60 ans après les accords d’Evian – Regards croisés sur une mémoire plurielle / Sarah Dekkiche & Hasni Abidi

Il y a soixante ans étaient signés les accords d’Evian qui ont mis fin à la guerre entre la France et l’Algérie et enclenché? le processus d’indépendance de l’Algérie après 132 ans de colonisation. Ce livre revient sur les coulisses des négociations et rend hommage à une laborieuse construction ayant mené à une percée diplomatique marquée par la primauté du droit, du compromis et de la liberté pour bâtir un avenir meilleur. Si le travail sur l’histoire, sur la compréhension des mécanismes coloniaux et sur la reconnaissance des faits est essentiel, il se révèle cependant insuffisant pour guérir les blessures et répondre aux quêtes identitaires que partagent l’ensemble des acteurs. Aujourd’hui, en tant qu’enfants et petits-enfants des accords d’Evian, il apparaît important d’aller au-delà en engageant des dialogues sereins entre les différents héritiers de cette Histoire. Ainsi, en rassemblant les récits d’une variété? porteurs de mémoire – témoins ou leurs proches, universitaires, journalistes et membres de la société civile affranchis de toute tutelle – cet ouvrage se veut une contribution à la construction d’une nouvelle relation autour d’un récit pluriel et apaisé.

Prix : 36chf

Lisa et Mohamed : Une étudiante, un harki, un secret… / Julien Frey & Mayalen Goust

Paris, juin 2000. Lisa, étudiante, loue une chambre chez le vieux Mohamed. Retraité veuf et bourru, Mohamed est un ancien harki, un supplétif de l’armée française en Algérie. Lisa et Mohamed ignorent encore que leur rencontre va faire ressurgir le passé. Celui des harkis. Ces hommes qui n’ont aujourd’hui toujours pas le droit de retourner en Algérie. Après L’oeil du STO, Julien Frey continue son travail de mémoire des zones sombres de notre passé en abordant avec sensibilité la question encore douloureuse des harkis. Le travail en couleur de Mayalen Goust en souligne toute l’humanité.

 

Prix : 34CHF

« Wesh », un mot d’argot français multi-usage venu de l’arabe algérien

Dans l’émission d’Europe 1 « Historiquement vôtre », Stéphane Bern se penche sur les racines d’une expression du quotidien. Mardi, il s’intéresse pour nous à l’origine de l’interjection « wesh », un mot de l’argot français, entré dans le dictionnaire du Petit Robert, qui est un adverbe interrogatif en arabe algérien.
Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l’on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mardi, l’animateur nous explique les racines du mot « wesh », entré aujourd’hui dans l’argot français courant. Cette interjection, issue de la culture hip-hop, prend racine dans l’arabe algérien.

Wesh ! En voilà une expression très populaire dont on se demande rarement d’où elle vient. « Wesh » est un mot issu de la culture hip hop, aujourd’hui entré dans l’argot français. Dans notre langue, ses usages sont multiples. C’est pourtant un mot très précis dans sa langue d’origine. Car « wesh » est en fait un adverbe interrogatif qui nous vient de l’arabe algérien. On dit ainsi « Wesh kayn ? » pour dire « Qui y a-t-il ? » et « Wesh rak » pour dire « Comment vas-tu ? ».

C’est la culture hip hop française qui va l’utiliser à tout-va dans les années 1990. En 2009, c’est la consécration : « wesh » entre dans le dictionnaire du petit Robert. Conséquence non négligeable, l’interjection devient autorisée au jeu du Scrabble, où elle vaut 18 points. Ce qui n’est pas rien.

Un sens différent en Algérie et au Maroc
Paradoxalement, ce n’est qu’une fois largement employé en Algérie et en France que le terme « wesh » prend son essor au Maroc, avec un sens différent. En Algérien il est plutôt l’équivalent de « est-ce que », alors qu’en arabe marocain, il correspond davantage à « qu’est-ce que ». Ainsi, « Wesh kliti ? » signifie en Algérie « Est-ce que tu as mangé ? » et au Maroc « Qu’est ce que tu as mangé ? ».

Ce qui frappe en français, c’est la richesse de l’utilisation de « wesh ». Pour parler d’un amateur de culture urbaine, certains diront « un wesh wesh ». D’autres s’en serviront comme une interjection interpellative : « Wesh, pourquoi ?’. On le retrouve aussi comme un adjectif, parfois à usage péjoratif : « de la musique wesh wesh ». L’adverbe interrogatif algérien est donc devenu, en traversant la Méditerranée, à la fois adverbe, substantif et interjection.

Europe 1
Par Stéphane Bern, édité par Alexis Patri

 

Retrouvez l’article original sur le site d’Europe 1

La discrétion – Faïza Guène

Yamina est née dans un cri. A Msirda, en Algérie colonisée. A peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la liberté. Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion. Pour cette mère, n’est-ce pas une autre façon de résister ? Mais la colère, même réprimée, se transmet l’air de rien.

 

Prix : 31chf

La petite dernière – Fatima Daas

Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. Je m’appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.

 

Prix : 20chf

Interview ‘Misery gives us strength’: Soolking, the rap voice of young Algeria

‘Misery gives us strength’: Soolking, the rap voice of young Algeria

His tracks have been streamed billions of times, with Liberté becoming an anthem for Algerian freedom. And having been an undocumented migrant, Soolking’s own liberty is hard won

 ‘I wanted to succeed a bit in music. I never thought it would be like this’ … Algerian rapper Soolking. Photograph: Fifou

Thirty-year-old Algerian rapper Soolking was just hitting his stride before the world was put on lockdown. His commercially appealing blend of pop, reggaeton and Algerian raï (think Arabic and then add Auto-Tune) has generated a dizzying one billion streams on YouTube, with millions of them generated in the UK; hailing from the small coastal neighbourhood of Staouéli in Algiers and now living in Paris after time spent there as an undocumented migrant, his story crosses borders and generations.

Thankfully, the technology that has helped his music travel also means that I can speak to him while we are in lockdown in our respective countries. Speaking from the sofa in his Paris apartment, he explains what took him to France in 2013. “The dream was to succeed,” he says. “I wanted to succeed a bit in music, at least, but I never thought it would be like this.”

But Soolking is not just another rapper with big numbers on streaming platforms. His music has come to be a source of pride for a nation who up until just a few weeks ago had been taking to the streets every week to protest since early last year, when Abdelaziz Bouteflika announced his candidacy for a fifth presidential term. Overwhelming public pressure forced him to resign, but protests against the regime continued as young people in particular kept pushing for a better quality of life. With two-thirds of Algerians under the age of 30, many have only ever known the country with Bouteflika in charge, and are looking for new voices that can speak to them.

Soolking is one of them. One journalist for El Watan, the main newspaper in Algeria went as far as saying “for young Algerians, he is on a level in terms of image with Riyad Mahrez”, the national football captain and Premier League star.

Pinterest
Soolking – Liberté ft Ouled El Bahdja

Soolking’s song Liberté became an unofficial anthem of the protests. “I write because we are the golden generation,” he sings. “Free all those that are taken hostage / That’s all we have, all we have is freedom.” I went to Algeria last year and saw the protests one Friday, where thousands of people flooded the streets, young people passionately belting out the lyrics to this song, waving the Algerian flag: a poignant memory.

“It is nice to see,” he says humbly, though he accepts that the song has been reclaimed by the people. “It’s not a Soolking song any more. It’s a song for young people, and the original version comes from Ouled El Bahdja, a group which makes music in football stadiums. I wrote the lyrics, re-did the music a bit with them and it has become more than a stadium song – it has become an international song.”

Talking about a song called “Freedom” during a lockdown seems ironic, so I wonder what he thinks the word means at the moment. “Freedom is doing what you want, where you want, living where you want, being who you want, being free.” He pauses a moment, before adding: “Of course there are limits. You can’t do bad things. But it is about living the life you want … I feel free and freedom is priceless.”

While lockdown presents limitations and frustrations, especially for an artist who should be out promoting a new album and lining up tour dates, Soolking has already known a lack of freedom, including when he was living in the shadows as an undocumented immigrant: harraga, as we say in Arabic.

“You can’t do anything without papers,” he says. “You can’t travel; if you go in the street and get caught you can get put in jail or they can deport you. But I didn’t feel that too much because I’m a calm person. I don’t make problems, I work, I don’t go out a lot.”

There are a number of popular artists in France who are second-generation Algerian immigrants – Sofiane, Rim’K, Lacrim, and Ademo and NOS, the brothers who make up vastly successful rap duo PNL, for example – but Soolking was born in Algeria, and his struggle to success makes him hugely relatable to a young audience there.

He sees his circumstances as having set him up to work hard for the life he wants: “For the people back home life’s so hard that going to another country without papers, a house or anything at all is do-able because they live in such precarious circumstances, with poverty and difficult lifestyles. That is strength – misery gives us strength.”

That strength is evident in Soolking’s more heartfelt songs, such as Guérilla. A powerful 2018 French radio performance cemented his name as a big player in the music scene and racked up over a quarter of a billion views on YouTube. “I dreamed that we weren’t poor any more and that our sad stories were nothing but words,” he sings.

Soolking feat. Ouled El Bahdja – Liberté [Clip Officiel] Prod by Katakuree

With all the nostalgic throwbacks, I ask him what he misses of Algeria. “My parents, that’s all. France is pretty similar to Algeria in many ways.” What about Algerian culture? “Well, exactly, the culture is what? Religion, Ramadan, and those things. For me, my parents are what carry the culture and religion in the family, so I don’t really miss anything else.”

Retrouver l’article original sur le site du Guardian

 

La mélancolie du Maknine – Seham Boutata

L’Algérien est un éleveur d’oiseaux par tradition, et celui qui a sa préférence est sans aucun doute le chardonneret. Présent dans toutes les maisons, le maknine – de son petit nom algérien – est convoité depuis des générations pour son chant exceptionnel et sa beauté. Malheureusement, aujourd’hui, il ne vit presque plus à l’état sauvage : urbanisation, pesticides, chasse sans répit sont autant de causes de sa disparition. Seham Boutata est allée des deux côtés de la Méditerranée à la rencontre des membres de la  » confrérie du chardonneret « . Alors que l’animal se fait plus rare, la prégnance de la passion qu’il suscite dessine en miroir une société complexe. Ecoutons l’oiseau : aucun autre chant ne nous raconte mieux l’histoire de l’Algérie, de la colonisation aux mouvements de libération. Française d’origine algérienne, Seham Boutata a d’abord produit deux documentaires radiophoniques diffusés sur France Culture : Le Chant du chardonneret, dans l’émission  » Une histoire particulière « , et L’Elégance du chardonneret, dans la case  » Création on air « . Son récit littéraire prend appui sur ce travail d’enquête en le prolongeant jusqu’au mouvement Hirak de février 2019 et à l’incroyable élan démocratique qui souffle sur l’Algérie.

 

Prix : 30chf

La mélancolie du Maknine – Seham Boutata

L’Algérien est un éleveur d’oiseaux par tradition, et celui qui a sa préférence est sans aucun doute le chardonneret. Présent dans toutes les maisons, le maknine – de son petit nom algérien – est convoité depuis des générations pour son chant exceptionnel et sa beauté. Malheureusement, aujourd’hui, il ne vit presque plus à l’état sauvage : urbanisation, pesticides, chasse sans répit sont autant de causes de sa disparition. Seham Boutata est allée des deux côtés de la Méditerranée à la rencontre des membres de la  » confrérie du chardonneret « . Alors que l’animal se fait plus rare, la prégnance de la passion qu’il suscite dessine en miroir une société complexe. Ecoutons l’oiseau : aucun autre chant ne nous raconte mieux l’histoire de l’Algérie, de la colonisation aux mouvements de libération. Française d’origine algérienne, Seham Boutata a d’abord produit deux documentaires radiophoniques diffusés sur France Culture : Le Chant du chardonneret, dans l’émission  » Une histoire particulière « , et L’Elégance du chardonneret, dans la case  » Création on air « . Son récit littéraire prend appui sur ce travail d’enquête en le prolongeant jusqu’au mouvement Hirak de février 2019 et à l’incroyable élan démocratique qui souffle sur l’Algérie.

 

Prix : 30chf