Ce que le jour doit à la nuit / Stella Lory – Marion Duclos – Yasmina Khadra

Avec ses beaux yeux bleus et son physique avantageux, Younes, petit Algérien de dix ans, intègre une communauté de roumis, ces Français vivant en Algérie à la veille de l’insurrection. Younes, un petit Algérien de dix ans, vit avec ses parents et sa soeur. Après l’incendie criminel de leur récolte, ils sont ruinés et doivent quitter leurs terres pour trouver du travail en ville à Oran. Son père, ne pouvant subvenir à ses besoins, décide de confier son fils à son frère, pharmacien, marié à une Française. Younes devient Jonas et intègre une communauté de roumis c’est-à-dire des Français vivant en Algérie, les futurs  » pieds-noirs « . Avec ses beaux yeux bleus et son physique avantageux, Younes est vite accepté par sa nouvelle communauté aisée. Au fil des années, il va découvrir son pays et apprendre à l’aimer, l’amitié entre quatre amis, de jeunes colons, et l’amour nommé Emilie. Mais il va aussi découvrir la misère des siens, la guerre et l’injustice. A travers le destin de Younès, Yasmina Khadra retrace l’histoire de l’insurrection algérienne et les raisons du déracinement des français d’Algérie.

 

Prix : 33chf

Le prophète / Zeina Abirached – Khalil Gibran

La première version illustrée du texte intégral par Zeina Abirached à l’occasion des 100 ans du Prophète de Khalil Gibran. A la veille d’embarquer pour un long voyage qui doit le ramener vers son pays natal, le jeune Almustapha, « l’Elu et le bien-aimé », répond aux questions des habitants de la cité d’Orphalèse. Parmi ceux-là, il s’adresse en particulier à la prophétesse Almitra, désireuse de connaître ses enseignements de sagesse sur les grandes orientations de la vie humaine : l’amour, l’amitié, le don, la connaissance de soi, le temps, la raison et la passion, le bien et le mal, la beauté, la souffrance… et jusqu’à la mort. De ce conte spirituel reproduit ici dans sa version intégrale, Zeina Abirached fait un roman graphique tout en ombre et lumière, explorant aussi bien les images les plus lyriques que les passages les plus conceptuels. Un tour de force qu’elle réalise avec son style si caractéritique, qui séduira tous les âges. Elle rend ainsi un bel hommage à l’auteur, pour les 100 ans de cette oeuvre culte dont la beauté et la force n’ont pas fini de nous surprendre.

 

Prix : 41chf

Une éducation orientale / Charles Berberian

Il n’est sans doute pas facile de se définir lorsqu’on est né à Bagdad d’une mère d’origine grecque et d’un père arménien, et qu’on a grandi à Beyrouth jusqu’à l’âge de 10 ans, juste avant que n’éclate la guerre civile au Liban… A travers ses propres souvenirs et la reconstitution de son histoire familiale, Charles Berberian nous invite à partager son retour aux origines, qui s’impose comme le livre le plus intime et universel de toute son oeuvre. Un plaidoyer humaniste en faveur du dialogue entre les cultures, mis en images avec chaleur et générosité.

Prix : 39chf

Les reflets du monde En lutte / Fabien Toulmé

Cet épisode des Reflets du Monde prend racine dans les voyages de Fabien Toulmé. Il y raconte la Thawra, révolution citoyenne au Liban, la lutte d’une favela brésilienne contre un projet immobilier et l’engagement d’une militante féministe au Bénin, trois combats menés par des citoyens. Ou plutôt « par des citoyennes » , car, dans ces mouvements de résistance, les femmes occupent une place centrale.

 

Prix : 42chf

Plantu Reza – Regards croisés / Reza & Plantu

Témoins privilégiés des événements de ces dernières décennies, le dessinateur Plantu et le photographe Reza ont imaginé près de quatre-vingts oeuvres, associant les dessins de l’un aux clichés de l’autre. Ces créations, commentées par les deux artistes, sont ici réunies pour la première fois.

 

Prix : 47chf

Aventures de Vincent Lacoste au cinéma (Le jeune acteur, Tome 1) / Riad Sattouf

Le nouveau roman graphique de Riad Sattouf après la série phénomène L’Arabe du futur ! En 2008, Riad Sattouf réalise son premier film, Les Beaux Gosses. Il choisit comme premier rôle le jeune Vincent Lacoste, timide et complexé, qui n’avait jamais imaginé être acteur. Le collégien de 14 ans se retrouve alors propulsé dans le monde secret, fascinant et parfois flippant du cinéma ! L’histoire vraie d’un adolescent anonyme devenu l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Après les séries L’Arabe du Futur, publiée depuis 2014 (2. 5 millions d’exemplaires) et Les Cahiers d’Esther, publiée depuis 2016 (950. 000 exemplaires), Le Jeune Acteur est le nouveau livre de Riad Sattouf.

 

Prix : 35chf

Evadées du harem Didier – Quella-Guyot & Alain Quella-Villéger

Constantinople. 1906. Zennour et Nouryé sont les filles d’un ministre du sultan de l’Empire ottoman. Fines lettrées. elles ne supportent plus la vie Feutrée et cloîtrée du harem. Un soir de janvier, elles fuient secrètement à bord de l’Orient-Express pour gagner la France. Leur histoire fait la une de la presse internationale et l’Europe se passionne pour elles au moment où paraît le best-seller de Pierre Loti Les Désenchantées, dont il s’avère très vite qu’il n’est pas sans liens avec ce fait divers devenu scandale… Un récit rigoureusement historique qui apporte un éclairage passionnant sur la question féminine et la fascination réciproque unissant Orient et Occident !

 

Prix : 29chf

Nos vacances au bled – Chadia Chaïbi Loueslati

Après le succès de Famille nombreuse, Chadia poursuit son cheminement familial avec Nos vacances au bled. La famille s’est agrandie et vit en banlieue parisienne. Les parents décident d’acheter un terrain en Tunisie et d’y faire construire LEUR maison pour se rapprocher de la famille restée au bled et de pouvoir partir en vacances chaque été. Tout s’organise rapidement. Les enfants sont surexcités, certains prendront l’avion, les parents chargent la voiture à bloc. Pour les enfants c’est la découverte d’une autre culture et pour les parents, c’est la gestion du chantier qui prendra toute leur énergie. Ces vacances d’été resteront à jamais gravées dans la mémoire de Chadia et de ses frères et soeurs. Cet album est une ode à la famille.

 

Prix : 34chf

Le Port a jauni, une maison d’édition ancrée dans le bilinguisme

 

  • Fanny Arlandis
  • Publié le 29/09/2019 dans Télérama
Avec deux langues qui ne se lisent pas dans le même sens, le français et l’arabe, une petite maison d’édition marseillaise fait des livres. Le Port a jauni publie de jolis albums et des carnets de poésie pour les plus jeunes… et pour les autres.

« Je voulais faire des livres qui témoignent d’une autre culture mais aussi et surtout qui donnent à voir la langue de l’autre ». Avec ces quelques mots et une tasse de café dans la main, Mathilde Chèvre résume le projet du Port a jauni, sa petite maison d’édition jeunesse qui, à Marseille, publie des albums et de la poésie bilingue français-arabe. Dans ses livres, vous ne verrez ni bédouins, ni déserts, ni chameaux, ni personnages des Mille et Une Nuits, pas davantage de combattants pour la cause palestinienne ou d’islamistes. Le Port a jauni évite soigneusement tous ces poncifs. En mettant simplement en scène le français et l’arabe ensemble, il permet de reconnaitre l’autre dans tout ce que sa littérature et sa langue peut porter. Une dizaine de titres sont publiés chaque année, tous imprimés à Marseille même. « Un choix éthique et politique », insiste Mathilde Chèvre.

Au départ de cette aventure, on trouve une association créée en 2002 et des livres d’enfants publiés de façon sporadique, tous les deux ans. Exclusivement en français, ils servent alors de support à l’association Le Port a jauni lors d’ateliers d’éducation alternative et populaire. Quelques années plus tard, Mathilde Chèvre reprend des études d’arabe et se lance dans un projet de master à Beyrouth sur le renouveau de l’édition jeunesse. C’est dans ce frottement avec le milieu de l’édition libanaise que la question du bilinguisme apparaît. « Je voyais des éditeurs qui publiaient des livres alternativement dans les deux langues, raconte-elle mais cela ne posait aucune question éditoriale intéressante. »

Des livres qui se lisent dans tous les sens

Elle, veut aller plus loin : le premier livre en français et en arabe du Port a jauni sort en 2007. « Intégrer la langue arabe comme l’autre langue présente est une façon de revendiquer l’accès à une culture par sa langue », affirme Mathilde Chèvre. Le Port à jauni répond de façon ludique à un obstacle de taille : les deux langues se lisent dans un sens différent. Les livres se lisent donc dans tous les sens : on les tourne et on les retourne. La Roue de Tarek suit l’aventure d’un petit garçon qui a perdu son jeu favori : sa roue. Elle va si vite qu’elle lui échappe, l’enfant se lance alors à sa poursuite. Il croit la reconnaitre de nombreuses fois mais ce n’est jamais la sienne. Le livre tourne à mesure que l’on suit Tarek tout au long de son périple.

Autre exemple : Abracadabra, qui se lit comme un palindrome. L’histoire fonctionne de gauche à droite comme de droite à gauche. « Ces livres permettent de se déplacer dans un autre sens de lecture… Et c’est en soi un voyage », explique Mathilde Chèvre, les yeux brillants. Le Port a jauni, devenu maison d’édition en tant que telle il y a quatre ans, traduit également en français des livres parus dans le monde arabe. Katkout, Sept Vies ou Petite Histoire de la calligraphie. Certains auteurs, eux, travaillent en création avec des illustrateurs à partir d’une série originale d’images, comme pour Mes idées folles.

« Apprendre l’arabe m’a permis de découvrir la poésie dans toutes ses acceptions, poursuit Mathilde Chèvre. Il me fallait donc aussi témoigner d’un quotidien dans lequel la poésie linguistique est omniprésente. » C’est ce qu’il l’a poussée à développer ses carnets de poésies – de jolis livres aux bords arrondis et à la reliure agrafée. Certains sont des créations originales, d’autres des traductions de monuments de la littérature arabe, comme les Mu’allaqat, les poèmes suspendus écrits avant l’islam, ou les Roubaiyat, quatrains (AABA) du quotidien composés d’observations drôles, perspicaces et assez désespérées du monde. Sont-ils aussi pour les enfants ? Bien sûr, « même si certains carnets commencent à s’éloigner de la jeunesse », concède Mathilde Chèvre, comme Les Tireurs sportifs, un texte très politique sur la guerre en Syrie qui témoigne de ce que l’oppression produit.

Une maquette qui fait sens

Distribués dans cent cinquante librairies en France, ces albums sont « un peu comme ceux du Père Castor : c’est du beau à bas coût, les carnets sont à 9 euros », précise Céline Leroy, médiatrice culturelle à Marseille et animatrice pour Le Port a jauni. « Je ne parle pas arabe et je ne le lis pas non plus, mais cela ne me gêne pas dans mes ateliers car ces livres peuvent se lire uniquement en français si on veut. Je les utilise comme introduction à l’art car dans leur maquette tout fait sens : de la couverture au choix du papier ».

La fabrication et la vie de ces ouvrages est le fruit d’une complicité humaine entre une poignée de personnes : une salariée, bientôt deux, et la bonne volonté d’auteurs, de professionnels et de bénévoles motivés qui mettent la main à la pâte, conseillent, et animent des ateliers. Depuis deux ans, Le Port a jauni met aussi à disposition gratuitement sur son site une version sonore, une jolie façon de faire vivre les textes en arabe pour ceux qui ne le lisent pas. Sur les salons du livre, nombreux sont ceux qui continuent à interroger Mathilde Chèvre sur le public visé : « Vous les faites pour qui, ces livres ? » Dans un sourire, elle répond : « Pour vous ».

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Riad Sattouf s’anime de partout

Série et roman graphiqueLe dessinateur adapte «Les carnets d’Esther» en série, sort «L’Arabe du futur» et s’offre une expo.

Par Cécile Lecoultre  

À l’écran, Esther gambade dans l’insouciance de ses 9 ans. Riad Sattouf, inspiré depuis 2016 par une authentique petite Parisienne, adapte ses «Carnets» en pastilles animées de 3 minutes. Enchantement. En librairie, le dessinateur sort «L’Arabe du futur», autre évocation, plus dure celle-là. Car au tome 4, Riad, les hormones bouillonnantes sous sa «coupe de Tone Crouze», lâche le secret. Dans le décor balisé entre Bretagne et Syrie, l’ado qui croyait tout savoir des zizis et des bébés, tombe sur des tabous inédits. Ainsi de son père qui a sombré dans le radicalisme et veut l’exporter. Par rapport aux racines du garçon, le paternel d’Esther, «mélanchoniste adoré», ou sa mère «relou», semble soudain des perturbateurs fort légers. Esther, Riad, deux paysages, deux enfances qui cernent le créateur Sattouf.

Dans «L’Arabe du futur 4», le couple parental explose, tandis que les aïeux aux idées arriérées tirent à boulets rouges sur la paix des foyers. Sans oublier les insultes à l’école. «Oh, moi, j’essaie de ne pas trop intellectualiser ce que je fais», confie l’auteur. «Et de ne pas trop l’analyser non plus, j’ai peur qu’une fois démonté, le mécanisme ne fonctionne plus! J’ai gardé des souvenirs vifs et précis des années d’enfance.» Sans arborer de traumatisme en bandoulière, Riad décortique le racisme rampant, l’antisémitisme cramponné, le sexisme beauf. Et tamponne les écorchures de l’âme à l’humour noir.

Esther, vers qui il revient chaque semaine, lui écarquille le regard. «J’ai prévu un album par an jusqu’à ses 18 ans. On n’est plus légalement un enfant, à 18 ans, et cela me semblait être une bonne date pour arrêter là le projet!» D’ici là, Sattouf s’instruit. «J’aime beaucoup en apprendre sur les enfants d’aujourd’hui et voir ce que cela peut dire du futur, de la société en devenir. J’aime observer comment se transmettent les valeurs morales entre les générations.» L’adaptation de la série l’a ramené au premier tome, au plus dense du parfum d’innocence. «Pas de réinterprétations, de changements…»

Miracle aussi pharamineux que l’identité de l’Italienne Elena Ferrante, la jeune fille conserve un parfait anonymat. «Je modifie les noms, je la cache dans le réel!» Par contre, le Riad de «L’Arabe du futur» ne laisse aucun doute quant à sa personne. «J’essaie d’être le plus honnête et sincère avec mes souvenirs. J’essaie de faire les livres les plus lisibles par des gens qui ne lisent pas de BD habituellement. Je n’aime rien de plus que quand une mamy vient me dire qu’elle a lu deux BD dans sa vie: «Bécassine» et «L’Arabe du futur !»

Sattouf l’affirme, sa suite autobiographique se bouclera au 5e volume. Comme pour solder la question de l’ego entre la fiction et la réalité, entre le fils et le père. «Comment se tenir à la bonne distance? Dur à dire. J’ai centré le livre sur l’observation du père afin d’échapper aux risques de l’autobiographie! Ennui, égocentrisme… J’envisage «L’Arabe du futur» comme un récit de voyage sur une autre planète plutôt.» Pourtant, son travail, loin d’un exotisme de pacotille, pousse dans l’arène politique.

«Car tout livre est politique! Bien sûr! Mais moi, j’ai horreur des livres idéologiques, qui nous expliquent ce qu’il faut penser, qui simplifient le réel… ma vie n’est ni de gauche ni de droite, et j’aime que mes lecteurs se fassent leur avis seuls. Rien ne m’insupporte plus que les BD d’extrême gauche ou les pamphlets d’extrême droite… comme si les auteurs cherchaient eux-mêmes à se convaincre de leur vérité, c’est très gênant.» Lui abhorre encore être défini par ses origines. «J’essaie d’avoir une vision humaniste, de regarder le monde à travers le prisme de l’égalité femmes/hommes. C’est ma longue-vue!»

À 40 ans, Sattouf sera exposé en novembre à la Bibliothèque Centre Pompidou à Paris, après Claire Bretécher ou Art Spiegelman. Une consécration? Nuance. «En général j’ai toujours refusé ces propositions d’expo, car je suis horriblement complexé par mes dessins!» Au-delà de l’ironie, «L’écriture retrouvée» consacrera aussi une vocation. «Je pense tout le temps bande dessinée. Quand je suis anxieux, j’en lis, j’essaie d’imaginer ce que ferait tel ou tel auteur que j’aime à ma place… c’est ma religion!»

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