La libraire du Caire / Nadia Wassef

Dans les rues du Caire résonne une étrange musique : l’écho des appels à la prière, les insultes furieuses lancées entre les conducteurs, les cris des vendeurs ambulants. Nadia Wassef connaît cette chanson par coeur. C’est là qu’elle a grandi, et c’est là, dans le quartier de Zamalek, cette île fluviale entourée d’un désert que, le 8 mars 2002, avec sa soeur Hind et son amie Nihal elle a inauguré Diwan, la première librairie moderne et indépendante d’Egypte. Alors que la culture traversait une mauvaise passe, les trois femmes décidèrent de tenter l’impossible et se jurèrent de redonner aux Cairotes le goût de la lecture. Sans formation ni expérience professionnelle dans ce domaine, elles durent affronter la censure, le patriarcat, les clients excentriques, les employés rebelles et donner tort à tous les tristes sires qui leur serinaient qu’elles ne réussiraient pas et feraient mieux de rester dans leur cuisine. Vingt ans après, avec plus d’une dizaine de succursales à travers le pays, 150 employés et des clients assidus, Diwan est une véritable institution en Egypte. Comment en sont-elles arrivées là ? Nadia Wassef nous raconte ici l’incroyable histoire de cette aventure entrepreneuriale, humaine, et littéraire. Au fil de ses mémoires, on croise des habitués hauts en couleur, comme l’exigeant docteur Medhat, Samir le chauffeur qui a un avis sur tout, et on tombe à notre tour sous le charme des trois femmes de Diwan : Nihal la sérieuse contemplative, Hind la taiseuse pleine de sagesse et Nadia, la perfectionniste aux accents parfois dictatoriaux. La Libraire du Caire est le portrait détonnant d’une Egypte moderne, loin des guides touristiques, un cri de ralliement féministe, ainsi qu’une magnifique déclaration d’amour aux librairies du monde entier. Traduit de l’anglais par Sylvie Schneiter

 

Prix : 37chf

Huriya / Huriya

« Une langue furieuse d’amour et de lucidité que l’on dirait libre, en écho à son propre nom ». Le Monde Né intersexe dans le Maroc des années 1970, Huriya est élevée par ses grands-parents, après avoir été abandonnée par sa mère. L’enfant grandit au sein d’un couple divisé sur tous les sujets (éducation, sexualité, religion), qui n’a qu’un seul point commun, Huriya. Ce récit est celui d’une enfance nourrie par des identités plurielles et des valeurs parfois antagonistes, mais aussi celui des pièges et des hypocrisies de la religion qui se referment sur les femmes, les rendant victimes puis bourreaux. Son départ pour Paris signe sa nouvelle vie.

 

Prix : 16chf

L’alphabet du silence / Delphine Minoui

Par l’autrice de Les passeurs de livres de Daraya Grand Prix des lectrices Elle Göktay est professeur à l’université du Bosphore à Istanbul. Idéaliste, adoré de ses étudiants, il a séduit Ayla, professeure de français, avec un poème. La vie est douce quand on est jeunes, amoureux et parents comblés d’une petite fille. Mais Göktay refuse de vivre dans une bulle. Pour avoir signé une pétition de plus, une pétition de trop, il est arrêté et jeté en prison. La répression menée par le président Erdogan s’abat, féroce et violente. Des milliers d’activistes, de journalistes, de fonctionnaires et d’universitaires sont réduits au silence par un pouvoir cynique, habile à manipuler l’opinion. Ayla s’était toujours retenue de s’engager : le confort du quotidien et sa famille comptaient par-dessus tout. Bouleversée de voir Göktay sombrer dans le désespoir et révoltée par l’injustice, elle décide de reprendre le flambeau. Un roman de colère et d’amour, traversé par l’Histoire.

 

Prix : 31chf

Mille origines / Charif Majdalani

Charif Majdalani est passionné par les mélanges culturels et les identités plurielles, dans toute leur richesse, drôlerie et complexité. Il nous fait part de ses réflexions sur ces sujets alors qu’il revient d’un voyage lointain et qu’il survole de nombreux lieux qui le font rêver, avant d’atterrir à Beyrouth, sa ville, son lieu de vie, si emblématique de ces carrefours de populations. Il part alors à la rencontre d’une vingtaine de personnes qui lui confient leur parcours et leur histoire familiale. Charif Majdalani les retranscrit dans un style littéraire à la façon de Svetlana Alexievitch dans « La fin de l’homme rouge ». Racontés à la première personne du singulier, ces récits incarnent des vies faites d’exil, d’émigration, de guerres, d’identités religieuses multiples ou d’amours contrariés. Comme Rawwad, chrétien et premier de sa classe en cathéchisme qui apprend de la bouche du directeur de son école qu’il est musulman par son père et juif par sa grand-mère. Ou Jenny, philippine, femme de ménage devenue esthéticienne, qui se désole de comprendre trop tard que rien n’a remplacé sa présence auprès de ses filles restées au pays. Ou encore Marylin, qui doit attendre de tomber sur son ancien amoureux par hasard dans les rues de Singapour, loin de sa famille libanaise désapprobatrice de cette union, pour oser se mettre en couple avec lui et avoir un enfant. A travers ces monologues, Charif Majdalani dresse un portrait en kaleidoscope de Beyrouth, du Liban et de sa région, à l’image des croisements infinis qui se rencontrent partout dans le monde. Et offre un livre à la fois érudit et vibrant.

 

Prix : 30chf

Les amants de Casablanca /Tahar Ben Jelloun

« Ils avaient regardé ensemble Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman. Ils étaient jeunes et amoureux. Très amoureux. Ils avaient trouvé ce film fort et désespéré. Ils venaient juste de se marier et, leurs études terminées, chacun entrait dans la vie active. Lui comme médecin pédiatre, elle, pharmacienne. Ce fut son père qui lui acheta la pharmacie Derb Ghellef dans un des quartiers les plus vivants du centre-ville, dans la médina de Casablanca. Lui reprit le cabinet de son oncle qui avait une clientèle fidèle. La vie était facile, le ciel d’un bleu limpide et la paix régnait sur leur monde. Ils avaient ri à la fin du film, convaincus que cela ne leur arriverait jamais ». Casablanca, 2016. Nabile et Lamia forment un couple solide depuis plus de dix ans. Jusqu’au jour où elle s’éprend de Daniel, un homme à la réputation sulfureuse. Six mois plus tard, elle demande le divorce… Quel avenir pour une femme ambitieuse dans un monde patriarcal où la liberté se paie au prix fort ? Entre fresque sociale et roman psychologique, Les amants de Casablanca, magnifique histoire d’amour, explore la grande aventure du mariage, les oscillations du désir, les petits arrangements avec la religion et la capacité de l’être humain à embrasser ses contradictions.

 

Prix : 33chf

Sweet chaos / Meryem Alaoui

« Une fois qu’on ouvre son couple, on n’est plus jamais seuls au lit. Dans la chambre, les fantômes flottent. Maîtresses, amants d’un jour, partagés ou non, ils sont là, au pied du lit, qui vous regardent, vous sourient, ne vous demandant pas s’ils peuvent s’inviter, s’imposant d’office. Parfois, on voudrait juste être deux. Faire l’amour comme une balade à la campagne, mais on n’y arrive pas car deux, ce n’est plus jamais assez. Seulement cela, quand on plonge, on ne le sait pas ». Sweet chaos, c’est la vie d’un immeuble de Brooklyn où se croisent de nombreux habitants, de tous âges et de toutes origines. Le fantasque Ethan qui fournit ses voisins en substances variées, Clara qui ne cesse de disparaître, Jolene en charge de sa vieille mère avec sa soeur Crazy, Riley et Graham, un couple très amoureux à la sexualité aventureuse… Sur le perron, ils partagent nouvelles et potins tout en essayant de conserver une parcelle d’intimité. L’écriture de Meryem Alaoui, d’une vitalité surprenante, se révèle tendre et subtile dans la description des affres sentimentales dans lesquelles sa tribu de personnages se débat. Elle offre ici un tableau amoureux de New York, de son électricité, de sa liberté, de sa folie.

 

Prix :33chf

Magma Tunis / Aymen Gharbi

Ghaylène, jeune urbaniste tourmenté, est au bout du rouleau. Il stagne professionnellement et sa salle de bain est sur le point de s’effondrer, tout comme sa relation avec Chiraz, excentrique étudiante en sociologie. Suite à une violente dispute, il quitte leur appartement dans l’intention de se donner la mort. Mais ce jour-là, rien ne va se passer comme prévu à Tunis ? : des chats étranges envahissent la ville, des lancers de pétards génèrent de dangereux mouvements de foule, et des happenings d’art contemporain perturbent un peu plus le quotidien… Les forces de l’ordre sont sur les dents, et Ghaylène ne tarde d’ailleurs pas à remarquer qu’il est suivi. Portrait plein de fantaisie de la ville de Tunis et de ses habitants, Magma Tunis met en lumière une jeunesse post-révolutionnaire désenchantée. Prix littéraire des Grandes Ecoles 2019. Finaliste du prix Ecrire la ville 2019. « ? Un roman poétique et pétillant. ?  » Le Monde

 

Prix : 17chf

Je me souviens de Falloujah / Feurat Alani

Au début des années 1970, le jeune Rami décide de fuir la dictature de Saddam Hussein. Réfugié politique en France, c’est un homme taiseux et secret sur son passé. A la fin de sa vie, alors qu’il est hospitalisé, Rami est soudain atteint d’amnésie. Ses souvenirs semblent s’être arrêtés quelque part entre l’Irak et la France. « Je me souviens de Falloujah » , dit-il pourtant à son fils, Euphrate, qui y voit l’occasion de découvrir enfin l’histoire de son père… Ensuite c’est le néant. Rami a oublié la seconde partie de sa vie : celle de l’exil. Euphrate va alors raconter à son tour ce qu’il en sait, avec l’espoir de percer certains secrets. Une quête qui le plongera dans les tumultes de sa propre odyssée familiale, de Paris à Falloujah. Un premier roman chavirant de la mémoire retrouvée, un livre inoubliable sur l’identité et la transmission dans lequel père et fils renouent le fil rompu d’un dialogue aussi boule versant que nécessaire.

 

Prix : 33chf

Le goût de la terre / Mina Fadli

1944 dans les montagnes du Haut Atlas marocain, M’Bark et Mohamed, cinq et sept ans, vivent avec leur mère Zahra dans une grande misère. Suite à un série d’événements malheureux, elle devra faire le choix de s’en séparer pour leur donner une chance de survie. Mohamed passera une partie de sa vie à chercher son frère disparu, sans succès, puis passera le flambeau à sa fille qui continuera l’enquête pour que son père puisse enfin trouver le repos. A travers une partie importante de l’histoire du Maroc, Mina Fadli nous raconte son histoire familiale dans les tempêtes de la décolonisation et de l’indépendance. Le destin contrarié de ces deux frères, inspiré de faits réels, nous emmène en voyage et nous tient en haleine du début à la fin du récit.

 

Prix : 24chf

Trente jours pour trouver un mari / Fouad Larou

Réunis au Café de l’Univers, quelques amis de longue date conviennent de raconter chacun à tour de rôle une histoire remarquable puis d’en tirer une morale, une leçon – ou même plusieurs. Dans son style vigoureux et drolatique où l’ironie le dispute à la compassion, Fouad Laroui nous offre ici un florilège surprenant et vivifiant qui remet en perspective beaucoup de certitudes qui structurent les étranges sociétés où nous sommes condamnés à vivre.

 

Prix : 29chf