainsi, par bribes, l’on apprend l’histoire d’Adam. Ses origines se confondent avec la Nakba, puisqu’il fut le premier nouveau-né du ghetto arabe de Lydda, établi par l’armée israélienne qui encercla de fils de fer barbelés une partie de cette ville palestinienne après avoir massacré des centaines d’habitants et expulsé des dizaines de milliers. Ceux qui y sont demeurés, les prisonniers du ghetto, vécurent leurs premiers jours au milieu de cadavres putréfiés, souffrant de faim et de soif. Les troupes israéliennes les obligèrent à creuser des fosses profondes et à y enterrer leurs morts. Enfin, après un mois de cet abominable labeur, ils leur ordonnèrent de brûler ce qui restait de cadavres ; les Palestiniens s’y employèrent, se transformant en une sorte de SonderKommando, ces juifs forcés par les nazis à se débarrasser des cadavres des victimes des chambres à gaz.

 

Après son enfance à Lydda, puis son adolescence à Haïfa, Adam quitte sa maison à l’âge de quinze ans et se forge, en quelques années, une nouvelle identité : il se présente désormais comme un juif, le fils d’un survivant du ghetto de Varsovie, et travaille comme critique de musique dans un quotidien hébreu. Une déception amoureuse le pousse à émigrer aux États-Unis où il travaille dans un restaurant de falafel. Il pense avoir réussi à bâtir une nouvelle existence, mais son passé revient le hanter. Il décide alors d’écrire sa vie.

 

Le livre que nous lisons est en effet le manuscrit d’Adam que Khoury, dans son introduction, prétend avoir acquis par hasard et qu’il décida ensuite de publier. La seconde partie du manuscrit relate les événements que nous venons de résumer. Toutefois, la première – une soixantaine de pages – est un roman avorté dans lequel Adam a tenté de raconter l’histoire du poète omeyyade Waddah al-Yaman qui garda un silence absolu lorsque le calife le tua en le jetant dans un puits. D’abord, Adam voit dans le silence du poète une métaphore du silence des Palestiniens à propos de certaines tragédies qu’ils ont subies, mais il délaisse ensuite ce projet de roman, considérant l’écriture symbolique comme impuissante à dire la vérité.

 

Toute cette architecture disloquée du roman de Khoury, son style excessivement digressif, ainsi que le jeu de miroirs entre l’auteur et le narrateur sont au service d’une question fondamentale : comment raconter des horreurs dont les victimes ont choisi le silence ? La réponse réside peut-être dans le recours à l’univers romanesque, qui permet la coexistence de récits contradictoires de même que leur prolifération à l’infini. À l’avant-dernière page, Adam dit : « Shéhérazade avait découvert que le monde des récits est le monde réel ; les récits ne sont pas un substitut à la vie, mais la vie elle-même. »

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2016/01/lorient-litteraire.gif 52 414 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2016-01-18 15:31:102016-01-18 15:33:32Le roman arabe entre despotisme et violences – L’Orient Littéraire / Beyrouth

Conflit et régression du développement : gaza pourrait devenir inhabitable d’ici à cinq ans UNCTAD/PRESS/PR/2015/026

dans ACTUALITÉS, Gaza, Israel, Palestine/par ICAM

Conflit et régression du développement : gaza pourrait devenir inhabitable d’ici à cinq ans


UNCTAD/PRESS/PR/2015/026
Genève, Suisse, (01 septembre 2015)

​Selon le nouveau  rapport de la CNUCED sur l’assistance au peuple palestinien, Gaza pourrait devenir inhabitable d’ici à 2020 si les tendances économiques actuelles persistent. Huit années de blocus économique et trois opérations militaires en six ans ont anéanti la capacité de Gaza d’exporter et de produire pour son marché intérieur, ruiné ses infrastructures déjà très affaiblies, empêché sa reconstruction et sa reprise économique. Elles ont accéléré la régression économique du Territoire palestinien occupé selon un processus qui non seulement entrave le développement mais en inverse le cours.

La CNUCED met en lumière les graves crises que connaît Gaza dans le domaine de l’eau et de l’électricité ainsi que la destruction d’infrastructures vitales pendant les opérations militaires de juillet et d’août 2014. C’est ainsi que la population de Gaza, qui compte 1,8 million d’habitants, dépend presque entièrement d’un aquifère côtier, qui est sa seule source d’eau douce et dont 95 % sont impropres à la consommation.

Selon le rapport, le montant des pertes directes (décès de personnes exclus) résultant des trois opérations militaires menées entre 2008 et 2014 représente près de trois fois celui du produit intérieur brut de Gaza. Toutefois, leur coût total risque d’être sensiblement plus élevé si l’on y ajoute les pertes économiques indirectes et les pertes de revenus futurs dus à la destruction de l’appareil productif.

Un demi-million de personnes ont été déplacées à Gaza à la suite de la dernière opération militaire qui, en détruisant ou en endommageant gravement plus de 20 000 logements, 148 écoles, 15 hôpitaux et 45 dispensaires, a causé un préjudice considérable à l’économie.

Deux cent quarante-sept usines et 300 centres commerciaux ont été entièrement ou partiellement détruits. L’unique centrale électrique de Gaza a subi de lourds dommages. Le secteur agricole, à lui seul, a enregistré des pertes d’un montant de 550 millions de dollars.

Avant même les opérations militaires des mois de juillet et août 2014, Gaza couvrait, selon les estimations, à peine 40 % de la demande d’électricité (données 2012). L’interdiction faite à l’Autorité nationale palestinienne de développer et d’exploiter les champs de gaz naturel découverts dans les années 1990 sur la côte méditerranéenne de Gaza exacerbe la crise de l’électricité et de l’énergie.

En 2014, le chômage à Gaza a atteint le taux record de 44 %. Plus de 8 femmes sur 10 étant sans emploi, le phénomène frappe surtout  les jeunes réfugiées palestiniennes. La situation économique des Palestiniens qui vivent à Gaza est pire aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Le produit intérieur brut par habitant a chuté de 30 % depuis 1994.

L’insécurité alimentaire touche 72 % des ménages, et le nombre de réfugiés palestiniens dont le sort dépend uniquement de la distribution de produits alimentaires par des organismes des Nations Unies a augmenté, passant de 72 000 en 2000 à 868 000 en mai 2015, soit la moitié de la population de Gaza.

Avant même les trois opérations militaires, le blocus économique en vigueur depuis 2007 avait déjà entraîné l’arrêt de très nombreuses activités économiques et une perte d’emplois massive. Les exportations de Gaza ont été presque entièrement interdites, les importations et les transferts d’espèces strictement réglementés et les flux de marchandises, à l’exception des biens humanitaires de première nécessité, suspendus.

Pour la CNUCED, l’appui des donateurs demeure une condition nécessaire mais non suffisante pour que la bande de Gaza puisse se redresser et se reconstruire. À moins que le blocus ne cesse, l’aide des donateurs restera vitale mais n’inversera pas le ralentissement accéléré de l’économie gazaouie et l’appauvrissement de la population.

Assistance de la CNUCED au peuple palestinien

Pendant la période considérée, la CNUCED, en coopération avec différentes parties prenantes et différents bénéficiaires, a continué ses activités en faveur de la facilitation du commerce palestinien et de la réintégration de l’économie palestinienne dans l’économie régionale et mondiale. Elle a aussi continué de réaliser des études directives sur divers aspects du développement économique palestinien et a dispensé des formations et des services consultatifs en vue de renforcer les capacités humaines et institutionnelles dans le Territoire palestinien occupé et de contribuer à son développement économique.

Au début de 2015, la CNUCED a mené à bonne fin un projet de renforcement des capacités qui visait à faciliter le commerce palestinien. Ce projet a rendu des chargeurs et des professionnels palestiniens des secteurs public et privé attentifs aux bonnes pratiques dans le domaine de la facilitation du commerce et a permis de réduire les coûts dans les chaînes d’approvisionnent.

Rapport: http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/tdb62d3_fr.pdf

Pour plus d’informations, veuillez contacter:
Unité de Communication et d’information de la CNUCED
T: +41 22 917 5828
T: +41 79 502 43 11
E: unctadpress@unctad.org
Web: unctad.org/press

 

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2015/09/logo-cnuced.jpg 92 75 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2015-09-05 10:59:152018-12-06 11:29:21Conflit et régression du développement : gaza pourrait devenir inhabitable d’ici à cinq ans UNCTAD/PRESS/PR/2015/026

Les contradictions d’une commission vérité israélienne sur la Nakba

dans ACTUALITÉS, Palestine/par ICAM

ORIENT XXI > MAGAZINE > XAVIER GUIGNARD > 26 JUIN 2014

Près de quinze ans après l’appel de l’intellectuel palestinien Edward Said à l’établissement d’un comité pour la vérité historique et la justice politique, l’association israélienne Zochrot lance les préparatifs de sa propre « commission de vérité publique ». Rendue célèbre début 2014 par le lancement de son application iNakba, qui permet de visualiser les villages palestiniens détruits en 1948, Zochrot ouvre un nouveau front dans sa lutte contre l’oubli des crimes commis en 1948 au nom d’Israël.
Réfugiés palestiniens dans la région de Tulkarem.
CICR, 1948.

Depuis l’annonce de la fin des neuf mois de négociations israélo-palestiniennes sous égide américaine, les initiatives se multiplient pour pallier l’échec des pourparlers. Devant le refus israélien de libérer le quatrième contingent de prisonniers, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a rapidement publié le 1er avril 2014 quinze demandes d’adhésion à des traités internationaux, relançant ainsi le débat d’une accession à la Cour pénale internationale pour juger des crimes de la colonisation israélienne. Tout aussi inattendue fut la signature d’un accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, qui a permis laformation d’un gouvernement d’union nationale largement composé de personnalités indépendantes.

LUTTE CONTRE L’OUBLI

C’est dans ce contexte qu’une organisation israélienne, inspirée par les précédents historiques sud-américains et la popularité de la Commission vérité et réconciliation sud-africaine, a entrepris de lancer une «  commission de vérité publique  », dont la première réunion publique aura lieu en octobre 2014. Instauré après une période de guerre civile ou de dictature, ce type de commission a, par le passé, permis dans différents pays de recueillir les milliers de témoignages de victimes que l’appareil judiciaire ne peut pas, ou ne veut pas, traiter. Quitte à faire l’impasse, dans un premier temps, sur la responsabilité pénale des criminels, elle fait parfois entendre des voix jusqu’alors inaudibles.

L’organisation à l’origine de ce projet, Zochrot («  Elles se souviennent  » en hébreu), est une figure emblématique de la lutte pour le droit au retour des réfugiés à l’intérieur d’Israël. Alors qu’Israël a voté en 2011 une loi interdisant l’accès aux fonds publics israéliens pour toute association commémorant laNakba1, Zochrot continue à tenir annuellement des conférences sur le sujet, et met à disposition des enseignants israéliens un «  kit d’éducation à la Nakba  » bien que ce mot ait étéofficiellement banni des livres scolaires en 2009 par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

Ce petit groupe de militants de gauche, basé à Tel-Aviv, a par ailleurs lancé au cours de l’été 2013 une application pour téléphone portable, iNakba, permettant de localiser sur la carte d’Israël les villages détruits par les milices juives2 en 1948 et fournir des informations relatives à l’expulsion de leurs habitants palestiniens.

Après douze ans d’existence dédiés à informer le public israélien sur la réalité des crimes commis durant leur «  guerre d’indépendance  » en 1948, Zochrot a décidé de laisser la parole aux témoins de cette époque, Israéliens et Palestiniens. L’association se réfère aux programmes de «  justice transitionnelle  »3 pour décrire le travail de sa commission. Cette dernière aura pour objectif de présenter publiquement les récits collectés en rapport avec les exactions israéliennes commises alors.

DE LA DIFFICULTÉ À RASSEMBLER DES TÉMOIGNAGES

La première audition publique se tiendra le 21 octobre prochain à Beer Sheva (Bir al-Saba’a en arabe), exactement 66 ans après l’opération Yoav qui permit aux forces israéliennes de s’emparer de cette ville, offrant un point d’accès, en plein désert du Néguev, vers Gaza et l’Égypte. Cet événement devrait, selon Debby Farber en charge de ce projet à Zochrot, constituer la première étape d’une série de «  commissions vérité publique  » que l’association compte organiser chaque année à travers Israël. Compte tenu de l’impossibilité pour les réfugiés palestiniens maintenus en exil à l’extérieur (Liban, Syrie, Jordanie) ou vivant en Palestine d’obtenir un permis pour se rendre sur le territoire israélien, l’association entend donner la parole en premier lieu aux anciens habitants de la région de Beer Sheva, qui sont restés en Israël après la destruction de leurs villages. La possession de documents israéliens (carte de résidence de Jérusalem ou citoyenneté israélienne) sera également une condition nécessaire pour les Palestiniens qui, au côté de personnalités étrangères et israéliennes, composeront le jury de la commission. Cependant, la plupart des survivants ne pourront participer, ayant à l’époque fuivers Gaza où ils demeurent aujourd’hui enfermés. Zochrot envisage donc d’obtenir de leur part un témoignage enregistré par vidéo et pense à les faire participer par visioconférence lors de la tenue publique de cette commission. L’engagement des Palestiniens en faveur du boycott de toute interaction avec des organisations israéliennes risque en l’espèce de limiter considérablement la participation de témoins résidants à Gaza ouen Cisjordanie.

L’autre difficulté que Zochrot devra surmonter pour mener à bien son projet est la collecte des témoignages d’anciens miliciens juifs ayant participé aux combats dans la région de Beer Sheva. En effet, l’ambition de cette commission est, selon ses propres termes, de constituer à l’occasion de ces rencontres publiques une mise en parallèle des récits des réfugiés palestiniens avec des combattants ayant servi dans la même zone. Cette ambition fait l’originalité de ce projet, alors que les informations sur la Nakba ne manquent pas, pour qui veut se donner la peine d’explorer le riche travail accumulé au fil des années. Que ce soit le travail des historiens palestiniens, le recueil de l’histoire orale des réfugiés ou la production des «  nouveaux historiens  » israéliens4, la réalité de cette épuration ethnique se trouve largement documentée. Mais la volonté de Zochrot butte sur un scepticisme, pour ne pas dire une opposition, des anciens miliciens quant à l’intérêt de venir témoigner dans une telle enceinte. Ainsi, Zochrot n’a pour l’instant pu recueillir que deux témoignages d’Israéliens et commence à réfléchir à d’autres solutions, comme la lecture de récits de combattants, pour présenter au moins cinq témoignages israéliens durant cette première journée.

Pour inciter ces témoins à venir parler devant la commission, Zochrot a décidé de parler des «  évènements de 1948  » à l’occasion de cette commission, en effaçant la référence à la Nakba qui renverrait à une perception uniquement palestinienne de ces «  évènements  ». S’ils espèrent ainsi ne pas décourager certains Israéliens à les rejoindre, ils prennent le risque de mettre en péril le travail qu’ils effectuent depuis des années pour imposer le terme même de «  Nakba  » au sein de la population israélienne. Néanmoins, ils entendent se servir de cette occasion pour aborder la question de l’héritage de la Nakba et ses déclinaisons contemporaines car «  la Nakba n’a pas cessé en 1948  ». Le choix du Néguev leur offre ainsi l’occasion d’inviter des associations palestiniennes comme Adalah qui viendront présenter la situation des communautés bédouines d’Israël et les politiques de «  relocalisation  » que l’État hébreu veut leur imposer, comme le plan Prawer-Begin, finalement abandonné en décembre 2013 face à la résistance des populations locales.

UNE INITIATIVE À PORTÉE LIMITÉE

Le travail de Zochrot se situe dans la lignée d’autres d’initiatives récentes israéliennes. L’exemple de la campagne de Breaking the Silence, qui recueille le témoignage de militaires ayant servi dans les territoires occupés, semble avoir inspiré ces militants pour qui l’essentiel de leur travail est «  de faire admettre la vérité, promouvoir la reconnaissance et la responsabilité (israélienne) pour faciliter un processus historique de justice et de paix  ». Cet attachement à inscrire ce travail dans la société israélienne se retrouve dans un autre projet exposé en octobre 2012, qui fut à l’origine de cette commission, lancé par l’historien Ilan Pappe et le réalisateur Eyal Sivan. A common archive, Palestine 1948 a rassemblé les témoignages de plus de trente combattants juifs, ainsi que des archives vidéos, présentés dans le cadre d’une exposition aux côtés de témoignages de réfugiés palestiniens. On retrouve la même volonté de sensibiliser l’opinion israélienne dans la commission Zochrot qui est, pour ces organisateurs, l’occasion de «  créer un débat public et obtenir plus de soutien auprès des Israéliens dans ce combat mené depuis des années  ».

Également persuadés de la nécessité de porter à la connaissance du public la réalité de la colonisation israélienne, un collectif d’intellectuels avait, dès 2009, procédé à la création du Tribunal Russel pour la Palestine5. À l’époque, les membres de ce tribunal avaient dénoncé la relative indifférence qui entourait leur travail, notamment en Israël. Néanmoins, pour Debby Farber, ce risque n’est pas à craindre dans le cas de la commission Zochrot. Elle assure qu’en dépit de leurs moyens limités, leur statut de«  cible favorite des organisations sionistes israéliennes  » leur garantira une couverture médiatique plus importante, ne serait-ce que pour dénoncer cette initiative.

En spécifiant «  ne pas être un tribunal, mais un forum informel  » — contrairement à ce qui s’est produit dans d’autres pays où le recueil de témoignages a pu servir à l’établissement de procédures judiciaires adéquates — Zochrot court le risque de ne rencontrer que peu d’écho auprès des Palestiniens. Alors que ces derniers espèrent poursuivre les plus hauts responsables israéliens devant les tribunaux internationaux, les objectifs affichés par l’association israélienne ne semblent pas être en mesure d’appuyer leurs demandes. De plus, la commission se tiendra sans soutien étatique, conséquence de la volonté de s’établir en dépit de tout accord politique préalable. Ses défenseurs avancent que c’est l’occasion d’inventer une«  nouvelle forme de justice transitionnelle, durant le conflit  »,faisant mine d’ignorer qu’historiquement ces «  tribunaux des larmes  » sont avant tout des outils du politique pour décréter la paix civile après une période de conflit interne ou de crimes de masse.

L’initiative de Zochrot témoigne de la détermination à ne pas laisser la réalité de la Nakba ignorée par le public israélien. Cependant, l’absence de soutien, tant du côté palestinien que d’instances publiques et la marginalité de ce type d’initiative au sein de la population israélienne risque de confiner cette «  commission vérité publique  » à une audience relativement réduite et déjà convaincue.

XAVIER GUIGNARD

1Signifiant «  catastrophe  » en arabe, ce mot renvoie dans l’historiographie palestinienne à la destruction de centaines de villages et l’expulsion de plus de 700 000 réfugiés qui n’ont jamais pu revenir sur leurs terres. Sa commémoration, chaque 15 mai, donne lieu à des manifestations dans les camps de réfugiés et dans les territoires palestiniens, violemment réprimés par les forces israéliennes. En 2014, deux adolescents palestiniens ont été abattus aux environs de la prison d’Ofer lors de ces commémorations.

2On parle ici de «  milices  » et de «  miliciens  » juifs puisque l’armée est, à la naissance d’Israël, composée des milices juives actives durant la période du mandat britannique. C’est également le terme retenu par Zochrot.

3Plébiscité par de nombreux activistes et intellectuels depuis une vingtaine d’années, ce terme regroupe l’ensemble des programmes mis en place en sortie de conflit pour tenter de répondre à des demandes diverses : écriture de l’histoire immédiate, révélation de l’ampleur des crimes commis et réparation. Les commissions vérité et réconciliation, celle instaurée après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud par exemple, en sont les principaux outils.

4Ce terme désigne les historiens qui, à l’instar de Benny Morris, Ilan Pappé ou Avi Shlaïm, pour ne citer que les plus connus, ont bouleversé l’historiographie israélienne à partir d’un travail sur les archives israéliennes et britanniques. Ils ont abouti à une remise en cause des mythes fondateurs du sionisme, en particulier ceux attachés à la création d’Israël et à la négation de la Nakba.

5Instauré en 2009, sur le modèle du tribunal d’opinion conduit par Jean-Paul Sartre et Bertrand Russel pour juger des crimes de guerre américains au Vietnam, ce tribunal a rendu des conclusions sans appel en 2013. Il était composé, notamment, de Stéphane Hessel, Leila Shahid, Raymond et Lucie Aubrac, Gisèle Halimi, Aminata Traoré, Angela Davis, Boutros Boutros-Ghali, Etienne Balibar, Judith Butler, Noam Chomsky, Norman Finkelstein, Eric Rouleau, Naomi Klein, Ilan Pappe ou Mohammed Bedjaoui.

XAVIER GUIGNARD

Doctorant en science politique à l’université Paris 1 et associé à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), il enseigne à Al-Quds Bard Honors College (Abu Dis). Ses recherches portent sur le « marché de la paix » en Palestine.
https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2015/08/orientxxi.png 31 207 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2015-08-28 14:39:322021-06-23 10:27:48Les contradictions d’une commission vérité israélienne sur la Nakba

Femme de tête comme de coeur, Leïla Shahid, à l’image de la Palestine

dans ACTUALITÉS, Non classé, Palestine/par ICAM
  • samedi 11 juillet 2015 15:37  Écrit par Eric Anglade
  • Retrouvez l’article sur Al Maouja

Leïla Shahid vient de quitter ses fonctions d’ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne. Après ces nombreuses années passées à plaider et défendre la cause de son peuple, elle entame un nouveau cycle dans sa vie et consacre son premier voyage au Maroc, pays avec lequel elle a des liens profonds. De passage sur Ouarzazate en partance pour les trésors culturels de la région Sud Est du Maroc, elle a accepté de prendre le temps du dialogue avec l’équipe d’almaouja.com pour nous dessiner son parcours de vie et nous faire partager ses vues sur les bouleversements actuels qui traversent notre monde. Fidèle à elle-même, Leïla Shahid nous délivre un message de responsabilité où la reconnaissance de la gravité de l’état du monde n’empêche pas d’assumer l’espoir du mieux, et d’encore travailler à son avènement.

Almaouja.com – Pourriez-vous nous décrire les grandes étapes de votre vie ?

Leïla Shahid – La vie est faite comme les saisons de la nature, par des cycles. Je suis née un année après la Nakba, en 1949 donc, au Liban et en exil, de parents originaires de la Palestine mais partis tous deux assez tôt ; mon père pour faire ses études, notamment de médecine, et ma mère, née à Jérusalem, venant d’une famille militante qui s’est confrontée dès 1936 aux britanniques alors en charge de la Palestine, et qui s’est trouvée déplacée à Beyrouth.

Le premier cycle de ma vie aura été la découverte que j’appartenais à un peuple qui existait sans patrie. Ce fut pour moi la découverte de l’injustice envers la Palestine accompagnée des sanglots de ma mère, femme très positive et à qui je ressemble mais qui a vécu douloureusement ce sentiment d’arrachement.

Cette première partie va jusqu’en 1967, année où je devais passer mon baccalauréat mais où les épreuves ont été annulées alors que le 5 juin la guerre commençait. Je me souviens encore faire la fête avec mes amis avec ce sentiment de liberté retrouvée qui nous traversait. Et quand nous voyons en six jours quatre armées arabes se faire battre par l’armée israélienne, nous nous sommes sentis vraiment humiliés et honteux.

Cet échec n’était pas seulement celui des armées mais aussi celui des élites arabes et des partis politiques arabes. Alors à partir de cette période, je décide qu’il faut que je m’engage politiquement, et je le fais dans ce qui était à l’époque le mouvement anticolonialiste et laïque qui me correspondait le plus, sans dogmatisme et avec un vrai esprit d’ouverture, le Fatah.

Là commence le second cycle de ma vie et la première chose que je fais est d’aller travailler auprès des palestiniens dans les camps de réfugiés, camps qui étaient à cette époque interdits aux non résidents. C’est d’ailleurs là que commença la première Intifada puisqu’en 1969, dans les 15 camps de réfugiés palestiniens qui entouraient alors Beyrouth, un soulèvement organisé par l’OLP permet de mettre dehors les personnels de l’ONU et de la sécurité libanaise, et de transférer la gestion de la vie des palestiniens réfugiés à des comités populaires. Il faut se rappeler qu’à cette époque, ces camps réunissaient près de 400.000 personnes dans un pays qui comptait une population de 3 millions d’habitants.

Dans le même temps, je suis des cours de sociologie à l’université américaine de Beyrouth et j’entame une thèse de doctorat en 1972 sur le thème justement de la structure sociale des camps de réfugiés palestiniens. Mon intention était de comprendre comment une population, réfugiée depuis des dizaines d’années, puisqu’elle est partie en 1948, reste aussi unie dans son aspiration à une identité nationale et capable de faire une intifada, c’est à dire un soulèvement, comme celui auquel je venais d’assister en 1969.

Bien sur je ne pouvais pas imaginer que vingt ans après, les palestiniens se soulèveront encore mais à ce moment je voulais comprendre comment une société civile prend son sort en main. Et c’est pour cela que j’ai depuis un attachement particulier avec les sociétés civiles et leur actions au sein de milieux défavorisés. Un camp de réfugié, c’est comme un bidonville, c’est comme un quartier pauvre au Brésil, comme une favela au Chili. Ce sont des milieux sociaux marginalisés, défavorisés et humiliés, dépossédés de leur dignité. En Palestine s’ajoute certes le côté politique avec l’occupation militaire et la diaspora, mais du point de vue humain, le défi est la même.

Le Maroc, un pays où les marocains se sentent bien dans leur identité

En 1974, quand je finis ma maitrise, je décide de m’inscrire à l’Ecole Pratiques des Hautes Etudes de Paris afin de poursuivre un doctorat sur le même sujet. Et en 1977, je rencontre mon mari, le romancier marocain Mohammed Berrada. Je m’installe alors au Maroc où j’ai un véritable coup de foudre pour ce pays car je venais d’un endroit où tout le monde se faisait la guerre, palestiniens et libanais, chrétiens et musulmans, étrangers et nationaux. Là, j’arrivais dans un pays où les marocains se sentent tellement bien dans leur identité, dans cette longueur de leur histoire, dans cette mémoire qu’ils ont depuis la manière de préparer le thé jusqu’à la manière de vivre entre amazigh et arabe.

Je suis restée au Maroc jusqu’en 1989, période où le Président Arafat décide alors de nommer des femmes ambassadrices car il était émerveillé par le rôle joué par les femmes dans la lutte palestinienne, et notamment lors de la première Intifada qui commence en 1987. J’ai ainsi été nommée ambassadrice de la Palestine en Irlande, et puis en Hollande, au Danemark, à l’Unesco et enfin en France, pays que j’ai beaucoup aimé car la société civile française est celle qui comprend le mieux le monde arabe.

Fin 2005, je quitte Paris pour rejoindre Bruxelles pour représenter la Palestine auprès de l’Union européenne car je considère que la relation entre l’Europe et le monde arabe est stratégique et civilisationelle. La géographie nous montre en effet que les pays du Sud de la Méditerranée et ceux du Sud de l’Europe ont une histoire et une culture communes.

Le Maroc est comme l’alter égo de l’Europe, le frère jumeau séparé par l’eau

Almaouja.com – Justement si l’on se réfère aux années 1990 période où les responsables européens, avec Jacques Delors en tête, ont pu faire émerger au niveau politique cette réalité euro-méditerranéenne, et que l’on compare ces grands idéaux d’alors avec la situation actuelle, comment comprendre ce qui s’est passé ? Où a été selon vous le point d’achoppement qui fait qu’aujourd’hui l’on ne parle plus de cette ambition euro-méditerranéenne ?

LS – C’est à cause de la bureaucratisation du projet européen et de sa dépolitisation. Puisqu’un grand nombre de pays n’ont pas voulu d’union politique, le projet des fondateurs de l’Europe est devenu un projet technique au service du seul business. Ils ont créé l’union financière, aboli les frontières pour avoir des conditions de travail plus faciles. Et vis à vis du monde, les européens se sont montrés avant tout intéressés par l’accession aux grands marchés commerciaux, comme celui de l’Afrique ou du monde arabe, mais ils ne voulaient surtout pas avoir une position commune sur les questions politiques, pas seulement la Palestine mais aussi comme on le voit aujourd’hui sur l’Ukraine.

Le projet fondateur de l’Europe visait à construire une puissance régionale qui devait trouver sa place aux côtés de la puissance américaine et soviétique. Mais très vite les élites européennes ont contré cette orientation.

Almaouja.com – Lors d’une interview données récemment au journal Médiapart, vous avez eu des mots très forts vis à vis de l’Europe en usant du terme de lâcheté.

LS – Oui sur le Palestine, il y a eu lâcheté de la part de l’Europe. Ce n’est pas le cas sur d’autres sujets comme au Maroc où là l’Union européenne a fait le plus d’effort mais c’est parce que le Maroc est comme l’alter égo de l’Europe, le frère jumeau séparé par l’eau. Tandis que la Palestine exige que l’on soit sévère à l’égard d’Israël or les européens sont devant Israël d’une telle lâcheté ce qui fait qu’Israël détruit régulièrement tout ce que les européens investissent en Palestine. Depuis 2008, les européens investissent 1 milliard et demi d’euros chaque année. Ils ont construit un aéroport et Israël l’a bombardé, ils ont commencé à construire un port et Israël l’a bombardé. Ils ont soutenu les accords d’Oslo et Israël les ont vidés de leur contenu. Et les européens n’osent pas prendre une seule sanction contre Israël.

Almaouja.com – Comment expliquez-vous cette lâcheté ?

LS – Il y a deux raisons principales. C’est avant tout l’intervention de la question juive et donc la mémoire de la Shoah dans les processus électoraux des pays européens. Les lobbies israéliens pèsent très lourds dans toutes les élections, bien plus que le lobby non existant des populations maghrébines en Europe, comme en France ou en Belgique où leur communauté, en tant que non autochtone, est pourtant la plus importante. C’est donc l’instrumentalisation de la culpabilité vis à vis de la Shoah qui donne autant de force à Israël.

La seconde raison est la vision dépolitisée des relations avec les pays du Sud. Il faut se souvenir que le projet euro-méditerranéen initié à Barcelone en 1993 avait une vision non seulement étatique de la coopération entre tous les pays riverains du pourtour méditerranéen mais aussi qu’il impliquait les sociétés civiles. Et chaque sommet entre les gouvernements de ces pays s’accompagnait alors de rencontres entre les sociétés civiles. Des forums sociaux se tenaient en parallèle et j’ai pu moi-même y rencontrer tous les militants et acteurs citoyens de la Mauritanie jusqu’à la Turquie, dont ceux d’Israël. Ces rendez vous citoyens ont été annulés au profit de rendez vous techniques qui assurent l’établissement d’accords commerciaux et sur ce plan, les européens sont plus intéressés par Israël que par les arabes qui ne produisent pas grand chose.

Israël les intéresse beaucoup notamment dans le domaine de la pharmacologie ou des armes. C’est en effet un des leaders dans la fabrication des drones militaires et des médicaments génériques et un récent accord lui permet de vendre ses médicaments en Europe sans payer de taxes. Israël est un meilleur client, le portefeuille de ses échanges avec l’Europe étant de 30 milliards d’euros.

Le cycle du printemps arabe se poursuivra en temps voulu

Almaouja.com – Quel regard portez vous sur les « printemps arabes » qui ont traversé les sociétés de nombreux pays du Sud méditerranéen ?

LS – Ce que l’on a appelé le « printemps arabe » est pour moi une Intifada arabe. Il a perdu sa première bataille mais il faut comprendre qu’en réalité ces soulèvements relèvent d’une véritable tectonique des sociétés arabes qui ont vu là leur premiers mouvements depuis les indépendances de tous ces pays. C’est le premier vrai soulèvement où les citoyens, et les jeunes comme les femmes en premier lieu, expriment, en dehors des partis politiques ou des syndicats, leur souhait de participer à la définition de leur société. Ils disent : nous voulons être les artisans de notre avenir.

Ce mouvement n’a pas abouti du premier coup, et c’est normal. Ses acteurs n’étaient pas encore organisés ni assez expérimentés pour participer à des élections démocratiques. Il faut du temps pour organiser des élites nouvelles, pour faire émerger des partis politiques avec des programmes sérieux. Les seuls qui étaient organisés étaient alors les organisations islamistes et ils ont pris le devant de la scène mais ce n’est que temporaire.

Certes, ce premier cycle du printemps arabe a favorisé l’émergence d’un djihadisme barbare qui, s’il relève d’une pathologie, demeure directement lié à l’essor du salafisme dans le monde depuis l’émergence du wahhabisme parti d’Arabie saoudite. Cette lecture rétrograde de l’Islam s’est développée de partout, comme en France et en Europe, sans que personne n’intervienne.

Mais je reste confiante car je sais que le cycle du printemps arabe se poursuivra, en temps voulu.

Les enjeux sont humains et pas simplement commerciaux

Almaouja.com – Que faire face à cette situation ?

LS – Il faut une autocritique profonde des arabes et des musulmans. Il faut que les musulmans disent haut et fort que la version de l’Islam diffusée par les djihadistes n’est pas l’Islam. Les Etats, les élites et les citoyens doivent le dire tous les jours. Pour ma part, je le dis tout le temps car je suis de culture musulmane.

Deuxièmement, il faut que les européens fassent eux aussi leur autocritique car ils ont jadis soutenu des anciens dirigeants comme en Tunisie et en Egypte alors que maintenant ils applaudissent les révoltes arabes et appellent à la démocratisation de ces pays. Il faut qu’ils reconnaissent qu’ils n’ont rien compris à ce qui s’est passé, au même titre qu’ils ont accepté le développement du salafisme dans leurs sociétés alors que ce dernier n’est pas tombé du ciel par hasard mais qu’il a été soutenu par des pays comme l’Arabie saoudite et le Qatar, pays avec lesquels les européens font des affaires.

Les européens doivent reconnaitre que c’est avec les sociétés civiles qu’il faut travailler et qu’ils convient donc d’être à l’écoute de ces sociétés civiles des pays du Sud. La propriété du projet euro-méditerranéen doit désormais appartenir à tous, être partagée entre tous. Les enjeux sont humains et pas simplement commerciaux car ce qui nous réunit tous est avant tout d’ordre culturel.

Tout le monde est impliqué dans cette grande crise et tout le monde doit s’efforcer de trouver des solutions. Pour cela, il nous faut analyser d’où vient la violence et cette violence ayant aujourd’hui pleinement traversée les frontières, cela peut sans aucun doute aider à réveiller les esprits des européens.

Il y a au Maroc une dimension naturelle de la diversité

Almaouja.com – Le Maroc semble garder une stabilité dans ce chaos et il a peut être un rôle à jouer dans cet ensemble. Qu’en pensez vous ?

LS – Il n’y pas de garantie de stabilité mais le Maroc a certainement un rôle à jouer car ce pays a un rapport à lui-même singulier. La monarchie en place est le seul pouvoir qui a une légitimité historique de mille ans d’âge et le pays a une culture arabe qui depuis longtemps se mêle à la culture amazigh. Le Maroc a aussi une présence française qui, au delà de la dimension coloniale, a laissé une langue et une culture. Lyautey est certes un général colonisateur mais il a sauvé les vieilles villes du Maroc en interdisant qu’on y construise quoique ce soit, comme à Fès, Meknes, Rabat et Marrakech. La France a ainsi apporté un peu de la philosophie des lumières ce qui a confronté le Maroc très tôt à une modernité européenne. Il y a une amazighité, plus ancienne que l’arabité, et qui aujourd’hui, grâce au Roi Mohammed VI, a toute sa place dans le pays.

Je reviens aujourd’hui au Maroc et je vais dans le Rif, je vais à Essaouira chez les Gnaouas, je vais dans le haut Atlas chez les berbères, je vais à Tamgroute dans la bibliothèque ancienne des Naciri, et je finis à Fès, la ville des Andalous. Tout cela c’est l’identité du Maroc. Il y au Maroc une dimension naturelle de diversité et les marocains savent pourquoi ils sont marocains. Tout cela peut aider les autres pays dans la crise actuelle mais il faut aujourd’hui qu’émergent plus d’instruments de construction de la démocratie afin que les jeunes puissent être convaincus que leur avenir est au Maroc et qu’ils cessent de chercher à partir ailleurs.

Israël cherche à atomiser la société palestinienne

Almaouja.com – Je ne peux terminer cet entretien sans vous demander comment vont les palestiniens ?

LS – Mal, ils vont très mal. Les palestiniens ont vraiment cru qu’avec Oslo, ils avaient arraché la reconnaissance mutuelle et la solution des deux Etats. Le plus important est certes que ces accords d’Oslo ont ramené les palestiniens en Palestine mais nous avons vraiment cru que nous irions plus loin.

Yasser Arafat avait réussi à convaincre son peuple de ne revendiquer que 22 % de la Palestine historique pour ainsi avoir un Etat dans la Cisjordanie, la Bande de Gaza avec Jérusalem Est comme capitale pour faire une paix définitive avec Israël. Yasser Arafat avait surtout réussi à demander à tous les pays arabes de reconnaitre Israël car la clé de la légitimité d’Israël est dans les mains de ses victimes palestiniennes.

Après 25 ans, nous devons admettre que le monde n’a pas saisi la chance d’avoir un dirigeant comme Yasser Arafat. Aujourd’hui, les accords d’Oslo ne sont toujours pas mis en œuvre. En 1999, l’Etat palestinien devait être assuré, or en 2015, nous sommes encore sous occupation militaire. Il y a un mur qui n’existait pas, il y a trois fois plus de colonies qu’en 1993, et Israël a le pire gouvernement de son histoire. Et que font les américains et les européens, rien. Que font les pays arabes ? Rien. Ils font la guerre au Yémen. Les palestiniens sont donc profondément choqués et très déçus justement par leurs amis arabes et européens.

Ils sont démoralisés en plus par la scission interne au sein de leur société entre le Hamas et le Fatah, entre la Bande de Gaza et la Cisjordanie. Cette scission est profonde car elle s’éternise or elle vient contredire l’esprit même de la Palestine et de l’OLP en particulier qui lui était la représentation de toutes les idéologies, de toutes les singularités palestiniennes éparpillées dans différents endroits.

Israël a réussi à atomiser la société palestinienne sous prétexte de sa sécurité, et cette fragmentation de la société palestinienne vise, comme cela s’est produit en Irak ou en Syrie, à une tribalisation de la société. Il y a là le risque de guerre civile, et c’est manifestement le but stratégique de certains.

La société civile palestinienne est forte parce qu’elle est chez elle

Almaouja.com – Ils semblent donc avoir gagné pour l’instant ?

LS – Non. Lorsque vous êtes occupés, il en faut beaucoup pour remplacer le sentiment légitime d’une lutte nationale par une lutte tribale ou confessionnelle car ces luttes viendraient nier l’identité nationale. Il y a certes une scission entre nous mais il y a surtout une fuite des forces vives de la Palestine pour le reste du monde. La population est exténuée. Elle ne peut pas sortir, pas circuler, pas travailler. Les vieux restent, et les jeunes partent. Il faut mettre fin à l’occupation, là est l’urgence immédiate.

J’ai une confiance aveugle dans la vitalité de la société civile palestinienne qui est plus forte que tout le monde. Plus forte que ses responsables politiques, plus fortes que les pays arabes et qu’Israël. Soyons certains que la guerre civile ne pourra pas prendre pied en Palestine. La société civile palestinienne est forte parce qu’elle est chez elle, parce qu’elle a fait son Intifada et qu’ainsi elle a retrouvé confiance en elle même.

Elle a une résilience de Job et elle ne lâchera pas prise facilement et c’est avec elle qu’il faut travailler pour construire l’avenir.

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2015/07/leila-shahid-01.jpg 380 680 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2015-07-13 17:43:562021-05-29 12:35:33Femme de tête comme de coeur, Leïla Shahid, à l’image de la Palestine

« Explicite » par Charles Enderlin

dans ACTUALITÉS, Israel, Non classé, Palestine/par ICAM

Publié le 18 mai 2015 sur le Blog de Charles Enderlin correspondant de France2 à Jérusalem.

Un peu partout en Europe des hommes politiques et des éditorialistes accueillent le nouveau gouvernement israélien en se lamentant ou en le critiquant. Des réactions pour le moins surprenantes. De fait, la communauté internationale fait preuve, d’une belle hypocrisie ou d’un refus psychanalytique de la réalité.

Pour l’expliquer, il faut reprendre les principes développés dans un éditorial du New York Times par Anat Biletzki, professeur de philosophie dans une université américaine et à Tel Aviv. Elle a présidé l’ONG israélienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem entre 2001 et 2006.
Implicitement
Par exemple, lorsque Benjamin Netanyahu a prononcé, pour la première fois les mots « état palestinien », le 14 juin 2009 dans son fameux discours à l’Université Bar Ilan, près de Tel Aviv, cela sous entendait, pour les responsables américains, et surtout le Président Obama, qu’il acceptait implicitement, le principe d’un accord avec l’OLP. C’était ce qu’ils voulaient entendre. Mais, pour les Palestiniens, et surtout leurs négociateurs à Ramallah, c’était tout le contraire. Netanyahu venait de rendre la paix impossible en y mettant des conditions. Il exigeait d’eux qu’ils reconnaissent « publiquement et catégoriquement Israël en tant que patrie du peuple juif ». Jamais cela n’avait été exigé de l’Égypte ou de la Jordanie lors de la signature des traités de paix avec ces pays. Ce n’est pas tout : « L’Autorité palestinienne devra faire régner la loi à Gaza et triompher du Hamas, Israël ne prendra pas place autour de la table de négociation avec des terroristes résolus à détruire notre pays. » Et Netanyahu d’annoncer que « Jérusalem doit rester la capitale unifiée de l’État d’Israël où la liberté de culte de toutes les religions sera scrupuleusement respectée. » Une notion rendue encore plus explicite, ce dimanche 17 mai lorsqu’il a déclaré lors d’une cérémonie marquant « La journée de Jérusalem » : « C’est depuis toujours la capitale du peuple juif et d’aucun autre peuple et le restera… L’avenir appartient à Jérusalem unifiée qui ne sera plus divisée »
Dream team de la droite israélienne
Pour son quatrième mandat à la tête du gouvernement israélien, il a donc réuni une coalition dans la droite ligne de sa promesse électorale : « Si je suis réélu il n’y aura pas d’état palestinien » Un exemple : la nomination du rabbin Elie Ben-Dahan (député du parti « foyer juif ») au poste de vice-ministre de la Défense, en charge de l’administration civile (qui est en fait militaire). A ce titre, il est responsable de la colonisation et … des palestiniens. A ce propos voici ce qu’il en pense explicitement : « Nous devons prendre le contrôle total de la zone C (NDLR : 60% de la Cisjordanie) et y imposer la loi israélienne. Je ne pense pas que la communauté internationale aura une forme quelconque d’emprise sur Israël si nous le faisons. Lorsque nous avons annexé Jérusalem-Est et le Golan, les États unis ont protesté et suspendu leur soutien (à Israël) pendant quelque temps, mais, finalement ils ont compris que nous étions un état souverain et qu’en fin de compte qu’il n’y avait pas d’alternative à notre contrôle du Golan. Le reste de la Judée Samarie restera sous contrôle civile et sécuritaire palestinien, mais il n’y aura pas de solution permanente ou d’état souverain (palestinien) »
Le premier aout 2013, le rabbin Ben-Dahan, qui était alors vice ministre des affaires religieuses, a explicité sa vision des palestiniens : « Ce sont des bêtes, pas des êtres humains » a-t’il dit dans une interview à la station de radio « Radious ». Et d’ajouter: «Le peuple palestinien n’est pas éduqué pour la paix. Il ne veut pas la paix »
Explicitement
Benjamin Netanyahu savait parfaitement ce qu’il faisait en accordant le portefeuille de la justice à Ayelet Shaked, laïque, annexionniste, membre, elle aussi, du « Foyer juif ».
Passons sur l’affaire de son post sur Facebook où elle avait repris un texte d’Ouri Elitzour justifiant le bombardement de civils palestiniens. Cela avait fait scandale. Ce n’est pas cela qui l’a poussé a devenir garde des sceaux.. En 2014, députée, elle a été à la pointe du combat contre la cour suprême avec une proposition de loi devant permettre au Parlement d’annuler une loi rejetée par la Haute cour. Selon les juristes, cela devait permettre à une majorité parlementaire de droite d’amender les textes de défense des droits de l’homme et des minorités. Elle va donc pouvoir la remettre sur la table en tant que projet de loi gouvernemental. Madame Shaked est aussi présidente de la commission ministérielle des lois et pourra ainsi décider quel texte sera soumis au vote de la Knesset. Ce n’est pas tout, elle a aussi la présidence de la commission de nomination des juges… Sans oublier qu’elle est entend faire adopter le projet de loi constitutionnel redéfinissant Israël comme l’état nation du peuple juif…
Curieusement, à Washington, à Paris et à Bruxelles on continue à parler de la solution à deux états comme la seule possible… Les diplomates ont visiblement du mal à comprendre l’explicite..

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2015/05/blog_enderlin.jpg 163 960 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2015-05-19 10:43:222018-07-20 22:46:54« Explicite » par Charles Enderlin

Gaza sous les bombes de Banksy

dans ACTUALITÉS, Cartoon, Palestine/par ICAM

Gaza sous les bombes de Banksy

Alexandre HERVAUD Libération 26 février 2015 à 11:57

VIDÉO

Le mystérieux graffeur s’est rendu dans la ville palestinienne en ruines pour y produire des œuvres et sensibiliser l’opinion sur les conditions de vie des habitants.

Alors que le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’apprête à effectuer une visite polémique aux Etats-Unis, le street artist Banksy a publié en ligne différents contenus (vidéo, photo Instagram) attestant d’une visite récente à Gaza, comme le montre ce minidocumentaire décalé façon spot touristique pour une ville en ruines à la suite du conflit de l’été 2014 :

En anglais, la vidéo ironise en inscrivant des arguments du type «les habitants aiment tellement cet endroit qu’ils ne le quittent jamais», avant d’ajouter «car ils n’en ont pas l’autorisation», enchaînant avec des plans montrant des soldats israéliens.

Comme l’a relevé le site Buzzfeed, la vidéo – dont l’authenticité a été confirmée par l’attaché de presse de l’artiste – montre également les pérégrinations de Banksy (jamais montré clairement à l’image) à travers les tunnels connectant Gaza à l’Egypte. Sur son site, l’artiste a notamment publié la photo d’un chat peint sur les restes d’un mur (cf photo d’illustration principale de cet article), avec pour légende : «Un habitant est venu me voir et m’a dit « s’il vous plaît, qu’est-ce que ça veut dire ? » Je lui ai expliqué que je voulais souligner la destruction de Gaza en publiant des photos sur mon site, mais que les gens sur Internet ne regardent que des photos de chatons.»

Jamais à court d’humour noir, Banksy a également publié la photo ci-dessous, accompagnée de ce texte : «Gaza est souvent décrit comme « la plus grande prison à ciel ouvert du monde » car personne n’a le droit d’y entrer ou d’en sortir. C’est toutefois assez injuste pour les prisons : elles, au moins, n’ont pas l’électricité ou l’eau potable coupées sans raison pratiquement tous les jours.»

La conclusion de sa vidéo et du diaporama présent sur son site vise clairement à mobiliser l’opinion internationale : «Si on se lave les mains d’un conflit entre puissants et faibles, on se rallie aux puissants. On ne reste pas neutre.»

Alexandre HERVAUD

 

[l’article sur le site de Libération….]

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2015/03/banksy-gaza.jpg 527 750 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2015-03-01 05:26:472021-04-12 10:28:13Gaza sous les bombes de Banksy

Un joueur de foot palestinien suspendu un siècle en Israël

dans ACTUALITÉS, Palestine/par ICAM

Coupable de jouer à la fois dans le championnat palestinien et pour une équipe israélienne, Atef Abu Bilal a été condamné à 99 ans de suspension par la fédération israélienne.

Entre le championnats israélien et palestinien, il faut choisir. Atef Abu Bilal, joueur du club de Segev Shalom, en cinquième division israélienne, l’a appris à ses dépens. La Fédération de football d’Israël (IFA) a infligé une suspension de 99 ans à l’ailier palestinien, coupable d’évoluer également dans une équipe qui participe au championnat de Palestine.

99 ans de suspension et 200 € d’amende

A défaut de pouvoir bannir le joueur à vie, l’IFA a appliqué la sanction la plus lourde prévue par son règlement. Une amende de 200 € accompagne la suspension du joueur. Atef Abu Bilal a disputé 11 matches avec la sélection palestinienne depuis 2010, année où il participait au Championnat de football d’Asie de l’Ouest. Désormais, le joueur de Shabab Al-Khaleel devra attendre l’année 2113 pour fouler de nouveau les pelouses israéliennes

https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/12/atef_abu_bilal.jpg 288 628 ICAM https://www.icamge.ch/wp-content/uploads/2014/07/olivier-icam-short-300x145.png ICAM2014-12-29 04:34:252014-12-29 04:36:53Un joueur de foot palestinien suspendu un siècle en Israël
Page 3 sur 41234

Soutenir l’ICAM

Dans le site

Presse arabe

Retrouvez les titres de la presse arabe

Retrouvez les titres de la presse arabe en lien

Fête de l’Olivier – Festival des musiques arabes et méditerranéennes

NOS ACTIVITES EN VIDEO

Nos activités en videos

Nos vidéos

ENSEIGNEMENT DE LA LANGUE ARABE POUR ENFANTS

Formation continue arabe

CASCI – Chambre de commerce Arabo-Suisse


  • Actualités
  • Rendez-vous annuels
  • Livres
  • Formations
    1. * Enseignement de l'arabe aux enfants (école publique)
      * Cours de langue arabe
      * Cours de danses arabes
      * Ateliers cuisines arabes
  • Nos soutiens
  • Presse arabe
    1. Retrouvez ici une sélection de journaux de langue arabe
  • Sites amis
    1. Associations actives Sites amis Journées de la science / Beyrouth Sites culturels
  • Nos bonnes adresses
  • ÉCRIVEZ-NOUS !
  • En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez le dépôt de cookies et technologies similaires.

    Cliquez sur le bouton "J’accepte" pour consentir à ces utilisations.
    Politique relative aux cookies

    Sites amis

    L'Orient Littéraire
    CERMAM
    Association Linkchild
    Diverscités
    Ateliers d'ethnomusicologie
    Qantara-Méditerranée
    Inst.for Palestine Studies
    Club 44
    Artistes suisses solidaires avec Gaza
    Blog Planète photos
    Artlink
    l''amour du son
    Pages du Liban
    Plateforme interreligieuse de Genève
    Challenge To Change
    Les clefs du Moyen-Orient

    INFOS PRATIQUES

    Accès et horaires

    Contact

    Inscription à la newsletter



    Nos soutiens

    Soutenir l'ICAM

    Agenda

    Tout l'agenda
    Conférences
    Littérature
    Musique
    Expositions
    Art culinaire
    Archives

    ICAM

    Galerie d'art
    Librairie
    Espace café
    Revue de presse

    LIENS UTILES

    Genève coopération internationale
    Genève solidarité internationale
    Bureau de l'intégration
    Traducteurs assermentés

    ‎

    Marque-pages

      © Copyright - Institut des cultures arabes et méditerranéennes (ICAM)
      • ACCUEIL
      • AGENDA
      • GALERIE D’ART
      • LIBRAIRIE
      • ESPACE CAFE
      • QUI SOMMES NOUS ?
      Faire défiler vers le haut
       

      Chargement des commentaires…
       

      Vous devez être connecté pour poster un commentaire.