Mon père en doute encore – Saphia Azzeddine

« Il aurait voulu être un patriarche. Il n’a été qu’un bon père. Au fond de lui sommeille un petit dictateur qu’il aurait aimé nourrir pour devenir le genre d’homme que l’on craint déjà derrière la porte. Cette assurance que le pouvoir confère et qu’annonce un pas souverain avant d’entrer dans une pièce. Ceux qu’on redoute même quand ils sourient. Il aurait voulu être plus tout et moins quelque chose. Plus riche et moins pauvre en fait ». Dans ce roman autobiographique, Saphia Azzeddine nous livre l’histoire de son père. Cet enfant élevé par des femmes au beau milieu de la plus grande palmeraie du Maroc, alors sous protectorat, qui débarquera jeune homme, comme beaucoup dans les années 1960, à Paris pour se faire une place. Mais il ne la trouvera jamais vraiment. Entre deux pays, deux cultures, à la fois fier et honteux, tour à tour infirmer, couturier, c’est en père au foyer qu’il sera le plus heureux et se donnera corps et âme à l’éducation de sa fille, son trésor. Avec beaucoup de piquant, d’émotions et d’humilité, Saphia Azzeddine retrace sa relation avec son père, ses moments de grâce, ses rébellions et ses excès.

 

Prix : 32chf

La pratique du soufisme, Quatorze petits traités – Najm Al-Din Kubra

Les textes traduits ici constituent un ensemble dont l’essentiel est consacré à définir les règles de l’initiation et de l’éducation spirituelle soufie. Leur portée est avant tout pratique. On peut ainsi mesurer à quel point Najm al-dîn Kubrâ (1145/46-1221) fut plus un guide spirituel soucieux de conduire ses disciples jusqu’à leur but, qu’un doctrinaire. Cependant, la pratique du soufisme ne saurait se séparer d’une doctrine d’ensemble qui la fonde et qui l’organise dans la cohérence du discours. On trouvera donc dans ces traités maints éléments qui complètent ce que Najm al-dîn Kubrâ a davantage développé dans Les Eclosions de la beauté et les parfums de la majesté, paru à L’éclat en 2002. Sont traduits ici : Traité pour le fou d’amour ; Traité des dix principes ; Les bons usages des soufis ; Livre des bons usages de l’itinéraire vers la présence ; Traité du voyageur stupéfait ; Traité de la retraite spirituelle ; Conseils pour l’élite ; Réponses aux neuf questions ; Traité de soufisme ; Traité des bons usages des itinérants ; Les voies de la connaissance du manteau mystique ; Traité du navire ; Réponses à quelques questions I et II.

 

Prix : 19chf

Une baignoire dans le désert – Jadd Hilal

Lorsque la guerre fait irruption dans son village, le quotidien d’Adel bascule. Parents divorcés, amis absents, il lui reste heureusement ses deux insectes imaginaires qui lui tiennent lieu de compagnons. Amené à prendre très vite des décisions qui le dépassent, Adel se retrouve dans un camp au milieu du désert où les combattants, ces grandes personnes, ont l’air d’enfants perdus et où le cheikh le force à agir en adulte. L’occasion pour Adel de s’interroger sur le regard que l’on porte sur lui, et de se forger, seul, sa propre identité… Jadd Hilal signe ici avec fraîcheur le roman d’un apprentissage quelque peu décalé, en miroir de nos interrogations.

 

Prix : 23chf

Le faucon – Gilbert Sinoué

Le voici au couchant de ma vie. Je suis né le 6 mai 1918. J’ai quatre-vingt-six ans. Ou plus ? Ou moins ? L’un des avantages de la vieillesse est la faculté de l’esprit humain à ne conserver que l’essentiel. Une certitude : j’ai mille ans de souvenirs. En cette heure où le jour décline, assis en tailleur, comme au temps de ma jeunesse, au sommet de cette dune de sable, ces souvenirs je les vois qui défilent en cortège sur la ligne d’horizon. Visages aimés, tous aimés, moins aimés, éperdument aimés. Je vois des villes qui s’enchevêtrent dans la chevelure du temps. Des villes aux vastes avenues inspirées d’autres villes et qui se dressent désormais ici, sur ma propre terre où n’existaient alors que les routes du vent. Je vois des gratte-ciels et des jardins, là où ne poussait que la rocaille. Des palmiers, des nuées de palmiers. Des écoles, des universités, des hôpitaux, des musées, et tant d’autres rêves devenus vrais. Un mirage devenu pierre et acier. Ce ne fut pas simple, mais ce fut exaltant. J’ai tiré des entrailles du désert un pays dont les gens d’Occident savent le nom : Le « Père de la Gazelle ». Abu Dhabi. Le personnage qui s’exprime ainsi ne doit rien à l’imaginaire du romancier. Issu du noble tribu, Bédouin avant tout, ne sachant ni lire ni écrire, il va réussir en une vingtaine d’années à accomplir un véritable prodige : transformer l’immensité du désert en jardins et faire jaillir du néant l’une des cités les plus modernes et les plus évoluées du MoyenOrient. Dès 1966, à peine au pouvoir, il va instaurer l’égalité entre les femmes et les hommes, l’instruction pour tous, la totale liberté du culte, les premières fermes écologiques, et une politique pour la protection de la nature. Philanthrope et humaniste, il fut toujours convaincu que la richesse pétrolière, était un don de Dieu et, en tant que tel, elle devait être partagée avec les nations et les êtres dans le besoin. Comme il le dira un jour : « Toute ma vie j’ai rêvé, éveillé. » C’est le récit de cette vie hors du commun que Gilbert Sinoué nous livre ici

 

Prix : 32chf

Berbères juifs : L’émergence du monothéisme en Afrique du Nord – Julien Cohen-Lacassagne

Voici un livre qui bouleverse complètement les idées reçues sur l’origine des juifs d’Afrique du Nord. Le récit classique est simple : après la destruction du deuxième temple de Jérusalem par les troupes de Titus en l’an 70 de notre ère, les juifs de Judée furent contraints à l’exil et se dispersèrent dans le monde entier, où ils fondèrent des communautés européennes, orientales, africaines, asiatiques et maghrébines. Dans cette conception, les juifs d’Afrique du Nord descendent, comme tous les autres, de la population initiale de Judée. Il apparaît aujourd’hui que si le temple a bien été détruit, l’exil consécutif n’a jamais eu lieu. Comment un exode aussi massif aurait-il pu matériellement se produire ? « Dans quels camions ?  » demande Shlomo Sand dans son grand livre, « Comment le peuple juif fut inventé » (Fayard, 2008). Les communautés juives étaient nombreuses dans tout l’Orient bien avant la destruction du temple : d’après Philon d’Alexandrie, les juifs étaient plus nombreux en Egypte, en Libye, en Asie mineure et surtout à Babylone qu’autour de Jérusalem. Ils ne parlaient hébreu que pour la liturgie et le reste du temps, ils utilisaient la langue du pays où ils vivaient (souvent le grec). D’où proviennent donc les juifs d’Afrique du Nord ? la réponse est simple : ce sont des Berbères judaïsés. Le judaïsme antique était fortement prosélyte (à la différence du judaïsme actuel) Le monothéisme juif, né à Babylone, s’est propagé dans le bassin méditerranéen, sous l’oeil bienveillant (au moins au début) de l’empire romain, Les Phéniciens, grands navigateurs – ce que les juifs n’étaient pas – a beaucoup contribué à l’extension du monothéisme juif, dont ils étaient proches par la langue et les idées. On appelle souvent « Sépharades » les juifs d’Afrique du Nord. Cohen-Lacassagne montre que c’est une erreur : sépharade signifie espagnol (ou plus largement ibère). Or s’il est vrai qu’une partie des juifs d’Espagne ont franchi le détroit lors de la reconquista par les Rois très catholiques, ils ne représentent qu’une très faible partie de la population juive maghrébine de l’époque – constituée, répétons-le, de Berbères judaïsés. « Au Maghreb comme ailleurs, être juif ne coïncide ni avec une réalité ethnique, ni avec une réalité linguistique, ni avec une réalité nationale – pas plus qu’être musulman. » En Méditerranée et au Moyen-Orient s’est constituée avec l’arrivée de l’islam une authentique civilisation judéo-musulmane, bien plus réelle que l’hypothétique civilisation judéo-chrétienne. Après le triomphe du christianisme, devenu religion officielle, le judaïsme se trouva confiné dans l’arrière-pays rural, au coeur d’un réseau de solidarité arabo-judéo-berbère, ce qui lui a sans doute permis de survivre jusqu’à l’époque actuelle.

 

Prix : 24chf

Les affamés ne rêvent que de pain – Albert Cossery

« L’origine de ces histoires remonte à une discussion qui eut lieu il y a quelque temps, au café du Pacha, entre le professeur de mendicité Abou Chawali et le lettré Tewfik Gad. Car c’est à l’issue de cette discussion que furent colportés d’innombrables détails, touchant une prétendue innovation, d’ordre esthétique, qui allait, paraît-il, révolutionner l’art de demander l’aumône, sur tout le territoire. » Deux nouvelles de jeunesse de l’un des plus grands écrivains égyptiens du XX siècle. Deux textes crus où se lit déjà la plume nonchalante et ciselée qui s’épanouira dans Les fainéants dans la vallée fertile et Mendiants et orgueilleux.

 

Prix : 3chf

Tarek Mitri : Je choisirais bien Jalal al-Din Rumi comme camarade de confinement

 

 

LA COMPAGNIE DES LIVRES

 

 

Tarek Mitri : Je choisirais bien Jalal al-Din Rumi comme camarade de confinement

Étudiant à l’Université américaine de Beyrouth à la fin des années 60 en sciences et philosophie, il avoue avoir vécu la ville de Beyrouth comme étant le centre du monde. Depuis, détenteur d’un doctorat en sciences politiques de l’Université Paris-Nanterre, Tarek Mitri a été successivement ministre de l’Environnement, ministre de la Culture, ministre de l’Information, représentant spécial et chef de la Mission des Nations unies en Libye, et directeur de l’Institut Issam Farès à l’AUB. Il est actuellement en charge de la création de l’Université médicale de Saint-Georges et président du comité général du musée Sursock. La lecture est pour lui une curiosité à assouvir, un désir de comprendre, d’aller au fond des choses. Il lit d’abord avec ses yeux de petit garçon de 10 ans et lorsque son père et mentor perd la vue, il lira avec la ferveur et les yeux de son père.

J’ai très peu de souvenirs et du mal à me remémorer ma petite enfance. Et si quelques images me rattrapent, c’est dû à cette faculté que possède l’être humain, à un moment de sa vie, de réinventer son passé. Le seul souvenir que j’ai est le fait d’avoir commencé à lire très tôt. Depuis tout petit, vers 8-9 ans, j’étais attiré par les livres, et comme tous les enfants, la Comtesse de Ségur est passée dans ma vie.

Quel est le livre qui a tout déclenché et grâce auquel (ou à cause duquel) vous êtes devenu un grand lecteur ?

Ce n’est pas un livre en particulier qui m’a fait plonger dans le monde de la lecture, mais plutôt une situation. J’étais un enfant unique, plutôt solitaire, et j’en souffrais. Les maisons de mes camarades grouillaient de jeux à plusieurs, de disputes entre frères et sœurs, et de repas partagés. Moi j’étais seul, et les livres sont venus combler ma solitude. Mais j’ai toujours eu un excès de curiosité intellectuelle. Pour moi, la lecture est liée à un besoin de savoir et à un désir de comprendre, ce n’est pas un plaisir qui se suffit à lui-même, c’est un plaisir qui s’associe à un besoin, celui de me nourrir pour mieux avancer. J’ai commencé à lire d’une manière régulière à l’âge de 10 ans.

L’influence de vos parents ?

Mon père a joué un rôle majeur. À 10 ans, il m’impose des lectures sérieuses et me suggère (avec beaucoup d’insistance) de découvrir Jurji Zaydan, auteur de la Nahda, amoureux de la langue arabe. Son œuvre colossale comprenait 20 volumes dans lesquels il relatait l’histoire de l’islam à travers des récits historiques. L’enfant curieux et obéissant que j’étais, avait lu et apprécié. Originaire de Tripoli, je respirais l’arabe et lisais en arabe aussi bien qu’en français. Et un jour, suite à un accident de chasse, mon père perd la vue, et voilà que je me suis vu presque investi d’une mission, celle de lire comme si je lisais pour lui. Je vivais le plaisir qui lui était désormais défendu. Je racontais Dostoïevski et d’autres, et, bien plus tard, je ramenais dans mes valises de voyageur des livres audio. Lire était aussi une fierté à l’école. Il fallait non seulement être le premier en maths ou en sciences physiques, il fallait être l’élève qui avait lu le plus de livres. Tandis que ma mère me suppliait : « Laisse ce livre et va jouer dehors. » La lecture était pour elle synonyme d’austérité.

Quelles ont été vos plus belles découvertes dans le monde de la lecture ?

À 13 ans, je suis séduit par la littérature russe et dévore Guerre et paix de Tolstoï. J’aimais la richesse des caractères, la profondeur des personnages, la foi des Russes dans la singularité de l’âme russe. Aux yeux de mon père ce n’était pas suffisant, il fallait lire Dostoïevski, une lecture plus ardue, ce que je fis. Une fois de plus, je suivais les conseils de mon père. Chaque auteur était slavophile à sa manière, et voulait prôner la grandeur de la culture russe. À l’époque, j’étais fasciné, aujourd’hui, j’ai un regard beaucoup plus critique. Mais mon intérêt au rapport religion-nationalisme et politique (un sujet que je travaille depuis longtemps) fait que je relis tous les dix ans Les possédés de Dostoïevski. Il m’ouvre des clés d’interprétations du monde d’aujourd’hui. J’apprécie la profondeur de son analyse. Dostoïevski sait poser les grandes questions et mettre en rapport la banalité de la vie quotidienne avec les questions existentielles et les tisser dans une même trame. Et puis tout est dans l’interprétation d’un livre et de ce qu’on en fait. Le livre n’appartient pas qu’à son auteur, il appartient aussi au lecteur.

Combien de livres consommez-vous par semaine ? Avez-vous besoin d’une mise en scène/situation pour lire, ou cela peut se faire n’importe où devant la mer, dans un métro ?

Je lis à peu près cinq à six livres par mois. Je lis partout et à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit, sur un canapé, dans les avions, dans ma voiture lorsqu’on me conduit. Je ne prends pas le métro…

De combien de livres est formée votre bibliothèque et comment les classez-vous ?

Je dois avoir autour de 8 000 livres. Par contre, les classer, ou même les ranger, est un grand défi pour moi. Pour avoir vécu 15 ans à l’étranger (en Suisse) et avoir plus d’un espace bureau, mes livres sont éparpillés un peu partout et ceux que j’ai laissés derrière moi me manquent beaucoup. Malheureusement, je n’ai jamais pris le temps de les organiser et souvent je me perds. Mais cela reste un plaisir de fouiller pour chercher un livre. On s’arrête en chemin, on relit ses propres notes, on décide de feuilleter une œuvre oubliée, c’est une jolie promenade.

Lorsque vous entrez dans une librairie, combien de temps y passez-vous, et comment se passe ce moment ?

Lorsque j’atterris dans un pays, la première chose que je fais, si le temps me le permet, c’est de me diriger vers une librairie. À Paris, je vais directement à La Procure où je passe une à deux heures. J’aime entrer dans une librairie et me fondre dans l’image sans que personne ne me reconnaisse ou ne m’aborde. Être un citoyen ordinaire (ce que je pense être), et être en compagnie des livres plutôt que du monde, reste un plaisir absolu. Plus on est seul dans un coin en train de feuilleter, plus on est heureux.

Le livre que vous avez lu plus d’une fois ?

Le pont sur la Drina de Ivo Andric (prix Nobel de littérature). Je l’ai en cinq traductions. Pour les besoins d’un cours que je donnais à Harvard où je devais aborder la problématique du conflit de la Bosnie, j’étais à court de documentations. Je propose la lecture de cette œuvre pour mieux comprendre ce qui déchirait les Balkans. Il fallait que je démontre (ce qui est ma conviction la plus profonde) que les conflits dans les pays ne sont pas des expressions de haines ancestrales (les Balkans, le monde musulman). Ce ne sont pas les haines qui sont génératrices de guerres et de conflits, mais les enjeux politiques et économiques qui poussent à réinventer les haines ancestrales. Ce livre se prêtait à appuyer ma théorie.

Avec quel écrivain auriez-vous aimé être confiné ?

Je préfère me confiner avec un poète ou un mystique plutôt qu’un philosophe, un romancier ou un historien. Je choisirais bien Mewlana Jalal al-Din Rumi.

Un genre littéraire que vous préférez ? Une langue ? Un style ?

Les romans policiers et les romans de série sont pour moi un monde totalement inconnu. Mais je suis assez éclectique. Plus j’avance en âge, plus je m’intéresse aux mémoires, aux biographies et autobiographies. Je viens de finir le dernier livre de John Bolton (The Room Where It Happened) et celui de Samantha Power sur sa vie. Je m’intéresse à l’histoire des États-Unis, je m’intéresse à l’Inde et aux actualités politiques.

La citation que vous n’oublierez jamais ?

J’ai l’habitude de relever les phrases que j’aime, et parfois je lis pour écrire. Mais je n’aime pas beaucoup le côté redondant de citer des auteurs. À l’heure actuelle, je rédige une œuvre sur la citoyenneté, et lorsqu’une phrase sort toute faite, je réalise que je me la suis appropriée et qu’elle n’était pas de moi. J’ai dû la lire quelque part. Rien ne me sert de la citer, mais désormais elle fait partie de mon arsenal culturel.

Quel livre me conseillez-vous de lire dès ce soir ?

The Lies That Bind de Kwame Anthony Appiah. C’est un auteur qui travaille sur l’identité. On vit dans un monde où il y a une résurgence de mouvements identitaires de toutes sortes et les questions identitaires sont manipulées par certains politiques. Sa particularité est de mélanger les exemples de la vie quotidienne et de les mettre en relation avec sa réflexion sur le sujet global identitaire. Britannique, il possède un style simple et limpide. Et un second peut-être : Beloved de Tony Morrison.

Le dernier livre que vous avez écrit ?

C’est un mélange de genres, à la fois politique et social, savoir pourquoi les Nations unies échouent dans leurs missions de médiations et de sauvegarde de la paix. Pour avoir vécu deux ans comme représentant spécial du secrétaire général et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, je voulais partager mon expérience, mais surtout tenter d’analyser le problème de la Libye.

Le top 5 des livres de Tarek Mitri
– Le livre de Job (un des plus beaux poèmes sur la souffrance)
– Présente absence, de Mahmoud Darwich (sur la nostalgie)
– Le Mathnawi, de Jalal al-Din Rumi
– Les possédés, de Dostoïevski
– The God of Small Things, de Arundhati Roy.

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Le monde arabe existe-t-il (encore) ?

Le monde arabe existe-t-il (encore) ?
Auteur du Texte : Collectif

De quoi le monde arabe est-il le nom ? La collection « Araborama », créée par l’Institut du monde arabe et le Seuil, rassemble journalistes, intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer ses réalités présentes, sa pluralité et son histoire.

« D’où vient que le mot « arabe » sonne désuet ou étrangement déplacé ? Peut-on (encore) dire de quelqu’un qu’il est un Arabe ? Comme catégorisation d’un peuple, ce mot a été chargé d’antonymes, d’usages essentialistes et, bien sûr, racistes. Arabe, c’est un terme qui en français ne voyage pas seul. Vous me direz : Aucun mot ne voyage seul. Pourtant, si on pense aux expressions françaises qui contiennent le mot « arabe », à ses évocations littéraires, à ses résonances dans l’actualité, il devient difficile d’user de ce terme innocemment, de se l’approprier.
Quant au monde arabe, notre conscience – bienvenue – de la complexité des espaces et de leurs histoires différenciées nous enjoint à le mettre au pluriel. Aujourd’hui, il y a des mondes arabes, que l’on peut séparer et caractériser, et que parfois tout sépare. Mais le monde arabe, au singulier, ne serait plus qu’une fiction que l’on laisserait à quelques nostalgiques.
Nous avons souhaité explorer ici l’ensemble de ses transformations, de ses identifications changeantes, sous différents angles et au travers d’écritures et de formes variées. Le tableau qui en résulte est foisonnant et coloré. Il n’offre pas de réponses définitives, seulement des jalons pour la suite. »

Extraits de l’introduction de Leyla Dakhli.

Ont contribué à cet ouvrage : Mariam Aboelezz, Jean-Luc Allouche, Fanny Arlandis, Christophe Ayad, Nabil Ayouch, Bertrand Badie, Orit Bashkin, Denis Bauchard, Hamit Bozarslan, Alexandra Buccianti, Guy Burak, Jaqueline Chabbi, Leyla Dakhli, Kamel Daoud, Nicolas Dot-Pouillard, Brahim El Mazned, Chirine El Messiri, Abaher El Sakka, Dorothée Engel, Alain Frachon, Vincent Geisser, Mathieu Guidere, Joumana Haddad, Nagham Nawzat Hasan, Coline Houssais, Boris James, Henry Laurens, Farouk Mardam-Bey, Issa Makhlouf, Nabil Mouline, Philippe Petriat, François Pouillon, Nasser Rabbat, Loïc Rivault, Arafat Sadallah, Victor Salama, Elias Sanbar, Alexandra Schwarzbrod, Leïla Vignal, Tassadit Yacine, Nada Yafi, Ahmed Youssef

Avec les illustrations de Zeina Abirached, Rami Afifi, Duaa Alaamer, Sarah Al Abdali, Amal Al Ajmi, Sultan Al Ramahi, Ahmed Al Refaie, Abid Ayoub, Nassim Azarzar, Doa Bugis, Rama Duwaji, Naji El Mir, Roeqiya Fris, Zainab Fasiki, Nouri Flayhan, Tulip Hazbar, Ghani Hidouche, Rawand Issa, Jamaa Al-Yad Collective, Kuki Jijo, Mazen Kerbaj, L’homme Jaune, Ibticem Larbi, Raphaelle Macaron, Yasmin Maksousa, Zahra Marwan, Aya Mobaydeen, Shahad Nazer, Karl reMarks, William Sakhnini, Adnan Samman, Alaa Satir, Othman Selmi, Rexchouk, Yasmina Yasser.

 

La collection « Araborama » accueille ici chercheurs, journalistes, artistes, écrivains, intellectuels, linguistes, dessinateurs… qui racontent et rendent compte des changements en cours dans l’espace arabe contemporain. Toutes les contributions partagent une passion contagieuse des deux rives de la Méditerranée et tentent de dessiner les contours poreux d’un monde qui ne saurait s’écrire au singulier. La démarche a notamment pour intérêt d’offrir aux néophytes comme au « grand public cultivé » un ensemble de connaissances pluridisciplinaires, grâce à une grande variété de sujets rarement abordés dans les médias. Loin de se cantonner à une actualité dramatique, les auteurs (Bertrand Badie, Nabil Mouline, Henry Laurens, Leyla Dakhli…) suggèrent une nouvelle cartographie émotionnelle. Mais c’est aussi un monde très fragmenté, déchiré par la violence, de la Syrie au Yémen, de la Libye à l’Irak qui est évoqué : un monde, selon Hamit Bozarslan, « où la possibilité de construire une mémoire a disparu ».

Tigrane Yegavian (Le Monde Diplomatique)

CHF  43.-

 

 

Méthode Montessori : Alphabet Arabe à toucher du Monde des Houroufs

Découvrez pour la première fois en arabe les lettres sensorielles Montessori. Retrouvez les personnages du monde des Houroufs dans de superbes aquarelles accompagnées de textes poétiques et drôles mettant en évidence les sons des lettres. Pour une mémorisation sensorielle et un premier pas vers l’écriture.

Migrants – Eduard Altarriba

Un documentaire expliquant aux enfants la situation des réfugiés et les causes de celle-ci.

Mon monde est une collection de livres illustrés destinés à expliquer les événements actuels de notre société de façon la plus simple et objective possible, pour que tous les enfants puissent posséder l’information nécessaire à leur compréhension.

Prix : 22chf